L'accouchement avait lieu en ce moment.

Cela n'avait rien d'étonnant, puisqu'au travers des générations tous naissaient la même journée, à la même heure et à la seconde près. Il s'agissait du quatrième enfant en quatre mois. Mais cela aussi n'avait rien de surprenant. Après tout, le prochain viendrait au monde lors du cinquième mois et le sixième lors du mois suivant.

Tout était en ordre. L'homme assis en face de la pièce fatidique regarda sa montre et sourit. Au même moment, un enfant poussa un hurlement. Pile à l'heure. Ce dernier se leva et ouvrit le battant de la porte blanche. Des médecins s'affairaient auprès du poupon et de la jeune femme qui venait de donner vie. En le voyant entrer dans la salle, le peu de couleur qui restait sur le visage de la mère disparut et elle commença à sangloter.

Il avait l'habitude de créer ce genre de réaction.

Il détourna son attention de cette dernière et la porta sur le nourrisson. Il s'avança vers ce dernier et les médecins lui firent de la place. Il ne pouvait voir leur expression compte tenu du masque qu'ils revêtaient, mais il savait qu'elle était empreinte de respect. Ce qu'il faisait, c'était pour une juste cause. Son père l'avait fait avant lui, son grand-père et ainsi de suite. L'homme prit l'enfant et le berça afin qu'il cesse de pleurer. La jeune femme supplia pour qu'il le lui donne, mais ce dernier lui tourna le dos.

— Est-ce que nous commençons les préparatifs pour l'euthanasie ? demanda l'un des médecins.

L'homme leva soudainement la main et tous arrêtèrent de bouger. Un détail le dérangeait. Un détail qui était extrêmement dérangeant. Le nouveau-né ressemblait comme deux gouttes d'eau à son prédécesseur lorsque celui-ci était né, cependant, quelque chose était différent. Il se tourna vers l'un des docteurs.

— Qu'est-ce que cela veut dire ? demanda-t-il d'une voix menaçante.

La réponse que la femme lui donna fut déplaisante.

— Il s'agit d'une fille, Monsieur Ki, bafouilla-t-elle.

Du coin de l'œil, il vit les yeux gris de la mère s'ouvrir grand comme des soucoupes. Cela avait de quoi surprendre. De génération en génération, il n'y avait eu que des enfants mâles dans cette lignée. L'homme fixa le plafond comme s'il pouvait y observer le ciel et ses milliers d'étoiles. Sacré Bélier. Avait-Il choisi d'intervenir ? Pouvait-Il seulement le faire ? Pendant une fraction de seconde, un sentiment peu familier l'envahit, mais ce dernier le chassa aussitôt. Il n'allait pas craindre des divinités qui n'avaient jusqu'à maintenant jamais posé pied dans ses fleurs. Quand bien même il contrôlait leur descendant. Une fille ? Soit. Il en sera ainsi. Même s'il détestait l'imprévu il n'avait pas le choix.

Il tendit l'enfant à la femme, qui le prit aussitôt. Il sortit un mouchoir de sa poche et s'essuya les mains. Il jeta le bout de tissu et s'apprêta à quitter la pièce. La mère commença à paniquer.

— S'il vous plait Monsieur Ki, supplia-t-elle en pleurs. Ne faites pas ça. Vous n'êtes pas obligé, vous le savez.

Elle avait fini sa phrase en hurlant et en tirant sur les câbles qui la retenaient prisonnière. L'homme soupira. Il détestait lorsque cela arrivait. C'était si... ennuyant.

— Débutez les procédures, dit-il finalement à celui qu'il avait interrogé un peu plus tôt.

Il se tourna pour faire face à la condamnée.

— Sachez, ma dame, que votre sacrifice sera d'une grande aide à la communauté humaine.

Elle cessa de sangloter et le regarda avec une haine farouche. Cela le fit sourire. Elle avait toujours eu un mauvais comportement cette garce.

— Une dernière chose, fit l'homme. Comme nous vous l'avons dit un peu plus tôt, la seule chose à laquelle vous avez droit est de donner un prénom à l'enfant.

Il prit une pause, le temps d'enlever une saleté sur son costard, et poursuivit.

— Comment s'appelle-t-elle ?

— Abigaelle, chuchota la mère. Elle se nomme Abigaelle.

Il lui tourna le dos et sortit de la pièce en marchant d'un pas posé en faisant la sourde oreille aux hurlements ainsi qu'aux insultes que la femme lui adressait. Il allait bien faire face à huit autres situations du genre après tout.

***

Voici le prologue de ma nouvelle histoire! J'espère que celle-ci sera à la hauteur de vos attentes. N'hésitez pas à donner vos avis!! 

Love -xxx-