Hi! J'espère que vous allez bien?

Merci infiniment pour vos commentaires sur le dej de cette nouvelle histoire. Merci infiniment d'être là. Ça me touche plus que tout.

J'espère que ce chapitre 2 vous plaira!

Petit message personnel à la fin du chapitre ❤️

...
CHAPITRE 2

« Il ne faut jamais se retourner sur un passé qui n'a plus d'avenir. » -Anonyme

♦

(A War Is Coming_Jeanne Added)

Louis.

Je suis maintenant garé sur le parking du lycée après avoir déposé Lucia à l'internat. La musique en fond dans la voiture, je regarde ce lycée où je vais devoir passer une nouvelle année. Je ne dirais pas que c'est le lycée que je déteste en soi. C'est plutôt certaines personnes qui s'y trouvent aussi et le fait qu'on nous fasse croire qu'on a tous la même chance d'avoir un avenir heureux. Tu parles. Ce sont des foutaises. Les profs savent très bien qu'on peut tous avoir le même niveau, ceux qui ont de l'argent seront prit dans des universités que d'autres élèvent ne peuvent pas payer.

L'exemple parfait se trouve face à moi.

Zayn qui est adossé à un arbre en face du lycée et qui m'attend, une clope à la bouche. Zayn est le seul ami que j'ai ici. Nous avions beaucoup de cours en commun l'année dernière. Puis j'ai redoublé et Zayn a eu son diplôme de fin d'année. Pourquoi est-il toujours devant le lycée alors? Parce que sa mère n'avait pas les moyens de lui payer l'Université. Alors Zayn n'a pu aller nul part malgré le fait qu'il ait eu son diplôme et qu'il travaillait dur pour avoir de bonnes notes, de très bonnes même.

En l'apprenant, Madame Smith, la directrice, lui a proposé de travailler au lycée pour pouvoir financer ses futures études. Alors le revoilà au lycée mais comme employé. Il aide la directrice en classant ses papiers, il fait le ménage, il va parfois être au self pour servir la nourriture. Et le pire, c'est que je sais déjà que des élèves vont se foutre de lui en le voyant travailler ici alors qu'il est plus cultivé et plus intelligent que la plupart d'entre eux.

Je soupire en secouant la tête avant de sortir de ma voiture.

-« J'ai cru que tu n'allais jamais me rejoindre. » Me lance Zayn lorsque j'arrive à ses côtés.

Je pouffe légèrement avant de lui demander:

-« Tu m'en passe une?

-Je croyais que tu arrêtais de fumer pour le foot?

-Ouais mais après l'été de merde que je viens de passer, je crois que j'ai le droit à une dernière cigarette.

-Ok alors, je te présente la cigarette baptisée été de merde. » Il me dit en sortant une clope de son paquet pour me la tendre.

Je souris, amusé, et le remercie avant d'attraper la cigarette et de l'allumer. Je m'étais promis de ne jamais toucher à ça. Mais j'ai plongé bêtement lors d'une soirée et je me suis promis d'arrêter après certaines performances médiocres au foot l'année dernière à cause de mon manque de souffle. Je l'ai promis à Lucia aussi. Alors je compte bien savourer cette dernière cigarette avant de supporter la tension face au manque de nicotine et au retour dans ce lycée et toute la pression qui va avec.

-« Je te demande pas comment s'est passé ton été du coup. » Me dit Zayn.

-« Vaut mieux pas. » Je ris nerveusement. « Mais comme j'ai de la frustration à libérer, je vais quand même te le raconter. »

Zayn rit et s'adosse à nouveau au mur, me faisant signe qu'il m'écoute attentivement.

-« Ça va être rapide. » Je commence. « J'ai bossé tout l'été dans un bar où le patron était un vrai connard. Il a très vite compris que j'étais en besoin cruel d'argent et il en a profité pour bien m'exploiter. Il m'a fait faire des horaires pas possible. Dis-toi que, parfois, je rentrais même pas chez moi. J'enchainais journées est nuits au bar avec trente minutes de pause.

-Et tes parents ne disaient rien? » S'interroge Zayn.

Je me fige un instant à l'entente de sa question. J'oublie parfois que Zayn ne sait pas. Et je crois qu'il m'en voudrait si, après trois années d'amitié, je lui avouais que tout ce que je lui ai raconté sur ma vie n'est finalement pas la vérité. Mais je n'ai pas le choix. Et culpabiliser ne peut rien y changer.

-« Je te l'ai dit, ma mère et mon beau-père travaillent beaucoup, ils n'ont pas fait gaffe. Et Lucia était en colonie de vacances, elle est rentré il y a seulement quelques jours.

-Ta soeur doit vraiment être fan des colonies de vacances pour partir tout l'été à chaque fois. » Me dit Zayn en laissant s'échapper la fumée d'entre ses lèvres.

-« Ouais. » Je réponds vaguement.

Cette fois, ce n'est pas totalement un mensonge. Lucia apprécie les colonies de vacances. C'est être loin de moi qu'elle n'apprécie pas. Mais elle sait que c'est le mieux pour elle, encore une fois. Alors je lui paye des colonies de vacances pour qu'elle parte encore plus loin l'été. Heureusement que je fais des économies et que je travaille depuis des années pour lui permettre de ne pas être à la maison pratiquement toute l'année.

-« Tu dois être crevé. » Reprend Zayn.

-« Ouais. Mais ça fait de l'argent. »

Zayn hoche la tête, ne rajoutant rien. Il ne connait peut-être pas ma vie mais il a finit par comprendre que gagner de l'argent était important pour moi. Au début, il me faisait des réflexions sur le fait que je ne me faisais pas plaisir avec cet argent et je lui répondais que je voulais juste économiser pour plus tard. Alors il a finit par l'entendre mais, au fond, je crois qu'il se doute que si je gagne mais que je ne dépense rien pour me faire plaisir, c'est pour une raison.

Je sors de mes pensées en entendant un rire que je reconnaitrais entre mille. Un rire qui suffit à faire pulser mon sang un peu plus fort dans mes veines et à accélérer mon rythme cardiaque. Zayn l'entend aussi et tourne la tête en même temps que moi pour voir Andy arriver devant le lycée. Moi qui étais heureux qu'il passe la nuit chez un pote, j'aurais aimé ne pas le revoir de si tôt.

On le regarde s'approcher d'une jeune fille assise sur un banc en face du lycée. Je la reconnais. Elle est souvent critiqué et mal regardé dans les couloirs seulement parce qu'elle ne parle pas encore très bien l'anglais et parce qu'elle porte le voile.

-« Salut Manël! » Lance Andy en arrivant face à elle avec son groupe de potes. Certains étant des membres de l'équipe de foot.

La jeune fille en question, Manël, relève la tête vers Andy et j'ai l'impression de pouvoir sentir son long soupire de là où je suis.

-« Qu'est-ce que tu veux Andy?

-Oh mais c'est que tu t'améliores en anglais! C'est quelle langue que tu parles dans ton pays déjà?

-Le Ourdou. » Elle répond en se levant du banc, récupérant son sac à côté d'elle. « Ravie de t'instruire un peu plus. » Elle continue avec une pointe de sarcasme.

Sa dernière phrase fait rire certains gars de l'équipe et nous fait sourire aussi, Zayn et moi. Bien-sûr, Andy n'apprécie pas et s'énerve en lançant à Manël qui s'éloigne déjà:

-« T'es pas chez toi ici! Le truc que t'as sur la gueule le confirme! »

Manël l'ignore et entre dans le lycée, sous les regards amusés de certains élèves.

-« Le fils de ton beau-père est un vrai connard. » Marmonne Zayn.

-« Crois-moi que je le sais. » Je réponds, la mâchoire serrée.

Nous regardons Andy entrer dans le lycée avec le reste de son groupe et je n'arrive pas à croire qu'il va faire parti de l'équipe de foot cette année, lui aussi. Comme si je ne subissais pas déjà assez son existence au quotidien.

Soudain, mon attention est attirée par la voiture qui se gare sur le parking derrière Zayn et moi, où je me suis garé moi aussi. Je tourne instinctivement la tête pour voir un homme au volant qui semble déposer son fils. Le garçon en question sort de la voiture tout en passant une main dans ses cheveux et en calant son sac à dos sur son épaule. Lorsqu'il referme la portière de la voiture, son regard croise le mien un instant. J'ai alors un air de déjà-vu et, après quelques secondes à se regarder, le garçon détourne le regard pour s'éloigner en direction de l'entrée du lycée.

-« Le petit nouveau. » Commente Zayn en le suivant du regard.

Je fronce les sourcils en tournant la tête vers lui.

-« Comment tu sais? » Je lui demande.

Zayn sourit et bouge ses sourcils avant de rajouter:

-« Je sais qu'il s'appelle Harry, qu'il est anglais et qu'il a déménagé de Manchester en Avril. Sa mère est sage-femme et son père banquier. Et vu le quartier où il habite je peux te dire que c'est un petit riche que nous avons là. Etonnant que ses parents ne lui payent pas un lycée privé. Surtout qu'il redouble sa dernière année, comme toi.

-Merci de me le rappeler.

-Je t'en prie. » Pouffe Zayn en tapotant mon épaule.

-« Tu devrais arrêter de fouiller dans les dossiers des élèves lorsque Madame Smith te demande de les ranger. » Je lui dit, plus amusé qu'autre chose.

-« Arrête ce sont les seuls moments amusant de mes journées. » Il me répond. « Je regarde leur photo sur le dossier, je m'imagine leur vie puis j'ouvre le dossier pour voir si j'avais raison.

-Tu me fais peur parfois, tu le sais ça? »

Zayn rit et, au même moment, on entend la sonnerie du lycée retentir.

-« Allez, en cours gamin. » Il me lance en me poussant en avant.

-« On a toujours le même âge, connard. » Je lui répond.

On rit tous les deux et je laisse Zayn finir sa clope alors que j'écrase la mienne avant d'aller la jeter dans la poubelle juste devant l'entrée du lycée. Je me suis trop fait engueuler par Lucia lorsqu'elle me voyait les jeter par terre pour ne pas retenir la leçon.

Je lève la tête pour regarder cette entrée du lycée que je vais devoir traverser une année de plus.

Je sais que cette année ne sera pas différente des autres.

Et pourtant, chaque année, à chaque rentrée, je me retrouve à quand même espérer un miracle.

Parce que je ne sais pas combien de temps je tiendrais encore.

♦

(Silence_Reggii)

Harry.

C'est la première fois que je me sens aussi seul lors d'une rentrée. J'avance dans ces grands couloirs que je n'ai vu qu'une seule fois. Je suis les autres élèves qui se dirigent comme moi en direction du gymnase du lycée, là où la directrice doit tenir un discours et nous expliquer comment va se dérouler cette journée. Lorsque j'arrive dans le gymnase en question, je le trouve aussi immense que la première fois que je l'ai visité il y a deux mois. Il est typique des gymnases américain qu'on voit dans les films. Des estrades d'un côté, le parquet qui brille sous mes pieds et la tête d'un ours affiché un peu partout parce que c'est la mascotte de l'équipe de foot du lycée.

La directrice n'est pas encore arrivée alors les élèves s'installent au fur et à mesure. Des enseignants sont déjà présent. Et, alors que je vais pour m'asseoir tout en haut des estrades, je passe devant un blond qui discute avec un enseignant en tenue de sport.

-« Niall, tu veux encore tenter d'entrer dans l'équipe cette année?

-Cette fois sera la bonne coach, je me suis entraîné tout l'été. » Répond le garçon, déterminé.

Le coach sourit à l'entente de cette phrase mais redevient sérieux à la seconde où il explique:

-« Viens nous voir au terrain cet après-midi. J'y serais avec l'équipe. On t'expliquera, à nouveau, comment se dérouleront les tests pour entrer, ou non, dans l'équipe.

-Merci coach! »

Le garçon, Niall de ce que j'ai entendu, semble si heureux et excité qu'il part s'asseoir avec un grand sourire. Je pars m'asseoir à mon tour au rang le plus haut, dans un coin où je me retrouve seul. Jamais je n'aurais cru être seul le jour d'une rentrée. Ce n'est pas comme ça que ça devait se passer.

Mon téléphone se met à vibrer et un message de ma mère s'affiche.

SMS de Maman: Bien arrivé???

Je soupire, m'insultant mentalement de ne pas l'avoir prévenue directement. C'est pourquoi je m'empresse de lui répondre:

SMS à Maman: Je suis bien arrivé.

SMS de Maman: Très bien, je t'aime mon chéri.

SMS à Maman: Je t'aime aussi.

-« Putain mais tu peux pas faire attention grosse vache! »

Je fronce les sourcils et lève les yeux pour voir une jeune fille, un peu plus bas, passer entre deux rangs. Je reconnais alors la jeune fille qui était à l'arrêt de bus avec le garçon qui s'est fait bousculer. Il est toujours avec elle d'ailleurs. La personne qui vient de l'insulter est une fille qui doit décaler ses jambes pour la laisser passer. A croire que c'est un effort surhumain. La fille du bus, dont les cheveux noirs et bouclés retombent sur les épaules, se retourne vers elle, prête à répondre ou à riposter mais son ami lui fait signe de continuer à avancer et d'ignorer l'insulte qu'elle vient de recevoir.

-« Jamais séparés la vache et le pd. » J'entends quelqu'un dire à son ami, pas loin de moi.

Je ferme les yeux un instant. Mon estomac se noue autant que ma gorge alors que je prends une grande inspiration, détournant le regard pour voir la directrice entrer dans le gymnase, suivi des derniers élèves. Parmi eux se trouve le garçon dont j'ai croisé le regard sur le parking. Il est châtain avec des yeux très bleus. Je suis persuadé de l'avoir déjà vu quelque part mais je ne connais personne ici. Je le regarde s'asseoir plus loin, seul lui aussi.

-« Bonjour à toutes et à tous. » Commence Madame Smith.

A l'entente de sa voix, tout le monde se tait et tous les regards se posent sur elle.

-« Je suis heureuse de vous retrouver dans notre établissement pour cette nouvelle année scolaire. Qui sera normalement la dernière pour vous. C'est pourquoi j'aimerais souligner l'importance de cette dernière année de lycée. C'est l'année où vos choix d'avenir commencent à se dessiner. »

Je ne peux m'empêcher de sourire ironiquement à cette phrase. Aucun choix d'avenir se dessine pour moi. C'est même la dernière de mes préoccupations. Je n'arrive même pas à imaginer la journée de demain. Alors imaginer mon avenir, j'en suis très loin.

C'est comme être obligé d'avancer dans une immense forêt tout en étant incapable de savoir où est-ce qu'elle est censée se terminer. Alors vous avancez, encore et encore. Vous vous sentez fatigué, démuni, angoissé. Vous vous demandez si marcher sert vraiment à quelque chose lorsqu'on ne sait pas si, un jour, on pourra enfin se reposer et se dire c'est terminé.

-« Je vais commencer par vous expliquer l'organisation de cette première journée. La matinée est dédiée à vos derniers choix de matières, à vos options. Toutes les classes sont ouvertes pour présenter les matières, les options et pour que vous puissiez choisir celles qui feront parti de votre emploi du temps. Pour cela, vous devrez récupérer les fiches ici présente et cocher vos matières et nous rendre votre papier en fin de matinée au secrétariat. On vous donnera en échange vos identifiants du site du lycée où votre emploi du temps sera affiché en fin de journée, selon vos choix de matières qu'on aura entré. »

C'est tellement différent de l'organisation de mon ancien lycée. Et, même si mes parents me l'avaient conseillés, je n'ai pas réfléchis cet été à quelles matières je souhaitais prendre. Encore une fois, j'étais incapable de voir plus loin que le lendemain. Enfermé dans ma chambre, j'ai passé l'été à espérer dormir le plus possible pour moins ressentir. Ou à me plonger dans un livre et dans un film pour oublier la vraie vie. Celle qui effraie. Celle qui fait mal.

-« Ce midi, vous pourrez déjeuner au self. Puis, cette après-midi est réservée à la présentation des activités extra-scolaire que propose le lycée. Dans le gymnase, mais aussi dans la cour, se trouveront des stands représentant leur club ou leur équipe de sport. Vous y trouverez toutes les informations pour les rejoindre si vous le souhaitez. »

A ça non plus je n'y ai pas réfléchis. Et je ne sais pas si j'aurais la force de faire une activité extra-scolaire. Mon mère m'a dit que ça serait quelque chose de super, que ça occuperait mes après-midi. Et je sais qu'il n'a pas totalement faux, même si je n'ai aucune motivation. Je crois que ça rassurerait mes parents de me savoir autre part que dans ma chambre à rien faire et à trop penser. Ils détestent me savoir seul maintenant.

-« Voilà pour l'organisation de la journée. Et dès demain les cours commenceront normalement. Je vous invite aussi à regarder régulièrement le tableau en face de l'administration où sont affichés tous les événements du lycée. Les journées à thème, les matchs de notre fabuleuse équipe de foot, les représentations du club de chant et de théâtre, de comédie musicale! »

Certains élèves rient et sourient, sûrement habitué à ces événements dont la directrice parle. Et je réalise à quel point j'ai changé. Avant, un rien me rendait enthousiaste. J'avais envie de découvrir tout ce que je ne connaissais pas. Aujourd'hui, je n'arrive pas à retrouver cet enthousiasme. Je n'arrive pas à me dire que quelque chose rendra ma journée plus belle. Encore moins que quelque chose rendra un jour ma vie plus jolie.

Je suis plutôt en train de me dire que je devrais accepter le fait que le bonheur soit terminé dans cette vie-là.

-« Je vous souhaite de réussir tout ce que vous entreprendrez cette année. De profiter de votre dernière année de lycée. De vous dire aussi que ça sera la fin du lycée mais le début de toute une vie. Cette année est la vôtre et toute une vie vous attend. »

Je trouve ça faux. La vie n'attend pas. Elle n'attend personne.

-« Alors je vous souhaite une très belle année scolaire. » Termine la directrice.

Les enseignants se mettent à applaudir, suivi par les élèves. Je me contente de regarder la scène, de regarder autour de moi ces élèves qui pensent réellement que la vie nous attend. Ou alors qui font semblant de le croire. Je regarde le blond qui sourit en applaudissant, regardant le coach de foot avec plein d'espoir. Je regarde la fille qui a été insultée de grosse vache et qui applaudit, son ami à côté sourit beaucoup moins qu'elle.

Puis mon regard tombe à nouveau sur le garçon châtain dont j'ai croisé le regard plus tôt. Tout comme moi, il n'applaudit pas. Il a le regard baissé. Et lorsqu'il relève la tête, nos regards se croisent une nouvelle fois. Le temps d'un instant, je pense à tourner la tête parce qu'il vient de me surprendre en train de le regarder. Mais je ne le fais pas lorsque je réalise enfin où est-ce que j'ai croisé ce regard pour la première fois. Ce regard d'un bleu très clair et pourtant si sombre en même temps.

Comme un flash-back, je le revois en train de se battre dans les couloirs, deux mois plus tôt. Ici même, au lycée, alors que je venais rencontrer madame Smith et visiter le lycée. Je revois la violence dans ses coups. Une violence qui me fait frissonner rien que d'y penser.

Alors je détourne à nouveau le regard.

Et je remercie tous les élèves qui se lèvent parce que je commençais déjà à étouffer face à ces pensées.

♦

Louis.

Je regarde le garçon se lever et rapidement descendre les estrades en même temps que les autres élèves pour sortir du gymnase. Je sais maintenant pourquoi il me disait quelque chose. Je me rappelle avoir croisé son regard le dernier jours de cours, il y a deux mois, juste après une des nombreuses bagarres que nous avons eu avec Andy. Et que nous aurons encore.

-« Louis? » J'entends qu'on m'appelle.

Je baisse la tête pour voir madame Smith en bas des estrades. Je comprends qu'elle souhaite que je la rejoigne. C'est donc ce que je fais, récupérant mes deux sacs comme je n'ai pas encore eu le temps d'aller mettre mon sac de foot dans le casier. Je me demande si madame Smith pense réellement ce qu'elle dit lors de ses discours. C'est pas que je ne l'aime pas. Elle a même toujours été assez indulgente avec moi. Je crois qu'un autre directeur m'aurait viré depuis longtemps. Peut-être qu'elle est gentille, ou peut-être qu'elle déteste ne pas comprendre un élève ou ne pas savoir ce qu'il cache. J'espère pour elle qu'elle est seulement gentille. Parce qu'elle ne risque pas de comprendre ou de savoir quoi que ce soit sur moi un jour.

-« Bonjour, madame. » Je dis en arrivant en face d'elle.

-« Bonjour, Louis. » Elle me dit calmement. « Je voulais te demander si tu avais prit ta décision pour le groupe de soutien? Parce que la première réunion se déroule ce soir à dix-sept heures. »

Instinctivement, j'ai envie de répondre que non. Que je n'ai aucune envie de me rendre à ce groupe de soutien. Mais je revois le regard de Lucia lorsqu'elle m'a dit qu'elle aimerait que j'y aille. Alors ça complique les choses. Ça les complique toujours lorsqu'il s'agit de Lucia.

-« Je ne sais pas. » Je réponds alors.

Et, cette fois, c'est sincère. Je ne sais vraiment pas.

-« D'accord. Sache que, dans tous les cas, tu seras le bienvenu. » Me dit madame Smith.

Je hoche simplement la tête et force un sourire avant de m'éloigner. Sauf que je suis de nouveau interpellé par le coach, cette fois.

-« Louis! Je t'attends à partir de treize heures sur le terrain avec les autres joueurs de l'équipe. Vous devez accueillir à mes côtés les futurs recrues.

-Très bien coach, je serais là. » Je lui affirme. « Est-ce qu'on pourra parler de, vous savez, la bourse dont..

-On en parlera plus tard, Louis. » Il me coupe calmement.

Je referme alors la bouche et fronce les sourcils, un peu perdu. Il n'y a jamais eu de problèmes à ce qu'on parle de ça lui et moi. Nous sommes plutôt proches avec le coach, il m'a accueilli dans l'équipe dès ma première année ici. Il connaît mon projet. Et, pourtant, il n'a pas l'impression de vouloir en parler actuellement.

-« On en parlera sur le terrain cet après-midi. » Il continue en voyant mon air perplexe.

-« D'accord.» Je réponds avant de le regarder s'éloigner vers un blond qui demande à lui parler.

Je reconnais directement Niall Horan. Il tente d'entrer dans l'équipe chaque année et ne fait qu'échouer. Personnellement, je ne le trouve pas si mauvais. Il a juste besoin d'entrainements mais il a l'envie et la passion, c'est le plus important. Malheureusement ça ne dépend pas que de moi. Ça dépend aussi de certains cons de l'équipe qui font tout pour qu'il ne nous rejoigne pas. Je ne comprends même pas ce qu'ils ont contre lui. Ils l'appellent le puceau à longueur de journée. Il est victime de leur méchanceté, il sait à quoi s'attendre en entrant dans l'équipe et pourtant il continue, il persévère parce que tout ce qu'il souhaite et tout ce qu'il espère c'est jouer au foot.

Et cette année est sa dernière chance de jouer à nos côtés.

Je me suis toujours dit de ne penser qu'à Lucia et moi. Que tout le monde a des merdes dans la vie mais que les nôtres sont bien trop nombreuses pour que je m'inquiète de celles des autres. C'est tellement égoïstes comme façon de penser, je l'admets. Mais personne ne pense à moi. Personne. Et ça depuis trop longtemps maintenant. Alors être égoïste est la seule solution pour que quelqu'un pense et agisse un minimum en fonction de moi.

Et ce quelqu'un, c'est moi.

Mais, cette fois, je ne peux m'empêcher de m'approcher de ce Niall lorsque le coach s'éloigne de lui pour parler à d'autres garçons qui le demandent.

-« Tu veux entrer dans l'équipe? » Je lui demande directement.

Surpris, il tourne la tête vers moi, pas très à l'aise. Et je me doute qu'il doit m'assimiler directement à certains cons de l'équipe qui préfèrent rire de lui plutôt que de rire avec lui.

-« Euh, ouais. » Il me répond, sur la défensive.

-« Cet après-midi, au moment du test de recrutement, viens directement me voir moi. »

Il fronce les sourcils et je ne lui laisse pas le temps de me répondre quoi que ce soit que je m'éloigne pour sortir du gymnase. Et, à peine sorti, je réalise que j'ai des choix à faire pour mes matières, une après-midi sur le terrain avec, pour la première fois, Andy dans l'équipe.

Lorsque je relève la tête, m'essuyant le front avec la paume de ma main, je remarque le garçon de tout à l'heure, au bout du couloir. Je crois que Zayn avait dit qu'il s'appelait Harry. Il a une main contre son torse, par dessus son t-shirt, et il respire rapidement. Je ne sais pas pourquoi je le remarque là-maintenant, au milieu de tous les élèves qui traversent le couloir sans vraiment le regarder. C'est pas plus mal. C'est parfois mieux lorsqu'on nous remarque pas, finalement.

-« Tu regardes le petit riche? »

Je tourne la tête pour voir Zayn s'approcher de moi avec un chariot de nettoyage. Je ne peux m'empêcher de sourire à cette vue et il m'arrête directement en pointant son doigt vers moi:

-« Interdiction de te moquer.

-C'est super, ils ont trouvés des crocs à ta taille.

-Je t'emmerde, Louis. »

Je pouffe et tourne de nouveau la tête vers le garçon qui est maintenant plus loin. Il marche rapidement en direction des toilettes, sa main toujours sur son torse.

-« Il n'a pas l'air bien. » Je constate à voix haute, d'un air détaché.

-« Crois-moi vu son dossier, il ne peut qu'aller bien. » Soupire Zayn. « Il a dû passer tout l'été au bord de la piscine et à des soirées de petits riches pendant que nous on doit en chier pour simplement espérer un avenir. »

Je peux entendre la colère et la haine dans la voix de Zayn. Et, lorsque je tourne la tête pour le regarder, je la vois aussi dans ses yeux. Je le comprends. Je comprends ce qu'il veut dire. Comme on se le disait encore ce matin avec Lucia, c'est injuste. Alors, qu'on le veuille ou non, ça provoque de la colère. J'ai énormément de colère en moi. Mais j'en ai tellement plus pour d'autres problèmes qui sont loin d'être réglés. Le fait qu'un nouveau du lycée se sente bien ou non est loin de faire parti de mes problèmes. Et, inconsciemment, Zayn vient de me le rappeler.

-« T'as raison. » Je soupire alors.

-« Et, comme je suis intelligent mais pauvre, j'ai les chiottes des profs à nettoyer. » Ironise Zayn avec un faux sourire en commençant à tirer son chariot.

-« Bon courage. » Je lui lance sincèrement.

Il me remercie avec un regard avant de s'éloigner. Zayn a réussi à entrer dans ma vie, il fait parti du peu de personnes qui comptent pour moi aujourd'hui. Alors le voir comme ça me fait vraiment mal au coeur et fait de nouveau pulser la colère dans mes veines. Je secoue la tête et décide de m'éloigner en direction de l'administration.

La journée risque d'être longue.

Et je ne sais toujours pas ce que je vais faire de ce foutu prospectus au fond de mon sac.

...

J'espère que ce chapitre vous aura plu...?

Au vu de la rentrée qui approche , je voulais vous souhaiter plein de courage. Je sais que ce n'est pas un moment facile pour tout le monde, voir absolument pas. Alors n'oubliez pas que vous n'êtes pas seuls et que j'écris cette histoire aussi pour ça. Je vous souhaite tout le bonheur du monde et j'espère sincèrement qu'une très belle année scolaire vous attend. N'oubliez pas que penser à soi et faire des choix en fonction de notre futur et de nos envies n'est pas égoïste. C'est normal. C'est VOTRE avenir alors les choix ne reviennent qu'à vous! Certaines personnes peuvent nous épauler, nous aider, mais jamais prendre la décision à notre place.

Je vous envoie plein d'amour!❤️