Chapitre XX - Dr Zimmer
Une fois sa mère et Mia parties, la pièce semblait vide. On n'entendait plus rien si ce n'est quelques paroles du personnel émanant du couloir. On frappa à la porte. Une femme en blouse blanche entra dans la chambre. Elle tenait une tablette à la main.
- Bonjour, Mademoiselle Yuzuriha-Gasquet. Je suis le Docteur Zimmer, je vous ai pris en charge depuis votre arrivée dans notre hôpital, dit-elle tout en parcourant la tablette.
Ses lunettes étaient posées au bout de son nez et Kim se demanda comment cela se faisait qu'elles ne soient pas déjà tombées.
- Bien. Avant de vous laisser sortir, j'aimerais m'assurer que tout est en ordre dans votre tête.
Le ton était froid et presque ironique mais Kim passa outre.
- Je vois que vous avez l'air en forme. C'est une bonne chose, dit-elle sans aucune émotion. J'aurais toutefois quelques questions à vous poser. Questions de routine, évidemment.
Kim sentit son coeur battre un peu plus vite.
Le docteur Zimmer s'installa sur un tabouret près du lit et commença à taper sur sa tablette. Kim en profita pour l'observer. C'était une femme d'âge mûr aux cheveux auburn, courts et ondulés, un nez très fin ainsi que des yeux sombres, ce qui lui donnait un aspect strict. Cependant Kim arrivait à distinguer que sous cette armure se cachait sûrement une femme sympathique.
Perdue dans ses pensées, Kim en oubliait de répondre aux questions que lui posait le docteur. Celle-ci réitéra sa question :
- Quel est votre prénom ?
Kim cligna plusieurs fois des yeux, revenant à elle et finit par répondre. Le docteur écrivit quelque chose sur sa tablette et Kim se demanda si elle nota qu'elle n'avait pas répondu du premier coup.
- Votre date de naissance ?
- 19 Juillet 2080.
- Noms et prénoms de vos parents ?
- Manami Yuzuriha et Nathan Gasquet.
- En quelle année sommes-nous ?
- 2099.
- Savez-vous pourquoi vous êtes ici ?
Kim ouvrit la bouche mais aucun son ne sortit. Elle posa la main sur sa tête et grimaça. Elle le savait pourtant, sa mère le lui avait dit.
- Ce n'est pas grave, le choc post-traumatique vous empêche de vous souvenir. Mais ne vous inquiétez pas, mise à part ça, aucune séquelle n'est à prévoir.
Kim n'écoutait plus. Elle était à nouveau perdue dans ses pensées, creusant dans ses derniers souvenirs mais elle n'y voyait que des flashs.
Le Docteur pianotait sur sa tablette et Kim aurait bien voulu savoir ce qu'elle écrivait.
- Vous rappelez-vous d'autre chose ? Un événement, quelque chose d'anormal par exemple, qui s'est passé avant votre perte de conscience ?
Le Docteur la regardait avec un intérêt particulier. Kim avait peur qu'elle puisse lire dans ses pensées mais elle décida tout de même de mentir.
- Non, rien de particulier...
Le docteur la regardait avec insistance et Kim détourna les yeux. Bien sûr qu'elle se rappelait de son incident dans la ruelle.
- Bien, dit le Docteur Zimmer en se levant. J'en ai fini. Vous pourrez rentrer chez vous dès cet après-midi.
Kim parut surprise mais soulagée.
- Votre corps s'est rétabli très vite. Je suis ravie de constater que vous ne souffrez d'aucune perte de mémoire.
Kim perçut une pointe d'ironie qui dura qu'un instant mais qu'importe, elle allait pouvoir quitter cet endroit et rentrer chez elle. Pensant en avoir fini, Kim ne se préoccupa plus du docteur qui cependant paraissait hésiter.
- Quand on vous a amenée ici, finit-elle par dire, vous étiez dans un état assez particulier. Vous n'étiez pas totalement inconsciente. On pouvait vous entendre murmurer quelque chose sans savoir de quoi il s'agissait. J'ai cru entendre une lettre grecque... alpha si je me souviens bien. Cela vous dit quelque chose ?
Kim sortit un nouveau mensonge.
- Non...
Le Docteur Zimmer soupira et, au lieu de se diriger vers la porte, alla vers l'unique fenêtre de la chambre qui pouvait s'ouvrir. Elle sortit un paquet de cigarettes de sa poche et regarda Kim :
- Je peux ?
Kim acquiesça, bien qu'elle ne supportait de voir quelqu'un fumer et qui plus est, dans un hôpital. Mais quelque chose lui disait que le Docteur Zimmer n'avait pas fini de lui parler. Et ce comportement la faisait paraître plus humaine. Comme si elle relâchait la pression.
Le docteur eut du mal à ouvrir la fenêtre qui ne pouvait que s'entre-bailler pour des raisons de sécurité. Cela devait faire des années que personne ne l'avait ouverte. Elle alluma sa cigarette et tira une bouffée qu'elle exhuma ensuite à travers l'entrebâillement de la fenêtre. Dehors le temps était gris et la pluie commençait à tomber.
- Aujourd'hui, ils fument tous ces putain de cigarettes électroniques. Ils ne savent plus ce qu'est le tabac.
Elle tira une autre bouffée.
- En même temps, c'est plutôt rare d'en trouver de nos jours... Et ça coûte une blinde, fit-elle en regardant son paquet de cigarettes.
Kim avait l'impression de découvrir une nouvelle personne. Elle ne comprenait pas où elle voulait en venir. Peut-être était-ce pour détendre l'atmosphère.
- Votre cas m'en rappelle un autre, similaire, qui s'est passé il y a plusieurs années.
Sans que Kim lui demande ce qu'il s'était passé, elle poursuivit.
- Un petit garçon est arrivé aux urgences après un accident de voiture. Il n'arrêtait pas de murmurer quelque chose mais c'était incompréhensible. Il m'a semblé qu'il disait « alpha », tout comme vous, mais impossible d'en savoir plus. Ça m'intriguait mais je n'ai pas pu lui poser de questions. Ses parents sont morts sur le coup et il était le seul survivant. Les services sociaux s'en sont occupés. Je ne l'ai plus jamais revu depuis. J'ai su qu'il avait une sœur mais personne ne l'a retrouvée. C'était comme si elle s'était volatilisée...
- Pourquoi vous me racontez tout ça ? La coupa Kim, un peu inquiète.
Elle crut déceler un sursaut chez le Docteur, comme si elle revenait de pensées lointaines mais cela ne dura qu'un instant. Ses yeux étaient devenus à nouveau sombres. Elle tira une dernière bouffée et jeta sa cigarette par la fenêtre. Kim pesta intérieurement. Elle détestait voir ce genre de comportement.
- Je ne sais pas à vrai dire. Ça m'a juste rappelé ce cas-là, dit-elle en haussant les épaules.
Elle se dirigea vers la porte.
- Ravie d'avoir fait votre connaissance, Kim. Prenez soin de vous.
Puis elle referma la porte derrière elle. Kim était à nouveau seule.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top