Chapitre 11

« Et vous ne lui avez pas adressé la parole ?

-Comment aurais-je pu ? Ce n'était pas comme si elle allait m'entendre et me prendre dans ses bras en me consolant. Tout est foutu.

-Au contraire, Noah, la vie lui appartient encore, elle n'est pas finie.

-Mais je l'ai détruite. Jamais elle ne pourra me regarder en ne se disant pas que c'est moi le responsable, jamais elle ne me regardera comme avant. Je n'irai pas de l'avant parce qu'elle ne le pourra pas non plus.

-Le temps arrange les choses, Noah. Laissez-le simplement faire son œuvre. »

Ma mère me prévient de l'arrivée des flics.

Il fallait que je m'y attende après tout, mais le savoir m'angoisse un peu. Je n'arrêterai jamais de m'en vouloir pour ce qui est arrivé à mon Emilie mais je sais que je ne suis pas en tord au niveau de l'accident.

Je suis en tord parce que je l'ai laissé m'accompagner.

Je suis en tord parce que, peut-être que si j'avais analysé un peu plus vite la situation, j'aurais pu freiner et ne pas dévier autant.

Je suis en tord parce qu'elle n'entendra plus jamais, et que moi, je vais bien.

Des coups contre ma porte stoppent le fil de mes pensées et je me redresse automatiquement sur mon lit. Deux agents rentrent, l'air sérieux.

-Bonjour Noah, êtes-vous en état de répondre à quelques questions ?

Je hoche la tête, la gorge sèche.

-Nous sommes déjà profondément désolés pour ce qui est arrivé à votre amie.

Je baisse mon regard, ne sachant pas trop quoi dire.

-Oui, moi aussi, je suis désolé.

-Pouvez-vous nous raconter ce dont vous vous souvenez ?

Je leur raconte l'accident, dans les détails. Je mets en avant la fuite de la voiture qui m'a imposé l'atterrissage dans le fossé.

Ils n'insistent pas. Ma voix n'était pas toujours juste et j'ai eu besoin de le dire machinalement, où je me serai mis à pleurer.

Je ne suis pas coupable, m'ont-ils dit. Oui, c'est ce que ma psychiatre me dit aussi. Cela n'empêche pas de s'en vouloir, quand on voit sa meilleure amie aussi malheureuse.

Pris d'une soudaine inspiration, j'attrape un morceau de papier et y inscrit les paroles de notre chanson préférée de soirée, à Emilie et à moi. Ensuite je me lève et je le passe en dessous de sa porte.

Elle ne veut peut être pas me parler, mais moi si. J'ai envie qu'elle voit que sa vie n'est pas finie, même si beaucoup de choses lui seront impossibles, désormais.

Et je continue ainsi chaque jour.

J'y écris nos délires, toutes les blagues qu'elle a pu me raconter, toutes ces phrases qui m'ont marqués ou les chansons qui ont su faire durer les soirées.

J'y inscris notre amitié, en long et en travers, parce que j'ai besoin de lui en parler.

Parce que j'ai besoin de lui dire que je l'aime et que je ne sais pas comment faire autrement.


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