Sunoo- Si je publie cette vidéo, je n'ose même pas imaginer les dégâts que ça pourrait faire....

Je dois garder mon calme pour ne pas agir de façon impulsive bien que mon corps entier me hurle de lui en coller une. Je soupire d'exaspération en croisant mes bras, le fixant avec ennui.

Moi- Et alors ?

Il utilise Jimin contre moi car il sait que c'est mon point faible. Cependant, quel intérêt trouverait-il à faire du mal à quelqu'un pour qui je me fiche ?

Sunoo- Pardon ?

Moi- Oui, j'ai une relation spéciale avec Park Jimin et oui, on a pour habitude de se "rendre service" ensemble de temps en temps puisque nos corps sont extrêmement compatibles et je constate très clairement que tu nous a pris sur le fait. Mais, je te le répète, et alors ?

Les sourcils froncés, Kim Sunoo me dévisage avec d'un air troublé et suspicieux.

Sunoo- Donc ça ne te dérange vraiment pas que je publie cette vidéo ?

Je hausse les épaules.

Moi- C'est Jimin que ça va concerner, pas moi.

Il sourit, l'air amusé et rallume son téléphone. Putain... ne me dites qu'il va quand même le faire !

Sunoo- Très bien, j'ai la vidéo sera en ligne dans trois minutes.

Je me lève brusquement et saisis son poignet avec violence pour y arracher son téléphone des mains.

Moi- Bordel mais c'est quoi ton problème ?!

J'essaye d'allumer le portable mais le bouton qui le permet n'affiche qu'un écran blanc sans rien de plus. Je remarque alors une fissure dans l'angle de la vitre et comprends alors qu'il s'agit d'un appareil défectueux. Mes doutes se confirment par les éclats de rires sonores de Sunoo. Je me crispe encore plus en remarquant un autre portable en parfait état qui dépasse légèrement de sa sacoche.

Ça me tue de l'admettre mais... il a été malin sur ce coup.

Sunoo- C'est fou comme tu joues mal lorsque tu es dans une situation délicate !

Je bouscule son épaule avec le plat de ma main, agacé.

Moi- Et toi tu deviens un génie lorsqu'il s'agit d'être un vrai connard.

Il lève les yeux au ciel en pouffe de rire et croise ses bras pour me faire face.

Sunoo- Peu importe, en attendant je peux faire ce que je veux de toi !

Je grimace et serre mes poings.

Moi- Donnes moi les conditions de ton chantage, qu'on en finisse.

Sunoo- Met toi à genou.

Le visage neutre de rage, je me laisse tomber sur mes rotules juste en face de lui. Son expression se crispe.

Sunoo- Debout.

Je me redresse. Il semble énervé.

Sunoo- J'arrive pas à y croire... t'es vraiment prêt à tout pour cet enfoiré !

Moi- Respecte le où j'explose ton téléphone sur le sol.

Sunoo- Pourquoi ne pas l'avoir déjà fait si c'est aussi simple ?

Moi- Parce que j'ai ce qu'on appelle une morale, imbécile.

Je regarde le cadrant de ma montre, remarquant que j'ai déjà dépassé de loin le temps imposé par Jimin. Je soupire bruyamment et fais comprendre à Sunoo mon impatience.

Moi- Tu n'as pas fait le paparazzi dans l'unique but de voir ma tête au niveau de ta bite alors, encore une fois, dépêche toi de me dire ce que tu veux, putain !

Il me dévisage brièvement avant de sortir un miroir circulaire de sa poche, de l'ouvrir et de le placer au niveau de sa frange pour venir l'arranger du bout des doigts. Puis, il isse un gloss à la teinte pêche de sa sacoche afin de traîner le liquide luisant sur l'intérieur de ses lèvres vers l'extérieur pour ensuite l'estomper du bout de l'annulaire. Il vérifie le maquillage de ses yeux et la tenue de son blush avant de finalement fermer sa petite boîte et la faire disparaître dans son petit bagage.

Je le regarde faire, bouillonnant d'agacement. J'essaye néanmoins de le montrer le moins possible puisque je sais, de par l'esquisse de sourire qui se forme au coin de sa bouche, qu'il aime constater mon impuissance face à son chantage. Enfin, il lève sa tête vers moi pour venir plonger ses pupilles dans les miennes, les sourcils haussés façon tout sauf naturelle ; ça se voit qu'il n'a pas l'habitude d'avoir le contrôle sur quoique ce soit.

Sunoo- Je veux être ton Park Jimin.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas où il veut en venir.

Moi- Développe.

Sunoo- J'aimerai qu'on agisse comme un couple qui doit cacher sa relation, qu'on s'embrasse discrètement et qu'on se comporte de façon fusionelle l'un à côté de l'autre mais aussi qu'on se taquine et plaisante ensemble entre les pauses. Ah oui et je veux aussi aller chez toi.

Je l'écoute parler, choqué, avant d'éclater d'un rire amer. Si seulement ma relation avec Jimin était comme ça ! Les choses auraient été tellement mais tellement plus simples !
Sunoo me fixe en faisant la moue.

Sunoo- Arrête de te moquer !

Moi- Désolé mais je trouve ça atrocement adorable !

Je n'imagine même pas la taille du nuage sur lequel je serais actuellement si je vivais une situation pareille avec mon prince.

Sunoo- Je ne vois pas en quoi !

Je pince gentiment sa joue.

Moi- Tu aurais pu me dire que tu voulais passer un peu de temps avec moi, pas besoin de me faire chanter...

Il chasse mon bras d'un revers de main.

Sunoo- Ça n'a rien à voir !

Moi- Enfin peu importe.

Je soupire et mesure la distance qui nous sépare. Si tout ce qu'il veut c'est que je joue la comédie, sans rien officialiser, alors je ne vois pas en quoi je devrais m'énerver encore plus sur ce gamin immature.

Moi- Approche un peu.

Autant faire ça bien.
Il avance prudemment d'un pas. Je glisse ma main dans sa nuque. Je le sens frissonner. Du bout du pouce, je redresse son menton pour que sa tête soit parfaitement inclinée, avant de me courber un peu afin d'écraser mes lèvres sur les siennes. D'abord surpris, il tremble légèrement, puis sa bouche commence à s'agiter activement et maladroitement. Je presse mon pouce sur sa joue afin de déformer sa lip.

Moi- Du calme, Sun.

Je souffle entre nos deux peaux, avant de commencer à lui offrir une cadence irrégulière et douce. Son Gloss qui colle et luit mes lèvres me procure une sensation plutôt agréable et je mentirais si je disais ne pas avoir apprécier ce baiser.

Je me redresse et me dirige vers les caméras, un peu plus loin. Sunoo ne me suit pas tout de suite, certainement encore figé par l'émotion, mais finit par trotiner en ma direction afin de m'emboiter le pas. Je souris.

C'est presque mignon.

On prend tous les deux nos emplacements précédents, sous les quelques réprimandes du réalisateur. En apercevant Sunoo pincer discrètement ses lèvres entre elles, je me rends comptes que les miennes sont encore un peu collantes. Je les essuie discrètement et me prépare à jouer.
Je me sens étonnamment plus détendu.

Peut-être est-ce parce que discuter avec Sunoo est juste... tellement simple. Pas de sous entendu, de masque, de mensonge ou même de sentiments encombrants. On lit en lui comme un livre ouvert et j'ai le contrôle sur chacun de mes gestes.

Le tournage se passe sans encombre, exepté le perfectionisme de Jimin qui ne tolère aucune once d'improvisation : un sourire en trop, une main serrée un peu plus fort, un baiser à peine différent de celui qu'on a détaillé, et sa voix mélodieuse transperce l'air pour prononcer un "coupé" bien trop court pour la longueur des scènes qu'il entraîne.

Je m'amuse un peu à rentrer dans le jeu de Sunoo, à savoir, feindre les petits accidents d'action affectueuses. Parfois j'arrange une mèche à peine rebelle, je lui tends ma bouteille d'eau après avoir un peu bu dedans, je pose mon bras sur son épaule ou joue distraitement avec ses doigts. Ça me fait vraiment ni chaud ni froid mais j'éprouve une certaine satisfaction à le voir rougir à chaque fois.

Je pense qu'il serait peut-être temps pour moi de tourner la page.

Jimin- Je te ramène chez toi.

On vient de finir de tout rager, la nuit est presque tombée et l'air se refroidit. Jimin est arrivé vers moi, l'air de rien, et m'a fixé avec la même indifférence qu'il présenterait à un objet. J'essaye de répondre de la même façon mais les battements assourdissant de mon cœur m'empêchent de canaliser mes sentiments de manière à les faire passer pour ce qu'ils ne sont pas.

Moi- Pourquoi ?

Jimin- Je souhaiterais revoir quelques passages du scénario.

Moi- D'accord.

Ainsi, on se dirige tous les deux vers sa voiture d'un noir miroitant, au logo à cerceaux qui s'entremêlent. Je m'assois à l'avant et il se met au volant afin de démarrer habilement après avoir abaissé le frein à main.

Le bruit calme d'un véhicule luxueux qui semble voler au-dessus de la route lorsque l'on est à l'intérieur, mais dont le moteur gronde en un son grave et continue qui raisonne certainement dans les oreilles des passants, m'apaise. Je regarde à travers la vitre teintée, les lumières nocturnes artificiels, défiler à toute allure afin de se confondre en des lignes étirées.

Cette ambiance détendue m'aurait presque fait oublier le fait que Jimin n'a pas prononcé un mot de tout le trajet, si je n'avais pas remarqué la silhouette de mon immeuble au loin. En quelques secondes, la voiture s'arrête devant. J'attends un peu avant de poser les yeux sur Jimin.

Lorsque, finalement, je trouve le courage pour l'affronter, je remarque ses poings serrés étroitement sur le volant et son visage crispé de rage. Je retiens ma respiration. Il laisse tomber lourdement sa tête sur le klaxon qui ne se déclanche pas, en soupirant de manière contrôlée, comme pour essayer de se calmer. Il prend ainsi de profondes inspirations, les yeux fermés et le corps raidi par une frustration qui m'est familière.

Jimin- Tu abandonnes ?

Il tourne la tête vers moi. Ses yeux sont épuisés. Je ne répond pas, trop ébranlé par cette soudaine prise de parole.

Jimin- Nous deux, tu abandonnes ?

Mon cœur se déchire en une douleur qui me fait froncer les sourcils et presser mes doigts instinctivement sur ma poitrine afin d'essayer désespérément de calmer ma souffrance.

Moi- Je...

Ma voix s'étrangle. Je n'arrive pas à penser, à réfléchir ou juste à prononcer quoique ce soit.
Comment répondre à une phrase si désespérée que j'ai, en effet, tenter de me détacher de cet amour bien trop dévastateur ?

Jimin- Réponds.

Je repense à tout. Les mois passés ensemble au lycée, ceux qui se sont écoulés lorsque l'on s'est séparés, les quelques semaines qui ont précédés nos retrouvailles, et surtout, le chantage puéril de Sunoo. Dans tout ça, je n'ai trouvé comme raison à rester ensemble que la douleur de l'absence de l'autre. On ne vient pas du même monde, nos chemins sont différents et mes erreurs passées ont cassé presque tous les fils qui nous permettaient de s'accrocher ensemble. Il n'en reste qu'un seul : la douleur. Encore une fois.

Moi- Tu me fais mal.

Prononcer ces quelques mots m'a semblé aussi dur que de transpercer mon propre cœur. Je ne veux pas, mais je le dois.
Face à cette auto-mutilation, mes yeux se brouillent de larmes et je dois serrer ma mâchoire pour empêcher ma lèvre de trembler.

Jimin- Toi aussi.

Ses pupilles se mettent à briller dans la faible lueur de sa voiture et, lui aussi, il est forcé de pincer ses lèvres entre-elles. On se regarde longuement, comme pour mesurer lequel de nous deux aura assez d'insouciance pour éclater en sanglot, et lequel assez de courage pour couper le dernier fil.

Mes lèvres se détachent pour laisser ma bouche s'entrouvrir lentement. Est-ce pour pleurer ou pour être sensé ? Jimin me fixe, le visage qui tremble peu à peu. Il attend. Il me laisse la responsabilité de décider pour nous deux. C'est là son dernier acte de vengeance. Il n'y a rien de plus cruel. Mon souffle devient plus court et mon cerveau se met à réfléchir. J'ai tellement peur.

Ma respiration devient plus rapide et mon menton se ride pour démontrer ma peine. Mes cordes vocales se rapproche et mes poumons viennent expulser juste assez d'air nécessaires pour briser un faible lien.

Moi- Alors à quoi bon continuer ?

Une larme roule sur ma joue. Jimin détourne la tête, écrasant sa joue sur ses mains reposée sur le volant. Le reflet dans sa vitre est celui d'un amant qui tente de camoufler ses sanglots. Comment lui dire que sa respiration est tellement saccadée que je peux le constater même de dos ?

Jimin- Descends.

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A suivre...
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Moi aussi ça me fait mal...

J'espère que ce chapitre vous aura plu ^^

En attendant le prochain on se dit à bientôt pour de nouvelles aventures de Sigma ~♡