Et au moment où je dépose un énième mot sous la porte de la chambre de ma meilleure amie, son père m'arrête.

-Je voudrais arrêter de te voir traîner par ici.

Il a l'air sévère et me toise durement. Mais derrière cette apparence, je vois juste un père brisé par ce qui est arrivé à sa fille. Et c'est tellement compréhensible.

-J'essaie seulement de lui dire d'aller mieux.

En haussant un sourcil, il prend le mot que j'allais poser et le lit.

Dessus, il est écrit : « Rappelle toi ce pacte qu'on avait fait. Si le monde entier est contre toi, je serais toujours là, même si cette fois ci, c'est la vie qui en a décidé ainsi. »

Il n'arrive plus à me regarder dans les yeux et moi qui pensait qu'il allait déchirer le mot sitôt qu'il l'aurait entre les mains, le serre à s'en faire mal.

-Très bien, je le lui donnerai.

Il se racle la gorge, et je sais pourquoi il le fait. Il est malheureux à en crever, comme nous le sommes tous. Je m'en retourne vers ma chambre quand il m'interpelle.

-Elle les lit, tes mots. Tous. Je me demandais ce que c'était, surtout que ces derniers jours, elle les relit, encore et encore. Les médecins pensent lui enlever sa perfusion, elle a recommencé à s'alimenter, Noah. Merci.

Je souris, fier de cette petite victoire au milieu de tout ça.

-Noah, qu'est-ce que tu fais là ?

-Et toi, Léa ?

-Je viens lui dire bonjour, comme tous les jours à cette heure.

-Elle a recommencé à s'alimenter correctement.

-Quoi ?

Ses yeux brillent de joie. Je la sens soulagée d'un fardeau insurmontable, comme si le fait qu'Emilie ne s'alimente plus devait entacher sa santé physique, à elle.

-Je vais la voir, alors. Ah, et Noah.

J'attends ses excuses, car je sais que c'est ce qu'elle veut me dire. Léa ne s'excuse jamais, pourtant, on y est habitué, mais je sens que c'est ça. Après tout, ça ne peut qu'être ça, pas vrai ?

-Ce n'est pas toi. Dans ces cas là, on cherche le coupable le plus logique mais ce n'est pas toi. Elle va le comprendre, je te le promets, Noah. Je serais la première à l'en persuader.

Elle entre ensuite dans la chambre d'Emilie sans attendre ma réponse et je reste au milieu du couloir, trop surpris par ce qu'elle vient de me dire.

Je me suis trompée, ce n'était pas des excuses.

C'était beaucoup plus que ça.