Jour 46 : Tu m'as déjà condamnés
[3:00pm]
L'heure qu'affiche mon ordinateur. Plongé dans le noir, l'ordinateur portable pose sur mes jambes croisées, le dos sur le canapé et la tête rejette en arrière je fixe le plafond. Quand nous sommes rentrés, on a mangé après une cigarette, puis après un film les autres épuisées ont été se coucher. Théodore c'est allongé sur l'autre canapé en face du miens dos à moi, au vu de sa respiration qui c'est stabilisé depuis quelque heure il dort. Et moi j'ai encore une de ses foutu insomnies.
J'abaisse la tête pour regarder à nouveau l'ordi.
{ Sujet d'Svt : inventé ou expliquer une maladie, sans oublier ses origines, impacts sur la santé physique et mental, traitement, conséquences et son taux de mortalité }
Le choix est vite fait sur la maladie, il pensera à une maladie inventée alors que je vais tout simplement écrire la mienne grâce à mon dossier médical en pièce jointe d'un mail de mon médecin. Je ne sais pas pourquoi il ne dormait pas a 1h du matin mais ça m'a plutôt bien arrangé.
Le problème ne vient pas de l'inspiration, non, de l'inspiration j'en ai. Je sais exactement tout ce que je vais écrire, le problème est que l'écrire rend la chose vrai plus réaliste. Et j'ai pas envie qu'elle soit réaliste, je veux pas y croire. Une tâche noir sur ma main attira mon regard, le chiffre 47 y trône encore. Avec un soupire j'attrape mon sac, prend du solvant, frotte l'encre avec du coton jusqu'à ce que ça disparaisse, applique de la crème sur mes mains puis lorsque tout est bien sec attrape mon feutre en fixant ma main. Il est 3h du matin nous sommes donc le jeudi sept janvier, à ce jour il ne reste plus que ..46 jours à mon compte à rebours. Trace lentement les traits formant peu à peu ce nombre.
-Je me demandais pourquoi le nombre changé au fil des jours, tu es fan de ce film la, ou le personnage principal note le décompte avant la cérémonie qui fera d'elle une sorcière noir ou blanche.
Je relève le regard vers la voix qui vient de parler, maintenant tourné vers moi les yeux me fixant il cherche le titre.
-M : Sublime créatures
-T : Oui voilà ! Tu es fan de ce film ?
Est ce que je suis fan de ce film ? Non, il est pas mal mais c'est pas mon film préféré. Seulement je me vois mal lui dire " non c'est un calendrier portatif qui est là pour me rappeler le reste de temps qui me reste à vivre "
-M: Plutôt en effet.
-T : Et que ce passera t'il le 22 février ?
Une opération, amenant ma mort a 99.99%.
-M : Un examen.
Je l'entend rire, et tout a coup j'ai juste envie de pleurer et me blottir contre quelqu'un qui me rassurera en me disant que tout ira bien.
-T : Je ne te pensais pas si soucieux des examens.
-M : Tu ne me connais pas.
-T : En effet, mais toi non plus.
Le silence reprend à nouveau le dessus, seul le bourdonnement léger de la machine posé sur mes genoux le coupe. Enfin non, ce bourdonnement fait partie du silence.
-T : je te propose un jeu.
-M : un jeu ? Tu devrais dormir.
-T : toi aussi et pourtant tu ne le fais pas.
-M : moi c'est différent.
-T : et pourquoi ça ?
Car je suis en phase insomniaque stupide ignorant, enfin j'aime ça qu'il ne le sache pas. Avec lui parfois j'oublie tout.
-M : quel genre de jeu ?
-T : on se pose une question chacun.
-M : D'accord.
-T : honneur au plus jeune.
-M : pourquoi veux tu devenir avocat ? Et attention je ne veux pas la raison que tu donne a tes profs pour leur faire plaisir.
Je le vois s'allonger sur le dos et fixer le plafond, sûrement à la recherche de ses mots. La précision que j'ai rajouter me paraît essentielle, et c'est ce qui le fait réfléchir, car on a toujours l'habitude de dire ce qui plaît au adulte pour qu'il nous laisse faire ce qu'on veut faire.
-T : Avant, quand j'étais plus jeune je t'aurais dis que c'était pour faire comme mon père.
-M : ton père est avocat ?
-T : Tu ne le connais pas ?
Je réfléchis un instant, à ce premier jour lorsqu'il a murmuré son prénom.
-M : Théodore ..Starlight, donc ton père est .. Thomas Starlight.
J'entendis un soupire, et avant que j'eus le temps de continuer il poursuit de lui-même.
-T : oui, grand avocat, défenseur du droit civil, adoré des célébrités dont le nom sert de modèle.
-M : et donc tu veux suivre la même voie ?
-T : j'ai des facilités dans le droit.
-M : mais ce n'est pas ta Motivation ?
-T : j'aurais dit au prof que je veux défendre ceux qui ne peuvent pas se défendre eux même.
-M : Allison Argent.
-T : qui ?
-M : un personnage d'une série. Mais là n'est pas le sujet. Tu ne fais ça que pour les facilités ?
-T : je veux être utile à quelque chose, sauver des vies.
-M : le médecin sauve des vies.
-T : tu veux devenir médecin ?
-M : j'ai pas les capacités..
-T : mais tu aimerais.
J'hochai doucement la tête, depuis tout petit j'ai cette vocation.
-M : J'aime énormément l'idée de sauver des vies, de n'être jamais hors de l'action, d'être littéralement au cur du problème
-T : et dans quelle branche ?
-M : neurologie.
-T : wow c'est pas le plus simple
-M : ça n'as pas d'importance je ne le ferais pas de toute manière.
-T : tu devrais poursuivre tes rêves.
-M : j'ai pas de rêve.
-T : aucun ?
-M : aucun, et toi ?
-T : j'aimerais ..
Je le sens hésité, sûrement a t il peur que je me moque de lui ou que sais-je.
-T : j'aimerais voyager, visite d'autres pays. Avoir un enfant, me marier.
J'éclate de rire.
-M : le parfait petit rêve.
-T : ne te moque pas !
-M : avoue que c'est un peu un stéréotype !
-T : toi tu n'en as aucun !
-M : je préfère ne pas en avoir que d'en avoir un aussi stéréotypé.
-T : petit con !
je souris légèrement en le fixant il c'est relevé, outré de mes propos. Je pose un doigt sur mes lèvres, signifiant de baisser d'un ton en montrant la position de la chambre de nos hôtes.
-M : Ton premier amour ?
-T : Passe. Le tiens ?
-M : Mon premier amour ? Faudrait t'il en avoir eu un pour ça
-T : pas de rêve ? Pas d'amour ? Plus de projets d'avenir ? Mais de quoi est motivée ta vie ?
Je baisse les yeux sur mes mains, 46.. a quoi bon avoir une motivation à vivre puisque je vais mourir ?
Je ferme l'ordinateur, le pose sur la table basse, m'allonge sous la couette en me tournant dos à lui , blottissant mon nez dans l'oreiller.
Je le sens fixer ma nuque un long moment avant qu'il ne fasse comme moi. Le reste de la nuit passe comme ça, moi a fixer face à moi perdu dans mes pensées et lui sûrement à dormir, j'en ai aucune idée et j'en ai que peu faire. Cette journée s'annonce scabreuse.
-Pourquoi tu es toujours comme ça ! Ne peux tu pas accepter que je m'inquiète pour toi !!! Tu me mens pendant des mois ! Et là tu refuses de m'expliquer pourquoi, comment ! Barbara m'a dit que ce n'était pas à elle de me le dire ! Mais si tu ne me le dis pas comment je suis censé le savoir ?! Tu ne me fais pas confiance ?!
Et voilà, après une journée où je n'ai pas réussi à être aussi souriant qu'à la normal, ou la déprime a pris le pas sur le reste sans que je ne puisse le contrôler, ou mes nerfs étaient à vif. Me voilà face à Stella, me fixant en colère, avec toujours cet éclat de pitié dans le regard qui me donne juste envie de partir.
-TU PEUX PAS ÊTRE NORMAL ? ET REGARDE MOI QUAND JE TE PARLE !
je sens tout mon corps se crisper, normal ? Pourquoi on en revient toujours à ce terme. Et puis c'est quoi être " normal " ? Qui a défini que telle ou telle chose était normale et qu'une autre était anormale ?
Je vois Xavier et Théodore sortir du salon, l'un me lançant un regard compatissant, l'autre fronçant les sourcils.
Relevant le regard vers elle, je fixe mes yeux métal, qui je sais ressemble a de la glace tellement mon regard est froid dans ses yeux à elle. Ma voix est froide, basse et claquante.
-Normal ? Tu veux que je soit normal ? Qui es tu pour désigner quelque chose de normal ou d'anormal ? Hein Stella ?! Et puis comment veux tu que je reprenne un comportement " normal " quand chacun de tes regards n'est que pitié ?! Je ne suis pas mort que tu m'as déjà condamné.
Je la fixe encore quelque seconde, j'ignore volontairement ses yeux se remplissant de larmes, me retourne et pars vers la sortie. Je croise Xavier qui pose un instant sa main sur mon épaule et la pitié que j'y vois me transperce une nouvelle fois. Arrête..
Je pars de l'appartement, non ..je fuis cet appartement et les gens qui y vivent. Je ne sais pas combien de temps j'ai marché mais lorsque je m'arrête sur la balançoire je suis trempé et frigorifié. Le soleil a déjà laissé place aux étoiles et j'ai cette impression que plus jamais le soleil ne reviendra.
Pourquoi tout simplement je ne suis pas mort dans cette chute ..ce serait si simple.
Je me mis a me balancer lentement, au même rythme que mes larmes coulèrent. Ma gorge me brûle et ma tête me fait horriblement mal .. j'ai oublié mes cachets.
J'ignore du mieux que je peux tout ça en fixant le ciel. Je suis si .. seul.
Un bruissement derrière moi attira mon attention, je me retourne le coeur battant, une forme noir. Non ! C'est réel ? Ou mon imagination ?
Ma voix rendue plus faible par les larmes et la peur retentit.
-Y'-y'a quelqu'un ?
La forme fait un pas en avant, un rayon de lune éclaire et mes yeux s'agrandissent.
-Théodore ?
Il hocha doucement la tête, s'approcha doucement comme si j'étais un animal sauvage, et déposa le manteau en plus qu'il tenait dans les mains sur mes épaules. A l'odeur je reconnut que c'était le sien. Il essuya mes larmes au passage et s'assit sur la balançoire d'à côté.
-T : tu ne devrais pas partir dans le noir, froid et la pluie tu vas tomber malade.
Je ne répondis pas, le fixant juste, pendant que lui fixait face à lui.
-T : Stella est encore morte d'inquiétude.
La non plus je ne répondit pas.
-T : elle a failli prévenir ta mère. Mais Xavier l'en a empêché, et j'ai promis de te retrouver
-M : comment peut tu être si sûr que tu me retrouverais
-T : celui qui désespère de la vie ne peut revenir qu'à l'endroit où les enfants ne pensent pas à ce genre de chose.
Il tourna son regard vers moi plantant ses yeux noir dans les miens, et j'y vit de la froideur, il est fâché mais je n'y vois aucune pitié.
-M : Tu es en colère.
-T : bien vu Sherlock.
-M : pourquoi ?
-T : tu as fuit, c'est lâche et enfantin. Tu n'es qu'un stupide gamin, inconscient !
Je soupire néanmoins avec un sourire.
-M : alors pourquoi tu es venu?
-T : J'ai promis à Xavier de retrouver son stupide gosse, je tiens toujours mes promesses.
-M : si c'est pour continuer de me traiter d'enfant tu peux répartir !
-T : Je dois te ramener.
-M : J'ai pas envie.
-T : on fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie.
-M : Tes phrases faussement philosophique carré les toi dans le cul.
Il se leva de sa balançoire et avança lentement vers la mienne, attrapa mes épaules et me releva.
-T : écoute moi bien, je ne suis pas Stella ou Xavier, tu reviens tout de suite au chaud et tu iras en plus prendre un bain clair ? Moi ta stupide crise d'adolescence j'en ai rien a foutre.
-M : ne me touche pas.
Je retire ses mains d'un geste brusque le fixant froidement, mais son regard à lui est tout aussi froid.
Ça dure quelque instant encore avant que la pluie ne reprenne à tomber.
Il se détourna de moi et partit vers l'extérieur du parc, nullement désireux de dormir ici je le suivit lentement me tenant derrière lui. Arrivé à sa moto, il sortit le deuxième casque et me le tendit.
-M : alors tu étais si sûr de me trouver et qu'en plus de ça je te suive ?
-T : bien entendu, tu es si prévisible.
Je souffle, vexe légèrement, mais je mets le casque sans répondre ce qui eut le don de légèrement le surprendre. Tiens ça tu l'as pas prévu hein vieux crouton.
Il monta, je fis de même, m'accrocha à lui et nous voilà repartis.
Une fois garé devant leurs appartements, je refuse de le lâcher ou de me décoller, d' un je meurs de froid, de deux je n'ai plus aucune force de trois j'ai peur.
Il descend, je laisse retomber mes mains et il retire doucement mon casque, puis me fixe quelques instants.
-T : un jour tu devra m'expliquer.
-M : t'expliquer ?
-T : tu as dis qu'elle te condamnait.
Je baisse la tête, mes dents claquent.
-T : rentrons pour l'instant.
Je ne vois pas pourquoi je lui expliquerais en sachant qu'à la fin de la semaine on ne se reverra plus jamais.
Je me lève, et on part à l'intérieur une fois rentrée je trouve Stella dans les bras de Xavier a pleurer. Directement je cours vers elle et la prend dans mes bras et elle niche sa tête dans mon cou en serrant mon t-shirt de ses doigts.
-J'aurais pas dut partir je suis Désolé.
-Je m'excuse aussi, tu as raison.
Les garçons sortirent sur le balcon nous laissant, on ne parla pas restant juste dans les bras l'un de l'autre. Et je crois que je m'endormis la tête sur ses genoux pendant qu'elle caresse mes cheveux.
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