Chapitre bonus - La Rencontre


« Je ne sais où va mon chemin, mais je marche mieux quand ma main serre la tienne. » Alfred de Musset

C'était une journée d'automne fraîche et ensoleillée. Les arbres perdaient peu à peu leurs feuilles allant du rouge au brun en passant par le jaune. Le vent les faisait valser sur l'asphalte.

Impatiente, elle se rendait à son université une dernière fois afin de clore ses études.

Lui roulait en direction de son travail, sans grande conviction. C'est vrai qu'il n'avait pas la forme ces temps-ci.

Elle marchait le long du trottoir quand un coup de vent balaya son chapeau et le fit virevolter au-dessus d'elle. Elle avait alors traversé en trombe pour le récupérer et...

Lui roulait toujours, un peu la tête ailleurs quand soudain il appuya brusquement sur le frein.

La voiture l'avait évitée de peu. Un peu plus et elle se trouvait sur le pare-choc.
Elle agitait ses bras dans tous les sens et semblait injurier le chauffard qui après avoir pilé, descendit de la voiture afin de s'assurer si tout allait bien.

Avant même de prononcer un mot, une volée d'insultes lui arriva en pleine face.
- Vous auriez pu faire attention quand même ! Abruti !
Il n'allait pas se laisser faire, ça non.
- Vous vous foutez de moi ?! J'ai eu aussi peur que vous je vous signale ! J'ai bien failli vous tuer ! Et moi avec !
Elle prononça quelques jurons dans une langue qu'il ne connaissait pas et poursuivit :
- Et c'est quoi votre jargon là ! Je voulais juste m'assurer que tout allait bien et vous, vous jetez sur moi comme une enragée !
- Du japonais Monsieur ! Il faut sortir un peu ! Et c'est vous qui avez foncé sur moi ! N'inversez pas les rôles ! grogna-t-elle en remettant son chapeau en place.
Il se retint d'enfoncer le clou et préféra capituler.
- Écoutez... On ne va pas se chamailler comme des gamins...
Elle essaya de prononcer "cha-ma-iller" ce qui amusa son interlocuteur et lui permit de mieux la dévisager, l'espace d'un instant.
Elle avait des cheveux raides et noirs, un visage peu commun puisque asiatique avec des yeux marron glacé et de longs cils noirs. Son cœur s'arrêta de battre un instant et, voyant qu'elle le regardait d'un air interrogateur, il sortit de sa rêverie brusquement mais ses joues s'empourprèrent, trahissant son assurance.
- Se disputer si vous voulez...  balbutia-t-il, toujours en l'observant en coin.

C'est alors que leurs yeux se croisèrent. Son visage, si dur il y a une minute, semblait se radoucir. Cependant voyant qu'elle avait le dessus, elle ajouta :
- J'avais compris, merci.
- J'aimerai vraiment vous offrir un verre, pour me faire pardonner... tenta-t-il.
- Inutile d'essayer quoi que ce soit, j'ai un avion à prendre demain et là, j'ai des papiers à rendre, acheva-t-elle triomphante.
- S'il vous plaît...
Il commença à rougir de plus bel et écrivit à la volée un gribouillis sur le premier bout de papier qu'il trouva dans sa poche.
- Tenez, au cas-où...
Il lui tendit tel un enfant voulant se faire pardonner.
- Merci, mais je ne pense pas que ça soit très utile...
- Gardez-le jusqu'à demain, ça me fera plaisir au lieu de le jeter dans la première poubelle que vous croiserez.
Elle savait qu'il perdait son temps mais qu'avait-elle à perdre après tout ? Elle lui arracha presque des mains et soupira comme s'il avait deviné ce qu'elle allait faire :
- Entendu, au revoir donc...
- Nathan. Nathan Gasquet.
Il lui tendit la main qu'elle serra en retour.
- Manami Yuzuriha.

                               *****

Il y a des choses qui ne s'expliquent pas.
C'est le coup foudre, c'est tomber amoureux, c'est trouver l'âme-sœur. Ça vous tombe dessus sans crier gare et vous y êtes attaché par un lien invisible et indestructible.

Au petit matin, Nathan ouvrit doucement les yeux, un rayon de soleil filtré par les rideaux de sa chambre l'éblouissait. Il reconnut alors l'odeur d'un parfum. Celui qu'il avait senti pour la première fois il y a deux jours. Une odeur fleurie et sucrée à la fois. Il respira à plein poumons pour le sentir encore et encore afin de s'en imprégner.

Allongée, la tête au niveau de son épaule, une main sur son torse, elle dormait paisiblement d'un souffle léger et régulier.
Nathan passa délicatement sa main dans ses cheveux et lui caressa l'épaule.
Elle ouvrit délicatement les yeux et bougea légèrement.
- Bonjour, dit-il, suivi d'un baiser sur sa tête.
Il continuait de caresser son épaule de la pointe des doigts ce qui la fit frissonner.
- Bonjour, lui répondit-elle comme un écho d'une voix presque inaudible.
Elle se retourna dans le lit et il la suivit, la prenant dans ses bras.

Plus loin sur la table de nuit se trouvaient un téléphone portable, des lunettes et un billet d'avion daté de la veille.

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