Chapitre 4
C'est un sentiment de malaise qui m'accueille à mon réveil.
Je constate mon impossibilité à bouger ma jambe droite et après vérification, je vois que l'opération a eu lieu.
J'appuie sur ce qui me semble être un appel à infirmière et quand l'une d'entre elles arrive, je la bombarde de questions.
-Excusez- moi, avez-vous des nouvelles d'Emilie Ruav ? R-U-A-V. Elle était avec moi dans l'accident, je n'ai pas eu de ses nouvelles.
Son joli sourire se fige et elle évite ensuite mon regard.
-Je n'ai le droit de parler qu'à la famille proche, je suis désolée.
-S'il vous plaît ! Je ne sais même pas si elle a survécu, je vous en supplie !
Elle semble hésiter au seuil de la porte et en chuchotant, elle m'annonce la nouvelle.
-Mademoiselle Ruav est dans le coma pour l'instant. Je n'en sais pas plus, je suis désolée.
Mes oreilles bourdonnent. Et c'est moi qui aie fait ça.
Je laisse retomber ma tête contre mon oreiller en me retenant de hurler.
Faites qu'elle se réveille.
Faites qu'elle se réveille.
Faites qu'elle se réveille.
Ma porte s'ouvre et c'est à peine si je regarde qui c'est. Ma mère entre en pleurant à moitié et pousse un soupir de soulagement en me voyant.
-Oh mon chéri, tu vas bien.
Elle me serre dans ses bras, mon père pose une main sur mon épaule et me sourit d'un air confiant. Je n'arrive pas à le sentir ainsi.
-Ça va aller, maintenant, d'accord ?
Le choc de l'accident remonte et je refoule mes larmes. J'ai dix-huit ans, un homme ne pleure pas. Un homme ne pleure pas, Noah. Garde ça en tête.
-Tous vos amis sont remontés, ils attendent de vos nouvelles. Le médecin m'a dit que tu pouvais recevoir de la visite. Tu en as envie ?
Envie de voir tous nos amis communs avec Emilie, qui savent maintenant ce que j'ai fait ? Non, maman, pas vraiment.
Mais je hoche la tête, aucun son ne pouvant sortir de ma bouche, pour l'instant.
-Okay alors, je leur dis de rentrer.
Elle m'embrasse une dernière fois le front et mon père et elle sortent de la pièce. Et oui, leur fils est sain et sauf dans un accident qu'il a provoqué. La vie est belle, n'est-ce pas ?
Le poids de la culpabilité pèse sur mes épaules et sur mon cœur et je n'arrive pas à me l'enlever, depuis que je suis réveillé.
C'est Charlotte que j'aperçois d'abord. Elle entre en furie dans ma chambre et se jette sur moi, sans se préoccuper de mes possibles séquelles. Je grimace un peu mais esquisse un faible sourire à sa vue. Et à leur vue, en général. Robin, Léa, Adrien et Cyril entrent à leur tour et j'ai l'impression de pouvoir respirer un peu mieux.
Ils ne me posent pas de question sur l'accident et je leur en suis reconnaissant. Je n'ai pas envie de me mettre à pleurer devant eux. Ils insistent un peu trop sur la question « Comment vas-tu » mais ça ne me dérange pas vraiment.
Et pourtant je sais à quoi ils pensent.
A une grande brune avec des yeux pétillants et un prénom trop banal pour lui correspondre.
Le prénom d'Emilie résonne dans nos têtes et aucun d'entre nous n'arrivent à la prononcer.
Dire qu'à l'heure qu'il est, nous devrions être sur la plage, en train de danser sous les étoiles.
Maintenant, je sais très bien qu'une vision comme ça ne pourra qu'être floue, jusqu'à ce qu'elle se réveille.
Si elle se réveille.
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