Chapitre 3

Je me retins avec peine de claquer la porte au nez de Jax. Oui, il m'avait tiré d'affaire, mais de là à me sermonner pendant tout le trajet jusqu'à ma chambre c'était trop.

— Écoute Abi, je sais que tu ne les apprécies pas, mais tu devrais au moins faire l'effort de le cacher, ils tentent de nous aider....

Je pouffai avant qu'il ne finisse sa phrase. Ce n'était pas la première fois qu'il me parlait de cela et ce ne serait probablement pas la dernière. Je me souvenais encore de nous deux gamins se chamaillant et de lui qui tentait de m'expliquer qu'il ne voulait pas que je cause de la peine aux gentils docteurs. Je roulai des yeux. Excluant son physique, il n'avait pas changé d'une goutte depuis lors.

— Oui, oui, je sais tout ça Jax, mais j'aurais pu te tuer ! m'emportai-je soudainement en l'empoignant par les mains. Ils n'ont rien dit pour arrêter le combat ! Hier c'était de simples compétitions, mais regarde où nous en sommes rendu aujourd'hui. C'est de plus en plus intense et je n'aime pas ça. Je tolère nos missions, car nous sauvons des vies, mais c'est de plus en plus difficile. J'essaie de me dire que nous sommes malades et que ce qu'ils font pour nous est juste, mais...Je pris une profonde inspiration pour reprendre mon souffle et continuai : je refuse de faire du mal à des gens que j'aime tout simplement pour des expériences dont nous ne savons absolument rien.

Ses yeux s'adoucirent, toute trace de son mécontentement envolé.

— Je suis désolé pour ce que j'ai dit pendant notre combat. Tu sais que je ne le pensais pas.

Je soupirai. Jamais je ne pouvais lui en vouloir bien longtemps et il le savait. Mes mains retombèrent le long de mon corps.

— Ne t'en fais pas pour ça, c'est oublié. Mais je suis sérieuse, il faut comprendre ce qu'il se passe ici.

Jax regarda nerveusement par-dessus son épaule et je suivis son regard. À l'extrémité du couloir se trouvaient deux caméras de surveillance. Ce qu'il ne savait pas, c'était que les gardes de nuit se faisaient remplacer par ceux du jour en ce moment, donc personne ne portait attention à ce qui se passait ici.

— Personne ne va nous regarder pendant les 2 prochaines minutes, déclarai-je finalement.

Il haussa un sourcil et je secouai la tête.

Tu devrais le savoir, me retenais-je de souligner exaspérée.

Au même moment, Masha, ma voisine sortit de sa chambre. Avec sa chevelure flamboyante et ses yeux couleur caramel, on aurait dit qu'elle sortait tout droit du purgatoire. En effet, elle était couverte de sang et ses yeux encore légèrement vitreux ne semblaient pas capables de se focaliser sur quoi que ce soit. Pas que je puisse la juger, après tout, nous ressemblions tous à cela lorsque nous revenions du laboratoire.

Elle prit une pause en nous remarquant.

— Ne me dites pas que vous étiez encore en train de vous chamailler, dit-elle finalement d'une voix plaintive.

Oui, car pour elle nos disputes n'en étaient pas. Ce n'était que des querelles qu'auraient n'importe quels enfants. J'échangeai un regard avec Jax. Nous étions cernés. En voyant qu'elle avait touché en plein dans le mille, elle ajouta :

— Je n'ai pas besoin de ça en ce matin.

— Ne t'en fais pas, me pressai-je de dire, Jax s'apprêtait à partir.

— Et pour aller où ? demanda l'intéressé sarcastique.

— Peu importe, répliquai-je en le poussant dans le dos. Tu vois bien que Masha n'a pas la tête pour nos sottises.

Il finit par abandonner et partit en nous saluant de la main. Quelques secondes plus tard, on l'entendit claquer la porte de sa chambre, ce qui fit grimacer Masha. Il avait raison. Nous n'avions pas beaucoup d'options qui s'offraient à nous si nous voulions nous isoler.

— Tu te sens prête pour l'entraînement ?

Ma voisine, qui était également plus grande que moi de plusieurs centimètres, secoua la tête, ce qui fit voler au sol une saleté noire en dehors de ses cheveux. Elle fit la moue.

— Je dois aller prendre une douche. 

Elle prit une pause en tentant en vain de placer ses cheveux et reprit : 

— Comment s'est passé le vôtre ? demanda-t-elle. 

Je faillis sourire. Elle ne changerait jamais. Il fallait toujours qu'elle se montre sous son plus beau jour. Ce qui était assez difficile ici. Mais c'est justement ce caractère que j'appréciais chez elle. Son côté chaleureux qui ne se laissait jamais abattre par la situation. Elle marchait toujours la tête haute. En secouant la tête, je pointai les caméras qui étaient maintenant revenues en services en frissonnant.

— Je n'aime mieux pas en parler.

Elle claqua d'un air dégoûté sa langue.

— Encore les bandeaux.

J'approuvai d'un seul hochement de tête.

— Fais attention, lui suggérai-je comme chaque fois que je la croisais le matin en pénétrant dans ma chambre.

— Toujours.

Je fis une pause dans l'embrasure.

— Cette fois c'est différent.

Sans lui laisser le temps de me poser d'autres questions, je me dépêchai d'entrer dans mon appartement au teint jaunâtre et m'adossai contre la porte faite de bois. La tournure que prenaient les événements ne me plaisait pas. Chaque jour supplémentaire que je passais ici me tordait l'estomac davantage. Comme si un fusil était pointé contre ma tempe. Et pour l'avoir vécu à plus d'une reprise, cela n'avait rien d'agréable. Mais je ne pouvais rien faire sans mettre les autres en danger. Ils étaient ma famille. J'observai mes blessures. Étais-je réellement malade ? L'étions-nous tous ? Je regardai à l'extérieur par la minuscule chose qui me servait de fenêtre. Des gens entièrement habillés en noir marchaient en périphérie de la cour. Je ne pouvais pas voir ce qu'ils tenaient dans leurs mains puisqu'ils me tournaient le dos, mais je savais qu'il s'agissait d'une arme. Pour assurer notre protection disaient-ils. Huh. Pour une drôle de raison, c'était de plus en plus difficile à croire.

Et ça devrait l'être.

Le soleil avait maintenant pointé son nez, ce qui voulait dire qu'il me restait encore quelques heures avant de pouvoir aller manger. Parmi les quatorze patients, j'étais toujours la première à aller m'entraîner, et ce depuis toute petite. Ils tenaient à leur routine aimions-nous plaisanter. Plus d'une fois, j'avais affronté Jax et les autres au fil des années, mais cela n'avait pas toujours été ainsi. Nous nous battions contre les gardes autrefois. Lorsque nous étions plus jeunes. Cependant, on nous enseignait l'art du combat depuis l'âge de sept ans, alors affronter des types qui s'entraînaient depuis quelques années seulement n'avait pas été concluant. Yanis avait vite changé d'idée lorsque j'avais brisé le bras de l'un des types. À l'époque, je n'avais que seize ans. 

Je reniflai mon chandail en soupirant. Je n'avais pas envie de prendre une autre douche, mais avais-je le choix ? Dégoûter tout le monde à l'heure du déjeuner n'était pas une option. Je sortis donc une autre paire de shorts et un autre t-shirt de mon unique commode et me dirigeai en direction de la salle de bain, démotivée. 

***

Alors voilà voilà pour le troisième chapitre! J'espère que vous avez aimé :) Introduction d'un nouveau personnage et on en sait un peu plus sur comment Abigaelle a vécu jusqu'à présent. Le prochain chapitre sera un peu plus court et devrait sortir d'ici deux jours :D 

Love -xxx-

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