Chapitre 5

La semaine se déroula sans encombre. Chaque jour, je subissais les expériences qui étaient toutes aussi pire les unes que les autres, je combattais avec Jax et assistais aux différents cours que l'on devait prendre l'après-midi. Économie, affaires internationales, politiques, géographie, histoire et langue. J'étais particulièrement douée pour les langues et les affaires internationales, mais la géographie ? C'était une autre histoire. Qu'avait-il de si compliqué à apprendre la carte du monde et les villes les plus importantes d'un pays ? Je l'ignorais, mais mon cerveau refusait de coopérer. J'aimais assister aux cours. Ils me permettaient d'apprendre des choses sur un monde que je n'avais jamais vraiment exploré. Un monde plein de vies et de possibilités. J'avais soif de connaissances et d'en apprendre plus sur ce qui m'était interdit.

Je soufflai en labourant la terre de mes pieds. Ces derniers s'enfonçaient pour aussitôt remonter, à un rythme constant, laissant derrière eux des marques à peine perceptibles. Une douce brise caressa mon visage et les mèches rebelles sur mon front. Écouteurs enfouis dans les oreilles, je me laissai bercer par la cadence de la musique. Je fis un quatrième tour de piste, en glissant un regard aux murs qui bornaient la cour. Ils faisaient près de deux fois ma taille et de jolis barbelés ornaient leur sommet. Je détournai mon attention vers les gardes postés un peu partout autour de ce dernier.

Un, deux, trois, j'en comptais facilement une dizaine. Sans prendre en considération ceux qui faisaient leurs rondes de l'autre côté et à l'intérieur de la facilité. Je terminai mon quatrième tour, sans même m'en rendre compte, trop concentrée sur ce qui se déroulait autour de moi. Une goutte d'eau entra en contact avec ma peau et je commençai à ralentir pour observer le ciel entièrement couvert de nuages sombres. Des éclairs venaient éclairer ces derniers et un grondement sourd se répercuta à travers plusieurs kilomètres à la ronde. Mes pas se firent de plus en plus traînants et je savourai la fraîcheur de l'eau qui s'écoula sur ma peau. J'inclinai ma tête vers le ciel, les mains tendues en avant.

— Il est temps de rentrer, me dit une sentinelle en s'approchant de moi.

Un autre coup de tonnerre résonna et le garde qui devait avoir quatre ou cinq ans de plus que moi m'empoigna par le bras en voyant que je ne bougeais pas. Je me laissai faire. Il était armé et moi pas. De plus, être en ma présence semblait le rendre nerveux et je n'avais pas envie de le provoquer pour finir avec une balle en pleine poitrine. Il me guida jusqu'à la porte la plus proche et nous croisâmes en chemin Jax qui était aussi trempé que moi. Un garde le suivait également à quelques pas. Ce dernier jetait sans cesse des regards par-dessus son épaule, comme si quelque chose allait soudainement surgir de nulle part. Un éclair vint s'écraser sur le barbelé et les deux gardes sursautèrent. Jax et moi échangeâmes un coup d'œil complice, avant d'entrer.

— Aller vous changer, vous n'avez qu'une heure avant que vous alliez tous en mission, exigea d'une voix stricte celui qui était à peine plus âgé que moi.

Je fronçai les sourcils. Venait-il de dire que nous y allions tous? Il était rare que nous soyons plus que sept à sortir, alors les quatorze en même temps? Ça promettait. 

Je désignai de la tête la main du garde qui m'empoignait toujours solidement le bras et je vis à travers la visière de son casque une légère rougeur se propager sur ses joues. Il me relâcha aussitôt comme si je l'avais brûlé. J'esquissai un léger sourire avant de me diriger vers ma chambre. Nous étions à l'opposé de cette dernière donc je pressai le pas avant que le linge que je portais ne colle trop à ma peau. Le grincement métallique de la porte résonna à travers le corridor étroit, me faisant comprendre que nous ne pouvions pas ressortir. J'enlevai mes écouteurs et les fourrai dans l'une des poches de mon jogging en éteignant le son. Comme avant chaque mission, je pouvais voir que Jax semblait tendu. 

— Tu crois que ce sera comment ce soir ? me demanda-t-il comme si de rien n'était. 

Je haussai les épaules. Je n'aimais mieux ne pas y penser. Y penser le moins possible en fait. Qu'ils veulent tous nous envoyer ne me disait rien qui vaille. 

— Comme à l'habitude. Il y aura des morts, des blessées, mais au moins nous aurons fait cela pour une cause juste. Nous aurons évité que des gens en santé ne se fassent tuer en mettant notre vie en jeu à leur place. 

Tel était la réponse que Jax voulait. Ses épaules se détendirent et il passa une main dans sa chevelure brune.

— Tu as raison.

— J'ai toujours raison, répliquai-je avec sarcasme.

Il s'esclaffa comme s'il n'était pas entièrement d'accord avec moi. Je fis mine d'être offensée et pressai le pas davantage. Il me rattrapa sans peine.

— En tout cas, ça faisait longtemps qu'il n'avait pas plu ainsi.

J'approuvai. Cela avait fait quoi, un mois ? Et il avait fallu que cela tombe sur la seule journée de la semaine où nous allions sortir de ce trou. Même si le centre était fait en béton armé, un matériau qui isolait très bien, j'entendais la tempête qui faisait rage à l'extérieur. Nous continuâmes à marcher en silence pendant un moment. 

— Ce centre est beaucoup trop grand, marmonnais-je finalement. 

— Oh aller, ça pratique ton cardio de marcher autant, dit Jax en souriant.

— Comme si nous en avions besoin.

Il haussa les épaules.

— Ce n'est pas comme si ça nous causait du tort.

— Il fallait au moins une chose qui nous n'en apporte pas.

Nous arrivâmes à ma porte après plusieurs minutes. Je frissonnai. Il fallait que je change au plus vite. Sans attendre la réponse de Jax, je le saluai et me précipitai vers l'autre serviette que je conservais dans ma chambre. Je m'essuyai rapidement avant de me changer. Je déposai mon MP3 sur ma commode et comme tous les autres jours où nous avions nos missions, un uniforme m'attendait sur le couvre-lit blanc de mon lit simple. J'enfilai mon pantalon et mon chandail à manches longues en v. Je mis par la suite ma veste et mes bottes en cuirs en prenant appui sur le mur. L'entièreté de mon uniforme était aussi noire que mes cheveux. Les seules choses qui ressortaient du lot étaient mon regard vert perçant et mes lèvres rosées. Je me séchai rapidement les cheveux et observai mon reflet dans le minuscule miroir qui se trouvait juste à côté de la porte. Un bleu apparaissait au creux de mon cou et je dus appliquer l'unique maquillage que j'avais en ma possession pour le faire disparaître comme on m'avait appris à le faire au cours des années. Je laissai mes cheveux libres pour le moment en conservant un élastique autour de mon poignet.

On cogna à ma porte brusquement.

Il était l'heure. Après m'être assuré que tout était en ordre, je sortis de ma chambre et me retournai en braquant le regard sur le fond du couloir. Les deux bras ballants le long de mon corps, j'attendis que tous les autres patients émergent de leur chambre et se place de la même manière que moi. Masha fut la dernière à sortir, ce qui lui valut un sermon de la part de Yanis. Nous étions maintenant les quatorze patients dans le corridor en rangs fixe. 

Nous regardions tous devant nous sans esquisser le moindre mouvement et le moindre son. 

— Avancez, dit finalement Yanis.

Comme un seul homme, nous commençâmes à marcher sans échanger un seul regard. Nous empruntâmes les escaliers et descendîmes de plusieurs niveaux avant d'attendre la permission de Yanis devant une porte.

— Ouvrez.

Dom qui était en tête, ouvrit la porte et nous nous glissâmes à l'intérieur les uns après les autres. Comme à l'habitude, il faisait toujours aussi sombre dans cette pièce. Aucune fenêtre ne pouvait l'illuminer et Yanis ne vit pas l'utilité d'ouvrir les interrupteurs. Mes yeux eurent besoin de quelques secondes pour s'ajuster à l'obscurité et je me dirigeai vers une table où se trouvait le dernier élément de mon uniforme. Un katana au manche noir avec une langue ancienne gravée de tout son long m'y attendait. Je restai quelques moments à admirer sa beauté comme à chaque fois que je le voyais. Un diamant ornait son sommet, et sa lame entièrement noire paraissait refléter dans la pièce. Je jetai un rapide coup d'œil aux autres. Tous semblaient retenir leur souffle. Comme moi, chacun d'entre eux faisait face à une arme possédant une pierre différente en leur sein. Je fus la première à empoigner mon katana, poussée par une force invisible. 

Une chaleur embrasa mon bras qui tenait cette dernière avant de se répandre partout dans mon corps. Je fermai les yeux en extase. Même les paupières fermées, je pouvais entrevoir des rayons lumineux de diverses couleurs illuminer la pièce.  Bleus, verts, jaunes, il y en avait pour tous les goûts. C'était la première fois que j'en apercevais autant en même temps. 

Jamais je ne pouvais décrire avec précision ce que je ressentais lorsque je tenais cet objet si précieux. Je me sentais intouchable, imbattable. Comme si personne ne pouvait oser poser la main sur moi. J'ouvris lentement les yeux pour regarder mon arme sous toutes ses facettes. Le diamant brillait de mille feux et son éclat si pur commençait à s'étendre sur le manche et l'acier de ma lame. Des lueurs de plus en plus puissantes surgirent dans la pièce et je croisai le regard rempli d'extase de Jax. Une lueur vert pâle l'englobait lui et son arc. Ce dernier était fait d'un métal que je n'avais jamais vu auparavant. Incapable de l'observer plus longtemps, je me détournai. 

La pièce redevint entièrement sombre au bout de ce qui me parut être une éternité.  Tous haletants, nous tentâmes de reprendre le contrôle de nos émotions. Je me concentrai sur mon souffle en fixant mon arme. Contrairement à tout à l'heure, l'acier n'était plus noir, mais d'un blanc argenté. Une vive lumière nous éblouit soudainement. 

— Il est l'heure de partir, annonça Yanis, une main sur la poignée de la porte qu'il avait ouverte. Nous avons des terroristes à abattre.

***

Alors voici le chapitre cinq de Signs!! Je dois vous avouer que j'ai eu énormément de plaisir à l'écrire et que je me suis retenue pour ne pas continuer. Il faut bien laisser un peu de suspense :D N'hésitez pas de me donner vos avis :) Que pensez-vous de ces fameuses armes

Love -xxx-

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top