Chapitre 16.2 : On fait une nuit blanche dehors ?

Les semaines passent doucement, tant et si bien qu'on atteint bientôt la fin du tournage. Jimin et moi n'avons pas beaucoup échangé en dehors des sessions d'enregistrement : on s'adresse l'un à l'autre avec beaucoup de respect et de politesse bien que je meurs d'envie de pleurer dans ses bras et lui, certainement de m'insulter sans retenue. Cette nouvelle façon de converser est aussi tortueuse que médicale.

On avait tous les deux, au plus profond de nous, besoin que l'autre dise "stop" à un moment ou un autre, aussi douloureux soit ce mot. Et puisqu'on se voit presque tous les jours, le manque se fait moins violent et peu à peu, je commence à espérer pouvoir lui dire quelques mots sans froncer les sourcils à cause de la boule qui se forme dans ma gorge à chaque fois que je le vois.

Lorsqu'il n'est pas là, je ne pleure pas. Je fixe le vide et attends simplement que ma fatigue veuille bien m'emporter et mes rêves m'offrir la chaleur réconfortante de nos quelques souvenirs heureux.
S'il y avait un livre sur ma vie, je relirai certainement tous les chapitres où son nom apparaît et où son sourire est sincère.

   Pour le film, l'équipe voyage un peu partout afin de capturer des paysages sublimes dans lesquels j'apparais avec Sunoo. Aujourd'hui, nous nous sommes rendus à Gangwon afin de filmer la plage Jangho. Néanmoins, le trajet étant très long, on est arrivé la nuit et donc, sensé dormir dans un hôtel à proximité.

Jimin- Que voulez vous dire par "il n'y a pas de chambres de cinq" ? J'ai contacté, il y a une semaine déjà, votre résidence et ait clairement réservé juste assez de lit pour toute mon équipe !

Hôtesse- Ce que je vous explique, monsieur, c'est que la personne que vous avez eu au téléphone n'était pas assez expérimenté et vous a induit en erreur. Elle a certainement confondu les suites qui, elles, comprennent belles et bien plus de cinq personnes, avec les standards et a maladroitement réservé quatre chambres pour quatre au lieu de cinq.

Jimin soupire bruyamment, à bout.

Jimin- C'est un cauchemar...

Hôtesse- Nous sommes profondément navrés de ce désagrément.

II souffle un coup après avoir rapidement passé ses doigts dans sa chevelure ébène pour tenté de se reprendre en main. Je décide de prendre le relais.

Moi- Rassurez moi, toutes les chambres de trois réservées sont bien présentes ?

Hôtesse- Oui, bien sûr.

Moi- Et il vous reste des chambres ?

Hôtesse- Je vais vérifier tout de suite.

Elle se met alors à pianoter rapidement sur son ordinateur. Je scrute sa moindre expression, tentant d'anticiper son verdict avant qu'elle ne le prononce. Jimin la fixe intensément, espérant certainement entendre une réponse positive. Elle pince discrètement ses lèvres entre-elles.

Hôtesse- Il nous reste une suite pour huit.

Il soupire d'un rire amer. Je me crispe.

Moi- Et c'est combien pour la nuit ?

Jimin- Laisse tomber, notre budget ne nous le permet pas.

Sur ce, il tourne les talons et se dirige vers les autres qui attendaient sur les fauteuils et canapés du hall. Je le suis et me place à côté de lui pour déclarer le verdict.

Hyunjin- Alors ?

Jimin- Tout le monde a une chambre, sauf quatre personnes.

Un son unanime de ras-le-bol se fait entendre. Pour cause : on a passé la journée à voyager, filmant même des scènes dans le train (toujours sous la tutelle extrêmement perfectioniste de Jimin), et ne se nourrissant que des gimbaps et ramens des distributeurs, en espérant pouvoir dîner tous ensemble à l'hôtel et se reposer sur un lit double. En plus de ça, à l'heure qu'il est, plus aucun hôtel n'est ouvert et notre budget serré ne nous permet pas de faire le retour ou même d'annuler le tournage de demain.

Jimin- Puisque l'erreur me revient, je ferai parti de ces personnes.

Moi- Ça ne serait pas juste qu'un réalisateur qui a tout organisé soit sanctionné et pas un autre alors moi aussi.

On parcourt du regard l'équipe, sollicitant implicitement que quelqu'un d'autre se porte volontaire. La plupart nous évite.

Jimin- Il manque toujours deux personnes.

Personne ne répond. Jimin soupire.

Jimin- Vous êtes vraiment des enfants...

Il sort alors un jeu de carte de son sac, en isse une vingtaine avant de les mélanger habilement. Wow, je ne savais pas qu'il avait tant de dextérité.

Jimin- J'ai mis deux Joker. Les personnes qui tombent dessus seront les heureux élus.

Il distribue alors les morceaux de carton, créant une tension dans le groupe, face caché. Puis, lorsque tout le monde est servi, il déclare "retournez" et chacun pousse un soupire de soulagement, exepté deux râles de désarroi : San et Wooyoung (un régisseur général, et un chef opérateur son). Le plus grand est à l'USN et l'autre à l'US. Ils se lèvent en marmonnant des "Pourquoi est-ce que ça tombe sur moi ?", avant de se placer à côté de Jimin et moi.

Puis, après de brefs aurevoir, les chanceux disparaissent en direction de leur chambre, sautillant de joie. On les regarde faire, je l'avoue, une pointe d'amertume dans le fond de la gorge.

San- On fait une nuit blanche dehors ?

Wooyoun- Ha la la... ma mère va être tellement déçu de moi lorsqu'elle apprendra que je suis devenu SDF.

Je me retiens de rire, voyant l'expression irrité qui refroidit le visage de Jimin.

Jimin- Ne soyez pas stupides, je n'ai pas choisi cette province pour rien.

Il se dirige alors vers la sortie. On le suit, intrigué. J'aimerai l'interroger un peu plus mais je crains que ce geste ne soit un peu déplacé au vu de notre situation actuelle.

On se met donc à marcher le long des petites maisons de campagnes, les faibles lampadaires nous éclairant à peine tandis que le silence nocturne est remplacé par le zinzinulement des grillons et le va-et-vient régulier des vagues au loin.

San, auparavant accoudé à Wooyoung, trotine légèrement pour rattraper Jimin qui ouvre la marche, moi légèrement derrière. Il se met en face de lui et marche à reculons pour pouvoir lui parler tout en avançant.

San- Laisse moi deviner... Tu as une big villa familiale à proximité, c'est ça ?

Ça ne m'étonnerait même pas.

Wooyoung- Ouah ! Sérieux ?

San- Jimin est littéralement le mec le plus riche de la fac alors évidemment que...!

Jimin- Je n'ai que trois résidences en Corée. Un penthouse à Gagnam, un château en périphérie de Séoul et...

Il s'arrête devant une petite maison : le toit plat est formé par des tuiles rousses en terre cuite, deux fenêtres carrées sont enfoncées dans le mur en pierre blanche de l'étage, tandis que le rez de chaussé possède une autre rectangulaire dont le rebord est décoré de plante en pos ainsi qu'une porte constitué à moitié de vitrail et à l'autre de bois massif. La structure est entourée d'un jardin verdoyant aux grands arbres dont les feuilles s'immiscent ici et là sur la devanture, et un sentier formé par de larges pierres blanches aplaties au fil des années forme un chemin accueillant du palier à l'entrée de la clôture à la peinture bleue écaillée et aux buissons de bouquet d'Ixora rouges, jaunes, bleues ou blanches.

Jimin- Ici.

Il ouvre la clôture en passant sa main au dessus de la porte, et écrase une première pierre blanche.

Jimin- Attendez moi là, je reviens.

Il emprunte le sentier à une allure plutôt rapide, avant de faire raisonner le heurtoir en métal, en trois à-coups sur la porte d'entrée. Quelques instants plus tard, la serrure émet un bruit sourd avant que l'entrée ne s'ouvre pour laisser apparaître une homme élancé d'une quarantaine d'année, grand et à l'allure plutôt intimidante. Jimin disparaît soudainement dans ses bras, en une étreinte étroite qui semble lui briser le dos. Il serre cette personne en retour, avec le même entrain.

San- Vous pensez que c'est son Sugar Daddy ?

Wooyoung le bouscule gentiment.

Wooyoung- Raconte pas n'importe quoi !

Jimin se détache enfin de cet homme, prononce quelques mots et se tourne vers nous pour nous faire signe de venir, un sourire aux lèvres. Mon cœur fond à la vu de cet air si doux qu'il arbore calmement.

On avance donc et, après avoir salué notre hôte, il nous invite à prendre place autour d'une table ronde qui centre le salon aussi chaleureux que l'extérieur. Et, après quelques mots, il s'éclipse dans la cuisine. Tous les regards se braquent sur Jimin, les joues empourprés d'émotions et un sourire adorable accroché à ses lèvres. Lorsqu'il affiche ce genre d'expression, j'ai l'impression de voir le Jimin d'autrefois.

Jimin- C'est mon père.

Un électrochoc vient traverser mon corps entier, arrondissant mes yeux d'effroi. Je viens... de rencontrer un parent de Jimin ?! Là, comme ça, maintenant, dans cette tenue ?! Je repense alors à chaque mouvement que j'ai fait en face de lui, me demandant s'ils n'étaient pas trop déplacés ou en apparence impoli.

San- Mais... t'as pas deux mères ? La pdg de PKB et celle d'une autre entreprise en Angleterre.

C'est vrai ça. Lorsqu'on était au lycée, Jimin disait "mes tutrices" ou autre pour parler de ses parents.

Jimin- L'anglaise est ma belle-mère.

San acquiesce, l'air de montrer qu'il a compris tandis que, pour la première fois depuis bien trop longtemps, je constate un point commun entre nous : des parents divorcés, l'un remarié et l'autre probablement célibataire à vie. Cette pensée me fait ridiculement plaisir.

Monsieur Lee (le père de Jimin) pose devant chacun de nous une assiette creuse dans laquelle une épaisse soupe orangée au parfum brûlant et alléchant est accompagnée par une petite branche de persil flottant au milieu. Il s'assoit ensuite face à nous, un léger sourire aux lèvres.

M. Lee- Je m'étais préparé un velouté de potiron au saumon fumée. Vous êtes chanceux que j'en fais toujours trop...

San- Merci beaucoup pour ce repas, Monsieur !

On le remercie tous et commence à manger dans le silence, nous délectant de ce met délicat. Je ne savais pas que je pouvais aimer autant une soupe. Il nous apporte ensuite de larges et profonds bol remplis de nouille aux haricots noir et à la pâte de soja fermenté. On déguste ainsi notre dîner en discutant chaleureusement avec notre hôte.

Puis on déplie le canapé pour qu'il prenne la forme d'un petit lit double, avant d'y installer un drap et une couette. Il a été décidé que San et Wooyoung dormirait là tandis que moi j'irai dans l'ancienne chambre de Jimin parce que "je dois avoir bonne mine pour le tournage. Donc je ne peux pas me permettre de mal dormir sur un clic-clac." Jimin, lui, dort autrepart. Ainsi, on est tous allé se doucher chacun son tour avant de se glisser dans nos couches attitrés.

Assis sur le lit simple au milieu de la chambre, je n'arrive pas à dormir depuis près d'une heure. Pensant que j'ai juste chaud, je me suis mis buste nu et n'ai gardé que mon boxeur. Néanmoins, rien n'y fait. J'aurais bien effectué une petite séance de sport mais le parquet grince bien trop pour que je me le permette. Alors j'attends. Toutes mes pensées se tournent vers Jimin, des questions futiles et sans intérêt, des souvenirs si lointains et un atroce sentiment d'impuissance.

J'entends le bruit tremblant du bois qui se tord, approcher dans le couloir. De lents pas irréguliers et hésitant s'arrêtent devant la chambre. Je le sais car la lumière qui passe à travers la fente sous la porte se bouche à deux endroit pour former une ombre grandissante sur le parquet de la pièce. Je souffle un coup, sentant le stresse m'envahir, pour prendre un peu de courage, avant de me lever et de me diriger à pas de loup vers l'entrée.

Je pose ma main sur la poignée et l'abaisse doucement pour ouvrir la porte en un mouvement de bras. Debout face à moi, Jimin est vêtu d'une ample chemise blanche et un peu transparente ainsi que d'un bermuda également en coton fin. Ses cheveux tombant et un peu en bataille sur sa tête, il m'observe, la bouche bée et les yeux surpris.

Jimin- Je... voulais juste... t'informer que je dormirai avec mon père ce soir.

Je recule d'un pas et lui tends mes mains.

Jimin- J'ai peur que ça dérape si l'on dort ensemble.

Il les regarde un temps avant de glisser ses doigts sur ma paume. Je frissonne et ferme les miens sur ses mains avant de le tirer doucement vers moi. Il approche et la porte se ferme silencieusement derrière lui. Je sens sa respiration s'accélérer et la mienne s'entre-couper.

Jimin- Et puis... j'ai déjà tourné la page.

Son buste atteint le mien, nu et brûlant de désir. Sentir son vêtement si couvrant contre moi me fait tressaillir par la simple connaissance de ce qu'il y a en dessous. Ses bras viennent se croiser derrière mon dos après avoir caressé ma taille. Il lève la tête afin de pouvoir me regarder tandis que je la prend en coupe pour positionner ses lèvres en face des miennes. J'observe ses pupilles qui me fixe sans relache.

Jimin- J'y vais, maintenant.

Moi- Je ne te retiens pas.

Je l'embrasse avec tout l'amour qui déborde en moi et il répond passionnément à mon baiser. Mes mains serpentent jusqu'à la cambrure naturelle de son dos que je viens accentuer en palpant sa peau à travers le vêtement. II glisse ses doigts dans ma nuque où il joue tendrement avec mes cheveux. Je place mes mains sous ses cuisses et le soulève afin qu'il vienne enrouler ses jambes autour de mon buste.

Jimin- À demain.

Je le fais tomber sur le lit, moi au-dessus de son corps.

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À suivre...
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J'espère que ce chapitre vous aura plu ^^

En attendant le prochain on se dit à bientôt pour de nouvelles aventures de Sigma ~♡

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