Chapitre 15.1
Le lendemain matin, je me réveillai non pas à l'extérieur, mais dans la chambre que l'on m'avait prêtée. Je n'avais habituellement pas le sommeil si lourd, pour que l'on puisse me déplacer sans que je me réveille. À vrai dire, j'avais l'habitude de m'endormir avec tous les sens en alertes.
Ce mal qui me rongeait me faisait dépérir peu à peu et c'était loin d'être plaisant. Je perdais le contrôle de mon propre corps, la seule chose que je croyais pouvoir maîtriser à cent pour cent dans ma vie pitoyable. Peut-être étais-je réellement malade après tout. Que les traitements que l'on me donnait au centre fonctionnaient.
Impossible, murmura la voix dans mon esprit.
Prise d'un vertige, je soupirai en m'installant plus confortablement dans le matelas moelleux. En baissant les yeux, je notai que l'intraveineuse était de nouveau enfoncée dans mon bras. Je fus tenté de le retirer, mais mon fameux oncle entra pile à ce moment dans la pièce.
— Comment te sens-tu ? demanda-t-il sans prendre la peine de me saluer en se dirigeant vers la fenêtre.
Il alla ouvrir les rideaux, ce qui me fit ciller plusieurs fois. Le ciel était nuageux, ce qui représentait mon humeur en ce moment.
— Pour être tout à fait honnête, j'ai l'impression que l'on vient de me tabasser, puis que l'on m'a jetée du haut d'un bâtiment.
En prenant une pause, je l'observai le plus sérieusement du monde, puis ajoutai :
— Ce n'est pas ce que vous avez fait pendant que je dormais, n'est-ce pas ?
Il éclata de rire en se frottant le visage.
— Ne t'en fait pas. La seule personne qui aurait envie de le faire n'oserait jamais me défier.
Je sus immédiatement de qui il voulait parler. Mathias. C'était peu étonnant, puisque des fois j'avais envie de lui faire la même chose. Ce type était pire que moi.
Soudainement, le visage de William se fit plus sérieux. Il se rapprocha de moi, puis s'assit sur le bord du lit, ce qui fit légèrement craquer la base de ce dernier.
— Je devrais recevoir un appel ce matin, de la part du médecin qui est venu ici pour t'examiner. Il devrait être en mesure de mieux comprendre ce qu'il se passe avec toi.
Une vague de soulagement m'envahit. Je n'aurais pas à attendre indéfiniment pour avoir des résultats. Le chef terroriste semblait vouloir ajouter quelque chose, mais pour une raison que j'ignorais, il n'osait pas ouvrir la bouche.
— Quoi ? demandai-je sans gêne en tapotant du doigt ma jambe par-dessus le couvre-lit. Je ne croyais pas que tu étais du style à te taire lorsqu'une question te brûlait les lèvres.
Il se redressa, prit au dépourvu. Je faillis esquisser un sourire devant sa mine. Faillis.
— Est-ce que tu te souviens comment tu te sentais lorsque tu es sortie à l'extérieur ?
Mon envie de sourire disparut aussitôt.
— Je me sentais malade. Comme présentement, mais mille fois pire.
Il secoua la tête.
— Non. Dans quel état d'esprit étais-tu exactement ? À quoi pensais-tu ?
Je le dévisageai, ne comprenant pas où il voulait en venir. Je réfléchis à ces questions, perplexe.
— Je... j'avais chaud et je devais sortir à l'extérieur à tout prix pour me rafraîchir.
Mes sourcils se froncèrent, alors que je peinais à me souvenir des événements de la veille. Plus je tentais de me rappeler et plus j'avais l'impression que ma mémoire faisait défaut. William vit que quelque chose clochait, lorsque ma respiration se fit plus haletante.
— Abigaelle, ne t'en fais pas si tu ne te souviens pas. Tu faisais près de quarante degrés de fièvre. C'est tout à fait normal que tu sois confuse. Tout le monde le serait dans ta situation.
Je tentai encore de me souvenir, mais c'était le néant. Je me souvenais seulement d'avoir arraché l'intraveineuse, de m'être levée et d'être à l'extérieur en compagnie des autres. Rien entre les deux. Putain. En plus de ne plus contrôler mon corps, mon cerveau partait à la dérive.
Une sonnerie fit vibrer les draps, ce qui me sortit de ma torpeur. William sortit de sa poche avant ce qui me semblait être un téléphone noir, puis regarda le numéro.
— C'est le médecin, dit-il en répondant.
Il obtint ainsi, complètement mon attention.
— Oui. Salut Noah. Comment vas-tu ?
Il échangea quelques phrases avant de déclarer qu'il allait le mettre sur haut-parleur. Il appuya sur une touche et d'un coup, j'entendis la voix masculine de son interlocuteur.
— Noah, tu m'entends toujours ?
— Sans problème, répondit le médecin nerveusement.
— Parfait. Abigaelle est réveillée et se trouve juste à côté de moi. Si tu as la moindre question, tu n'as qu'à demander.
J'entendis des bruissements de feuilles, puis Noah prit la parole.
— Alors, face à la gravité de la situation dans laquelle Abigaelle se trouve, je n'ai pas dormi de la nuit afin de faire le plus d'expérimentations possible au laboratoire avec ce que j'avais prélevé hier.
Il prit une pause, le temps de reprendre sa respiration et continua.
— Il y a plusieurs choses que je ne comprends pas, mais néanmoins j'ai pu arriver à une conclusion. Abigaelle, ton corps subit plusieurs changements hors du commun actuellement. Il lutte pour combattre quelque chose. Surtout au niveau de ton ADN. J'ignore si c'est une maladie, ou autre chose, mais si ça continue ainsi, tu en mourras.
Décidément, cette journée allait être merdique.
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