Épilogue
Je ne savais pas si c'était une bonne chose de l'amener là, trop peu de temps après l'accident mais elle m'avait donné carte blanche.
Elle ne semble pas à l'aise à l'extérieur et je remarque que son pas est irrégulier, déséquilibré par le peu de vent qu'il y a.
C'est comme si elle n'était plus la même.
Les larmes me montent, comme à chaque fois que j'essaie de me faire à l'idée qu'elle n'entendra plus jamais. Elle contemple en silence le fossé où je nous ais fait atterrir.
En silence. Joli jeu de mot, Noah.
-Dans mes rêves, j'arrive à entendre. Et à chaque fois, le réveil n'en est que plus difficile.
C'est la première fois que je l'entends parler depuis l'accident, et d'après ce que Charlotte m'a dit, une des premières fois tout court. On sent qu'elle essaie de modérer sa voix.
Je la serrerais dans mes bras si je le pouvais. Si elle me le permettait.
Je l'attrape par l'épaule pour qu'elle se tourne vers moi et, malgré son geste de recul, je ne me dégonfle pas. Je me creuse la mémoire pour retrouver les signes et lui dit, d'une manière nouvelle : « Je suis désolé. »
Léa l'a surprise une fois en train d'apprendre quelques gestes du quotidien et me l'a dit. Je n'étais pas sûr qu'elle allait comprendre ce que je dirais, c'était quitte ou double.
Mais l'ombre d'une émotion passe sur son visage, enfin, et je sens qu'elle sait ce que j'ai dit.
-Moi aussi.
L'attention que j'ai eu d'apprendre le peu que je sais a l'air de l'avoir touché, bien plus qu'elle ne le laisse paraître.
Elle me regarde, semble peser le pour et le contre et vient contre moi, sa tête sur mon épaule. Je reste tétanisé, par peur de la voir s'enfuir. Je lui caresse doucement la joue pour qu'elle me regarde.
« Je t'aime » lui dis-je. « Et je suis désolé ».
Elle hoche la tête contre moi.
-C'est bon, Noah. Arrête de t'en vouloir.
Après des jours et des jours à m'insulter en silence, je ne pouvais rêver mieux comme libération même si sa résignation me brise le cœur.
Elle pleure contre moi.
Elle pleure pour l'accident et pour l'injustice de la vie.
Elle pleure parce que la musique était une des choses qu'elle préférait sur terre.
Parce qu'elle n'entendra plus jamais, que ce soit la voix de celui qu'elle aime ou les premiers mots de ses enfants.
Et je la laisse pleurer.
Parce que rien ne sera plus jamais pareil et qu'elle devra trouver la force de vivre par moment. Mais dans tous les cas, je serais toujours là, derrière elle pour le lui dire. Accroche-toi.
Merci aux lecteurs qui ont suivis cette histoire, ce fut un vrai plaisir de vous la partager (et de l'écrire).
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