Chapitre 3.3 : Jimin aussi était un artiste.
Mme. Soulth- Je vais être franche avec vous, Jungkook, je n'adhère ni à cette union, ni à ta personne. Jimin est certes un incapable mais salir la réputation de sa famille en épousant quelqu'un de ta caste est encore plus déplorable que son ancien rêve de ballerina alors pour son bien, tu dois cesser de le voir.
Je la fixe un moment, ne parvenant à réaliser ce qu'elle vient de dire ni à réfléchir à ce que je suis supposé répondre. Sa façon de parler est aussi douce et délicate qu'une brise fraîche en plein été, son visage pâle, ses yeux d'un bleu envoûtant et la blondeur de ses cheveux renforce son air si vulnérable. Et pourtant, ses mots sont des coups de poignards piquants, sanglants et impitoyables.
Je serre les poings et la mâchoire et lui fais face en faisant de mon mieux pour ne pas laisser ses paroles m'atteindre.
Moi- En venant ici, je comptais utiliser mon amour pour Jimin comme contre-argument à votre opposition mais au vu de la façon dont vous parlez de lui, je pense que ça n'aura pas d'effet. Alors parlons du superficiel.
Elle hausse un sourcil et prend une gorgée de son vin.
Moi- Je m'appelle Jeon Jungkook. Je suis le fils d'un galleriste et d'un médecin , et le beau-fils d'un Neurologue. J'ai eu mon diplôme de fin d'année avec la mention très bien, manquant l'excellence de zéro virgule cinq points. J'ai réussi le concours de la meilleure université de cinémas de Corée du Sud, j'ai toujours réussi mes partiels avec les meilleurs notes de la faculté ce qui a fait de moi le major de ma promotion durant mes quatre années d'étude tout en jouant dans des séries et films plus ou moins réputés. À la suite de plusieurs scènes marquantes que j'ai interprété dont une en collaboration avec l'UNS, j'ai été repéré par une agence de cinémas et depuis, je travaille à temps plein. À seulement vingt-deux ans, je possède un salaire fixe, une situation stable et au vu de ma notoriété grandissante, il est fort probable que ma rémunération augmentera selon les contrats que je...
Un rire sonore transperce l'air. Je me fige, choqué. Juste en face de moi, cette femme s'esclaffe à gorge déployée en se tordant dans tous le sens, se tenant le ventre de douleur.
Mme.Soulth- Pardon, pardon !... Je, je m'étais promise de ne pas rire... je... hahaha ! Ce n'est pas poli mais je... excuse moi, je n'ai pas pu me retenir !...
Elle continue à ricaner un temps avant de se calmer peu à peu, essuyant une larme à l'aide du coin de sa serviette en tissus. Je la dévisage malgré moi, la respiration agitée et le cœur battant. Je me sens... mal à l'aise. Non, pire, mon visage est en feu et ma gorge sèche. C'est comme de... la honte ? Depuis quand ai-je honte de moi ? Ou plutôt, comment est-elle, en dix minutes de conversation, parvenu à me faire ressentir ce sentiment d'embarras envers ma propre personne ?
Mme.Soulth- Je te prie de me pardonner pour mon indécence. Seulement...
Un rictus déformant ses lèvres, elle fait tourner habilement son rouge dans son verre en l'observant avec dédain.
Mme.Soulth- À t'entendre parler de ton minable parcours avec autant d'assurance, j'ai cru que tu allais finir par m'exposer tes rêves d'architecte, d'avocat ou même de médecin (soyons fous) ! Mais lorsque tu as clamé que tu as clamé un métier aussi incertain que le show-business, et que tu as commencé à parler en hypothèse plutôt qu'en certitude, je n'ai pas pu m'empêcher de te trouver affreusement risible.
Ne sachant que répondre, trop dépaysé par tant de dureté pas même dissimulées, je reste là, à la regarder les sourcils froncés de malaise. Reprends-toi, Jungkook ! Il ne faut pas la laisser s'immiscer dans ta tête ! Je dois lui prouver ma valeur et lui montrer que je ne suis pas qu'un gosse rempli de rêves abstraits.
Moi- Excusez-moi, madame Soulth, mais de nos jours les acteurs possèdent des assurances et salaires brut qui leur garantit une stabilité financière. D'autant plus que l'agence dans laquelle je suis...
Mme.Soulth- Un acteur, hm ? Un artiste donc. Je crains que l'on se soit mal compris, Jungkook.
Elle croise les doigts et pose sa tête dessus afin de me fixer droit dans les yeux. Je frissonne.
Mme.Soulth- Je ne te méprise pas par crainte d'une quelconque rémunération incertaine. Je sais que les gens comme toi n'ont qu'à passer sous le bureau de temps en temps ou lécher les bottes de leur supérieur lors de quelques soirées arrosées pour s'en sortir bien mieux qu'un cardiologue. Non, ce que je méprise moi, ce sont les artistes. Ces gens qui vivent comme s'ils étaient supérieurs, qui pensent posséder une chose supplémentaire qui leur donne le pouvoir de créer alors que tout ce qu'ils ont de plus est un sérieux problème mental. Ce sont eux que je méprise, eux devant lesquelles je ris sans retenue car moi, je sais que vous n'êtes que des nuisibles qui vivent au bon vouloir du public. Les acteurs sont la pire race de cette espèce, ayant simplement besoin d'avoir un beau visage pour subsister alors je...
Moi- Sauf votre respect, madame, il ne me semble pas vous avoir demandé votre avis sur mon métier. Ni même sur les artistes en général d'ailleurs. Pouvons-nous revenir au sujet principal ou bien souhaitez-vous conclure ce que vous disiez ?
Un air irrité sur le visage, elle sourit en serrant la tige de sa coupe entre ses doigts. Moi, je fais de mon mieux pour maintenir une expression des plus impassibles (remarque, c'est plutôt facile pour un acteur.)
Mme.Soulth- Jimin aussi était un artiste. Il souhaitait danser dans un ballet, décrocher le premier rôle du lac des cygnes et se donner en spectacle devant des milliers de personnes. Ça m'était insupportable de voir mon beau-fils si prometteur foncer droit vers ce mur de déchéance et de saloperies. Je l'imaginais déjà coucher avec n'importe qui pour parvenir à ses fins, salir la réputation de nos familles et mourir alcoolique et drogué avant sa trentaine. Alors je lui ai parlé mais il ne voulait pas entendre raison. Donc, lui qui souhaitait tant se montrer aux les autres, je l'ai laissé performer le jour de son douzième anniversaire, pour mes connaissances, toutes évidemment conscientes de la répugnance que représente l'art. Il dansait, elles riaient. Il sautait et transpirait, se démenant pour tenter de prouver son soi-disant talent, elles riaient encore et toujours plus fort. Depuis ce jour, je ne l'ai plus jamais entendu parler de danse.
Un relent amer me prend à la gorge. Je suis obligé de plaquer ma main sur ma bouche pour ne pas me laisser l'expulser. Mes yeux se troublent de larmes et mon cœur se tord affreusement. Un monstre. Voilà ce qu'elle représente : le diable en personne. Je ne parviens plus à maintenir mon masque de neutralité ou mon filtre de bienséance. Je craque.
Moi- Ce... n'était qu'un enfant. Comment avez-vous pu faire ça à un enfant ? À votre enfant ?! Sous prétexte qu'il finisse mal, vous l'avez humilié et rabaissé, et vous en êtes fière ?!
Mon corps entier tremble de rage.
Moi- Savez-vous au moins à quel point vous l'avez détruit ? S'il ne pouvait pas parler aux autres, s'il ne parvenait pas à avoir d'amis au lycée, s'il se protégeait en insultant tout le monde et s'il avait si peur du regard des autres, tout ce temps, c'était à cause de vous ! Et vous en êtes fière ?! Et vous me racontez ça comme si vous aviez bien agis ?! Je vais vous dire une chose, vous êtes la personne la plus odieuse de cette Terre et je n'ai ni l'envie ni le besoin d'obtenir votre bénédiction pour me marier avec Park Jimin !
Elle me fixe pendant que j'explose, un sourire en coin et une expression satisfaite sur le visage. Je me lève, sors quelques billets qui couvrent la note de mon verre de vin, les balance sur la table et me rue vers la sortie.
Une fois dehors, je me laisse glisser le long du mur à côté de la devanture, et écroule ma tête dans mes mains avant de faufiler rageusement mes doigts dans mes cheveux pour les agripper nerveusement.
Putain.
Plus que de me maudire pour avoir aggraver la situation encore plus qu'elle ne l'était avant, je repense aux dernières paroles de cette femme sans cœur. Je repense à cet après-midi au lycée où Jimin et moi avions pris un bus pour finir par se perdre au milieu de nul part ; du moment où, le ventre rempli de nouilles instantanément trop épicés pour son palet fin, il m'avait confier un bribe de cette histoire.
« Je faisais de la danse avant, contemporaine et classique. Mais... on m'a humilié publiquement un jour et depuis, ça me rend malade. »
Je soupire rieusement, sans joie en laissant mes larmes couler sur mes joues. Dire qu'à l'époque, ça m'avait fait tellement mal d'entendre ça, si j'avais eu plus d'informations à ce sujet, autant que j'en ai à présent, je crois que j'aurai buter cette malade. Je me remémore alors la scène du dîner chez lui, celle où on le rationnait avec des portions pas même suffisantes pour un enfant, et je commence à mieux comprendre.
Depuis tout ce temps, il a vécu dans un environnement familial oppressant. Il n'avait droit ni à des rêves, ni à une quelconque liberté. S'il restait aussi longtemps le soir après les cours, ça devait certainement être parce que sa famille souhaitait qu'il se tue à la tâche pour parvenir à se conformer à leur idéal, ou bien juste par cruauté de le laisser seul autant de temps.
Et moi dans tout ça, moi j'ai tout chamboulé. Je l'ai refais danser pour moi, je l'ai fait manger tout ce qu'il souhaitait, j'ai rendu ses soirées de solitudes agréables — je suis devenu son seul refuge. Puis j'ai tout gâché.
Je comprends mieux pourquoi il m'en voulait tant et pourquoi il était devenu si froid et distant. Et, encore une fois, alors qu'on est parvenu à retrouver un environnement sain, à redevenir une bonne influence pour l'un et pour l'autre ; alors qu'il compte de nouveau sur moi, je suis devenu avare de lui et ai cru pouvoir régler des années et des années de malveillance gratuite en un simple dîner. J'ai encore tout gâché.
???- Jungkook ?
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À suivre...
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Voilà pour ce chapitre !
J'espère qu'il vous aura plus ^^ (personnellement je trouve que les dialogues sonnent un peu faux... mais bon, j'ai envie de passer à autre chose haha).
En attendant le prochain, on se dit à bientôt pour de nouvelles aventures de Sigma ~
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