Chapitre 6
Mon katana fermement attaché à l'arrière de mon dos, nous quittâmes la salle comme nous étions entrés. Nous descendîmes encore d'un autre niveau, seuls nos bottes et le clignotement d'un néon faisant du bruit. Un énorme stationnement souterrain nous attendait, avec quatre véhicules de types Jeep et des gardes. Un homme d'âge mûr vêtu d'un costume gris trois-pièces et un chapeau en feutre noir était appuyé nonchalamment sur l'une des voitures.
Un frisson parcourut ma nuque et je déglutis.
— Pile à l'heure, s'exclama-t-il tout sourire en s'approchant vers nous.
Yanis baissa la tête humblement et bien vite tous l'imitèrent, y compris moi-même.
— N'êtes-vous pas tous magnifiques habillés ainsi, dit le directeur de l'établissement visiblement enjoué en observant nos uniformes aussi sombres que la nuit.
— Vous êtes bien trop aimable Monsieur Ki, remercia Yanis d'une voix empreinte de respect.
— Allons, allons, mon cher relève la tête.
Je jetai un coup d'œil à Yanis. D'abord hésitant, il ne fit pas ce que le chef du centre lui demanda. Monsieur Ki l'observait de manière septique en s'arrêtant à quelques pas de lui. Comme s'il ne comprenait pas pourquoi son subordonné avait encore le front baissé.
— Ne t'inquiète pas, tu ne risques rien.
Finalement, Yanis s'exécuta et le remercia gracieusement. Le visage faisant face au sol, nous attendîmes l'ordre du directeur. Ce dernier s'approcha de nous en nous analysant de la tête au pied. En sentant son eau de Cologne de si près, je me raidis. Une odeur de pins et de forêt qui me rappelait de bien mauvais souvenirs.
— Comment allez-vous, mademoiselle Abigaelle ? s'enquit-il gentiment en posant une main sur mon épaule.
— Je me porte bien Monsieur Ki, merci de vous en soucier, murmurai-je terrifiée en tentant de ne pas bégayer.
Il s'esclaffa en ne prenant pas en considération mon ton.
— J'en suis bien heureux ma chère. Vous pouvez relever la tête, vous tous.
Je fis comme il le souhaitait et dévia mes yeux de son regard aussi noir que la nuit. Un regard qui apportait la mort. À l'aide d'un mouchoir en tissu qui s'assortissait avec son complet, il s'essuya la main qui m'avait touché. Il le remit dans sa petite poche avant en le plaçant de manière impeccable.
— Aujourd'hui, vous avez comme tâche de capturer le chef d'un groupe terroriste qui tente de renverser le gouvernement actuel. Excepté lui, vous ne ferez aucun otage. Personne ne doit s'échapper. Est-ce que je suis suffisamment clair ?
— Oui Monsieur Ki, dit-on en cœur.
Je saisissais mieux pourquoi ils nous avaient tous réunis à présent. Cette tâche, cette mission comme ils les appelaient, était bien plus dangereuse que toutes celles que nous avions faites jusqu'à présent. Nous avions l'habitude de combattre de plus petits groupes d'individus rebelles, mais jamais nous nous étions rendus à la source du problème.
— Bien, puisque c'est compris, c'est à votre tour de jouer ! s'exclama-t-il en tapant des mains.
Ce type n'a rien d'humain, murmura à nouveau cette fameuse voix qui me faisait douter depuis des années.
***
Yanis nous avait divisés en deux groupes de quatre et deux groupes de trois. Tout dépendait de nos habiletés et de nos armes. Les tireurs allaient s'occuper de surveiller les fesses de ceux qui allaient être au corps à corps et de ceux qui pouvaient combattre à mi-distance de leurs adversaires. Je me situais assise à l'arrière, du côté passager en compagnie de Dom, Alexia et Masha.
Ma voisine de chambre, qui avait choisi de tresser ses cheveux, était équipée d'un Kusarigama, une arme blanche ayant une lame relativement longue dont son manche était relié à une chaîne d'environ quatre mètres de long. À son extrémité se trouvait une pierre suffisamment aiguisée pour couper un doigt. La dextérité avec laquelle elle utilisait ce dernier était époustouflante, mais je ne voulais pas être à la place de son adversaire. Ni être celui des frangins d'ailleurs. Ceux-ci possédaient des dagues et ils savaient s'en servir. Même s'ils ne se retrouvaient pas au même endroit sur le champ de bataille, lorsque l'on faisait face à l'un, il fallait faire attention à l'autre. Ils étaient un duo, rien de plus et rien de moins.
Je m'agitai inconfortablement sur mon siège, le manche de mon katana s'enfonçant douloureusement dans mon dos. Je m'avançai vers l'avant pour le retirer, mais le garde qui conduisait me foudroya de ses yeux bruns dans le rétroviseur. Je grimaçai. J'ignorais où nous allions, mais j'espérais que cela ne prendrait pas une heure pour nous rendre.
Nous avions quitté les souterrains depuis une quinzaine de minutes et roulions à pleine vitesse sur une route à peine éclairée. Les voitures se suivaient à la queue leu leu, les seuls occupants des environs. Le chemin était entouré de végétations denses qui ne laissaient qu'un bref aperçu de ce qui se cachait derrière elles. La pluie diluvienne s'abattait sans arrêt sur le pare-brise du véhicule et engloutissait le bruit dérangeant du moteur. Je fixai les essuie-glaces effectuer leur va-et-vient avant de détourner mon attention vers Alexia. Cette dernière lançait dans les airs l'une de ses dagues ornées d'une perle de manière distraite. Une légère lueur rose pâle entourait sa main.
— Tu sais, lui dis-je en rompant le silence pesant, ce n'est pas que je n'ai pas confiance en tes talents, mais tu crois que tu pourrais te contenter de garder ta dague dans la main ?
Je n'avais pas peur qu'elle blesse l'un d'entre nous, mais plutôt que le garde ne fasse une crise cardiaque. Depuis tout à l'heure, il n'arrêtait pas de la surveiller, le visage blanc comme un linge. Le regard sombre d'Alexia soutint le mien pendant un bref moment avant qu'elle ne fasse ce que je lui avais demandé. Elle me sourit d'un air désolé que je balayai du revers de la main. Son frère lui tapota la tête.
— Allons, fit-il d'un ton léger, pas besoin d'être aussi nerveuse. Ce que nous allons vivre est une expérience unique.
Sans blague crus-je entendre murmurer le chauffeur, mais personne ne lui porta attention. Masha qui se trouvait en avant se tourna vers nous en renvoyant sa magnifique crinière derrière son épaule.
— Il a raison Alex, il ne faut pas que tu voies ça comme quelque chose de stressant, mais plutôt comme une chance de pouvoir combattre avec chacun d'entre nous.
Un sourire éclatant illuminait son visage. Dom et Masha continuèrent de changer les idées d'Alex pendant que je me perdis dans mes pensées. Attaquer un groupe terroriste ne me faisait pas peur, mais je me questionnais si ce dernier n'avait pas des informations concernant le centre où nous nous trouvions. S'ils ne voulaient pas que nous assaillions ces gens pour empêcher ces informations importantes de se propager dans la population.
Nous quittâmes la grande route qui se sépara en plusieurs petits chemins et nous nous dissociâmes des autres Jeeps qui prirent des directions différentes. Et tandis que nous faisions finalement face à une ville, je me demandai si je n'aurais pas l'occasion de discuter avec ce fameux chef avant de le capturer.
***
Petite apparition de notre fameux Monsieur Ki!! Comment le trouvez-vous? Beaucoup d'actions dans les prochains chapitres :D J'espère que vous aimez toujours autant. Merci pour tout.
Love -xxx-
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top