Chapitre 8.2 : "Il n'y a que dans tes bras que je me sens chez moi."

Je cours à toute allure dans la rue, à bout de souffle. Je traverse les passants maladroitement, évite des obstacles de tout genre et fais à peine attention aux voitures. Le bus arrivait dans trop de temps. Ainsi, je poursuis ma route sans perdre en vitesse tant mon excitation me fait perdre la tête. Au bout de plusieurs dizaines de minutes de route, j'arrive enfin devant le fameux hôtel.

J'halète difficilement, les poumons brûlants d'effort et ma tête tournant atrocement à cause du manque d'oxygène. Et je dois me retenir de m'écrouler en m'appuyant à un arbre le temps que je me calme un peu plus.

Je dois être fou.

Je finis par entrer dans ce palace luxueux. Déboussolé et ne sachant que faire, où aller et à qui m'adresser, je regarde autour de moi à la recherche d'un indice. Une jeune femme en jupe serrée et en chemise blanche s'approche de moi. Elle me demande de la suivre et avance vers les ascenseurs.

Si on m'avait dit quatre ans plus tôt que moi, Jeon Jungkook, j'aurai sprinter sur plusieurs kilomètres au point de me rendre malade pour un oméga... je pense que j'aurai demandé si la personne en question est Park Jimin.

Enfin bref. L'hôtesse d'accueil déverouille la penthouse après que nous ayons monté vingt-trois étages, et m'invite à rentrer en restant sur le seuil.

Hôtesse- Le jeune maître vous attend dans le salon secondaire.

Je la remercie brièvement et pénètre dans la demeure beaucoup trop grande. Je me dirige vers l'endroit qui me semble le bon, me fiant à ma mémoire et à mon sens de l'orientation. Je traverse ainsi quelques couloirs avant de voir apparaître mon prince.

Il est assis au milieu de son immense canapé gris clair aux coussins blancs, enveloppé d'une tenue des plus légères : une chemise blanche retenue fermée par un seul bouton cousu au milieu, laissant plusieurs centimètres de son torse nu à découvert, et d'un petit short de la même couleur qui recouvre à peine le début de ses cuisses. Ses cheveux sont en désordre, il est dénué de tout bijou, des feuilles sont éparpillées un peu partout autour de lui et de sa tablette sur laquelle il griffonne à l'aide d'un stylet, et un verre de vin est posé, à moitié plein, à côté de sa bouteille, sur la table basse en verre noir.

À cette vue, j'ai l'impression de tomber sous son charme naturel une nouvelle fois, et mon corps entier se paralyse. Il est magnifique.

Jimin- Prend une douche et enfile les vêtements qui sont posés dans l'étagère.

Je ne répond pas, toujours ébahis par sa beauté. Il relève donc sa tête vers moi.

Jimin- Ce n'est pas une invitation pour coucher avec moi, simplement un conseil. Nous avons énormément de travail avant de pouvoir dormir donc il serait préférable pour toi d'être le plus confortable possible.

Sa voix est si douce. Son timbre est calme, pas irrégulé par son ton snob, ni même froid et innaccessible. Simplement, il me parle avec un volume juste assez haut pour que je puisse l'entendre malgré la distance qui nous sépare ; sans crier et sans aucune pointe d'hostilité.

J'acquiesce et me rends dans la salle d'eau. Je me lave plutôt rapidement, détendant mes muscles sous les flots de l'eau brûlante qui m'enveloppe et laissant mon corps s'imprégner de la douce odeur neutre d'huile d'olive avant de me sécher et de me vétir des mêmes vêtements que j'avais mis la première fois que j'étais venu ici.
Je ne peux m'empêcher de penser au fait que je ne les avais pas garder bien longtemps. Cette remarque me fait sourire.

Je retourne dans le salon et m'assois à côté de Jimin après avoir vidé, sur la table, mon sac à main rectangulaire et juste assez fin pour pouvoir y glisser mon ordinateur portable, des dossiers et une trousse. Il glisse sa tablette allumée entre mes doigts. J'examine son écran, remarquant des phrases, sans liens entre-elles, qui se suivent. Elles sont regroupées par couleur.

Jimin- J'ai résumé chaque idées ici. En rouge il y a celles que je n'aime pas ou qui ne sont pas pertinentes, lorsque c'est écrit en orange c'est pour marquer celles pour lesquelles je suis mitigés ou bien qui sont sujet à débattre ; et enfin le vert, est pour celles que j'ai acceptés.

Je passe mon doigts sur le verre pixélisé, les cherchant.

Moi- Il n'y en a pas beaucoup.

J'en remarque à peine cinq.

Jimin- S'il y en avait davantage, ça aurait été encore plus compliqué de faire un scénario.

Je prends deux fiches cartonnées, à petit carreau, et les lui donne.

Moi- Les phrases surlignées en gris sont les idées refusées, le bleu clair est pour celles qui peuvent être intéressantes si on les exploite d'une autre manière et le vert correspond aux idées retenues.

Jimin- C'est presque la majorité.

Je hausse les épaules.

Moi- Je ne les ai pas encore départagés puisqu'on n'a pas encore de thème principal.

Jimin- Si, "voyage et relations".

Moi- Il s'agit là de la consigne générale pour toutes les universités de cinématographie, pas du noyau de notre projet.

Jimin- Ça doit y correspondre pourtant.

Il me montre une phrase que j'ai surligné en vert.

Jimin- On peut déjà supprimer "peinture critique de l'urbanisation". Je ne vois pas de rapport avec le thème.

Moi- Eh bien... ça peut très bien être l'histoire de deux citadins qui décident d'échapper à leur quotidien en voyageant en dehors de la ville.

Jimin- Et donc la critique serait la manière dont on manipule le visuel, en rendant la campagne et ses paysages, bien plus intéressant que la ville ?

J'acquiesce.

Moi- Quelque chose comme ça.

Jimin- Ça se tient. Je valide.

On commence alors à remettre en question une bonne partie des bonnes, moyennes et "mauvaises" idées, avant de ne garder que le strict minimum pour obtenir une vue très générale de notre scénario.

Jimin- J'aimerai aussi construire le film en épanoniplose, en quelques sortes.

Je fronce les sourcils, perplexe.

Moi- Je ne te suis pas...

Jimin- Le commencer par une phrase, et le finir par une autre.

Je réfléchis quelques secondes, imaginant, avant de hocher la tête.

Moi- Ça pourrait être intéressant, comme un fil conducteur. Néanmoins, il faudrait que la phrase change de sens lorsqu'elle est prononcée au début, et à la fin.

Jimin- Et alors tout le long du film devrait être autour de cette réplique... J'adore l'idée !

Entendre de l'enthousiasme dans sa voix me donne des frissons. Un sourire se dessine sur mes lèvres et je pose les yeux sur lui, avide de le voir si démonstratif.

Moi- Tu avais déjà réfléchis à ce que cette phrase pourrait être ?

Jimin- Pas vraiment mais au vu de ce qu'on a décidé, je pense qu'il faudrait qu'elle soit une suggestion à entamer le fameux voyage.

J'émets un léger grognement dubitatif.

Moi- Et si on allait sur quelque chose du style...

Je me tourne vers lui, le fixant droit dans les yeux. Son air calme et à l'apparence innocente, ses cheveux en désordre qui encadrent son front et ressortent son côté mignon, ses lèvres légèrement entrouverte qui exprime une interrogation, ses yeux ronds d'attente qui brillent d'impatience et de passion et — sa douce poitrine à peine recouverte par sa chemise qui laisse entrevoir ses boutons de chaire rosés. Une vague de chaleur se déverse en moi.

Moi- "Il n'y a que dans tes bras que je me sens chez moi."

Jimin me fixe longuement, comme figé, avant de lever sa main lentement vers moi.

Jimin- Son interlocuteur répondrait alors...

Il glisse ses doigts sur le haut de mon front afin de coincer une mèche rebelle derrière mon oreille. Ma respiration accélère.

Jimin- "Tu dis ça parce que tu n'es jamais allé autre part."

Je traine ma main de son poignet au dos de la sienne afin de venir entrelacer doucement nos doigts. Je le regarde dans les yeux, craignant presqu'il reprenne son attitude détestable.

Moi- Puis, c'est après avoir fait le tour du monde que je répéterai "Je suis allé partout, et il n'y a que dans tes bras que je me sens chez moi."

Jimin scelle nos lèvres. Une chaleur brûlante se forme dans le fond de mon ventre au fur et à mesure que nos bouches meuvent ensemble. J'enfouie mes doigts au travers des courts cheveux de sa nuque et exerce une pression afin d'approfondir notre baiser et tenter de canaliser mon excitation. J'ai l'impression de rêver.

Je pose ma main sur le bas de son dos et le tire discrètement vers moi tout en basculant mon buste en avant afin de faire Jimin glisser sous moi. A califourchon au dessus de lui, je commence alors à embrasser impatiemment son cou avec délicatesse et amour. Il entremêle ses doigts avec ma chevelure pour guider mes mouvements. Ma main se balade de son flanc à sa cuisse que je viens caresser et palper tendrement.
Jimin éclate de rire. Je me fige.

Jimin- "Han ! Oui, baise moi, Jay Jungkook".

Il rit de plus belle. Je me redresse pour le regarder, perplexe.

Jimin- J'adore, j'adore, j'adore cette phrase ! Ou bien... ou bien et si je disais : "Oh oui, chéri ! Culbute moi comme une salope !"

Encore. Je fronce gravement les sourcils, ne sachant comment réagir face à ses mots. J'entends simplement mon rythme cardiaque s'accélèrer. Est-ce parce qu'il touche à ma fierté ? Ou simplement car j'ai été assez crédule pour penser qu'il était sincère ?

Ses éclats de voix ne sont pas moqueurs ou même narquois. Juste... purement innocent et niais ; voilà ce qui me déconcerte. Il rit comme un enfant.

Jimin- C'est tellement bien de pouvoir tout contrôler ! Je me sens tellement bien !

Je jette un coup d'œil au verre de vin à moitié rempli sur la table. Il est certainement ivre mais il y a autrechose. La dernière fois aussi il avait beaucoup bu et pourtant il n'a pas agis comme ça. Je prends son visage à une main pour l'immobiliser et maintiens ses paupières ouverte pour pouvoir inspecter ses yeux. Ses pupilles sont beaucoup trop dilatées. Je le relache.

Moi- Qu'est-ce que tu as pris ?

Il saisit faiblement mes poignets comme pour me retenir de les enlever.

Jimin- Je ne sais pas ce que tu racontes mais touche moi encore, j'adore ça.

Il pouffe de rire et enroule ses jambes autour de mon buste.
Ma patience a des limites.

Moi- Si tu me dis rien, je ne peux pas t'aider ! Alors, qu'est-ce que t'as pris ? Cocaïne ? Héroïne ? Crack ? Méthamphétamine ?

Jimin- Hum...

Il fait mine de réfléchir.

Jimin- Approche, je vais te dire...

Je me penche doucement.

Jimin- J'ai pris...

Il fait la moue.

Jimin- J'ai oublié.

Moi- Jimin !

Jimin- Embrasse moi et je te le dir...

Je pose vivement mes lèvres contre les siennes pour ensuite les détacher tout aussi vite.

Jimin- C'était un médicament.

Je fronce les sourcils.

Moi- Quoi comme médicament ?

Il hausse théâtralement ses épaules.

Moi- Qu'est-ce que tu ressens ?

Jimin- Je sais pas !~

Il lève dramatiquement haut ses sourcils en fermant les yeux avant de mettre sa bouche en cœur pour réclamer un baiser. J'aurais trouvé ça adorable voire amusant dans une autre situation mais, là, ça m'énerve tout bonnement.
Je soupire discrètement et glisse mes doigts derrière sa nuque afin de positionner son visage face au mien. Je crée un contact visuel en emprisonnant son regard par la seule force du mien et commence à respirer plus bruyamment et chaudement contre ses lèvres.

Je le sens se tortiller, haletant d'un désir plaintif. J'embrasse d'abord tendrement sa joue à de nombreuses reprises.

Moi- Jimin... dis moi.

Puis je presse mes lèvres contre sa mâchoire en faisant jouer mes doigts sur sa nuque.

Moi- Qu'est-ce que ça te fais ?

Il laisse échapper un couinement étouffé.

Jimin- J'ai... chaud. Très chaud.

Je suçote prudemment le haut de son cou.

Moi- Quoi d'autre ?

Jimin- Ma tête... me fait mal.

Je descends vers sa gorge en laissant traîner ma langue tout du long.

Moi- Dis m'en plus.

Jimin- Je...

Lui étant toutes ouïes, j'arrête mes mouvements. Il me saisit alors par les cheveux et me tire vers lui pour que je puisse le fixer droit dans les yeux.

Jimin- Je meurs d'envie que tu me baises.

J'aurais parié sur l'aphrodisiaque s'il ne s'était pas mis à éclater de rire à la seconde même où il a terminé sa phrase.
Je soupire bruyamment et me redresse en position assise, à bout. Je devrais peut-être faire venir quelqu'un ? Un médecin ou les pompiers ? Mais j'ai peur qu'il ait des ennuis si jamais il s'agit d'un produit illicite.

Déjà, il faut que j'aille chercher un verre d'eau. Je m'apprête donc à me lever lorsque mon pied rencontre une plaquette de cachet, vide. Bingo. Je la prends entre mes doigts. Il faut que j'appelle mon beau père. Même si je ne suis pas du tout proche de lui c'est le seul médecin que je connaisse personnellement.

Jimin- Attends.

Il a attrapé mon poignet à l'instant où j'ai voulu me lever. Je me tourne vers lui. Ses yeux sont mi-clos et sa respiration se saccade irrégulièrement. Il me regarde les yeux brillants de larmes.

Jimin- Crois moi, c'est pas une drogue. Juste un médicament pour mon cœur.

La panique m'envahit. Jimin est malade ?

Moi- Ton... cœur ?

Il acquiesce et pose sa main sur sa poitrine.

Jimin- Quand je te vois, il me fait tellement mal que je n'arrive pas à respirer. Je t'aime et te déteste tant et à la même intensité que je ne sais plus comment me comporter. Je veux rester loin de toi et te maintenir loin de moi mais si je devais passer quatre années de plus sans te voir, sans te toucher... je n'y survivrai pas cette fois. Tu me manques, Jungkook et ce médicament m'aide à l'oublier.

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À suivre...
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Si vous saviez le nombre d'heures qu'il me faut pour écrire un chapitre...

J'espère qu'il vous aura plu ^^

On se dit à bientôt pour de nouvelles aventures de Sigma ~♡

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