(Le grand Hall)


       Elle déboucha enfin en haut du grand escalier qui surplombait le hall. Un flot de hurlement, grognement et fracas d'os et d'armes lui rugit aux oreilles comme si elle venait de perdre une surdité passagère. Comment avait-elle fait pour ne pas entendre ses bruits de guerre avant de l'avoir sous les yeux ? Le hall du Passage, toujours aussi lumineux, ne renvoyait plus uniquement l'éclat immaculé du sol en marbre blanc couvert de dorures et de motifs argenté. Au milieu de cette fontaine de pureté coulaient des flots de sang écarlates. Des corps d'anges et de chiens noirs jonchaient les dalles qui se recouvraient peu à peu du liquide chaud. Des dizaines de chiens surgissaient de l'énorme plaie béante qui avait entaillé le sol de marbre.

Amélia vit, dans ce brouillard de corps noirs et blancs qui s'opposaient férocement, la stature musclée de Gabriel. L'Archange Général frappait ses ennemis de ses poings armés d'une série d'anneaux tranchants tous reliés entre eux. Ses courts cheveux châtain clair étaient tâchés de sang. Son pantalon de toile blanc était déchiré par endroit ; Seul étaient restés intactes ses grandes ailes blanches surmontés d'une arche dorée qui suivait la courbure du membre d'où poussait les plumes. Même son bustier en acier qui avait les moulures d'un torse bombé, avait été légèrement cabossé.

C'était un véritable carnage qui se déroulait sous les yeux affolés d'Amélia. L'odeur du sang et de la chair brûlée explosait dans ses narines, lui donnant envie de vomir. Elle fit volte-face pour s'enfuir, mais se figea sur place. Le chien noir qu'elle avait laissé derrière elle l'avait rattrapé. Amélia se mit à trembler. La bête, visiblement furieuse, s'approchait d'elle d'un pas lourd et menaçant. Des filets de baves sombres dégoulinaient se ses babines et venaient s'étaler sur le long tapis dorés brodé d'argent qui recouvrait l'escalier et qui s'étendait jusqu'au portail du Passage ; Gigantesque puits de lumière où flottait un étrange voile miroitant qui donnait accès au monde des Humains.

Tétanisé et tremblant comme unefeuille, la jeune femme ne pouvait plus bouger. L'animal fronça son horriblemuseau noir et bondit sur elle. N'ayant même plus la force de crier, elle fermales yeux en tournant la tête, prête à endurer la douleur.

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