Chapitre X - Stalker... ou presque

Après que Kim ait raccroché, le visage de Mia se décomposa.
- C'est vraiment pas normal cette histoire...
Elle tourna les talons vers le TIM A et réfléchit tout en marchant le long des rues.

Pourquoi ne m'en a-t-elle pas parlé ? N'a-t-elle plus confiance en moi ? Est-elle en danger ?

Toutes ces questions lui venaient en tête. Elle se sentait si impuissante, si inutile et en même temps elle en voulait à Kim. Elle l'avait comme abandonnée dans un sens, elle ne se sentait plus aussi importante à ses yeux désormais. Elle savait que Kim allait mal en ce moment mais ce n'était pas une raison pour la mettre de côté ! Elle lui avait quand même posé un lapin  !

Elle attendit le prochain TIM le long du quai, pensive.
Elle tourna la tête et vit non loin d'elle la vieille dame de tout à l'heure. C'est alors que lui vint une idée, débile sans doute mais elle décida de s'y tenir.

Quand le TIM ouvrit ses portes en verre, elle suivit des yeux la vieille dame et s'assit à une place encore vacante. La rame était bondée mais elle ne quitta pas des yeux sa cible et fit en sorte qu'elle ne la voit pas. Mia attendit patiemment qu'elle descende pour la suivre. La vieille dame sortit à l'arrêt Sakura et Mia la précéda de quelques secondes.

Moi je suis sûre de vous avoir déjà vue...

La vieille dame à l'allure faiblarde ne semblait pas remarquer être suivie et Mia s'en félicita mentalement. Elle se croyait dans un film d'espionnage où elle était un agent secret en mission ou plutôt... un stalker dans ce cas-là...
À cette pensée, Mia ralentit et se demanda si cela valait vraiment le coup de continuer. Après tout ce n'était qu'une vieille dame comme tant d'autres.
Cependant son instinct lui disait d'achever sa mission et ses jambes la guidèrent vers sa cible tel un aimant.
Aussi discrète que possible, elle suivait sa "victime" de quelques mètres et plus elles avançaient, plus Mia se méfiait d'elle. Bizarrement, cette mamie ne lui inspirait pas confiance. Elle lui semblait bien mystérieuse. Elle avait également un mauvais pressentiment.
Cependant elle ne saurait dire pourquoi.

Les deux femmes se retrouvèrent dans une rue qui paraissait familière à Mia.
Des grattes-ciel ultra-modernes arpentaient les rues et Mia se sentit alors minuscule parmi ces bâtiments géants.
Bingo, la vieille dame se dirigea vers l'immeuble où Kim habitait. Elle sortit un pass pour déverrouiller la porte de l'immeuble et entra. Avant qu'elle ne se referme, Mia s'engagea également dans le hall. Elle vit sa cible entrer dans l'ascenseur et entendit l'IA prononcer :
- Bienvenue, Madame Klein.
- Merci Ian, fit-elle d'une voix rauque. 3e étage je te prie.
- Tout de suite.
Les portes se fermèrent peu après et l'ascenseur entama sa montée.

- Madame Klein... J'en étais sûre...!marmonna Mia à demi-cachée derrière une plante dans le hall de l'immeuble, quand soudain elle sursauta.
- Ohayo Mia ! fit une voix derrière elle.
Elle se retourna furtivement et vit la mère de Kim, des sacs de courses plein les bras.
Son visage rayonnait. Ses cheveux noir geais lui arrivaient juste au-dessus des épaules. Elle portait un manteau café au lait et elle n'était maquillée que légèrement, ce qui lui allait très bien.
- Oh-ohayo madame Yuzuriha-Gasquet ! baragouina Mia en inclinant son buste plusieurs fois.
Surprise, Manami fixa Mia effectuant des sortes de révérences de salutations.
- Tu n'es pas obligée de t'abaisser autant pour me dire bonjour..., fit Manami avec un sourire mal à l'aise.
Mia se redressa aussitôt, gênée.
- Kim me disait qu'il fallait toujours s'abaisser pour saluer les personnes que l'on doit respecter alors j'applique ce qu'elle me dit ! tenta-t-elle afin de se rattraper.
- Ah, cette Kimi... souffla gentiment Manami.
- Je vais vous aider à porter vos courses !! s'exclama Mia en ayant complètement oublié pourquoi elle se trouvait là.
- Merci Mia... Mais ne t'inquiète pas je vais appeler Kim pour qu'elle vienne nous aider !
Mia s'arrêta alors dans son élan, l'air grave.
- Ça ne va pas ? Tu ne venais pas voir Kim ?
- Non, je venais vous voir, vous.
- Moi ? Pourquoi ? son regard se fit inquiet.
Mia serra le poing.
- C'est à propos de Kim... Je ne sais pas où elle est...
- Quoi ?! Comment ça ?!
Manami ne remarqua même pas qu'elle venait de lâcher ses sacs de courses.
- Je lui avais donné rendez-vous ce matin chez Fumiko, j'ai pris un peu de retard et quand je suis arrivée elle n'y était pas... Je l'ai appelée sur son portable et...
Ses mains et ses lèvres commençaient à trembler de tristesse et de rage à la fois.
- Viens, montons et mettons ça au clair, recommanda Manami en posant une main sur son épaule.
Mia se sentait mal devant la mère de son amie. Elle avait l'impression que c'était de sa faute et elle s'en voulait d'un côté.

De son côté, la mère de Kim se doutait de quelque chose et elle ne souhaitait pas rester dans le hall trop longtemps.
Comme on dit, les murs ont des oreilles...

Machinalement, les deux femmes ramassèrent les provisions tombées au sol et prirent l'ascenseur. La montée se fit dans le silence, comme si elles ne se connaissaient pas. Chacune détournait le regard. Mia se demandait comment elle allait s'exprimer et lui expliquer ce que Kim lui avait dit. Tandis que Manami, elle, pensait à sa fille l'estomac se nouant de plus en plus à chaque étage.
- Cinquième étage, bonne journée mesdames, déclara Ian.
Elles ne répondirent pas, chacune perdue dans leurs pensées.

Manami entra le code à six chiffres sur le clavier numérique à côté de la porte qui s'ouvrit presque immédiatement ensuite. Elle entra dans l'appartement suivie de Mia.

Une odeur douce s'infiltra dans les narines de Mia.
Ce parfum qu'on aime bien quand on entre dans la maison d'un ami, d'un proche et qu'on reconnaîtrait entre mille.

Manami et Mia ne prirent pas la peine de quitter leurs manteaux et déposèrent les sacs remplis dans la cuisine sans même ranger quoi que ce soit.

Mia redécouvrait l'endroit, plus spacieux et plus neuf comparé à chez elle. La cuisine, dite américaine, était aménagée de placards modernes allant du gris métallisé au blanc immaculé, et d'un plan de travail impeccablement rangé avec divers ustensiles tous plus sophistiqués les uns que les autres. Un bar séparait la cuisine au salon-salle à manger, très lumineux. Le blanc, couleur dominante, recouvrait les murs et plafonds de tout l'appartement, simple mais épuré. Une table en verre sur laquelle un vase rempli de lys et quatre chaises au design contemporain trônaient dans la partie gauche de la pièce. Quelques vitrines et autres meubles de rangement ainsi que des tableaux colorés meublaient la pièce.
De l'autre côté, le salon était agencé d'un canapé d'angle gris chiné face à un écran incrusté dans le mur et dos à une baie vitrée, inondant la pièce de lumière.

Manami invita Mia à s'asseoir sur le canapé qui s'exécuta aussitôt.
Elle mit ses mains sur ses genoux et ne savait pas comment tout expliquer à la mère de son amie.
Manami, elle, était de plus en plus inquiète, elle se triturait les doigts nerveusement.
- Elle a décroché au moins...? commença-t-elle.
- Oui...
Avec une légère once de soulagement, Manami soupira.
Puis Mia enchaîna :
- Elle m'a seulement dit qu'elle allait bien et qu'elle m'expliquerait... Puis elle a raccroché. Mais le plus bizarre dans tout ça, c'est qu'elle n'avait pas l'air apeurée ou quoi que ce soit d'autre... Je pouvais sentir dans sa voix qu'elle se sentait juste... coupable de m'avoir laissée en plan.
Elle regarda la mère de Kim dans les yeux d'un air perdu.
- Qu'est-ce qu'on peut faire ? C'est la première fois que je ne sais pas comment réagir avec Kim. Depuis quelque temps je la sens déprimée à vrai dire. Elle n'est pas dans son état normal je le vois bien. Et si elle avait rencontré quelqu'un de mauvais ? Et si elle ne voulait plus de moi ? Et si...
- Ne t'inquiète pas Mia, fit Manami d'une voix maternelle. C'est vrai qu'elle est dans une mauvaise passe en ce moment... Je crois que c'est à cause de Dan, non ?
- Oui... Il lui a fait beaucoup de peine et maintenant elle ne veut pas le voir sauf qu'il était là chez Milo... En même temps c'est son meilleur ami... Mais je voyais que Kim n'était pas bien. Elle ne souriait pas comme avant, elle ne s'amusait plus autant qu'avant. J'ai peur pour elle parce que je ne sais pas quoi faire pour lui remonter le moral.

Manami la regardait d'un air désolé. Puis, voyant qu'elle s'égarait, Mia reprit :
- Mais pourquoi serait-elle partie avec une inconnue ?
- Je n'en sais rien... Mais ce n'était peut-être pas quelqu'un d'inconnu pour elle... Peut-être est-ce en rapport avec... Non...

Remarquant qu'elle pensait à voix haute et que Mia la regardait d'un air intrigué, elle s'arrêta comme prise en flagrant délit puis ajouta :
- Tu devrais rentrer chez toi Mia, ne t'inquiète pas pour Kim, je vais l'appeler pour savoir ce qu'il se passe. Elle rentrera forcément à la maison ce soir, la congédia-t-elle.
- Si vous n'avez plus besoin de moi... se résigna Mia, déçue.
Elle se leva et se dirigea vers la porte d'entrée. Avant de sortir elle salua d'un mouvement de buste la mère de Kim en signe d'au revoir qui la gratifia d'un signe de tête.

Une fois seule dans l'appartement, ou presque, -Snoopy avait déjà trouvé le chemin de ses croquettes fraîchement  achetées et on pouvait entendre le bruit du sachet qui ne résisterait pas longtemps sous ses griffes- Manami se leva et se dirigea vers la cuisine pour ranger les courses.

- Snoopy ! s'écria-t-elle. Ce n'est pas l'heure pour ça ! fit-elle en soulevant le paquet de croquettes et en le rangeant hors de portée du matou, c'est-à-dire dans un placard en hauteur.
Il lâcha un miaulement tout en se frottant contre ses jambes en ronronnant.
- Tu ne m'auras pas comme ça, crois-moi ! lança-t-elle tout en rangeant les courses.

Elle pensait à sa fille et aux événements récents qui s'étaient déroulés la veille. Elle n'avait rien dit pour son tatouage même si elle était un peu en colère de savoir que sa fille s'était fait tatouer et de plus un symbole particulier... Surtout sans l'avoir prévenue. Ce n'était pourtant pas son genre.

Elle fait peut-être partie d'une secte...! Oh non à quoi je pense...

Soudain son téléphone posé sur le bar vibra la ramenant à la réalité.
Elle se jeta littéralement dessus pour décrocher, espérant que ça serait Kim. Mais quand elle vit le nom du contact entrant, un sentiment de déception et à la fois de soulagement s'entremêla dans ses entrailles. Son cœur se serra et elle glissa son doigt sur l'écran afin de répondre :
- Nathan...

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