Chapitre 5


Le klaxon.

Le choc.

Son cri.

Le noir total.

Je me réveille dans un sursaut, en nage après cette courte pause. L'horloge en témoigne, je n'ai réussi à dormir qu'une petite heure et nous sommes en plein milieu de la nuit.

J'aurais tellement aimé faire cet horrible cauchemar chaque nuit plutôt que de l'avoir vécu.

Des voix me parviennent dans le couloir.

Bizarrement, je crois reconnaître Léa et Charlotte. Je ne me souviens pourtant pas les avoir entendues parler de rester pour la nuit. Peut-être qu'elles n'avaient tout simplement pas envie de m'en parler et qu'elles souhaitaient avoir des nouvelles d'Emilie.

Emilie, bon sang.

A chaque fois que je pense à elle, c'est la même chose : mon cœur se serre et j'ai du mal à respirer. J'envoie une rapide prière je ne sais où, pour tenter de calmer ma respiration affolée.

Je ne me suis jamais sentie aussi impuissant de toute ma vie.

-Chut Charlotte, je suis fatiguée, s'il te plaît, arrête de t'inquiéter.

-Mais Léa, imagine si elle ne se réveille jamais ? Qu'en sera-t-il de nous ? Et Noah, crois-tu vraiment qu'il pourrait un jour se pardonner ?

Oh non, Charlotte. S'il y a bien une chose dont je suis certain en ce moment, c'est que ce putain de moment me hantera jusqu'à la fin de ma vie.

-C'était un accident. C'est triste, mais les accidents font partie de la vie. Il faut qu'on reste fortes pour Emilie, Charlotte, c'est ce qu'elle souhaiterait, j'en suis sûre.

Le ton de leurs voix baisse à un niveau que je n'arrive presque plus à entendre.

-Et s'il y avait un procès contre lui ?

-C'est bien pour ça qu'il faut qu'elle se réveille. Sans elle, pas de témoin. Je ne veux même pas y penser.

Le sommeil semble finalement me rattraper même si je lutte un peu pour entendre la suite. Mais la douleur, aussi bien morale que physique, que je ressens me pousse à me laisser emporter.

Pendant un moment, j'espère même ne pas me réveiller.

Et puis, le noir complet.

« Et vous espérez toujours ne pas vous réveiller ?

Je jette un regard inquiet à ma psychiatre, comme si elle pouvait m'interner par ma simple réponse.

-Quand le sommeil ne vient pas et que je me retrouve avec toutes mes pensées, j'ai une tendance à l'espérer. C'est toujours le même cauchemar, inlassablement. Comme si mon inconscient cherchait à me punir de ce que je lui ais fait.

-Votre inconscient ne comprend pas ce que vous faites à votre corps. Il y a toujours un après-accident, Noah. Ce sont les premiers mois les plus difficiles. Vous verrez, ça finira par aller mieux.

Un rire nerveux s'échappe de ma bouche et elle fronce les sourcils.

-Excusez-moi, mais s'il y a bien une chose dont je suis certain au moment où je vous parle, c'est que rien ne pourra aller, maintenant. »

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