(La grande couveuse)
L'Ange de la Mort entraîna la Reine vers le grand escalier de pierre qui menait au palier du dessus. Tandis qu'il gravissait les marches, Ozrins expliqua à la nouvelle Reine que les Enfers étaient découpés en sept paliers ; chacun étant sous la responsabilité d'un créateur, mis à part le septième. Le premier palier, le fond même des Enfers, était celui de Belzébuth, où l'on détruisait les Corps et les Âmes ; mais pas seulement. C'était là que vivaient les diablotins noirs et les galeries de ce palier menaient sur les différentes cachettes de ces petits farceurs :
- Je vais t'expliquer autrement ! Le palier central, le quatrième palier, est celui de Belphégor. C'est là que se trouve le puits. Les Âmes et les Corps arrivent par ce palier et sont ensuite guidées par les diablotins Ocres ; que tu n'as encore jamais vu. De là ils descendent au troisième palier, celui d'Asmodée. Elle à tendance à vagabonder hors de celui-ci, mais elle ne manque jamais à son devoir... Tout le contraire de Belphégor !
Amélia ne put s'empêcher de rire. Ozrins continua ces explications en apprenant à la jeune Reine que la créatrice aux allures félines avait pour tâche de déterminer quelles Âmes avait apporté suffisamment aux Hommes pour être réincarné ; et renvoyé à l'Eden directement. Ils arrivèrent en haut de l'escalier, et le Maître Noir fit stopper sa petite visiteuse :
- Nous voici au second palier, celui de Léviathan. Petite précision ; la maîtresse de l'Envie est assez peu commode. Donc n'essaye pas de la contredire... En même temps tu ne dit rien... Tant pis, on verra bien comment tu te débrouille !
Amélia voulut protester, mais l'homme noir ne lui laissa pas le temps d'étendre un fil télépathique. Il la poussa devant lui et la fit entrer dans le domaine de Léviathan.
Elle se trouvait dans une gigantesque pièce infinie. Il n'y avait presque aucun mur, seulement le sol et le plafond. Contrairement aux autres paliers qu'elle avait visités, celui-ci ne contenait qu'une seule pièce et aucune galerie. Une longue extension de la rivière de lave coulait à l'intérieur du palier qui avait une forme circulaire, comme tous les autres, mais qui était plus flagrant du fait qu'elle n'avait qu'une pièce. Il n'y avait rien qui séparait la pièce de la marge du palier, qui dépassait la limite de celui du dessus ; et sur laquelle coulait la rivière de lave, formant un bassin avant de descendre au palier suivant. La pièce était composée d'un canal principal qui faisait le tour de la crevasse avant de rejoindre le bassin de lave. De ce canal s'écoulait plusieurs branches moins larges, comme des voies se séparant de la rue principale. Des petits ponts de pierre permettaient de passer au-dessus des voies de lave.
Amélia observa la pièce avec attention. Il n'y avait aucun plan de travail près du bassin, aucuns diablotins, pas l'ombre d'une vie. Ozrins la poussa davantage dans la pièce. La jeune Reine avait l'impression d'être dans un sanctuaire, le silence qui régnait avait des allures sacrées. Le Maître de la Mort se pencha sur la jeune fille et lui désigna le plafond du doigt en posant un autre sur ses lèvres.
La jeune fille leva les yeux au plafond. Au dessus de la crevasse qui s'ouvrait sur le palier de Belzébuth, une trouée un peu plus grande baillait, dévoilant légèrement le palier du haut. Autour de la gorge, des millions d'œuf visqueux pullulaient au-dessus des plaques de pierre entre les coulées de lave, au sol. Leur paroi semblait fine et fragile, et une étrange matière poisseuse et verdâtre les recouvrait, dégoulinant légèrement sur le sol.
Le regard de la jeune Reine fut attiré par l'un des œufs, de l'autre côté de la crevasse, qui remuait étrangement. La sphère visqueuse se détacha brusquement du plafond et s'écrasa contre la pierre sombre du sol. Brusquement, un rugissement secoua toute la pièce. Un gigantesque serpent jaillit hors de la rivière principale et alla s'enrouler autour de l'œuf.
La tête du monstre était plus carrée et plus démoniaque que celle d'un serpent. Celui-ci pencha le nez vers l'œuf. Ce dernier se mit à frémir, répandant un étrange liquide jaunâtre sur les pierres noires. Un petit bras sorti hors de la membrane qui s'était percée lors du choc. Un tout petit diablotin à la peau blanchâtre s'extirpa hors de l'œuf. Il leva la tête vers le serpent géant qui le regardait avec des yeux remplis de tendresse. Amélia suivi du regard le petit diablotin qui galopa vers la haute étagère remplie de livres. La jeune fille n'avait pas remarqué que la pièce était remplie de bibliothèques devant lesquels se trouvaient quelques diablotins qui lisaient d'étrange livre aux pages lumineuses. Leur peau blanche était plus ou moins tintée de différentes couleurs.
Ozrins poussa la jeune fille vers le petit pont qui coupait la rivière principale. Ils arrivèrent devant le serpent géant qui les observa d'un air suffisant. L'Ange de la Mort se redressa comme pour défier la créature :
- Beau bébé, Léviathan, encore un futur larbin pour la fabrique !
Le serpent fronça le nez se mit à siffler furieusement. L'homme se mit à rire :
- Je plaisante, ma grande, allez va finir son éducation !
La grande créatrice les contourna et alla se glisser autour de son nouveau-né. Elle observa la grande étagère remplie de livres bleus, rouges, ocre, marron ou bien noires. Elle poussa l'un d'eux dont la reliure était d'un beau bleu cendré. Le diablotin, démunis de cornes et de peau solide, attrapa le livre et l'ouvrit. Ces pages était étrangement lumineux et la petite créature semblait plongée dans une profonde lecture, dont lui seul pouvait voir les lignes. Un étrange filet de lumière bleutée s'extirpa des pages et entoura la créature, dansant autour de lui tel un long ruban. Sa peau flasque et blanchâtre se mit à palpiter, animé d'une lueure bleue cendré.
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