Chapitre 8

Plusieurs débris s'écrasèrent sur moi, ce qui me fit tomber brutalement au sol. Mon arme fut projetée à quelques pas de moi et je tentai du mieux que je pus de me relever, afin d'éviter d'être ensevelie. Cependant, mon ouïe me faisait défaut et ma vision était floue, ce qui me posait des difficultés. Je touchai l'une de mes oreilles et regardai ma main tremblante maintenant tachée de sang. De peine et de misère, je me mis debout et tournai sur moi-même en cherchant Alexia, Dom et Masha. Je pris plusieurs minutes avant de les apercevoir, à cause de toutes les particules qui flottaient dans les airs. Visiblement, ils étaient encore sous le choc, mais ils n'avaient rien.

Alexia aidait avec peine son frère à se relever et Masha regardait autour d'elle en agitant la chaîne de son arme, à l'affût du moindre danger. Je toussotai et marchai de manière chancelante jusqu'à mon katana avant de le récupérer. J'essuyai le revers de ma lame sur mon pantalon en tentant de ne pas observer les cadavres qui jonchaient au sol, écrasés. Les fenêtres avaient toutes éclatées et plus rien n'empêchait le vent de venir nous caresser la peau. Je clignais des yeux à plusieurs reprises, afin de faire disparaître la poussière qui embrouillait ma vision. 

Nous avions eu de la chance. Beaucoup de chance. 

Les escaliers centraux étaient maintenant entièrement démolis et je peinais à croire que les ascenseurs étaient en état de fonctionner. J'ignorais si William avait saisi cette opportunité pour s'enfuir, mais il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir.

— Je vais essayer de trouver William, criai-je aux autres avant de me précipiter vers ce qui me semblait être une cage d'escalier. 

J'entendis Masha me demander de l'attendre, mais je ne l'écoutai pas. Nous n'avions pas de temps à perdre. J'évitai de justesse, des morceaux de bétons et d'acier qui tombèrent du plafond et dus enjamber en trébuchant plusieurs débris avant d'arriver à la porte qui menaient aux autres étages. Heureusement pour moi, rien ne bloquait cette dernière, ainsi je parvins à l'ouvrir sans trop de difficulté, les oreilles sifflantes. Aucune lumière n'éclairait les lieux donc, je dus m'avancer avec précaution en me guidant avec la rampe de l'escalier. J'atteins le premier étage et puis le deuxième avant que la porte de cette dernière ne s'ouvre brusquement sur un homme armé qui n'était pas ma cible. 

Je vis floue pendant un moment, mais sans lui laisser le temps de comprendre ce qu'il se passait, je l'assommai avec l'extrémité de mon manche et il s'affaissa dans un bruit sourd. Je regardai autour de moi, prenant quelques secondes afin de me ressaisir. Il n'y avait personne dans les alentours pour me dire que je ne l'avais pas tué. Et de toute façon, s'il ne se réveillait pas dans les prochaines dix minutes, il allait mourir écrasé. Je le contournai, non sans un dernier coup d'œil, puis continuai ma course jusqu'au quatrième niveau. Je soufflai lentement, en avançant là où il devait auparavant y avoir une paroi vitrée qui nous séparait de l'extérieur. Je regardai vers le bas et vis plusieurs sirènes de véhicules et des soldats sortir des blessés. Un faux mouvement de ma part et je pouvais tomber dans le vide. Je fis marche arrière le plus discrètement possible avant que mon bras qui tenait mon katana ne m'élance soudainement.

Je me retournai et eus à peine le temps de contrer un coup qui visait mon visage. Je fis face à une jeune femme de mon âge, un poing américain ornant sa main gauche. Je me retins de grimacer. Ça aurait pu faire un mal de chien. Elle observa de ses yeux bruns pendant un bref instant la lame argentée de mon katana avant de reculer d'un pas visiblement nerveuse. La pauvre venait de perdre sa chance de me surprendre et n'avait clairement pas l'avantage dans un combat rapproché. 

J'empoignai mon arme plus fermement avant de bondir sur elle maladroitement. Elle para du mieux qu'elle put avec poing métallique, mais bien vite, mon arme s'enfonça dans son bras et elle hurla de douleur. Je retirai ma lame de sa plaie et rapidement de la vapeur émana de cette dernière. Elle cria de terreur et s'effondra au sol en tentant de presser la paume de sa main contre sa blessure. Cependant, je savais que toucher celle-ci ne ferait que la blesser davantage. En fait, cela la brûlerait. 

J'abaissai mon katana en m'approchant d'elle. Elle recula du mieux qu'elle le pus et s'approcha dangereusement de l'extrémité du bâtiment. Si elle continuait dans cette direction, elle allait tomber, malheureusement, elle ne semblait pas s'en rendre compte. Je fis un autre pas et elle rampa à nouveau pour s'éloigner de moi.

— Où se trouve William ? lui demandai-je fermement, en tentant de ne pas paraître affaiblie par l'explosion de tout à l'heure. 

Pour une raison que j'ignorais, elle n'osa pas me regarder dans les yeux. En fait, elle observait partout sauf où je me trouvais. Elle ne me répondit pas, des larmes coulant le long de ses joues. Sa blessure devait lui faire extrêmement mal. Mon cœur se serra et je cessai d'avancer. 

— Où. Est. Il ? articulai-je à nouveau en mettant l'accent sur chaque syllabe que j'employais.

Elle secoua la tête, ne voulant pas me répondre. Elle était drôlement coriace vu la situation dans laquelle elle se trouvait, mais je n'avais pas de temps à perdre. Je n'avais pas envie de finir ensevelie. Mon cœur battit à tout rompre lorsque j'approchai de nouveau ma lame près d'elle. Sa luminosité l'aveugla pendant un instant et elle ferma les paupières. Puis, elle fit ce que j'avais redouté. Elle recula précipitamment et tomba. Merde, merde, merde, pensais-je en me ruant pour essayer de la sauver. Je parvins à attraper l'une de ses mains, en me jetant au sol, abandonnant mon katana en chemin.  La douleur qui résulta du choc à mon crâne faillit me faire lâcher prise, mais je me ressaisis. 

— Ne me laisse pas tomber ! Je t'en prie, supplia-t-elle ses paroles en partie emportées par le vent.

Elle perdit l'un de ses souliers qui alla s'écraser au sol violemment et elle fit l'erreur de regarder en bas. Ses pleurs se firent de plus en plus hystérique et elle débuta à s'agiter. Je raffermis ma prise sur son poignet en tentant de la hisser vers moi. Je sentis des gouttes de sueur longer ma colonne vertébrale et ma main devenir moite. Mon bras et ma tête m'élancèrent et commencèrent à me faire mal. J'observai ses yeux larmoyants en me demandant s'il s'agissait de ses derniers moments d'existence sur terre. Comment une fille de son âge avait bien pu finir ainsi, associée à un groupe de terroriste ? Qu'avait-elle subi pour se trouver dans cette situation ? J'observai le ciel en puisant dans les seules forces qu'ils me restaient et émis un petit cri en la tirant brusquement vers moi. Elle parvint à enjamber le plancher et nous tombâmes toutes les deux au sol en haletant bruyamment. Je m'assis en passant une main sur mon visage.

— Il est là, dit-elle finalement entre deux souffles.

Je fronçai les sourcils en ne comprenant pas ce qu'elle voulait dire.

— Qui ?

— Moi, fit un homme derrière moi avant qu'un choc à la tête ne m'assomme. 

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