Chapitre 11

Hi! J'espère que vous allez bien?

Merci infiniment pour vos précédents commentaires, merci du fond du coeur. Je suis désolée d'être en retard à chaque fois pour y répondre. Je veux que vous sachiez à quel point je vous suis reconnaissante.

J'espère que ce chapitre vous plaira autant que j'ai aimé l'écrire!
...

CHAPITRE 11

« L'amour n'est pas un feu qu'on renferme en une âme :Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux ;Et les feux mal couverts n'en éclatent que mieux. » -Jean Racine

(7 years_Lukas Graham)

Harry.

Alors que nous suivons Louis jusqu'à ce fameux bar, je ne peux m'empêcher de regarder le paysage autour de moi. Je découvre la Californie, et plus particulièrement San Diego. Nous suivons des chemins en bord de mer et je crois que, même si je trouve le paysage plutôt beau, j'ai un certain mal du pays. Je ne me suis jamais senti autant dépaysé. L'Angleterre est tout le contraire d'ici, de ce soleil qui brille encore alors que nous sommes en début de soirée. Le ciel prend une teinte orangée et rosée à la fois. Il est magnifique, mais loin d'être le ciel de chez moi. Je ne me suis jamais senti aussi perdu de ma vie. Le plus effrayant, c'est de réaliser que je serais toujours perdu sans elle.

-« On est bientôt arrivés? » Demande Niall.

Je sors de mes pensées en entendant sa voix et je réalise en même temps que je suis un peu en retard sur le groupe, j'ai ralenti sans vraiment le réaliser. Louis, qui est devant tout le monde, se retourne pour répondre à Niall:

-« Dans cinq minutes. »

Son regard croise ensuite le mien et, comme souvent, nos regards mettent quelques secondes avant de se quitter. Lorsque Louis se retrouve de nouveau dos à moi, j'ai l'impression de reprendre ma respiration. Je repense à ce que je lui ai dit à la fin de l'exercice du groupe de soutien. Je m'inquiète pour toi. C'était sincère. Même si je ne comprends pas pourquoi lui. Je m'inquiète sans pouvoir le contrôler. Je m'inquiète depuis la seconde où je l'ai vu en larmes sur ce toit alors qu'il semble si imperturbable au quotidien.

J'ai vraiment culpabilisé de lui faire mal, tout à l'heure, avec le ballon. Même s'il n'a pas gémit de douleur, je pouvais la lire sur son visage crispé. Mais je ne peux m'empêcher de me rejouer la scène en boucle dans ma tête. Je n'ai pas tiré doucement, mais pas si fort non plus. J'ai eu l'impression, en voyant la réaction de Louis, de frapper au mauvais endroit. Comme si ses côtes étaient déjà douloureuses avant-même que le ballon ne les touche. Peut-être une blessure au foot? De plus, il a refusé que je regarde sous son t-shirt à cet endroit. Peut-être que je me fait des films. Peut-être qu'il est juste pudique. Mais, par contre, j'ai du mal à croire qu'il soit aussi sensible physiquement sans aucune autres raisons.

Je n'ai pas le temps d'y réfléchir plus longtemps que mon regard reste bloqué sur une grande roue au loin. Je pense immédiatement au London Eye en la voyant et ces souvenirs sont comme de douces mais tranchantes caresses. C'est contradictoire, mais c'est ce que je ressens réellement. Ce que je ressens à chaque nouveau souvenirs.

-« Fan de fête foraine? »

Je suis surpris d'entendre la voix de Louis, soudainement si proche de moi. Lorsque je tourne simplement la tête pour le regarder, je comprends aux autres qui continuent d'avancer qu'il a dû leur dire de continuer tout droit, ou sûrement quelque chose comme ça. Nous sommes maintenant les seuls à l'arrêt et je ne devrais pas autant apprécier cette sensation qui naît en moi à l'idée que Louis se soit arrêté juste pour moi. Peut-être que je prends les choses trop personnellement.

-« Je ne suis pas spécialement fan de fête foraine. » Je finis par lui répondre, légèrement amusé par sa remarque. « C'est juste que... voir une grande roue me fait penser au London Eye. »

J'essaie de cacher tant bien que mal la nostalgie qui se creuse au fond de ma poitrine et qui, je l'espère, ne voile pas trop mon regard. En réalité, ça me fait penser à tellement plus de choses que ça. Au London Eye, oui, mais à Londres dans son intégralité et enfin à l'Angleterre. A toutes ces rues, ces habitudes que nous avions elle et moi.

Et toutes ces promesses de voyage qu'on ne tiendra jamais.

Je n'ai plus envie d'explorer le monde.

Parce que je sais que, peu importe les chemins que je prendrais, aucun ne me ramènera près d'Aimée.

-« Moi la grande roue me fait penser à une scène dans Spiderman. » Répond finalement Louis.

Je sors immédiatement de mes mauvaises pensées et ne peut m'empêcher de froncer légèrement les sourcils en regardant Louis qui, lui, a un léger sourire en coin.

-« Fan de Marvel? » J'en conclu.

-« Exact. » Il répond fièrement. Et son sourire provoque le mien. « Lequel est ton préféré?

-De quoi?

-Et bien, de Marvel.

-Oh.. Je n'ai jamais regardé. »

Je me pince les lèvres et me retiens vraiment de rire en voyant Louis écarquiller les yeux et entrouvrir les lèvres sous la surprise. Je me retiens de les regarder plus longtemps que je ne devrais, au passage. En même temps que je repousse cette dernière pensée, je plonge à nouveau dans ses yeux alors qu'il me répond, apparement sous le choc:

-« T'as jamais vu un seul Marvel?

-Jamais. » Je confirme en secouant lentement la tête.

-« Mais... Ils existent pas en Angleterre?!

-Bien-sûr que si! » Je pouffe.

-« Alors le problème vient bien de toi. » Reprend Louis, sérieusement. « T'es au courant de ce que tu rates?

-Pas vraiment, du coup.

-Tu rates les meilleurs films du monde! » Il s'exclame.

Louis ne s'en rend peut-être pas compte, mais c'est la première fois qu'il est autant...lui-même avec moi. Sans le savoir, il me livre un peu de sa personnalité à cet instant et j'ai l'impression d'être face à un grand enfant lorsqu'il parle de ses films préférés. Ça fait du bien de le voir sans ce masque froid et neutre. Malheureusement pour moi, par contre, ça me confirme cette douce chaleur dans ma poitrine lorsque je le regarde et que je l'écoute.

-« Donc aujourd'hui j'aurais appris tes groupes de musique préférés et tes films préférés. » Je lui dit en souriant doucement. « Ça m'en fait des choses à écouter et à regarder. »

Je suis surpris de ne même pas cacher mes intentions à cet instant. De ne pas cacher le fait que, oui, je veux en apprendre plus sur Louis. Je veux écouter ses groupes préférés, me demander pourquoi il les aime tant, voir ce que ces musiques me font ressentir à moi. Pourquoi pas lui donner mon avis. Et, pareillement pour les films. J'en ai réellement envie. Je crois que Louis m'intéresse encore plus que je ne le pensais.

Je crois que Louis m'attire réellement.

Du moins, qu'il me fait ressentir quelque chose.

Et j'ai l'impression en me l'avouant que ça fait des mois que je n'ai rien ressenti tout court.

A l'entente de ma réponse, Louis fuit mon regard mais je peux voir ce très léger sourire se former sur ses lèvres. Ça me fait penser que, peut-être, mon attention sur ce qu'il aime peut lui faire plaisir, ou le toucher. Du moins c'est ce que j'espère au fond de moi.

-« Si tu veux te rattraper, fais les choses bien. » Il me répond enfin en tournant de nouveau la tête vers moi. « Regarde les Marvel dans l'ordre chronologique, selon la temporalité de l'histoire. Pas dans la chronologie où ils sont sortis.

-Je n'ai aucune idée de l'ordre chronologique, il y en a tellement. » Je lui avoue. « Je dois regarder quoi en premier? Spiderman?

-Non! » Il s'exclame. « Captain America, First Avenger. C'est lui que tu dois regarder en premier. Parce que ça se passe durant la seconde guerre mondiale.

-Je suis déjà perdu.

-Ok. J'ai les films en DVD. » Me dit Louis. « Je te les passerais un par un, dans l'ordre chronologique. Quand tu m'en rendra un, je te donnerais le suivant.

-Merci. » Je réponds sincèrement.

Ça me touche sincèrement, cette attention. Et je me dis que, entre le devoir de français, le groupe de soutien et le devoir de Louis de me faire connaitre les meilleurs films du monde, ça risque d'être difficile d'éteindre cette chaleur qui augmente de plus de plus à chaque nouveau moment partagé avec lui.

-« On pourrait en regarder ensemble chez moi, si tu veux. Quand mes parents ne sont pas là.» Je propose sans réfléchir.

Louis me regarde, surpris et légèrement perdu alors que je réalise en même temps le double sens que cette phrase peut avoir. Je sens mes joues chauffer alors que je me mets à bafouiller:

-« Je veux dire, parce que la dernière fois que tu es venu et qu'il y avait mes parents tu as vu ma mère...tu as vu ma mère dans un mauvais état et...S'ils ne sont pas là ça serait peut-être plus.. Je sais qu'on a dit qu'on se verrait sur le toit pour faire l'exposé mais c'est plus compliqué de regarder des Marvel sur le toit et.. »

Je soupire en réalisant que je m'embrouille plus qu'autre chose, débitant beaucoup trop de mots à la seconde. Je n'ose même plus regarder Louis. Je fixe cette grande roue au loin, ressentant un sentiment de gêne et de honte intense. Je réalise en même temps que ce que Louis peut penser de moi a une réelle importance. Ce qui fait que je suis déçu à l'idée de me ridiculiser face à lui.

De longue secondes, qui me paraissent des heures, se passent en silence. Comme si Louis réfléchissait ou pensait trop de son côté aussi.

-« Je rate rarement une occasion de regarder Marvel alors, ok. Tu me diras quand est-ce que je dois ramener le premier DVD pour le regarder chez toi. »

Lorsque je tourne la tête pour regarder Louis, il ose à peine me sourire. L'atmosphère entre nous est timide, incertaine et pourtant elle a tout de même un côté réconfortant. Ça me fait sourire discrètement, et je me retiens vraiment de sourire un peu plus.

-« Samedi mes parents travaillent, si tu veux.

-Captain America et moi serons là, alors. » Me répond Louis.

On se regarde et, pendant un instant, je me dis que lui aussi se retient peut-être de sourire un peu trop fort. Nos regards ne se lâchent pas tout de suite, me laissant le temps de me faire la réflexion que ce que je ressens pour la première fois avec Louis est doux mais effrayant. Ça arrive au pire moment. Ça serait tellement tentant de m'accrocher à ce que je commence à ressentir pour lui, à cette attirance, à sa personne. Mais ça serait tellement cruel de m'accrocher à Louis pour me réfugier de ces mauvaises pensées qui continuent de me hanter. Sauf qu'elles me hanteront toujours. Alors je suis perdu. Suis-je capable de ne pas dépendre de quelqu'un lorsque je ne peux plus compter sur moi-même?

-« Hey! On a trouvé le bar! »

Notre échange est coupé lorsqu'on entend la voix de Niall. Louis et moi tournons la tête en même temps pour voir le groupe au bout de la rue, nous faisant des signes de la main pour qu'on les rejoigne.

Alors, après un regard, Louis et moi nous remettons à marcher dans leur direction.

Et lorsque j'aperçois une dernière fois la grande roue au loin, je me dis qu'un jour elle me fera penser à l'Angleterre et à Spiderman.

Sauf que maintenant elle me fait penser à Louis aussi.

Je crois que ça ressemble à ça lorsqu'une personne entre dans votre vie.

(Dogs Days Are Over_Forence+ The Machine)

Louis.

Lorsque nous entrons dans le bar, il y a cette chaleur familière qui me traverse. J'adore cet endroit. Le bar est tout en bois, les tables aussi. Il y a des tables où on peut rester debout, d'autre où on peut s'asseoir. Au fond du bar se trouve une scène où des groupes et n'importe qui peut venir jouer, chanter, même faire de l'humour. Lorsqu'on a découvert cet endroit au hasard avec Zayn, c'était un soir où nous marchions seulement pour passer le temps. Je n'avais pas envie de rentrer chez moi, et lui non plus. Puis on entendu des gens jouer et d'autre chanter en choeur, applaudir. Zayn et moi ne nous sommes même pas concertés. On a échangé un simple regard avant d'entrer dans le bar et on en est ressorti des heures plus tard. Ici, j'ai l'impression que le temps s'arrête. Que je peux laisser mes problèmes, c'est à dire toute ma vie, devant la porte et les récupérer seulement en sortant.

Une pointe de culpabilité me traverse en pensant à Zayn. Je ne lui ai pas proposé de venir. Parce que s'il vient, il va forcement apprendre l'existence du groupe de soutien. Et il me demandera pourquoi j'en fais parti. Je devrais alors m'inventer un faux problème et...je lui mens déjà assez comme ça.

Voilà pourquoi je ne voulais faire entrer personne dans ma vie. Parce que je l'ai fait avec Zayn. Et que j'ai l'impression de lui montrer qu'à moitié qui je suis. Je lui mens sur ma famille. Je lui mens sur mes réactions excessives. Je lui mens sur ma colère. Je suis fatigué de mentir, de devoir caché qui je suis. Mais je n'ai pas le choix. Alors je culpabilise, je souffre de cette situation.

Et je ne peux m'empêcher de m'en vouloir à nouveau lorsque je regarde Harry entrer dans le bar à son tour.

Accepter ce qu'il me fait ressentir, accepter le fait de vouloir en savoir plus sur lui, de vouloir savoir ce qu'il se passe dans sa famille c'est aussi accepter de mentir à une nouvelle personne. De cacher la plus grosse partie de moi. Je culpabilise déjà assez sur ça.

Alors pourquoi je continue.

-« Putain, ce bar est fou! » S'exclame Charlie en regardant autour d'elle avec un air émerveillé.

-« J'adore cette chanson. » Sourit Lenny en regardant le groupe qui est en train de chanter sur la scène.

Un garçon derrière la guitare, un autre derrière la batterie et une fille derrière le micro. Elle chante très bien et je reconnais une chanson de Florence+ The Machine.

Cours vite pour ta mère, cours vite pour ton père
Cours pour tes enfants, pour tes soeurs et tes frères
Laisse l'amour et la nostalgie que tu possèdes derrière toi
Tu ne peux pas l'emporter avec toi si tu veux survivre

Je prends rapidement une photo du groupe et l'envoie à ma petite soeur. Lucia connaît cet endroit, je l'ai emmené aussi une fois, le premier soir de ses vacances avant qu'elle ne parte en colonie. Elle était triste de devoir partir loin de moi pour tout l'été, et je l'étais aussi. Mais j'avais économisé cet argent pour elle et seulement elle. J'étais soulagé de la savoir plus loin et plus en sécurité. A profiter de choses, d'expériences que j'aurais aimé vivre moi aussi. Hors de question qu'elle vive avec les responsabilités que j'ai eu trop jeune. Elle en a déjà bien trop vu.

Sa réponse s'affiche directement sur l'écran de mon téléphone:

De Luz: La chance! Moi c'est révision de maths... Tu es avec Zayn? :)

De Louis: Tu reviendras ici toi aussi, promis. Bon courage pour les maths. Et non je suis avec le groupe de soutien.

De Luz: Oh! Je suis contente que tu sois avec eux. Il y a Harry? ;)

Je sens mes joues chauffer un peu trop vite alors que je regarde par dessus mon épaule si personne ne lit mes messages. Heureusement, tout le monde est trop occupé à s'installer autour d'une table où on peut être debout mais où on peut s'asseoir aussi avec de grands tabourets à disposition.

Lucia n'a décidément pas oubliée notre discussion de lorsque je suis venu la voir après avoir vu la mère d'Harry en train de crier et de pleurer en se réveillant. Le père d'Harry essayait de la calmer et Harry lui-même semblait soudainement attristé mais aussi énervé et...complètement à bout. Je n'ai rien oublié de cette scène. Mais Harry n'en a pas reparlé. Il ne souhaite pas en reparler. Comme il ne souhaite pas reparler de la scène sur le balcon. Mon estomac se retourne à ce souvenir. Le pire, c'est que je ne peux pas lui reprocher de ne pas me parler. Parce que je lui ai moi-même demandé de ne plus reparler de la fois où il m'a vu pleurer sur le toit.

On en a vu plus qu'il ne le faut l'un sur l'autre.

Mais on se réduit au silence, comme pour repousser l'échéance.

Je soupire et décide de répondre simplement:

De Louis: Oui, Harry est là.

Puis, après quelque secondes d'hésitation, je lui avoue:

De Louis: Je vais regarder un film chez lui samedi.

De Luz: OH.

De Louis: C'est juste parce qu'il n'a pas vu les Marvel.

De Luz: Merde, il n'est donc pas parfait. (mais il le deviendra du coup)

Je ris légèrement puis, en voyant que les autres m'attendent pour commander, j'envoie:

De Louis: Je dois te laisser, on s'appelle demain. Révise bien, je t'aime.

De Luz: Et toi amuse-toi. Tu le mérite. Je t'aime aussi, Lou.

Je souris doucement en lisant sa phrase puis range mon téléphone pour retrouver le groupe. Liam, Manël et Niall sont en train de débattre sur le meilleur cocktail sans alcool alors que Charlie, Lenny et Ava commentent le groupe qui est en train de passer sur scène.

-« J'adore le guitariste. » Souligne Lenny.

-« Je comprends. » Lui répond Charlie en riant.

-« Je le trouve canon, c'est vrai. » Assume timidement Lenny.

Je lance un coup d'oeil vers le guitariste en question. Cheveux marrons, lisse et bien coiffés. Les yeux apparemment foncés aussi. Il porte une veste en cuir et un jean gris. Son t-shirt est noir également, tout comme son vernis. Lorsqu'il relève son visage, je dois avouer qu'il a un certain charme.

Mais pas autant que...

Je me coupe moi-même dans mes pensées, en réalisant celle qui allait me traverse. Je retourne alors violemment la tête et tombe directement dans le regard de Harry, qui me regardait donc déjà. Son regard passe du guitariste à moi, comme s'il avait surpris mon regard. Puis, il se pince les lèvres et baisse de nouveau la tête vers son menu.

Je remarque en même temps que la dernière place libre se trouve entre lui et Niall, comme nous sommes en cercle autour de la table. Je pars donc m'installer à leurs côtés mais Harry ne relève toujours pas la tête. Son doigts glisse d'un cocktail à l'autre, comme s'il semblait hésiter.

-« Le cocktail pêche-abricot sans alcool est celui que je prends toujours. » Je lui dit, sans même savoir pourquoi.

Harry relève la tête vers moi et, merde, je sais maintenant pourquoi. Juste pour ça. Pour son attention. Pour son regard ancré dans le mien.

-« J'hésitais entre celui-là et le cocktail sans alcool au thé et jus de pomme. » Il m'avoue.

Je n'ai pas le temps de lui répondre quoi que ce soit que le serveur est déjà là. Tout le monde choisi sa boisson, dont moi et lorsque ça arrive à Harry il finit par choisir:

-« Un second cocktail pêche-abricot, s'il vous plaît. »

Je me surprends à sourire légèrement lorsque Harry me lance un regard avant de rendre la carte au serveur qui nous dit qu'il nous emmène rapidement tout ça.

-« Ils font même des soirées à thème! » S'exclame Charlie en lisant un prospectus présent sur notre table.

Ava se penche vers Charlie pour lire à haute voix:

-« Soirée déguisée, soirée rencontre.. » Elle rit en lisant ces derniers mots. « On peut même venir fêter son anniversaire, ils offrent le gâteau si tu prouves avec ta carte d'identité que c'est bien le jour-j.

-Sérieux? » S'intéresse Niall.

Ava hoche la tête et Charlie donne le prospectus à Niall qui le lit avant de sourire en disant:

-« Mon anniversaire est dans deux semaines, le vendredi!

-Le même jour que notre premier match de basket. » Intervient Liam en regardant Harry qui hoche la tête.

-« On pourrait tous aller voir leur match de basket puis fêter l'anniversaire de Niall ici? » Propose Lenny.

-« C'est vrai que c'est une bonne idée. » Sourit Ava.

-« Je suis carrément pour! » S'exclame Charlie.

-« Sérieusement? » Demande Niall, touché et surpris à la fois. « J'aimerais vraiment fêter mon anniversaire avec vous ici. Puis on pourrait tous aller dormir chez moi! Mes parents accepteront de dormir chez ma tante si je leur dit que j'ai invité des amis. C'est pas arrivé souvent alors.. »

Malgré le fait que cette fin de phrase sonne si triste, Niall garde le sourire mais, surtout, nous regarde avec des yeux rempli d'espoir.

-« Alors...Qui veut bien venir? » Il ose demander.

-« Moi! » Répond directement Charlie avec un grand sourire.

-« Moi aussi! » Disent Manël et Ava en choeur.

-« Je serais présent. » Intervient Liam en souriant à Niall.

Ce dernier sourit encore plus fort avant de nous regarder, Lenny, Harry et moi.

-« Ne vous sentez pas obligés si vous n'avez pas envie. » Précise Niall, inquiet.

-« J'en ai envie, personnellement. » Le rassure Lenny en confirmant sa présence.

-« Moi aussi. » Répond Harry avant de me regarder lui aussi, attendant ma réponse.

Mon regard s'encre dans le sien avec de regarder Niall. Ce programme me tente vraiment. Assister au match de basket d'Harry, enfin d'Harry et de Liam, puis revenir ici et finir la soirée chez Niall, comme la dernière fois. Je dois avouer que la présence de ces personnes autour de moi est plus agréable que je ne le pensais.

-« Je serais là. » Je répond alors à mon tour.

-« Trop bien! » S'exclame Niall, ne cachant pas sa joie. « On commandera des pizzas une fois chez moi si vous voulez et j'irais faire les courses pour prendre des trucs à grignoter.

-Si t'as besoin d'aide pour les courses, n'hésite pas. » Lui dit Charlie avec un sourire sincère.

Niall lui sourit alors de la même façon et, lorsque je vois Charlie se pincer les lèvres et détourner le regard, croisant alors celui plein de sous-entendu de Lenny, je me dis que j'ai raté quelque chose. Instinctivement, je tourne la tête vers Harry qui semble avoir vu la même chose car il m'offre un sourire complice auquel je réponds sans pouvoir le contrôler.

Nos boissons finissent par arriver et la conversation dévie sur les devoirs. Manël et Harry, l'un en face de l'autre, parlent de leur cours de photographie. Niall discute beaucoup avec Charlie et Ava, tentant tant bien que mal de leur faire comprendre qu'il n'a pas besoin de cadeau pour son anniversaire. Liam sirote son cocktail sans alcool mais je remarque bien que c'est difficile pour lui de ne pas loucher sur la table voisine où une bouteille de vodka est posée. Heureusement, Lenny le remarque et lui fait tourner la tête vers lui en lui posant des questions sur le basket, prétextant qu'il aimerait connaitre les règles avant de venir voir le match.

-« Merci beaucoup de nous avoir écouté! » S'exclame le groupe sur scène alors que les applaudissements résonnent. « La scène est libre! »

Lorsque le guitariste dit cette dernière phrase, je vois Harry tourner la tête pour regarder le piano sur scène. Je repense alors à ces messages que nous nous sommes échangés où on s'est avoué jouer tous les deux du piano. Je me surprends à vouloir l'entendre. Parce que rien que l'imaginer jouer ne devrait pas autant me retourner l'estomac.

Discrètement, je lui donne un coup de coude. Un simple contact qui fait naitre cette chaleur que j'aime et déteste à la fois. Harry tourne immédiatement la tête vers moi et je tente de rester le plus neutre possible lorsque je lui dit:

-« Tu comptes nous jouer un morceau? »

Harry, surpris, passe son regard du piano à moi.

Mais je ne m'attendais pas à ce qu'il me réponde avec un sourire timide:

-« Seulement si tu me rejoins..? »

Cette fois, c'est à mon tour de me figer de surprise et de sentir mon coeur battre un peu trop vite. Je regarde le piano et Harry qui ne me lâche plus du regard. Ses yeux sont remplis d'espoir et, putain, je ne devrais pas y donner autant d'importance. Je ne devrais pas, je ne devrais pas, je ne devrais pas.

Mais je repense à ce que Lucia m'a dit un peu plus tôt par message. Je l'imagine avec nous, à mes côtés, en train de me répéter ces mots: Et toi amuse-toi. Tu le mérite.

-« Un piano à quatre mains? » Je réponds alors à Harry. « Je l'ai déjà fait avec ma soeur. »

Harry me regarde quelques secondes sans rien dire avant de m'avouer:

-« Moi aussi j'ai déjà joué avec ma soeur. »

Sa voix est si basse qu'elle n'est presque qu'un murmure. Je me souviens alors qu'il m'avait confié avoir une soeur jumelle, Aimée, mais qui n'habite pas avec lui ici.

On commence alors à se dire les morceaux, chansons que nous savons jouer. Après quelques minutes, on se met d'accord sur une chanson en particulier et, après un dernier regard timide, nous nous levons. Attisant la curiosité des autres.

-« Vous allez jouer? » Demande Manël en souriant.

-« Apparemment. » Je pouffe, n'y croyant pas moi-même.

-« Putain, c'est génial! » Applaudit Niall, attirant l'attention des autres clients.

On se retrouve alors à être encouragé et applaudit par tout le bar et, lorsque je regarde Harry, je le surprend à sourire sincèrement en même temps que nous rejoignons la scène. Nous nous asseyons l'un à côté de l'autre sur le piano et, seulement à cet instant, je réalise qu'on peut carrément gâcher le moment si on ne s'accorde pas bien. Après tout, on a jamais joué ensemble. Il y a un micro accroché au piano mais je ne compte pas l'utiliser, personnellement.

Le bar est soudainement silencieux. Seuls quelques clients parlent à voix basse, ne s'intéressant pas forcement à ce qu'il se passe sur scène. A notre table, tout le monde nous regarde et je ris légèrement en voyant Charlie nous faire deux pouces en l'air.

-« Prêt? » Me demande timidement Harry.

Je tourne la tête vers lui et hoche simplement la tête.

-« Prêt, Gabriella. » Je réponds, pour détendre l'atmosphère et faisant référence à nos précédents messages.

Harry lâche un petit rire et secoue la tête avant de , naturellement, commencer à jouer les premières notes.

(Nightcall_London Grammar)

Mes yeux fixent d'abord les doigts de Harry qui donnent l'impression de voler par dessus les touches. Je comprends directement que, oui, il sait vraiment bien jouer. Il a sûrement eu des cours. Personnellement, c'est ma voisine de l'époque, lorsque Lucia et moi étions petits, qui nous a apprit. Elle était tellement gentille, et avait compris la situation à la maison. Surtout lorsque notre père s'est fait arrêter juste devant chez nous. Alors elle nous gardait régulièrement, prenait soin de nous. Elle avait une fille, déjà adulte, mais on la voyait rarement et, avec le temps, j'ai oublié son visage. Puis on a déménagé et cette dame qui était le seul équilibre dans ma vie a disparu. J'aimerais tellement savoir ce qu'elle est devenue. Mais j'étais petit et je ne connaissais même pas son nom de famille.

Je sors de mes pensées lorsque c'est à mon tour de jouer, en même temps que Harry. Et, à ma grande surprise, c'est comme si nous avions toujours joués ensemble. Nos notes s'accordent parfaitement, nos regards se croisent quelques fois. Cette chaleur au fond de moi est de plus en plus forte.

J'oublie que je suis dans ce bar. J'oublie tout, en fait. Et, putain, qu'est-ce que ça peut faire du bien d'oublier parfois. Je ne vois que Harry à mes côtés, je ne ressens que sa présence, je n'entends que les notes qui s'échappent de sous nos doigts. Je ne sens que sa cuisse collée à la mienne.

Peut-être que nos coeurs battent sur le même rythme, eux aussi.

Puis, soudainement, la voix grave de Harry se met à résonner, me faisant frissonner. Avec toute la nostalgie que provoque cette mélodie, il pose en plus sa voix mélancolique par dessus. Mes doigts manquent de rater une touche sur la surprise et je ne peux m'empêcher de lancer un regard vers le profil d'Harry. Sa mâchoire finement tracée, ses lèvres qui bougent légèrement lorsqu'il chante sans pour autant regarder le public. Sa tête reste un peu baissée et quelques mèches de cheveux retombent alors sur son front.

C'est la première fois que je trouve quelqu'un aussi beau.

Je t'appel la nuit
pour te dire comment je me sens.
Je veux te conduire à travers la nuit,
en bas des collines.

Je prends une grande inspiration, continuant à jouer malgré les milliers de pensées qui me traversent. Toujours tout contrôler. C'est l'une des dernières phrases que mon père m'a dit avant d'être embarqué. Ne penser qu'à Lucia est moi. Que le reste ne pouvait m'apporter que des problèmes. Me concentrer sur Lucia. Les mots de mon père sont ancrés en moi, comme une poésie qu'on oublie jamais. Comme des règles qu'on ose pas briser. Encore moins lorsque toutes les années qui ont suivies m'ont prouvées l'intensité de ces propos.

Je vais te dire quelque chose que tu
ne veux pas entendre.
Je vais te montrer où c'est sombre,
Mais ne crains rien.

Je craindrais toujours tout. Cette vie. Les conséquences. Pas seulement les conséquences de mes actes mais aussi de celles des autres. C'est tout ce que je connais. Tout ce qu'on m'a apprit. Tout ne dépend pas seulement de nous. Les autres jouent parfois un rôle beaucoup trop important dans nos vies. Ils deviennent le rôle principal de notre propre histoire. Alors ils en font ce qu'ils veulent, nous forçant à être la personne qui doit se taire et tenter de faire en sorte que ça ne soit pas pire.

Il y a quelque chose en toi,
c'est difficile à expliquer.
Ils parlent de toi garçon,
mais t'es toujours le même.

Cette fois, je rajoute ma voix à celle de Harry, et je sais qu'il en est surpris. Parce que nos regards s'encrent l'un dans l'autre pour ne plus se lâcher. Je déteste ressentir autant ces paroles. Je déteste l'impression que j'ai qu'on chante ce dernier couplet l'un pour l'autre. Il y a quelque chose en Harry, quelque chose de difficile à expliquer, quelque chose que je n'ai pas deviné. Il y a quelque chose pour qu'il ait ressenti l'envie de sauter. Il y a quelque chose pour que sa famille semble être un sujet douloureux. Pour qu'il se retrouve dans le même groupe de soutien que moi.

Tout comme Harry me regarde en me faisant comprendre qu'il sait pertinemment qu'il y a aussi quelque chose en moi. Quelque chose de difficile à expliquer. Quelque chose qu'il ignore. Mais quelque chose que, malheureusement pour moi, il souhaite comprendre. Quelque chose qui a provoqué mes larmes ce jour-là sur le toit.

Sans le vouloir, sans le prévoir, Harry et moi nous faisons comprendre beaucoup trop de choses à cet instant. Et je n'arrive pas à savoir si mon coeur se gonfle de chaleur ou d'appréhension. Tout ce que je sais c'est que je me dis que ça ne va pas être facile de se contrôler avec Harry. Que ça ne va pas être facile de faire comme si ce lien n'était pas en train de se tisser entre nous.

Lorsque nos doigts arrêtent de jouer, signant la fin du morceau, les applaudissements ne sont qu'un brouhaha. Parce que mon regard est toujours ancré dans celui d'Harry. Parce qu'on n'arrête pas de se regarder, faisant durer encore un moment cette bulle qui semble s'être formée autour de nous.

C'est à ce moment-là que je la ressens pour la première fois.

L'envie de l'embrasser.

Alors je tourne violemment la tête.

Je t'en veux tellement papa.

De m'avoir apprit qu'il faut tout contrôler.

Alors que c'est la première fois depuis longtemps que j'ai l'impression que quelque chose de bien est en train de m'arriver.

Une belle histoire aurait pu commencer ce soir si vous ne m'aviez pas apprit que, avec moi, ces belles histoires ne durent jamais.

(Broken_Patrick Watson)

Harry.

-« C'était vraiment une super soirée! Merci beaucoup! » S'exclame Manël alors que nous sommes tous en dehors du bar, en train d'attendre les parents de chacun.

C'est donc Manël qui part en première, nous faisant de grands signes de la main jusqu'à entrer dans la voiture de son père. C'est vrai que c'était une belle soirée, même si on est pas resté trop longtemps comme nous avons cours demain. Mais, j'ai du mal à penser à autre chose qu'à ce moment-là de la soirée. Celui où il n'y avait que Louis et moi, assis sur le même piano, nos voix résonnant ensemble et nos doigts jouant sur le même rythme. Ce que j'ai ressenti, c'était tellement puissant. J'aurais aimé que notre regard à la fin dure éternellement.

Parce que je me suis senti vivant.

Et que je ne pouvais pas ressentir ça à nouveau.

Même si ça a prit fin en même temps que nos regards se sont lâchés, après que Louis ait tourné la tête. Lorsque nous sommes retournés à la table, tout le monde nous a dit que c'était fou, que c'était vraiment beau. Et moi aussi je le pensais, mais pour différentes raisons. Le reste de la soirée, Louis était beaucoup dans ses pensées, et moi aussi. Nos regards se croisaient quelques fois mais nous n'avons pas forcément reparlé.

-« Ma mère est là. » Dit Ava en montrant la voiture qui vient de se garer sur le parking. « Je peux te déposer, Liam, t'habite pas loin il me semble?

-Oh, c'est gentil. » Sourit Liam en hochant la tête. « Si ça ne dérange pas ta mère.

-Ça ne la dérangera pas. A demain les gars! » Lance Ava.

On leur dit au revoir à leur tour et il ne reste plus que Niall, Lenny, Charlie, Louis et moi.

-« Je peux vous déposer chez vous. » Propose Louis d'une voix neutre. « J'ai laissé ma voiture devant le lycée.

-Ça ne te fait pas faire de détour pour rentrer chez toi? » S'inquiète Niall.

-« Je suis pas pressé. » Répond simplement Louis en haussant les épaules.

Nous nous remettons alors à marcher en direction du lycée et, alors que Louis marche devant avec Niall et Charlie, je me retrouve un peu plus loin derrière avec Lenny.

-« Tu sais, si t'as besoin d'en parler, je suis là. » Me dit ce dernier alors que je regarde Louis, malgré qu'il soit de dos.

-« De quoi? » Je répond, à moitié dans mes pensées.

-« Du fait que Louis te plaise. » Répond calmement Lenny.

Mon coeur rate quelques battements et, cette fois, je tourne la tête vers lui. Lenny me regarde avec un léger sourire avant de rajouter doucement:

-« La première fois que j'ai craqué pour un garçon, c'était en première année de lycée. Je n'avais pas encore fait mon coming-out. Il s'appelait Omar et je n'avais jamais trouvé un garçon aussi beau. Nous étions dans le même cours de maths et aussi de sciences, on s'entendait vraiment bien. Mais je n'ai jamais eu le courage de lui dire ce que je ressentais réellement, par peur de perdre notre amitié. Puis, je n'avais jamais dit à personne que j'étais attiré par les garçons, même pas à Charlie. Alors j'avais personne à qui en parler. Et lorsqu'on a personne à qui en parler, on a pas d'avis extérieur et on coule sous nos propres mots et pensées. Omar a dû déménager à Cuba à la fin de notre première année. Ça m'a fait tellement mal que j'ai lâchement arrêté de garder contact avec lui durant l'été qui suivait. C'était trop douloureux de ressentir tout ça pour la première fois mais d'avoir l'impression de ne pas y avoir le droit. Lorsque j'ai raconté cette histoire à Charlie, elle m'a dit que j'aurais dû lui en parler directement, qu'elle aurait été là. Et je crois qu'elle avais raison car, depuis, je lui raconte tout et c'est déjà moins difficile avec elle à mes côtés. Alors, j'aimerais juste que tu saches que je suis là si tu as besoin d'en parler, Harry. »

Les mots de Lenny me font encore plus de bien qu'il ne peut le penser. Parce qu'il ne sait pas que, fut un temps, j'avais cette personne. Cette personne à qui je disais tout. Cette personne avec qui je n'avais pas peur d'être moi-même. A qui je n'avais pas peur de confier toutes mes pensées sans exception. Depuis qu'elle n'est plus là, j'ai l'impression qu'il n'y a plus personne pour m'entendre. Je resterais à jamais persuadé que j'ai perdu la seule personne qui me connaissait par coeur.

-« Est-ce que tu penses toujours à Omar? » J'ose demander à Lenny.

Son sourire se fait plus triste, sincèrement plus triste alors que, le regard fuyant, il me répond:

-« Il y a des personnes qu'on oublie pas, je crois.

-J'ai peur que Louis fasse parti de ces gens-là. » J'avoue dans un murmure.

Lenny me regarde tristement, ne sachant pas quoi répondre. Parce qu'il n'y a pas de réponses à donner. J'ai peur, je suis terrifié même à l'idée que Louis fasse parti de ces gens qu'on oublie jamais et qui ne restent pas éternellement à nos côtés. Je sais plus que n'importe qui à quel point l'absence d'une personne aimée est une longue et lente souffrance, plus forte que tout, ressemblant à ce qu'on appelle de la torture.

La main de Lenny finit par se poser sur mon épaule qu'il serre dans un geste réconfortant.

-« Je reste malgré tout persuadé qu'on ne peut pas fuir ce que les gens nous font ressentir. On ne choisit pas qui, on ne choisit pas quand. C'est juste comme ça. Et, on aura beau fuir, ça nous rattrapera. » Il rajoute.

Je crois qu'il a malheureusement raison. Ou du moins que je suis malheureusement d'accord avec lui. Parce que ça sonne tellement vrai lorsque, à cet instant, je pose mes yeux sur Louis en même temps que nous arrivons près de sa voiture devant le lycée. Il y a toujours cette chaleur lorsque son regard croise le mien. Une chaleur qui ne fait qu'augmenter et qui ne semble pas prête à vouloir disparaître.

Une fois dans la voiture, je me retrouve côté passager car je serais le dernier à être déposé. Lenny et Charlie sont sur la banquette arrière, parlant de la soirée qu'on vient de passer et à quel point c'était agréable de se voir dans un autre contexte que le lycée.

-« Vous avez bien parlé avec Niall, ce soir. » Souligne Lenny en regardant Charlie.

Cette dernière fait de grands yeux avant de bafouiller:

-« On a parlé comme d'habitude... Il est très gentil. Et drôle.

-Et beau. » Rajoute Lenny pour elle. « De quoi faire en faire craquer plus d'une...

-Sûrement. » Répond simplement Charlie.

Dans le rétro, je la vois donner un coup de coude à Lenny qui se retient de rire. Assistant à ce spectacle aussi, Louis ne peut s'empêcher de sourire légèrement, amusé, avant de tourner la tête pour croiser mon regard seulement le temps d'une demie-seconde.

Rapidement, Charlie et Lenny sont déposés dans leur quartier. Et il ne faut que quelques minutes pour que Louis se gare en face de chez moi. Alors qu'il met le frein à main, l'atmosphère change légèrement maintenant que nous sommes seuls, lui et moi. Je me trouve idiot à ne plus savoir quoi dire, à vouloir secrètement que le moment dure un peu plus longtemps.

-« C'était vraiment sympa de jouer du piano avec toi. » Je finis par avouer, sincèrement.

Louis sourit légèrement en hochant la tête.

-« C'est vrai que c'était cool. Tu chantes bien.

-Toi aussi. » Je réponds en souriant. « Tu étais dans une chorale?

-Non. » Il pouffe en secouant la tête. « Je chantais seulement pour Lucia, lorsqu'elle était plus petite.

-Vous avez l'air proches, tous les deux.

-C'est ma petite soeur, la personne que j'aime le plus au monde. » Il me confie avec une sincérité qui réchauffe le coeur. « Et toi? Tu es proche de ta soeur jumelle? »

Je me retiens de déglutir, ou de laisser mes yeux se mettre à briller. A la place, je souris avec sincérité, cachant derrière ce sourire toute la nostalgie et la tristesse que je peux ressentir. J'essaie seulement de continuer à la faire vivre lorsque je réponds à Louis:

-« Très proches. C'est littéralement ma moitié.

-Elle doit te manquer si elle n'habite pas ici. » Me répond Louis avec un sourire désolé.

-« Elle me manque plus que tout, ouais. » J'avoue dans un murmure, détournant le regard.

Sentant que je peux craquer à tout moment, je décide d'ouvrir la portière tout en me retournant à nouveau vers Louis pour lui dire:

-« Merci de m'avoir raccompagné, on se voit demain au lycée.

-De rien et, ouais, à demain. »

Nos regards s'ancrent l'un dans l'autre une dernière fois. Et je ne comprends pas pourquoi c'est si dur soudainement de quitter sa voiture. Mes yeux, malgré moi, glissent rapidement sur les lèvres de Louis. Heureusement, je me reprends en détournant le regard et en sortant de la voiture, claquant la portière derrière moi.

Sauf que, avant de démarrer, Louis ouvre sa fenêtre pour me dire:

-« Tu m'as dit que tu voulais écouter mes groupes préférés, c'est ça?

-Euh...oui. » Je réponds bêtement.

-« Les paroles de Do I Wanna Know d'Arctic Monkeys font parti de mes préférées. » Il me confie.

Je hoche la tête, prenant ça non seulement pour un conseil, mais peut-être pour un message? Je n'en sais rien. Je pourrais tellement me faire des films.

Say When, de The Fray. » Je réponds avant qu'il ne parte.

Sachant que, pour ma part, c'est réellement un message.

MESSAGERIE LOUIS/HARRY
01h00

De Harry:

Est-ce que je veux savoir?
Si ce sentiment est réciproque
Triste de te voir partir
J'espérais en quelque sorte que tu resterais
Bébé, nous savons tous les deux
Que les nuits sont principalement faites pour dire des choses que tu ne peux dire le jour d'après

Do I Wanna Know - Arctic Monkey

De Louis:

Je te vois là, ne sachant pas d'où tu viens
Ignorant tout mise à part le fait que tu sois quelqu'un
Tu ne semble pas te soucier du fait que je t'ai regardé
Quel est ton nom ? Parce que j'ai besoin de le savoir

Viens plus près encore plus rapproche toi
On se provoque mais nous allons pas plus loin
Nous sommes deux fantômes séparés en un miroir, sans trame
Plus tard si on se tourne vers le chaos, l'ouragan viendra tout autour de nous

Say When - The Fray

Si tu étais là, Aimée, j'aurais pu t'avouer que, ce soir, je l'ai ressenti pour la première fois.

L'envie d'embrasser Louis.


...

J'espère que ce chapitre vous aura plu..?

Que pensez-vous de Harry et Louis? De leur relation?

Encore merci infiniment pour tout et je vous dit à très vite pour la suite!❤️

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