Chapitre 5.2 : Tu ne m'as pourtant jamais retrouvé
Étant donné la situation, les maquilleuses ont couvert mes marques avec habileté et la scène a pu se réaliser sans encombre. Je suis ensuite sorti du plateau tournage pour me changer et profiter calmement de mon samedi chez moi. La porte du vestiaire s'ouvre, je n'y fais pas attention. J'entends le son sourd d'un casier qui s'écrase sous le corps d'un individu, à proximité de moi.
Sunoo- Qui est-ce ?
Buste nu, je le regarde furtivement alors que je continue à m'habiller. Ses bras sont croisées, son épaule droite pressée contre le casier en fer, et ses yeux ne se retiennent pas de m'analyser.
Moi- Tu ne dois pas finir tes prises ?
Qu'est-ce qu'il fait ici, à m'importuner au lieu de travailler ?
Sunoo- La personne avec qui tu couches, qui est-ce ?
Je pouffe de rire, ahuri, et ferme mon compartiment.
Moi- De puis quand est-on assez proche pour se dire ce genre de chose ?
Je l'entends s'approcher. Je me décide à me tourner vers lui. Bon, discutons rapidement qu'on en finisse.
Sunoo- Ça va faire un an qu'on travaille ensemble.
Moi- Et deux avec Doosik. Il est parti plus tôt l'autre jour, va lui demander quel motel il a choisi !
Sunoo soupire. Je grimace.
Sunoo- Arrête ton cinéma, Jungkook et répond moi sincèrement.
Moi- Et toi, Sunoo, fiche moi la paix, tu veux ?
Il se positionne juste face à moi, devant lever la tête pour me regarder dans les yeux, un air attristé sur le visage. Il est plus petit que Jimin. Je l'observe en retour.
Sunoo- Qu'est-ce qu'il a de plus que moi ?
Je le fixe un temps, laissant ses mots empreint d'émotions raisonner dans ma tête. Il paraît tellement sincère. J'éclate de rire.
Moi- Ça ne te va pas de jouer les mecs mignons !
Il recule d'un pas, un sourire amusé aux lèvres.
Sunoo- Tu trouves ? C'est pourtant le rôle qui m'est tout le temps attribué.
Je lève un sourcil.
Moi- Le public ne te connais pas, c'est facile de le tromper. Moi oui.
Je croise les bras et diminue notre distance de nouveau, voulant faire jouer notre différence de taille pour l'intimider.
Moi- Si tu veux me déstabiliser, il va falloir être plus persuasif, mon cœur.
C'est à son tour de grimacer. Je me penche vers lui, le fixant droit dans les yeux.
Moi- Commence par captiver mon regard pour m'empêcher de penser à quoique ce soit autre que tes pupilles.
Je saisis violemment ses joues à une main, guidé par le souvenir de ses médisances d'hier.
Sunoo- Espèce de... !
Moi- Glisse tes mains sur mon corps, crée un contact physique... pleure.
Je prends un visage triste et m'approche dangereusement de ses lèvres. Je m'arrête à quelques centimètres de ces dernières et commence à simuler une respiration saccadée de désir brûlant, au bord du gémissement.
Moi- Montre moi que tu mourrais pour mes lèvres, fais moi comprendre que tu penses à moi le soir : avant, et pendant que tu dors.
Je sens son souffle s'entre-couper. Je glisse mes doigts autrefois sur ses joues, dans ses cheveux et penche sa tête sur le côté pour que ses lèvres me soient plus accessible.
Moi- Supplie moi de t'embrasser et tremble que je ne le fasse.
Je pose ma bouche contre sa joue, la frôlant légèrement en continuant à haleter gravement.
Moi- Touche moi, Sunoo. Taquine moi, réchauffe moi.
Sa respiration s'accélère face à mes sons plaintifs et sous l'effet de mes lèvres qui ondulent sur sa peau au rythme de mes paroles. Je les replace devant les siennes.
Moi- Attends que mon esprit se s'embrouille de désir.
Je marque une pause, laissant mon souffle caresser sa bouche que je sais entrouverte.
Moi- Et là, seulement là... fait ce que tu veux de moi.
Entraîné par la fausse tension que j'ai créé, je pose furieusement mes lèvres contre les siennes avant de me détacher tout aussi vite de lui et de me diriger calmement vers la sortie.
Moi- En attendant que tu apprennes à jouer correctement, arrête de me faire perdre mon temps.
Je claque la porte derrière moi, et quitte le bâtiment.
Ainsi, j'ai passé mon week-end dans mon appartement à me reposer, manger, faire du sport, réviser et apprendre mes dialogues. C'est tellement épuisant d'être acteur et étudiant !
Lundi est arrivé vite. J'ai beaucoup réfléchi à Jimin, son comportement et un peu à Sunoo, et j'ai remarqué que le souvenir du passé ne me fait plus aussi mal qu'avant.
Peut-être est-ce parce que j'ai remplacé la dernière image douloureuse que j'avais de lui par une plus... détendu, disons ? Vendredi soir, lorsqu'on a couché ensemble, c'était purement du plaisir. Rien de plus. Il gémissait entre mes bras, s'accrochait à moi et, d'une voix faible, filtré par son extase, il me murmurait "encore." de la même façon qu'il le ferait à n'importe qui.
On changeait alors de position et recommençait "encore" et "encore", jusqu'à ce que ce mot perde tout sous sens dans mes oreilles et que Jimin finisse par s'écrouler de fatigue avant que je le suive juste après. Durant tout ce temps, pas une seule fois, il ne m'avait laissé prendre du recule pour l'observer, pas une seule fois nos regards se sont croisés pour communiquer le plaisir qu'on ressentait tous les deux. Pas une fois, à part ces yeux froids qui avait murmuré : "L'indifférence".
Oui, d'un souvenir douloureux de moi qui détruit puérilement le cœur d'un enfant, je suis passé à celui de cet enfant perdu dans ces pupilles ébènes de glace.
???- Que fais-tu ?
Longeant les mêmes rues pour rentrer chez moi après une journée de travaille, j'entends au loin cette fameuse voix hautaine qui capture mes nuits. Je me fige. Et me tourne en sa direction.
Jimin- Penses-tu réellement qu'il soit nécessaire de m'offrir quoique ce soit ?
Il a prononcé ces mots d'un ton moqueur et narquois. Il ne s'adresse pas à moi mais à un homme, élégamment vêtu, adossé à une voiture au logo d'une étoile à trois pointe. Ce dernier lui tends un sac tout aussi luxueux, un air détendu sur le visage. Je ne comprends pas ce qu'il répond à cause de son faible timbre, démontrant la délicatesse qui l'anime, mais Jimin sourit doucement, fuit son regard et — refais la courbe de ses cheveux.
J'arrête de respirer, les yeux ronds de stupeur. Tous les souvenirs des fois où il a fait ce geste en face de moi me reviennent : dès qu'il était embarrassé, nerveux ou juste... timide, il le faisait. Je pensais que ce mouvement s'était effacé de son esprit, enfoui avec son ancienne personnalité si sensible ! Dis moi, Jimin, dis moi, pour quelle raison es-tu nerveux en face de lui ? Pourquoi le regardes-tu si peu, toi qui a adoré soutenir mon regard pour me déstabiliser ?
Qu'est-ce que cet homme représente pour toi pour que tu pinces tes lèvres discrètement lorsque ton regard s'arrête sur les siennes ? Que faire... pour que tu me regardes comme je te vois ?
Ébété par ma dernière question, je tourne les talons et me précipite dans la première ruelle située à ma droite. Je commence à marcher à toute allure. Je veux fuir.
Non, non, non ! Je ne peux pas, pas MOI, Jeon Jungkook. Ça, c'est la position de Chinae, Dongyul, Mijae ou encore de Jeokyung. Mais pas de moi. Je ne peux pas devenir comme eux ! Je ne veux pas être le "gars jamais choisi".
Je me laisse tomber le long d'un mur, la poitrine douloureuse. J'ai du mal à respirer correctement et mes stupides lunettes rondes me brouillent la vue. Je passe nerveusement mes mains dans mes cheveux, à deux doigts de faire une crise.
Jimin- Tu prétends ne pas être un stalker mais te voilà à m'espionner.
Je lève la tête vers lui, mes pensées étant brouillées d'épuisement moral. Il éclate de rire.
Jimin- J'y crois pas ! Pleures-tu réellement pour un passant avec qui tu as couché par erreur ?
"Alors vous avouez que je ne suis pas ce que vous croyez être ?" Voilà ce que j'aurais rétorqué si j'avais encore envie de jouer à son jeu.
Moi- Arrête ça, Jimin.
Jimin- Et moi qui pensait que tu me tutoyais uniquement lorsque l'on baise...
Il croise ses bras et lève les sourcils en s'appuyant contre un mur, me regardant de haut.
Jimin- Tu es devenu bien impertinent, Jay.
Je laisse échapper un rire d'exaspération. Je me lève paresseusement, arrangeant mes cheveux et me débarrassant de mes lunettes. Je lui fais face. Ses lèvres trembles et je le vois flancher derrière son sourire narquois.
Moi- Pendant combien de temps vas-tu encore me torturer ?
Jimin- Qu'est-ce qui te prends ? T'es-tu, en une nuit, tant accroché à moi que me voir avec un autre te fais souffrir autant que ça ?
Je fais un pas vers lui. Il se raidit.
Moi- Regarde moi, Jimin.
Jimin- Je l'avais déjà remarqué l'autre soir mais... tu aimes vraiment me donner des ordres.
Un pas de plus. Ses yeux ont de plus en plus de mal à me fixer avec froideur.
Jimin- J'en ai assez de ton comportement, Jay. Recule.
J'avance. Je vois sa poitrine se gonfler et se dégonfler vivement tandis que son visage tremble pour rester froid.
Moi- Regarde moi.
Jimin- Tu te répètes.
Moi- Ça t'as amusé de me voir dans cet état ? De me regarder de haut, me prendre pour un imbécile et me traiter comme une putain ?
Jimin- Arrête.
J'avance encore. Il fait un pas en arrière.
Moi- Tu as aimé me briser doucement, me faire tourner en bourrique et me voir souffrir en silence, pas vrai ?
Jimin- J... Jay, recule.
Je suis maintenant si proche que mon ombre enveloppe sa silhouette si arrogante.
Moi- Tu ne penses pas t'être assez vengé ?
Jimin- Je t'aimais !
Je me fige. Son visage est rouge de rage d'avoir crier si fort, et ses mains tremblent d'émotion. Le voilà.
Jimin- "Assez vengé" ?!
Il éclate de rire, sans joie et je peux entendre de la douleur dans sa voix.
Jimin- Quoi ? Le grand "Jeon Jungkook" ne peut supporter d'être traité comme de la merde pendant quatre pauvre jours alors qu'il s'est bien foutu de moi pendant six putains de mois ? Sais-tu au moins ce que tes mots m'ont fait ?
Mon cœur accélère. Les larmes roulent sur ses joues.
Jimin- Le soir, je pleurais jusqu'à m'endormir tant je souffrais et le jour, tout me rappelait ta présence ! Mon lit, sur lequel tu m'as écarté les cuisses. Ma douche où tu t'es débarrassé de ma sueur, la table où tu as dîné avec moi. La voiture dans laquelle on a dormi ensemble, le chemin où tu me taquinais, le café de notre premier rendez-vous, les stands de notre deuxième, le lycée où tout à commencé ; même la pluie me rappelait notre premier baiser, bordel ! Tu étais partout ! Dehors, dedans, dans mes rêves, mes pensées, mon... mon corps, putain ! Oui, mon corps que tu as pénétré encore et encore, que tu as serré, embrassé et pris ton pied en prétendant...!
Moi- Arrête !
Je passe rageusement mes mains dans mes cheveux, faisant de mon mieux pour calmer la panique qui m'a envahi.
Jimin- Quoi ? Tu n'assumes plus tes actes ? Ou peut-être que tu les regrettes ?
Moi- Bien sûr que je les regrette ! De tout ce que tu as cité, il n'y a pas un seul moment où je n'ai pas été sincère ! Le seul mensonge que je ne t'ai jamais dis a été le dernier moment de notre dernière conversation. J'étais immature, trop fier, trop... trop populaire ! Je... j'ai changé !
Il rit.
Jimin- Tellement qu'à la seconde où on s'est rencontré, tu n'as pas eu la maturité de retirer tes stupides lunettes et de te présenter en tant que Jeon Jungkook.
Moi- J'ai eu peur de te perdre une nouvelle fois !
Il essuie furieusement ses larmes, arrange ses vêtements, et se recoiffe avant de reprendre une posture arrogante. Je serre ma mâchoire.
Jimin- Tu ne m'as pourtant jamais retrouvé.
Il s'en va.
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À suivre...
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Pour ceux qui n'ont pas compris, Jimin a toujours su que "Jeokyung" était Jungkook.
En tout cas, j'espère que ce chapitre vous aura plu ^^
En attendant le prochain, on se dit à bientôt pour de nouvelles aventures de Sigma ~♡
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