Chapitre 10

L'homme était assis confortablement dans son fauteuil et fumait un cigare de manière nonchalante dans la noirceur de la pièce. De sa main libre, il pianotait le dessus de son bureau en regardant un écran. Une scène se répétait en boucle depuis déjà un bon moment. Une explosion, des blessés inutiles qui se faisaient sortir par de quelconques soldats, puis l'apparition de sa protégée au quatrième étage.

Lentement, il appuya sur la touche pause, puis expira une bouffée de fumée. En fixant l'image, il nota que celle qui tentait d'aider un simple déchet semblait quelque peu amochée. L'homme, las, soupira en éteignant son cigare dans un cendrier avant de se retourner vers la personne à qui il avait confié son être le plus précieux.

Ce triste individu tremblait comme une feuille dans le coin qui lui était opposé. Seul le tic-tac continu d'une horloge rompait le silence apaisant. Yanis se trouvait derrière ce dernier et le maintenait par l'épaule pour l'empêcher de fuir. S'il ne l'avait pas connu depuis si longtemps, il aurait pu croire qu'il ne démontrait aucune émotion, mais ce n'était pas le cas. Sa posture démontrait son respect et une légère anxiété. Le directeur de l'établissement sourit en se levant. Il contourna son bureau, puis alla se poster devant ces derniers.

Il ignorait si c'était le cadavre d'une gente dame de la cafétéria qui lui faisait peur, ou bien sa présence. Un peu des deux peut-être ? Il vit la pogne de Yanis se raffermir, afin d'empêcher l'autre de tomber. Son sourire faiblit, avant que son visage n'aborde une mine dégoûtée. Si faible... si humain. Il aurait pu le gifler, mais il était supérieur à cela. À la place, il posa une main bienveillante sur son épaule et dit humblement :

— Yanis, tu es libre de...

Il ne se souvenait plus du prénom de ce dernier, mais cela n'était plus nécessaire après tout. Son humeur se fit de nouveau plus légère.

—...disposer de ce monsieur, si tu le veux bien.

Une légère odeur d'urine envahit la pièce. Le directeur haussa un sourcil en se détournant. Il sortit de son habit un petit mouchoir et s'essuya les mains avant de le jeter à la poubelle. Il retourna s'asseoir et appuya sur le bouton lecture. Un craquement puis un bruit lourd retentirent, signe qu'un corps venait de s'écrouler. C'était maintenant chose faite. Son regard parcourut les nombreuses vidéos de surveillances que possédait le centre et s'arrêta sur deux en particulier.

Celle où se trouvait l'héritier du Taureau et celle où il y avait l'héritière de la Lionne.

Le premier faisait les cent pas dans sa chambre et passait sans cesse sa main dans sa courte chevelure brune. La seconde était assise dans son lit en position indienne et elle regardait droit vers la caméra. L'homme les observa pendant encore quelques minutes avant de commencer à s'ennuyer. Il tapota de nouveau le bureau de ses doigts.

— Croyez-vous être en mesure de prolonger les effets de l'anesthésie sur les patients ? demanda-t-il finalement.

Yanis se redressa après qu'il eut fini de faire disparaître les dépouilles.

— C'était présentement ce que les médecins étaient en train de tester ces dernières semaines. Ils ont vu des signes encourageants.

Des signes encourageants... Ce n'était pas ce qu'il voulait et en voyant l'expression de Yanis, ce dernier le comprit immédiatement. Devait-il aller voir en personnes ces fameux médecins encore une fois ? Leur faire une petite morale qui les remettrait bien à leur place ? Il avait des choses bien plus importantes à faire que de se déplacer aux laboratoires. Il s'apprêtait à se lever, lorsque Yanis intervint.

— Je leur parlerai aussitôt qu'il fera jour, Monsieur Ki, dit l'entraîneur précipitamment.

Un nouveau sourire naquit sur les lèvres de l'homme et il tapa des mains ravit.

— Je ne sais pas ce que je ferai sans toi mon cher, approuva le directeur. J'espère te garder mes côtés encore un bon moment.

Cela sembla rassurer ce pauvre individu. Monsieur Ki se détourna et puis dit distraitement :

—Simplement... ne t'avise plus de faire la même erreur. Évite d'engager des gardes qui sont du mauvais côté, veux-tu ?

Il désigna l'endroit où il y avait eu les cadavres.

— Sinon, je crains ne plus être en mesure d'assurer ta sécurité. Oh et Yanis, ajouta-t-il avant de le congédier, retrouve-la avant que nous ne soyons dans une situation plus délicate qu'en ce moment. C'est un ordre.

***

On aurait dit que mon cerveau roulait au ralenti. Sa sœur ? Qu'est-ce qu'elle venait faire là-dedans ? En cliquant des paupières plusieurs fois, la connexion se fit soudainement. Si je n'avais pas été si fatiguée, j'aurais sauté sur mes pieds. Il avait connu ma mère ? Un tremblement parcourut mon corps.

— Je... comment ? lui demandai-je totalement abasourdie.

Il s'assit à côté de moi. Comme pour être certain que je comprenais réellement la situation, il répéta plus clairement :

—Ta mère était ma grande sœur.

Je hochai la tête en attendant qu'il continue. Visiblement, il ne savait pas par où commencer, car il ouvrit et referma sa bouche à plusieurs reprises sans qu'un seul son n'en sorte.

— Cassiopée, depuis aussi longtemps que je m'en souvienne, a toujours été rebelle.

Cassiopée. Cela avait fait si longtemps que je n'avais pas entendu le prénom de ma mère. Le regard de William était fixait le vide. Il complètement submergé par ses souvenirs. 

— À vingt-cinq ans à peine, elle annonça du jour au lendemain qu'elle avait trouvé l'amour de sa vie. Un mec que nous n'avions jamais rencontré et qu'elle n'avait vu que quelques fois seulement. Elle ne nous en avait jamais dit un mot, mais à l'époque, je m'en fichais. J'étais en pleine crise adolescence et les amourettes de ma cadette étaient peu importantes. Elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait. Mais notre mère ne le vit pas de la même manière. Cass refusait de nous le présenter, ce qui la choqua. Elles se disputèrent pendant ce qui me parut être des heures.

Il revint soudainement au moment présent et prit une légère pause pour s'assurer que je l'écoutais toujours. C'était cependant bel et bien le cas. J'étais scotchée à ses lèvres, attendant la suite. Il reprit :

— C'était la première fois que je vis ta mère se fâcher si... intensément. Elle partit sans un mot et disparue sans nous donner des nouvelles pendant plusieurs mois. Elle ne me contacta même pas. 

Son ton était amer.

— Un jour, un type vint cogner à notre porte. Une trentaine d'années, yeux verts, cheveux noirs, il était le genre à faire craquer n'importe quelle femme. Une étrange aura émanait de lui. Encore aujourd'hui, je ne suis pas capable de mettre un mot pour décrire le sentiment qui m'a envahi lorsque je le vis. William secoua la tête. J'arrivai rapidement à la conclusion que c'était l'homme qui avait séduit ma sœur, simplement un truc clochait.

Je me redressai. Qu'est-ce qui pouvait être encore plus étrange ?

— Sans se présenter, il dit que Cass était en danger et m'a donné l'adresse où elle se trouvait.

Il ferma les yeux un instant, puis me dévisagea. 

 — Simplement, ce ne fut pas ça qui me choqua le plus. C'était qu'il n'avait pas ouvert une seule fois la bouche pendant qu'il me parlait. 

*** 

Voilà le chapitre 10!!! Les deux chiffres enfin :D Apparition de Monsieur Ki.....ahhhh je l'aime beaucoup trop ce gentleman. On en sait un peu plus sur le passé de la mère d'Abigaelle et des événements étranges commencent à survenir.... bon c'est vrai que depuis le début tout ça c'est pas très net, mais bon haha. 2200 vues en un mois, je suis aux anges, merci, merci et merci encore. J'ai plusieurs examens la semaine prochaine donc je risque de publier un seul chapitre, mais je ne sais pas encore :( 

Love -xxx-

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