Sans comprendre pourquoi, l'Archange s'était rendu dans la Vallée des Nuages. Énervé et inquiet, il avait marché jusqu'à la grande plaine qui abritait les Âmes. Celles-ci, présentes sous la forme de petites boules lumineuses, vagabondaient entre les brins d'herbe claire. Il s'est assis sur un rocher et se prit la tête dans ses mains. Il devait faire quelque chose.

Une petite sphère brillante s'approcha de lui timidement. Elle émettait un étrange son cristallin qui semblait être une sorte d'interrogation. À la manière dont elle gémissait sans prononcer de mots, elle ressemblait à Amélia. L'Archange releva la tête et la petite Âme s'approcha davantage. Gabriel posa une main sur son corps lumineux. Un léger parfum se dégagea de l'Âme qui émit un son joyeux. L'odeur familière de framboises et de camélia flotta jusqu'au nez de l'Ange. Cette odeur... C'était celle d'Amélia ! Cette petite Âme avait été façonnée par la jeune fille. Gabriel étira un sourire ému, et la petite Âme émise un étrange bruit qui faisait penser à celui d'un sourire. Le Grand Ange se leva en caressant la petite sphère. Il devait aller la chercher, même si pour cela il devait se soulever celle contre les Enfers tout entiers !

Elle avait mal à la tête. Les roches qui composaient le plafond tournaient autour d'elle, formant une spirale rouge et noire. Elle se tourna et s'assit lentement sur le lit. Elle se trouvait dans la même pièce qu'à son premier réveil. Elle remarqua les longues tringles autour de son lit qui laissait pendre de longs pans rouges translucides. Elle se leva en chancelant. Elle avait la têtes lourdes et embrumés, tandis que son cœur était léger comme l'air. Elle avait l'impression que la barrière qui contenait sa seconde personnalité lui avait libéré le cœur mais lui pesait sur le crâne. La pièce lui semblait différente... Elle s'y sentait bien.

Elle voulut se rendre jusqu'au pont quand brusquement elle se figea. Du coin de l'œil, elle avait remarqué l'éclat d'un miroir de glace, mais quelque chose n'allait pas. Elle tourna la tête vers son reflet. Brusquement, un cri déchira la gorge et elle tomba en arrière. Ses ailes avaient disparu, il n'en restait plus rien pas même l'arcade d'où poussaient les plumes. Mais ce qu'il effrayait le plus était la paire de doubles cornes qui se recourbaient de chaque côté de ses joues. D'une main tremblante, elle effleura l'excroissance osseuse qui s'extirpait d'entre ses cheveux, c'était bien plus léger qu'il n'y paraissait.

La jeune fille se mit à pleurer, prise de panique. Elleavait l'impression d'être une toute autre personne.