Chapitre 4.2 : En remerciement pour cette nuit
Je me réveille péniblement à cause des rayons aveuglants du soleil qui transpercent les rideaux à moitié ouverts, et il me faut un temps pour reprendre conscience de l'endroit où je suis. Je me redresse en soupirant, plongeant ma tête dans mes mains pour mettre de l'ordre dans mon esprit. Je regarde ensuite autour de moi. Personne. Je tends l'oreille pour essayer d'intercepter le moindre son mais ne distingue rien. Alors je sors du lit, ramasse mes lunettes que je pose sur ma tête, enfile rapidement le short en coton et me dirige décide de visiter cet endroit bien trop grand.
J'atteins la cuisine, voulant m'y servir une pomme, mais quelque chose retient mon attention sur le marbre du comptoir. Une petite boîte rectangulaire verte matcha se présente y est posée, une couronne plus sombre gravée dessus. Je l'ouvre en la faisant glisser sur le côté pour laissé apparaître une deuxième similaire mais différente de par l'absence du symbole royal. Même schéma.
J'observe alors le coffre en bois noir qui se présente en face de moi, et l'ouvre en un son sourd et calculé. Apparaît alors une montre grise au cadrant noir et aux chiffres blancs. Je fronce les sourcils. Une petite lettre y a été calmement déposée. Je la prends entre mes doigts et en sors un carton sur lequel une écriture soignée que je connais si bien y est dessinée.
"En remerciement pour cette nuit." Je tourne la carte, m'attendant à trouver autrechose, un numéro ou bien des excuses pour son absence... mais rien. Je laisse échapper un léger rire agacé et lâche le mot, sans prendre la peine de le ranger, avant de tourner les talons pour retourner dans la chambre.
Je remarque mon haut parfaitement propre malgré la tache de café qui aurait dû apparaître, à côté d'une autre tenue aussi luxueuse que celle qu'il m'a donné hier. Je grimace, me rends dans la salle de bain pour me doucher rapidement, enfile mes vêtements de la veille, (ceux que j'ai porté la majorité de la journée) et m'en vais.
Il est dans les alentours de huit heures lorsque je monte dans un taxi pour aller à la fac. Je me rends tout droit au bâtiment de tournage, me change rapidement dans les vestiaires pour enfiler la tenue clichée des coréens dans les kdramas, à savoir : un pantalon de costume, un col roulé, et un topcoat (bon j'avoue qu'il m'arrive de m'habiller comme ça de temps à autre...).
Je souffle un coup et pense au premier conseille qu'on m'a donné lorsque j'ai débuté : "vit la scène". Je me place alors devant les caméras, en face de Sunoo. Je le fixe droit dans les yeux avec toute la passion que Jeokyung a pour lui.
Sunoo- Fait pas tout foirer.
Je l'ignore, en venant même à imaginer qu'il n'a pas prononcé ces mots afin de ne pas troubler mon personnage. Je respire. "Vit la scène". Je ressens alors toute la douleur de cet homme que j'incarne. Il a toujours été là, à ses côtés, toujours été gentil, bienveillant et attentionné. Il aimerait qu'on récompense ses bonnes actions. Que cette personne là, récompense ses bonnes actions. Et pourtant... et pourtant...
Doosik- Action !
Moi- Et pourtant tu ne vois rien.
Je fais une pause, prenant le temps de m'imprégner de l'émotion et de marquer ma déception.
Moi- Tu ris, me souris et semble constamment à l'aise avec moi mais j'aimerais, une seule fois, que tu rougisses en me voyant.
Sunoo feint le choc et, à travers ses yeux, ceux de Jimin apparaissent dans mon esprit : hautains, froids et dévastateurs. L'effet d'un coup au cœur me prend, me faisant froncer les sourcils par automatisme.
Moi- Sais-tu ce que cela me fait d'être constamment sur la touche ?... En simple spectateur, à attendre mon tour comme un imbécile ?
Les mots perçants de Jimin se mettent à fuser dans ma tête et toute la frustration que j'ai accumulé jusque là prend peu à peu le contrôle sur ma raison.
Moi- L'autre jour encore tu pleurais sur mon épaule parce que Taemin ne t'avais pas dis bonjour alors que tu ignores mon amour depuis si longtemps que je n'ose compter le nombre d'années !
"L'indifférence" avait-il répondu. Je laisse échapper un soupir rieur, agacé.
Moi- Tous les jours je porte un masque pour ne pas t'effrayer avec mes sentiments ! Je me dis que tu ne saurais les voir correctement, que je ne suis pas légitime de te les montrer parce que tu...
"En remerciement pour cette nuit". Ma voix déraille. Je déglutis pour faire passer la boule qui m'étouffe.
Moi- Tu ne mérite pas d'être traité ainsi !... j'ai la sensation que tu es si fragile qu'un mot de travers te briserait, briserait notre amitié mais... que faire si ne rien dire me brise, moi, Sungchan ?!...
"Passe plutôt la nuit avec moi".
Je pose mes mains sur les épaules de Sunhoo.
Moi- J'aimerai tant être égoïste et te forcer à m'embrasser, à constater mon amour pour toi et à devenir le seul pour toi mais j'en suis incapable !... Comment puis-je te faire souffrir lorsque tu me regardes avec tes yeux si innocents ?...
"Je t'aime tellement, Jungkook." Ma gorge se serre, et les mots deviennent plus douloureux à faire sortir.
Moi- Lorsque, insoucieux du danger de ma passion pour toi, tu te présentes à moi dans toute ta vulnérabilité ?... Comment, oui, comment pourrais-je attaquer une personne qui m'a fourni toutes les armes pour, m'a confié toutes ses faiblesses et peines ?...
"Je ne te ferai jamais de mal".
Des larmes s'échappent de mes yeux.
Moi- J'en suis tout bonnement incapable. Mon cœur tangue entre l'amour et la haine et à ce rythme, je crains bien qu'il ne se décroche de ma poitrine. Alors je...
Je fais une pause, prenant un temps pour clore mes paupières, laissant tomber ma tête vers l'avant.
Moi- Je n'en peux vraiment plus.
Je prends une profonde inspiration et relève mon visage, après avoir essuyé mes joues humides. Là seulement, je réalise que j'ai merdé. Je vois à présent Sunoo et son expression choquée, ses pupilles noirs paraissent briller derrière ce brouillard de larmes qui les recouvre.
Sunoo- Jeokyung...
Moi- Oublie.
Je lui souris gentiment comme mon personnage a l'habitude de faire, malgré mes yeux que je sais encore rouge.
Moi- Allons manger, hm ?
Fin de la scène. Un sourd silence enveloppe la pièce. Je maintiens un temps ma position et mon sourire, pensant qu'ils souhaitent ajouter des effets pour rendre le moment plus dramatique.
Doosik- C... coupé !
À ces mots, tout le monde se met à parler, comme s'ils avaient retenu leurs souffles jusque là.
Sunoo- Jungkook...
Je me tourne vivement vers lui, m'attendant à des reproches.
Sunoo- C'était vraiment...
Doosik- Atroce !
Je me crispe et pose les yeux sur le directeur adjoint. "Même Doosik dit qu'il n'a pas de talent"
Un frisson me parcourt.
Doosik- Tu n'as rien respecté du script !
Moi- Pardon ? Je l'ai récité à la perfection sans omettre aucun détail !
Doosik- Ah oui ?! Et où est-ce que tu as lu "Jeokyung prononce ces mots avec toute la colère de l'univers" ?! Ce personnage est sensé être doux, attentionné et très mâture ; pas une brute qui gueule à tout bout de champ !
Je soupire.
Doosik- On va la refaire alors n'oublie pas ; "doux, attentionné et mâture"... t'as saisis ?
Je grimace.
???- Cette prise était parfaite.
Tous les regards se braquent sur une silhouette élancée qui est apparu à l'encadrement de la porte... ou qui avait peut-être toujours été là. Madame Song. C'est la directrice principale du tournage, néanmoins, elle n'y assiste que très peu au vu des dizaines de films qu'elle supervise chaque semaine. Elle avance charismatiquement vers les metteurs en scène, faisant raisonner ses talons camouflés par son jean patte deph', une chemise blanche flottant par dessus son corps fin. Elle s'arrête à côté de Doosik.
Doosik- Tu n'as pas lu le scénario ? Jungkook va complètement à contre-sens du personnage !
Song- Ah oui ?
Elle pose mes yeux sur moi. Je me raidis, intimidé.
Song- Dis moi, l'artiste, pourquoi as-tu choisi de n'en faire qu'à ta tête ?
Je fronce les sourcils.
Moi- "Choisis" ? Je n'ai rien "choisis" du tout ! J'incarne un homme qui souffre, qui a toujours été parfait et qui n'a jamais eu aucun mérite pour sa perfection. Là, il a l'occasion de dire ce qu'il a sur le cœur, de se confesser et d'être égoïste pour la première fois de toute sa vie et on veut qu'il reste sain d'esprit ?
Je laisse échapper un léger soupire moqueur.
Moi- Mais c'est insensé ! Quand est-ce qu'il pourra enfin être lui-même ?!
Elle ne répond rien, me fixant un temps. Merde... j'en ai peut-être trop fait. Elle sourit.
Song- Gardons cette prise. Il me plaît.
Elle tourne les talons (et c'est le cas de le dire) et se dirige vers la sortie.
Doosik- Qu... quoi ?! Mais le scénar...!
Song- Peu importe.
Elle sort. Moi, je reste un temps, les yeux rivés sur la porte, aux anges. Je... "lui plaît" ?
A la suite de cette intéraction, Doosik m'a bien fait comprendre que Madame Song n'était pas la seule à avoir du pouvoir sur un changement pareil et que, par conséquent, on verrait avant vendredi prochain, si on reste sur cette version ou non. Bon... j'avoue que je suis plutôt content qu'il reste une chance pour que mon pétage de plomb m'aide à échapper à une scène aussi barbante et, pour la première fois depuis longtemps, j'ai ressenti la raison pour laquelle j'avais choisi de faire du cinéma. J'adore ça.
À présent, il ne me reste plus qu'à faire un passage tellement simple que je ne vois pas comment je pourrais le rater.
Dos aux caméras, je suis au milieu d'une salle de bain banale, seul mon col roulé et mon pantalon pour vêtement. Je glisse mes mains sous mon haut, le relève lentement, en faisant gonfler mes muscles dorsaux exprès. Je laisse tomber mon habit, fait jouer mes épaules, et ma nuque. Jeokyung est exténué de sa journée de travail.
Je retire ensuite mon bas, ne gardant qu'un caleçon, et me dirige doucement vers la douche pour faire couler l'eau sur moi, lorsque...
Doosik- Coupé !
Je me tourne rapidement vers lui, surpris.
Moi- Hein ? Mais pourquoi ?
Je n'ai jamais aussi bien respecté un script ! "Pied droit, pied gauche. Pause. Roulement d'épaule"... c'est une chorégraphie quoi ! Et je suis presque sûr de l'avoir effectué à la perfection. Alors... quel est le problème ?
Je scrute chacun des visages des metteurs en scène présents, ainsi que des acteurs qui attendent leur tour, à la recherche d'une explication. Ils évitent tous mon regard, comme étant... embarrassé. Même Doosik n'ose me regarder, préférant soupirer en se cachant dans ses mains.
Doosik- Jungkook, Jungkook, Jungkook...
Moi- Mais qu'est-ce qu'il y a ?!
Une maquilleuse me fait signe de m'approcher, ayant pris son courage à deux mains pour faire ce que tout le monde n'osait. J'avance vers elle.
Maquilleuse- On sait tous que c'est de ton âge mais... essaye de ne pas laisser de marque sur ton corps, hm ?
De confus, je passe à horrifié, comprenant ce à quoi elle fait allusion. Ne me dites pas que...
Je me précipite vers le miroir le plus proche pour y constater bel et bien des sucons dans le creu de mon cou, ainsi que quelques griffures au niveau de mes omoplates.
Mon visage s'enflamme de honte et je ne peux rien faire d'autre que me reprocher mon non-professionnalisme.
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À suivre...
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J'espère que ce chapitre vous aura plu ^^
Je sais qu'il est moins palpitant que ceux où il y avait Jimin mais... il faut bien que je montre la vie sur le plateau !
En attendant le prochain, on se dit à bientôt pour de nouvelles aventures de Sigma ~♡
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