Chapitre 2
POV Tony
« On peut savoir pourquoi tu pars sans prévenir maintenant ? » Me balança Natasha en s'approchant de moi.
« Qui ça ? Moi ? » Répondis-je innocemment.
« Non, le Pape... » Me lança Clint, adossé au mur les bras croisés.
Ils vont commencer à me casser les pieds, s'ils se mettent à me poser des questions auxquelles je ne préfère pas répondre. Non pas que je veuille leur cacher ce que je compte faire exactement mais, je veux garder ça juste pour moi et protéger un peu ma « vie privée », enfin pour le peu que j'en ai... Évidemment, en tant que Stark, la vie privée se résume à pas grand-chose. Vu que mon père est très connu dans tout le pays et qu'il est le doyen de l'établissement, je suis le mec le plus populaire. Et bien sûr tout le monde sait tout. Mon visage est sur quasiment tous les magazines et ça commence à me faire chier de ne plus pouvoir avoir une vie normale comme tout le monde.
Mais revenons à ce qui est plus important, ma situation assez... Spéciale avec le blond. Je veux que pour l'instant cela se passe juste entre Steve et moi. Je verrai plus tard si je leur en parlerai ou non. J'ai besoin de savoir ce qu'il se passe exactement entre nous avant de tout déballer. Sinon ils vont me prendre pour un psychopathe ou encore un voyeur.
« Je voulais juste faire un tour et marcher un peu... il n'y a rien de mal à ça, n'est-ce pas ? » Déblatérai-je, en voulant m'échapper de cet interrogatoire.
« Non, rien de mal mais avoue que ça ne te sied pas du tout... » Dit Pepper suivie de près par Rhodey qui fermait la marche.
« Je ne répondrai même pas à ça. » Me braquai-je directement. J'ai pas envie de commencer à me justifier de tous mes faits et gestes... j'ai besoin de me calmer pour réfléchir à des choses... »
« T'en as trop dit ou pas assez, accouche. » Rétorqua Nat un peu plus sèchement.
« Foutez-moi un peu la paix... j'ai le droit d'aller où bon me semble et sans vous si j'ai envie. Et puis vous n'êtes pas ma mère à ce que je sache ! » Me tournai-je et avant de marcher dans la direction opposée.
Il est vrai que je n'avais pas qu'à penser à Steve et notre pseudo amitié qui n'a même pas encore débuté. Est-ce qu'elle commencera un jour d'ailleurs ? Si ça se trouve, je me fais des idées bien à l'avance et je perds mon temps. Peut-être que je mets la barre trop haute... Mais qu'est-ce que je dis ?! Aucune barre si haute soit-elle, ne l'est pour un Stark... Bref, j'ai bien d'autres problèmes tout aussi compliqués, voire même plus difficiles encore à gérer.
Tout d'abord le problème le plus difficile : mon père. Si on peut appeler ça un père... C'est plutôt un connard qui me sert de paternel. Je le sais depuis que je suis gamin, il ne m'aime pas, je ne suis rien pour lui... Au début, ça fait mal. Tu te sens mal aimé, tout seul, abandonné par ta propre famille. Tu dois apprendre à ne compter sur personne d'autre que toi-même... et puis, au fil du temps, tu t'en cognes et tu apprends à faire comme s'il n'existait pas. Tu deviens moins sensible, tu deviens quelqu'un de plus fort et surtout, tu te rends compte que plus tard tu dois te débrouiller seul. A quoi bon s'accrocher à un « parent » tel que lui. Tout ce qu'il sait faire c'est gérer son entreprise... Il n'est jamais là pour mes anniversaires, jamais là quand je gagne un concours scientifique, jamais à la maison, c'est ni plus ni moins qu'un fantôme. La famille ? Il ne connait pas. Si je suis là c'est simplement pour faire jolie et reprendre la direction de Stark Industries, quand mon tour viendra. Et comme je connais l'oiseau, ça ne sera pas avant un siècle. Il est capable de vivre plus de cents ans.
Ma mère ne peut rien faire de plus pour moi et à vrai dire, elle n'a jamais vraiment essayé de peur de froisser mon géniteur... Elle laisse des mots le matin et on se croise à peine le soir. Si je devais résumer simplement, je dirais que je n'ai pas de parents c'est mieux comme ça. Mais au fond de moi, je sais qu'en disant cela, je suis injuste... très injuste même. Une seule personne s'est occupé de moi, et continue à le faire tous les jours. Si je dois le qualifier, je dirais que c'est lui mon vrai père, Il m'a appris tout un tas de choses et il m'enseigne encore beaucoup. C'est toujours un plaisir d'être avec Jarvis, il est gentil, il s'occupe de moi sans se plaindre et pourtant, j'en fais des conneries.
Pour être précis, je joue presque au chat et à la souris dans ma propre maison. Marrant, non ? Bon peut-être pas pour tout le monde je l'avoue... Moi, ça m'épuise.
Mon plus grand rêve est d'être comme tout le monde et avoir une famille normale. Mais même avec toute la fortune de mon père, je ne peux pas me l'offrir. Si seulement je pouvais leur cracher à la gueule, à quel point je les déteste. Mais si je fais ça, ils m'envoient en pension en Suisse et je serai loin de mes amis et surtout de Steve.
Malgré tous ces nuages noirs, il y a quelques rayons de soleil dans ma vie. Sans mes amis je me serai déjà barré d'ici et depuis longtemps ! Ils m'aident chaque jour à avancer sans tomber dans le vide. Certes je ne suis pas toujours sympa avec eux. Mais je les aime tous autant qu'ils sont. Et j'espère que dans quelques temps, Steve aura rejoint notre petite bande de potes.
« Je me demande quelle mouche l'a piquée. » Dit Pepper à Rhodey, qui ne semble pas plus avoir compris la situation.
« Aucune idée, il est de mauvaise humeur je crois. Ça ne change pas de d'habitude... »
Alors que je m'éloigne de mes amis et aussi de Steve, par la même occasion, je ne peux pas m'empêcher de me demander ce qu'il dessine sur son fameux carnet. Il a l'air d'y tenir énormément, en y repensant, il y était accroché comme si sa vie en dépendait. Il doit sans doute dessiner des choses qu'il lui tienne à cœur. « Peut-être les personnes qu'il aime ? Ou bien, des endroits qu'il apprécie visiter ou se poser ? » Je donnerai cher pour voir ce qu'il se cache à l'intérieur de son jardin secret. Mais avant tout il faut que je gagne sa confiance, que je mérite d'y jeter un oeil et connaitre la raison de son attachement à cet objet si précieux.
J'espère que ma venue l'a marqué d'une quelconque façon. Je veux qu'il se souvienne ne serait-ce qu'un peu de moi. Je souhaite sincèrement, après avoir fait ce premier pas envers lui, qu'il vienne me voir, qu'il essaye de m'approcher et d'entamer un petit échange. Ce serait largement suffisant. Je ne m'attends pas à ce qu'il me saute au cou, non. Je veux juste qu'on fasse plus ample connaissance. Il a suffi de quelques minutes pour qu'il devienne une obsession, mais pas dans le mauvais sens du terme, bien au contraire.
Dès mon retour en classe, je suis pris de lassitude d'un seul coup. Tout est devenu ennuyeux et bien entendu, je n'écoute pas le cours. Je m'en cogne. Je regarde par la fenêtre et je rêvasse d'une seule personne, lui. « Qu'est-ce qu'il peut bien faire en ce moment ? » « Est-ce que j'ai une chance d'être ami avec lui ? » Toutes ces questions reviennent sans cesse et demeurent sans réponses. Je sais pertinemment que je me torture l'esprit.
Soudain, quelque chose d'intéressant se produit dans la cour, il y a du mouvement. Peut-être que ça rendra ma journée moins chiante. Je regarde par la fenêtre et vois un gars, blond, plutôt baraqué qui court à toute vitesse et traverse la cour. Il est immédiatement rejoint par quelqu'un, un autre gars aux cheveux longs, à peine plus petit que lui. Ils ont clairement l'air de bien se connaitre. Je plisse les yeux pour essayer de distinguer qui ça peut être. Cependant, un détail retient mon attention, je les vois agiter leurs mains comme des fous et ne vois pas leurs lèvres bouger. J'ai vraiment envie d'en savoir plus maintenant, je veux sortir de cette salle de classe tout de suite, j'en ai marre ! Je sais ! Je vais utiliser la plus connue des excuses pour sortir... Je lève la main sans attendre.
« Monsieur ? » Assez pressé.
« Mr. Stark je vois que le cours à l'air de vous intéresser aujourd'hui... »
« Non toujours aussi chiant, je voudrais aller aux toilettes, je peux ? »
« Je ne vous permets pas de me répondre sur ce ton ! Vous allez faire un tour à la vie scolaire immédiatement »
« Pour vous montrer ma bonne volonté, je vais y aller tout de suite. Pas besoin de sortir de vos gonds » Avec insolence.
Je m'en foutais royalement, j'avais réussi à obtenir ce que je voulais : sortir de ce merdier. Je prends mes affaires, enfin, le peu qu'il y avait sur mon bureau, je les mets dans mon sac avant de partir vers le bureau que j'adorais côtoyer le plus au monde. La vie scolaire. Je fais toujours tourner cette pauvre femme en bourrique, et je reçois quoi : une heure de colle, deux tout au plus. C'est pas grand-chose, c'est même un plaisir d'y aller à chaque fois, vu que je suis loin de chez moi. C'est une sorte de paradis improvisé qui plait quand un rien suffit. En tout cas, ça me convient... je suis pas si difficile qu'il n'y parait.
Bref, je fais un petit tour à son bureau, je récupère le petit billet qui m'est destiné. Elle a même une petite pile rien que pour moi, avec mon nom sur chacun d'eux. Si c'est pas gentil ça, franchement ! Je suis un bon habitué, je ne fais pas plus d'histoire que ça.
« Madame ? Vous savez pourquoi il y a deux élèves dans la cour à cette heure-ci ? » En regardant par la fenêtre, intrigué.
« Oh, tu parles de Rogers et de Barnes ? » D'un air tout à fait normal, comme si c'était habituel.
« Oui, Ils sont bizarres ils n'ont pas l'air de parler... et s'agitent comme des malades mentaux... ils sont dérangés ? »
« Ça arrive une fois par jour, c'est Rogers qui panique... Barnes est venu m'expliquer son comportement avec lui, dans mon bureau. Ils bougent les mains pour communiquer... Seulement, aujourd'hui c'est déjà la seconde fois. Et puis, de quoi tu te mêles d'abord ? Retourne en classe de suite ! »
« Est-ce que je vais vraiment retourner en classe ? » Non ! Il n'en est pas question, je sais que je ne comprends pas un truc de ce qu'ils se disent mais, quelque chose en moi me dit que je dois voir. Je dois savoir ce qu'il se passe. Je jette un dernier coup d'œil pour ne pas avoir de regrets, je les vois tous les deux, Barnes prend les mains de Steve tout doucement. Et là, je vois rouge, noir ou la couleur que vous voulez. Je donnerai tout pour être à sa place, bordel. Le pire dans tout ça c'est : pourquoi ? Pourquoi je lui porte de l'intérêt, je le connais à peine ?!
C'est pas comme s'il était exceptionnel ? Enfin, peut-être un peu... Finalement, je sors discrètement dans la cour et essaye de trouver un coin assez proche d'eux pour scruter. Barnes est toujours aussi tactile avec lui, et ça m'énerve, j'y peux rien. Rogers, lui, n'a pas l'air dans son assiette du tout. Il est tout pâle et tremble comme une feuille, on dirait qu'il a vu un fantôme terrifiant. Après un moment leur gestes s'arrêtent et Barnes commence à parler. Comment il peut entendre ce qu'il dit me diriez-vous ? Eh bien, il ne parle pas à Rogers, il lui crie presque dessus mais pas méchamment.
« Steve, calme-toi... Tout va bien. Doucement... » Lui dit fortement le brun aux cheveux longs, alors qu'il caresse ses mains. « Ça fait deux fois aujourd'hui. Qu'est-ce qu'il se passe ? » Sa voix traduit une inquiétude grandissante pour Steve. Bien évidemment, Steve ne lui répond pas de sa voix. C'était impossible. Est-ce qu'il a déjà prononcé un seul mot de toute sa vie ? J'aimerais avoir des réponses, mais je suis trop pressé. Je l'ai toujours été pour un peu tout. Je le vois bouger ses mains et ses bras tremblants. Je n'ai vraiment aucune idée de ce qu'il peut bien raconter à son pote, surtout est-ce que c'est son ami... en les voyant on pourrait clairement croire qu'il y a plus que ça. Je serre très durement mes poings devant cette scène, je ne peux pas m'en empêcher. Puis, je tends à nouveau l'oreille.
« Tu veux rentrer chez toi ? Je peux demander à ce que tu ailles te reposer tranquillement. » Steve lui répondit d'une simple inclinaison de tête, bien trop perturbé. Il s'accroche alors à son ami, il semble être honteux de son comportement pour le moins étrange. En le voyant s'éloigner, je comprends alors qu'il est quelqu'un d'extrêmement sensible, qu'il a besoin de personnes fiables autour de lui, qu'elles puissent l'épauler. Il est différent des autres certes, mais cela ne doit pas me freiner. Reste plus qu'à savoir comment me débrouiller pour l'approcher, comment faire pour entamer une relation amicale et lui montrer qu'il ne risque rien.
Ce regard apeuré tourné vers moi ce midi, je ne veux plus le voir sur son visage.
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