Jour 13 :Ensemble.


Je ferme les yeux alors que les étoiles sont déjà hautes dans le ciel, bercé par les notes de piano de playlist et par cette voix grave je détend mon corps comme je le peux après un autre cauchemars et cette impression tenante d'être en danger. La paranoïa...quel doux poison qui coule sous mes doigts.

I'm paralyzed
Where are my feelings?
I no longer feel things
I know I should
I'm paralyzed
Where is the real me?
I'm lost and it kills me
Inside
I'm paralyzed

Je force ma respiration a se faire calme alors que mon cœur reprend ses battements fiévreux. Je reste allongé sur le dos fermant si fort les yeux que je crois apercevoir des formes derrière

When did I become so cold?
When did I become ashamed? (Ooh)
Where's the person that I know?
They must have left
They must have left
With all my faith

Où est ma personne ? Ou est-elle ? Je veux Théodore...j'essaie de rattraper mon téléphone que je sens poser sur mon ventre mais je n'arrive plus à bouger. La musique change, Monster de ruelle, la musique glisse sur moi alors que j'ouvre brutalement les yeux incapable de bouger. Non. Non. NON !!
Je me bats contre ma respiration qui devient de plus en plus suffocante, je combat les battements de mon cœur qui semble vouloir s'enfuir de mon torse, et je le comprends je voudrais bien le rejoindre.

Peu a peu l'oxygène en trop grande quantité me fait tourner la tête, la pièce tournoie autour de moi alors qu'au coin de ma chambre un monstre noir s'approche lentement de moi. Semblant sortir du mur et me fixant à travers ses yeux ..non ses cavités désertes. Je veux hurler, supplier, appeler a l'aide , je ferais n'importe quoi mais laissez moi ...arrêtez ...je veux plus... tout ça est trop, trop pour moi. Le monstre semble s'amuser, se délecter de mes pensées internes et il s'étend sur chacun de mes murs semblant aspirer chaque parcelle de lumière, me plongeant dans mes noirceurs.
Je ferme les yeux me concentrant sur mes souvenirs, sur la musique, mais je ne l'entend plus...alors je pense à la main de Théodore sur ma joue. Son sourire en coin, ses yeux pétillants, on danse, on tournoie ensemble comme si rien n'existait, ses mains sur mes hanches, on bascule, ses lèvres sur les miennes. Je souris et rouvre les yeux avant de pousser un long hurlement qui déchire le silence, juste au-dessus de moi il était là à m'observer.

-Mais de quoi as tu peur ? Là seule chose mauvaise ici c'est toi...

Sa voix sinueuse, caverneuse s'insinue en moi comme un poisson destructeur.
Le monstre disparaît lorsque ma porte s'ouvre en grand et les bruits ambiants me reviennent brusquement, la musique me vrille les tympans alors que je me relève en inspirant et me roulant en boule le corps parcouru de sanglots.

-Mon coeur je suis là ..c'est moi tout vas bien.

Je sens mon lit s'affaisser alors qu'ils s'assoient tous deux dessus, une main sur ma joue me caressant doucement une autre sur mes jambes comme pour vérifier que je ne vais pas fuir.
Je ne fuirais pas et non ça ne vas pas bien maman, je veux plus tout ça. Maman pourquoi moi ...papa pourquoi tu me protège plus des monstres cachés dans l'obscurité ? Pourquoi .. ils restent un long moment sans que je ne bouge fixant un point invisible incapable de faire autre chose. Je veux oublier, je veux aller bien, je veux vivre normalement.

Ils ont fini par repartir lorsque ma sœur est rentrée dans la chambre, avant que je ne ferme la porte j'ai croisé son regard si bleu terrifié.
De quoi as tu peur Riley ? Tout va bien ..c'est maman qui l'as dit.
Je me sens vide, sans émotions, brisé, cassé.
Voilà je suis un jouet qui est passé dans les mains d'un enfant brut, délaissé au sol, capable de rien d'autre que d'exister.

C'est à ce moment que je devrais au mieux prendre mes cachets au pire appelez quelqu'un mais mes forces m'ont quitté. Je revois alors ma première et dernière séance chez le psychiatre.

-Allonge toi mon garçon, tu pourras mieux visualiser.

Je préfère rester assis, les monstres n'attaquent pas quand je suis assis. ( Oh que tu es naïf pensais-je pour moi même ).

-Donc, j'ai lu ton dossier, tu vois des monstres, tu as des symptômes d'hallucination, de dépression post traumatique et de paranoïa.

J'hoche la tête, si vous le dites je vais vous croire, c'est vous le diplômer après tout.

-Parlez moi de ce que vous voyez ?

-Ca varie suivant le moment, mon père m'attaquant, un monstre fait de fumée un masque sur le visage et deux yeux jaunes caché dans un coin. Cela reste principalement au réveil.

-Je vois, dors tu ?

-La est le problème monsieur, je ne sais pas.

Il hoche la tête sourcil froncé sans comprendre, ma maladie est diagnostiquée mais ils ne comprennent pas son fonctionnement. Mais je dois ..me fier aux médecins.

-Et pour le reste ?

-Le reste ?

-Tes cycles de sommeil.

-Je ne maîtrise pas, c'est aléatoire, et avant que vous ne demandiez la déprime comme vous dîtes parvient après une crise, la paranoïa est souvent avant, avant d'aller me coucher ou la journée ou juste avant.

De nouveau il hoche la tête en grattant quelque chose sur le papier de son crayon, ça ne m'étonnerait même pas s' il ne faisait que jouer à un jeu du style les croix et ronds. J'ai oublié le nom. Sérieusement il pourrait me regarder au moins ?
Quelques minutes plus tard et un roman digne des plus grands auteurs sur sa petite fiche ridicule il relève un regard remontant ses petites lunettes rondes sur son nez trapu.

-Ça va ?

Il se fout de ma gueule ? Mais c'est quoi ce psychiatre ? Son diplôme il l'a eue sur wish ?!
Je le fixe dans les yeux, mon regard gris dans le sien délavé et je me relève lui tournant le dos avant de sortir sous son hoquet de stupeur en me promettant de ne pas revenir ici.

Je souris ironiquement, les lueurs du soleil brûlent mes yeux trop clair et je me tourne dos à la pièce avant que de nouveau la porte s'ouvre. Une fragrance de rose et de fraise me parvient aux lèvres.

-R : maman a dit de pas te déranger mais..papa a fait des pancakes avec du Nutella à l'intérieur et ..je m'inquiète, tu es pas venir me réveiller.

Je me tourne vers elle doucement en m'asseyant sur le lit et elle me fixe avec son adorable bouille, j'ouvre les bras et elle vient s'y blottir. Je la berce un long moment apaisant comme je peux ses craintes.

-M : allons manger p'tit ange !

Elle court vers la sortie et je la suis d'un pas las malgré mon sourire, vous ne devinerez jamais lequel est faux, le pas las ou le sourire ?
Je m'assois à table et mange avec un appétit non faim, ses délicieux pancakes sous le regard inquiet de mes parents. Le reste de la journée se passe sous les activités peinture, gâteau et la balade à cheval. Si bien qu'avant même que je ne puisse entièrement emerges ma soeur est a la sieste et je suis blottis contre un fauteuil au salon face au feu. Quelques minutes après, mes parents s'assoient tous deux sur le canapé et me fixent. Je soupire en fixant la flamme danser et me tourne vers eux.

-M : oui ?

Ils gigotent gêné et je hausse un sourcil, tiens ? Qu'ont ils de si important à me dire ? Ils m'envoient finalement en asile..ça ne serait pas étrange comme décision plutôt légitime en vérité.

-G : on as remarqué, ne t'en fais pas nous comprenons, que tu es " mieux " avec Théodore, bien sûr tu nous aime et inversement mais il est ..ton petit ami ? Et c'est entièrement différent, il t'apporte ce que nous ne pouvons pas t'apporter.

J'hoche la tête inquiet de la suite.

-B : donc.. On aimerait évoquer la sexualité.

Je les voient toussotant gêner, finalement si je vais fuir.

-G : Nous avons déjà eu ce discours mais ..avec les filles. Et la aucun risque de grosse importuné.

-B : mais tout de même, on a fait des recherches, ne nous regarde pas comme ça Charlie ! Et ..oublier pas de vous protéger d'accord ?

J'hoche la tête cramoisie et autant gêné qu'eux.

-G : Juste ..vous l'avez déjà fait ? Si il te fais mal te force ou je sais quoi tu me le dit okay ?

-M : non et il ne ferait pas ça mais ..promis

Ils hochent la tête et viennent embrasser mon front avant de repartir, qu'elle discussion des plus étranges...
Je sors mon téléphone que je n'ai pas utilisé depuis ..cette nuit et vois de nombreux appels manqués et des messages. Notamment un groupe avec tout le monde. Ayant la flemme de tout relire je dis juste que je vais bien et ils sont rassurés.
En privé, je regarde les nombreux messages de Théodore.

T : {Hey tu as réussi à dormir ? }
T : {tu dors encore ? Et bah ! Tu en avais besoin }
T : {tu dors où tu es tombé dans le coma ? }
T : {personne a eu de nouvelle de toi, on s'inquiète ! }
T : {Charlie ..ça va ? J'ai fait quelque chose de mal ? Tu as besoin d'aide il t'es arrivé quelque chose ? }

Je me mord la lèvre lorsque ce sentiment de culpabilité vient titiller mes sens.

M : {je t'appelle après promis, je vais bien désolé je t'expliquerais tout promis }

Soupirant j'enclenche l'appelle.

-M : Hey..

-S : bon dieu tu vas bien ?!

-M : oui bien sûr..

-S : que s'est-il passé ?

-M : une crise au réveil, des souvenirs et un état amorphe mais j'ai pris mes médicaments...

-S : je suis désolé Charlie...

-M : le soit pas c'est pas de ta faute.

-S : Charlie ? Je suis fier que tu l'ai dit à Théodore mais ..tu devrais lui parler plus en profondeur de tout ça, notamment de la mortalité.

-M : j'aurais jamais le courage.

-S : c'est ton petit ami ! Il a le droit de savoir .

Un silence s'installe entre nous.

-S : il n'y a que ça pour te faire réagir... Tu comptes faire quoi ? Attendre qu'il soit entièrement heureux vibre ton idylle et te sauver à l'hôpital et mourir. Qu'il t'attende à l'appartement avec un sourire avant d'apprendre par une lettre l'invitant à ton enterrement que tu es mort ?

Je me crispe alors que les larmes affluent sur mes joues..elle a raison, mais je suis pas prêt...

-M : je ..je dois te laisser.

Je raccroche et le rappelle directement.

-T : Stupide gamin inconscient ! Je me suis fait un sang d'encre ! Raconte moi tout

Je souris à travers mes larmes.

-M : cette nuit lorsque j'ai voulu m'endormir et faire taire la paranoïa j'ai fait l'erreur de m'allonger avec la musique et fermer les yeux lorsque je l'ai est réouvert un monstre une forme humanoïde mais n'ayant rien d'humain était dans l'ombre de ma chambre, il c'est approché et je paniquais j'ai essayer tes idées de repenser à un bon souvenir et j'ai cru que ça a marché mais il était là face à moi quand j'ai ouvert les yeux il a dit en gros que j'étais le seul monstre dans la pièce puis après il a disparut..j'ai été plongé dans le "choc post traumatique" ou le fait que l'adrénaline a quitter mon corps, j'étais amorphe une grande partie de la journée à repenser à différente chose, souvenirs puis mes parents m'ont parlé de ma sexualité et je me suis " réveillé" une fois que les cachets ont fait effet.

Je soupire, reprenant ma respiration pendant qu'il enregistre chaque information.

-T : comment le vis-tu ? Veux-tu me parler de tes souvenirs ? De ta sexualité ? Dessiner les choses que tu vois te permettrait-il d'extérioriser ?

-M : je me sens ..vide et incomplet, tu me manques. Bah en gros c'était ma première visite chez le psy et crois moi il était merdique. Oui comme quoi on devait se protéger et si tu me fais du mal mon père est là, et je sais pas j'ai pas essayer j'ai peur que ça déclenche une crise.

-T : Tu me manques aussi.., les psy merdique je connais en effet, je te raconterais un jour, j'ai des capotes si ça les inquiète et ensuite tu peux le rassurer je me briserai chaque os à la place de te faire du mal et on essaiera ensemble si tu le veux.

-M : Un jour je te raconterai des choses aussi j'espère que tu me pardonnera, ensemble ?

-T : le temps que tu m'annonce pas une mort imminente ou que tu sois un psychopathe ça me va. Ensemble.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top