Ma tête me lance horriblement. L'agitation autour de moi devient plus claire et ce sont beaucoup trop de personnes qui me demandent mon nom et mon prénom, mon âge et mon adresse, le jour que l'on est et si j'ai une idée de ce qui est arrivé.

Et ça me revient. La voiture qui prenait toute la place et moi, moi qui n'ait rien su faire sauf dévier pour ne pas lui rentrer dedans.

Emilie.

Je me redresse et aperçoit un brancard un peu plus loin, Emilie allongée dedans. Elle semble amochée. J'essaie de me lever pour aller auprès d'elle mais un ambulancier me plaque contre mon lit de fortune d'une poigne assurée.

-C'est moi qui conduisait, je ne sais pas comment elle va. Je vous en supplie, dites moi qu'elle va bien.

Les larmes me montent aux yeux sans que je ne puisse me contrôler. Tout me revient dans la gueule et je prie une quelconque divinité pour quelle aille bien. Pitié, faites qu'elle aille bien.

Je ferme les yeux et son image en train de rire me revient. Je m'y accroche mais elle semble disparaître, remplacée par cette vision lointaine d'elle allongée sur un brancard, s'éloignant de moi dans une autre ambulance.

-Doucement jeune homme, votre jambe n'est pas belle à voir, je pense qu'une opération sera nécessaire.

Je m'en fous, dites moi qu'elle va bien.

Ma respiration s'accélère sous la panique et je me sens partir. Une femme avec de grands yeux bleus se penche vers moi et pose sur ma bouche un masque d'oxygène. Ses lèvres bougent, je sens qu'elle essaie de me parler alors j'essaie de me concentrer mais je n'y arrive pas.

J'accueille le vide avec joie.

Oublier que j'ai peut-être causé la mort d'Emilie, c'est tout ce que je souhaite.