(Fuir sans le pouvoir)
- Amélia !!
Un fin cerceau d'or traversa la pièce et vint couper net la gorge du chien noir. L'étrange cercle brillant contourna la jeune fille et retourna dans la main de son propriétaire. Amélia observa le corps sans vie de la bête s'écrouler devant elle et répandre son sang rouge vif sur ses escarpins blancs.
Derrière elle, loin au milieu d'une troupe de chien noir, Gabriel replaça son auréole au dessus de sa tête en retirant au préalable le sang du monstre qui avait voulut s'en prendre à sa bien-aimée. Il aurait tant aimé la prendre dans ses bras pour la protéger où l'emmener dans un lieu sûr ; Mais il était encerclé par les chiens noirs et beaucoup trop loin d'elle. Avant même qu'il n'aie eut le temps de lui ordonner de fuir, un autre monstre aux crocs baignant dans une salive ensanglantée lui bondissait dessus.
Amélia fit brusquement volte-face, elle avait perçu un hurlement qui semblait s'être détaché du vacarme qui régnait déjà dans toute la pièce. Mais elle ne parvint pas à déterminer d'où cela provenait. Elle ne voyait plus Gabriel, il devait sans doute se trouver au milieu de l'une de ses masses noires de chiens démoniaques. Cela ne la rassura guère.
Brusquement, elle sentit une main l'agripper fermement par le bras. Elle voulut crier, jusqu'à ce qu'elle croise le magnifique regard bleu glacier de Gabriel. Son cœur se soulagea d'un poids douloureux :
- Pars vite d'ici !
Il semblait fatigué et il était couvert de griffures. Elle se plongea dans son regard emplit de peur et d'inquiétude. Un sourire soulagé s'étira sur les lèvres de la jeune fille. Elle voulut l'embrasser, mais il la repoussa violemment au sol. Amélia leva la tête vers Gabriel qui venait de saisir un chien noir, bondissant vers eux, par le crâne. La bête n'eut même pas le temps de reprendre son souffle ; Gabriel serra les paumes et une lourde décharge claqua l'air. Le chien noir glapit de douleur, ses yeux se convulsèrent et il s'écroula au sol, répandant avec lui une odeur de chair brûlée.
Amélia se releva en tremblant. Elle croisa le regard insistant de Gabriel avant que celui-ci se fonde dans la masse chaotique de blanc et de noir qui semblait s'opposer en vain. Il n'en fallut pas d'avantage à la jeune fille pour la décider à prendre la fuite.
Elle se mit à courir dans le long couloir, l'écho de ses talons claquant sur le sol rebondissant autour d'elle. Un son étrange retentit à ses oreilles. Elle s'arrêta. Autour d'elle flottait une étrange odeur de fumée. Elle observa le mur sur lequel se projetait son ombre. Étrangement, elle avait comme l'impression de voir la silhouette d'une autre personne. L'ange tourna la tête et se remit à courir. Elle devait atteindre la porte secrète qui permettait de se rendre dans la Vallée des Nuages.
Brusquement, elle s'immobilisa. Son dos était tétanisé par une peur inconnue. Elle tourna la tête vers le mur à sa gauche. Un long bras sombre s'étirait de l'ombre sur le mur et lui touchait l'épaule. Amélia retint un cri lorsqu'elle se rendit compte qu'un crâne s'extirpait de la masse sombre de la silhouette. Une seconde main sortit de l'ombre et saisit l'ange par la mâchoire. La jeune fille se débattit furieusement. Sentant que l'être noir l'emprisonnait davantage dans ses bras, elle saisit le crâne à une main. Les globes vides de la tête d'os semblaient la sonder de toutes parts. Elle avait l'impression de voir la Mort en face.
Elle serra les paupière et concentra sa ''Volonté'' dans la paume de sa main. Elle sentit l'onde de choc lui traverser les doigts et venir frapper le crâne. Une partie de la tête d'os explosa en mille morceaux. Mais l'être noir ne broncha pas. Les éclats d'os se répandirent sur le sol. Amélia se mit à trembler en écartant sa main. Sous la coque fragile du crâne s'ouvrait un œil d'un noir intense, remplaçant le globe vide qui venait d'exploser.
Amélia voulut hurler, se débattre, s'enfuir. Mais l'être la tira brutalement vers lui et la fit entrer dans l'ombre. Englober dans le néant, Amélia vit une dernière fois la lumière du jour se refléter dans la pupille terrifiante de l'être avant de se faire transporter par la Mort...elle-même.
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