Chapitre 2.2 : Je vous invite à prendre un verre
Moi- Jimin...
Il me fixe longuement avant que son visage ne vienne former un air suspicieux pour finir par reculer d'un pas.
Jimin- Et vous êtes ?
Merde !! J'avais complètement zappé que j'étais complètement couvert et que, par conséquent, il ne pouvais absolument pas me reconnaître ! Je porte ma main à mon masque, m'apprêtant à l'enlever.
Moi- Oh eh bien je...
Je me fige.
Jimin me hait sûrement. S'il me voit, il risque de s'en aller et alors je le perdrai une nouvelle fois. Ça ne doit pas arriver !
Moi- Je... suis juste un passant que vous venez de bousculer par hasard... haha.
Jimin- Oui bien sûr. Et c'est par hasard que vous avez prononcé mon nom ?
Mince. Ça m'a échappé. Comment justifier ça ?!
Moi- Je suis...
"Ton ami d'enfance" ? Non, il demanderait à me voir plus clairement. "Un ancien camarade de classe"? C'est pas bon non plus, il me demanderait de quel école et si je réponds le nom de notre lycée, sachant que ce n'est pas si loin que ça dans sa mémoire, il comprendra que je mens. Argh !! Que dire ? Que faire ? "Un employé du Starbucks à qui tu as donné ton nom pour une commande"? Non, bien sûr que non ! C'est beaucoup trop risqué et il y a beaucoup trop de faille ! Déjà : peut-être qu'il ne va jamais au Starbucks, ensuite peut-être qu'il n'y donne jamais son vrai nom, ou peut-être qu'il va me demander lequel et à quelle heure et quand est-ce que j'ai pris sa co...
Jimin- Un stalker ?
Moi- Exactement !
Quelle idée merveilleuse ! Merci Jimin ! Une personne qui connaît tout de toi et toi rien d'elle ! C'est carrément la meilleure solution !
Moi- C'est ça, je suis un stalker ! Absolu...
Je m'interromps. Suis-je stupide ? Jimin va certainement vouloir s'éloigner de moi et porter plainte ! Et alors il découvrira ma vraie identité !! Nonnnn!
Moi- En... enfin "absolument" pas ! Comment osez vous me traiter de "stalker" après avoir littéralement jeté votre...
Mes yeux s'arrondissent d'horreur en même temps qu'ils se posent sur son gobelet en carton. Là ! Juste ici ! Son nom est marqué dessus ! Une vague de joie me prend.
Moi- Votre café sur moi ! Vous ne voyez donc pas que votre nom y est inscrit !
Il me fixe longuement, bouche bée, avant d'éclater de rire. Mon cœur se serre. La dernière image que tu m'as laissé de toi était empreint de déception et de douleur à mon égard... comment peux-tu rire si sincèrement à un simple inconnu ?
Jimin- Très bien ! Je m'excuse de vous avoir bousculé à cause de la maladresse qui me colle à la peau et vous invite à prendre un verre pour me faire pardonner. Là, vous m'expliquerez depuis combien de temps vous m'observez et comment cela se fait que je ne m'en sois pas rendu compte et à l'issue de cela, je reflechirai à contacter les forces de l'ordre ou non.
Moi- Mais puisque je vous dis que je ne suis pas un stalker !
Jimin- Attendez moi une seconde que je me rende à ma voiture pour vous trouver un vêtement.
Il commence à s'en aller, me laissant là, complètement sous le choc de son amicalité et son accessibilité plus que déconcertante. Il s'arrête et se tourne vers moi.
Jimin- J'ai légèrement oublié où je l'avais garé, une petite idée peut-être ?
Mes sourcils se froncent gravement.
Moi- Je ne suis pas un stalker !
Il éclate de rire et s'en va. Moi, je reste planté au milieu de la rue, le t-shirt trempé et la peau du buste presque brûlée, à attendre que cet homme si sublime ne revienne. Il arrive quelques temps plus tard, un rectangulaire sac noir accroché à la main par une crodelette.
Je l'ai attendu quatre ans... et pourtant ces quatres minutes qui m'ont séparé m'ont paru une éternité. Il me tend sa trouvaille. J'observe l'enseigne du contenant, surpris.
Moi- Louis Vuitton ? Ce n'est pas un peu excessif ?
Jimin- Ce qui aurait été excessif serait que moi, j'aille dans un magasin bas de gamme pour vous prendre un haut aléatoirement par crainte de vous offrir ce que je peux largement me permettre.
Je dois reconnaître qu'il a raison. Néanmoins, sa façon de s'exprimer qui, d'ailleurs à toujours été très soutenue, me semble à présent bien plus... arrogante ? Et pourtant, il sourit bien plus qu'au paravent et paraît absolument détendu.
Peut-être est-ce là la différence ? Avant il se donner un air et paraissait calculer chacun de ses mots, mais maintenant ce comportement snob est complètement encré dans sa diction, sa personnalité et ses mouvements. Ça me fait... eh bien, je ne sais pas trop. Je trouve ça déconcertant disons.
Moi- En effet.
Jimin sourit poliment et commence à marcher. Je le suis par automatisme.
Jimin- Si cela vous convient, nous irons dîner à la résidence Charles Danclas.
Moi- "Dîner" ? On était pas sensé boire un verre ?
Il laisse échapper un soupire amusé.
Jimin- Allez-vous si peu souvent au restaurant que vous ne savez pas qu'ils disposent d'une verrerie extraordinaire ?
Je grimace.
Moi- Ne jouez pas sur les mots, c'est normal que je m'étonne qu'un parfait inconnu veuille m'emmener dans un endroit pareil simplement pour une histoire de café !
Jimin- Et que faire si je ne souhaite en aucun cas me rendre dans une brasserie médiocre afin de correspondre à vos attentes ? Je veux boire un verre, je dois vous emmener avec moi alors je me rends là où le vin me paraît le plus délectable. Voilà tout !
Je sais que c'est déplacé de ma part de dire ça mais... qu'est-ce qu'il m'agace, bordel !!
***
A
ssis à une table luxueuse au seize ème étage d'un hôtel prestigieux, j'observe la vue panoramique sur Séoul que nous offre l'immense baie vitrée à ma gauche. J'ai enfilé les vêtements que Jimin m'a donné : un costume gris foncé sur lequel de petites perles noires brodées sont allignées de façon à former un cadriage où chaque intersection est marquée par les lettres "LV". Une t-shirt en coton et un "simple" pantalon gris pour compléter la tenue, je me sens particulièrement déconcerté. D'abord parce que ces habits me vont comme un gant, mais ensuite car, n'ayant pour déguisement qu'une paire de lunette et des cheveux sur le visage, je m'étonne que Jimin ne m'est pas déjà reconnu.
Bon... il faut dire que j'ai pas mal changé depuis le lycée : d'un adolescent maigrichon et à peine musclé, je suis passé à un homme aux épaules carrés, à la poitrine et aux bras bien développés. J'ai pris une petite dizaine de centimètre et les traits de mon visages sont plus marqués. Néanmoins... je suis reconnaissable quoi ! C'en est presque vexant qu'il n'ait rien remarqué à cette supercherie qui crève les yeux. Étais-je vraiment si insignifiant pour lui ? On a passé au moins six mois collés l'un à l'autre alors m'accorder un minimum d'importance serait trop demander ?!
Jimin- Eh bien ?
Je reprends mes esprits, tiré de ma rêverie par son ton impatient. Je remarque la présence du serveur et comprends que c'est à mon tour de commander.
Moi- Je vais prendre...
J'observe la carte, n'arrivant pas à lire tant le prix de chaque plat retient mon attention plus qu'il ne le devrait. J'entends un soupir agacé s'échapper des lèvres de mon prince... enfin de Jimin.
Jimin- Donnez lui la même chose que moi.
Il ferme sa carte avec la nonchalance de l'habitude et la tend à l'homme en queue de pie. Je fais de même, aussi reconnaissant envers lui pour m'avoir extirper de cette situation plus qu'embarrassante, qu'irrité par son arrogance.
Serveur- Très bien, Monsieur Park.
À ces mots, il se retire et Jimin pose paresseusement ses yeux sur moi en balaçant, de façon ennuyé, son pied suspendu à sa cuisse gauche écrasée sur la droite. Je le regarde en retour. Je ne l'avais presque pas remarqué mais il a, lui aussi, beaucoup changé physiquement. Ses jambes sont plus longues et fines, sa silhouette plus svelte, son visage plus mâture, et sa coiffure plus distinguée. Il a abandonné les deux courbes parfaitement égales qui ornaient son front pour en relever une sur sa tête tandis que l'autre est plus courte et encore mieux dessinée.
Plus que mignon, il est devenu beau. Vraiment très beau.
Jimin- Qui a-t-il ? Tu te sens mal à l'aise de dîner avec l'objet de tes convoitises ? Intimidé ? Ou bien ta joie est-elle si intense que tu ne sais afficher rien d'autre que cette moue ennuyeuse et sans saveur ?
Il aime parler. Je ne pu m'empêcher de penser à tout le temps et les efforts qu'il m'avaient fallu pour lui arracher quelques mots de la bouche. Pourtant, là maintenant tout de suite, je rêve de le faire taire.
Moi- On se tutoie maintenant ?
Jimin- Tu me connais bien assez pour que nous puissions se le permettre.
Je soupire.
Moi- Vous avez l'habitude de dîner avec vos stalker ?
Jimin- Alors tu avoues ?
Je hausse les épaules.
Moi- Pourquoi pas ? Après tout, à quoi bon me battre contre votre imagination débordante ?
Il sourit largement, comme étant satisfait.
Jimin- Tu as de la répartie.
On vient verser du vin dans nos verres à cet escient après avoir présenté la bouteille à Jimin (et qu'il l'ait validé).
Jimin- Veillez à ce que nos verres soient toujours rempli à mi-hauteur.
Serveur- Bien, Monsieur Park.
Il s'en va après une brève révérence. Jimin porte la coupe à ses lèvres et boit quelques gorgées, impassible. J'avais oublié son amour pour l'alcool.
Jimin- Nous aurions dû trinquer mais je n'ai rien à célébrer en ce moment. Et toi ?
À part nos retrouvailles fortuites, je n'ai rien non plus.
Moi- Ma nouvelle tenue ?
Jimin éclate de rire et lève son verre. Je fais de même.
Jimin- À ta tenue alors !
Il pouffe une nouvelle fois de rire et termine son verre tandis que je plonge légèrement mes lèvres dans le mien. A peine l'a-t-il posé que l'on vient verser du rouge à l'intérieur. Puis, une salade césar vient se poser sur chacune de nos assiettes et Jimin saisit ses couverts pour commencer à manger calmement. Je fais de même, plutôt mal à l'aise.
Jimin- En parlant de tes vêtements...
Il lève les yeux sur moi.
Jimin- Ils te siéent à la perfection. C'est à croire que j'ai fait exprès de te renverser mon café dessus pour te les offrir !
Jimin a emprunté un ton moqueur et narquois comme pour détromper ce à quoi je pense depuis que je les ai enfilé. Bien sûr, j'ai tenté d'écarter cette idée de mon esprit, néanmoins... j'avoue que ça me trotait encore un peu et le fait qu'il prononce mes songes à voix hautes ne fait que me prouver que j'ai bien raison d'oublier cette idée absurde.
Moi- Je doute qu'on partage la même morphologie alors à qui comptiez-vous les offrir ?
Jimin- Ne le Sais-tu pas déjà ?
Moi- En dehors de votre prénom, mes talents de stalker ne m'ont pas apporté grand-chose.
Il rit, bois et me regarde de nouveau.
Jimin- Quel talent que de savoir lire !
Moi- Vous avouez que je ne suis pas ce que vous croyez ?
Jimin- Aucunement. Je me tiens à ma théorie.
Il pique une tomate, l'apporte à ses lèvres, et la déguste précieusement.
Jimin- Quel est ton nom ?
Moi- Jung Joekyung.
Jimin- "Jung... Joo...?" Erk. Atroce et bien trop long ! Je te surnommerai Jay.
Moi- Je ne suis pas un animal de compagnie.
Jimin- Ah oui ? Pourtant ta façon de manger est barbare et tu me divertis.
Je laisse échapper un soupire rieur, offusqué. Retenez-moi de l'étrangler.
Jimin- Je plaisante. Pas la peine de sortir les crocs, Jung...
Il s'interromp. Mon cœur ratte un battement. Pourquoi ? Pourquoi affiche-t-il cette expression si... surprise et... troublée ?
Jimin- Enfin Jay.
Son visage se renferme et il se met à manger en silence. Je l'observe.
M'aurait-il reconnu et aurait choisi de feindre l'ignorance ?
Le serveur arrive, débarrasse nos assiettes, et pose le plat principal : du bœuf au vin accompagné de légumes rôtis.
Jimin- Pardonne mon silence, ton horrible nom me rappelle des souvenirs désagréables.
Oh... c'était donc cela ?
Moi- Dites m'en plus.
Jimin- Je n'en ferai rien.
Il soupire, et pointe mon verre du menton.
Jimin- Bois. Cette bouteille est aussi cher que ta tenue.
Il rit doucement à sa propre blague et commence à découper sa viandes en petit morceau. Réticent à l'idée de me saouler (je veux garder l'esprit clair), je bois tout de même quelques gorgées avant de commencer à manger à mon tour.
Moi- Vous dîner souvent avec vos stalker ?
Jimin- Tu te répètes. Qu'il y a-t-il de si intéressant à savoir cela ?
Moi- C'est vous qui rendez cette question intéressante à l'éviter à chaque fois.
Il essuie sa bouche luisante de sauce avec sa serviette en tissus, pose ses couverts et prend son verre du bout des doigts pour laisser couler quelques gouttes sur sa langue.
Jimin- La rhétorique : premier cour que l'on m'a enseigné.
Tiens ? Voilà une chose que je ne savais pas de lui. Il est bien plus ouvert maintenant qu'avant.
Moi- Quel âge aviez-vous ?
Jimin- Non, je n'ai pas pour habitude de dîner avec mes stalkers, généralement, ils se retrouvent derrière les barreaux avant même de me toucher.
Je souris. Il n'a pas tant changé que ça en fait : toujours à savoir esquiver les conversations trop personnelles.
Jimin- Il faut croire que vous êtes chanceux.
Moi- J'achèterai un ticket de loto ce soir.
Jimin- Passe plutôt la nuit avec moi.
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À suivre...
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Je vous vois rougir, sourire et battre des pieds derrière votre écran...
J'espère que ce chapitre vous aura plu ^^
Moi, je l'ai adoré ! Je me dépêche de terminer les Nda pour pouvoir écrire la suite !!
En attendant on se dit à bientôt pour de nouvelles aventures de Sigma ~♡
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