Chapitre 13.2 : Insulte moi si tu veux mais mange.

Je me lève doucement, à contre-cœur, deux heures après avoir terminé avec Jimin. Mon corps est encore un peu engourdi et ma tête me fait vraiment mal... j'ai trop bu. Je pose les yeux sur mon prince (puisqu'il faut admettre qu'il ressemble vraiment à un élu royal). Il dort paisiblement.

Allongé sur le ventre, complètement nu si ce n'est un drap fin recouvrant son corps jusqu'au bas de son dos, ses paupières closes sont encore rougis par ses larmes précédentes, le bout de son nez également, et ses lèvres entrouvertes juste assez pour laissé échapper sa faible respiration inaudible de là où je suis, il est magnifique. Tellement magnifique que j'ai mal au cœur rien qu'en le regardant.

Si seulement il pouvait être rien qu'à moi.

Je commence à me rhabiller sous la faible brume qui flotte autour de nous, trahissant nos ébats précédents. L'odeur de nos deux corps est encore repérable dans l'air que j'inspire.

Je sors de l'hôtel, prends le bus, arrive chez moi vers minuit et m'assois sur mon canapé. Je laisse tomber ma tête sur le haut des coussins en soupirant bruyamment.

Est-ce que j'ai pris la bonne décision ?

J'aurais au moins dû le nettoyer avant de partir comme un voleur.
Je n'avais pas envie de revivre un petit déjeuner froid et tortueux avec lui. Ça me fait bien trop mal et j'ai de plus en plus de difficultés à ne pas croire à ses mensonges.

"Lui confier mon cœur et voir ce qu'il va en faire."

Je pose lourdement mon avant-bras sur mes yeux. J'ai dis ça et me voilà qui fuit par peur de mes propres sentiments. Je suis pathétique.

J'aurais tellement préféré ne jamais l'avoir revu.

Je me lève, prends une rapide douche, m'habille, saisis ma pochette d'ordinateur, la plonge dans un sac à dos avant d'ouvrir rapidement mon frigo pour en sortir une boîte de kimchi que j'engouffre également dans mon bagage. J'y ajoute quelques vêtements supplémentaires avant de monter dans un taxi.

Moi- Allez à la résidence Charles Danclas, s'il vous plaît.

Le conducteur acquiesce et c'est après une quinzaine de minutes de route qu'il arrête la voiture en face de l'hôtel. Je lui tends quelques billets et sors du véhicule.

Je marche vers l'entrée secondaire, et, muni de mon badge, je déverouille rapidement toutes les portes d'accès qui en ont besoin jusqu'à débouler dans le penthouse.

J'espère qu'il ne s'est pas réveillé entre temps.

Je me précipite vers la chambre, ouvre lentement la porte par crainte de le surprendre, avant de tomber nez à nez... avec une figure calme et douce. Je soupire de soulagement. Il dort encore.

C'est ainsi qu'à trois heures du matin, je me retrouve baigné d'une faible lumière, à travailler sur le bureau en bois blanc verni, situé dans la chambre principale. Je pianote sur mon clavier en sirotant une tasse de thé à la menthe, mes lunettes rondes à la monture dorée posées sur mon nez. J'ai attaché mes cheveux en un petit chignon vers l'arrière, deux mèches rebelles retombant sur mes yeux.

Je coince rageusement l'une d'entre elle derrière mon oreille, agacé par le scénario que je n'arrive pas à écrire. J'ai le début, la fin mais le milieu est juste... ennuyant. Il n'y a absolument rien d'intéressant la dedans, on croirait lire le script d'un étudiant en première année de cinématographie. Vous savez, les histoires un peu plan-plan sans rien de marquant ni de concret, que les débutants rédigent en tant que "réalisation d'un artiste incompris" avec des dialogues bourrés de mots incohérents entre-eux, de métaphores que personnes ne comprends et de mouvements à la limite du théâtre de l'absurde ?

Eh bien c'est ça que je suis entrain d'écrire ! C'est n'importe quoi, je ne sais vraiment pas comment je vais faire pour transformer cette catastrophe ambulante en chef-d'œuvre avant lundi prochain, date du commencement du tournage. J'ai aucune inspiration et les "idées" de mes coéquipiers me paraissent tout simplement pas pertinentes voire sans intérêt.

Jimin- Tu es sexy avec des lunettes.

Je tourne vivement la tête vers lui. Toujours allongé, sa joue écrasée sur ses mains, Jimin me regarde avec des yeux lasses et un sourire amusé. Un léger rire niais m'échappe.

Moi- Tu veux que j'éteigne la lumière ?

Il fait non de la tête.

Jimin- Il est quelle heure ?

Je regarde le cadrant affiché au coin de mon écran.

Moi- Trois heures trente-six.

Jimin- Tu travailles souvent aussi tard ?

Je hausse les épaules et me lève de ma chaise après l'avoir soulevé pour éviter de la traîner. Je me dirige vers lui. Il me suit du regard.

Moi- Ça m'arrive, oui.

Je pose un genou sur le lit et me laisse tomber dessus, perpendiculairement à Jimin. Je prends un coussin et le glisse sous mon buste afin de le surélever avant de tendre ma main vers mon prince. Il me fixe un moment, comme hésitant, avant de se résigner à glisser ses doigts sur ma paumes. Je referme les miens sur lui. Un frisson me parcourt l'échine en même temps que je sens son pouce caresser le dos de ma main. Je cache mon sourire dans le coussin en le regardant dans les yeux.

Moi- Tu as faim ?

Jimin- Un peu.

Je me redresse mais il resserre ses doigts autour de ma main.

Jimin- Reste.

Il détourne le regard, embarrassé.

Jimin- Enfin... juste quelques minutes.

J'acquiesce, charmé par son air mignon en posant un rapide baiser sur le dos de sa main. Il soupire rieusement.

Jimin- Ce que tu peux être puéril...

Moi- Tu as l'air d'aimer ça.

Jimin- Je suis juste fatigué et encore dans les vapes.

Je me redresse en position assise afin de m'approcher de lui.

Moi- Ah oui ? Toujours ?

Je glisse ma main sur l'arrière de sa cuisse et la caresse tendrement.

Jimin- Arrête de te venter, ça m'énerve.

Je fronce les sourcils.

Moi- Je m'inquiète. Tu sens encore tes jambes ?

Il soupire et cache sa tête dans le matelas.

Jimin- Oui mais c'est juste... qu'elles sont encore un peu engourdis.

Je tente de camoufler un sourire sur mes lèvres, et palpe doucement son mollet.

Moi- Quoi d'autre ?

Jimin- J'ai des fourmis dans les orteilles et...

Il tourne la tête vers moi, qui ai une large expression amusée sur le visage.

Jimin- Tu vois que tu te ventes !

J'éclate de rire malgré moi. Il froisse son visage d'agacement.

Moi- Je n'ai le droit d'être content de t'avoir satisfait au point que tu sois encore sous extase quatre heures après la fin ?

Il lève les yeux au ciel et se retourne pour s'assoir, le dos reposé contre le lit.

Jimin- Ce n'est pas grâce à toi. Je suis juste... très sensible.

J'acquiesce pour ne l'énerver encore plus et descends du lit pour me diriger vers la cuisine. Là, je réchauffe le plat que j'ai fait précédemment et le sers dans une assiette creuse avant de revenir vers Jimin, une cuillère entre les doigts. Je lui tends le plat qu'il prend délicatement entre ses mains.

Jimin- Il y en a beaucoup trop.

Je fais non de la tête en tirant la chaise du bureau pour m'asseoir dessus, près du lit. Je fixe Jimin avec sérieux.

Moi- Pas du tout. Au niveau des calories c'est vraiment léger.

Il soupire en prenant la cuillère entre ses doigts et commence à triturer le riz frit au kimchi, sans l'apporter à ses lèvres pour autant.

Jimin- Est-ce toi qui a cuisiné ?

Moi- Oui, tout à l'heure.

Jimin- Même le kimchi ?

Il hausse les sourcils, de façon hautaine et dédaigneuse. Je serre ma mâchoire. Dès qu'il se retrouve dans une situation qui le met mal à l'aise, il reprend son masque de glace.

Moi- Une de mes grandes sœurs m'en avait apporté l'autre jour alors je l'ai apporté de chez moi.

Jimin laisse échapper un soupire moqueur.

Jimin- Un golden guest qui préfère faire trente minutes de transport en commun pour aller chercher un tupperwer au fond de son réfrigérateur plutôt que de commander au room service... on aura tout vu.

Il dépose sa cuillère. Je soupire discrètement, agacé.

Moi- Insulte moi si tu veux mais mange.

Il tourne vivement la tête vers moi, une expression froide sur le visage.

Jimin- Sais-tu ce que j'ai souhaite faire ?

Moi- Dis moi.

Jimin- Depuis tout à l'heure, je crève d'envie de te traiter n'importe comment pour que tu sois tellement vexé que tu sortes d'ici en claquant la porte. Pour ensuite t'ordonner de venir prendre le petit-déjeuner avec moi demain.

Je ris légèrement en plongeant ma tête dans mes mains, sans joie avant d'affronter de nouveau les pupilles givrées de Jimin. Je ne sais pas ce qui est pire dans tout ça : le fait que je sache qu'il en est parfaitement capable ou bien que lui, connaisse parfaitement l'étendu l'emprise qu'il a sur moi.

Moi- Qu'est-ce qui te retiens ?

Jimin- Je me le demande aussi.

Il plonge la cuillère dans le riz et commence à manger doucement. Une vague de chaleur me prend, que je tente de ne pas trop montrer pour ne pas qu'elle soit visible par Jimin. Je me lève et me dirige vers une bibliothèque. Je remarque, tout en haut, des disques vinyles rangés très étroitement les uns aux autres.

Moi- Ça te dis un peu de musique ?

Jimin- Peu m'importe.

Je tire un morceau de carton plié au hasard : "et si tu n'existais pas" de Joe Dassin. Intrigué, je glisse le disque de son emballage, et le pose délicatement sur le lecteur. Je place la petite pointe au dessus du cylindre plat avant de presser un bouton qui active le mécanisme.

Une douce mélodie s'échappe du disque tournant. Je ferme les yeux pour me laissé porter par la musique. Une bouffée d'émotion me prend sous l'effet des paroles. Néanmoins, plus que de ressentir ces mots en tant que Jungkook, je les comprends sous l'apparence de Shun, le protagoniste de notre histoire.

Alors, dos à Jimin, ma respiration commence à s'accélérer, mon cœur à battre plus fort et mon esprit à divaguer. Et c'est uniquement lorsque le disque s'arrête de tourner que je déclare :

Moi- Je sais quoi faire maintenant.

Je me tourne vers Jimin, mes yeux embués de larmes.

Jimin- À propos de quoi ?

Moi- Du scénario.

Je me précipite vers le lit, saisis un crayon et une feuille en vol, et m'assois sur le matelas, très proche de lui. Je ne me soucis pas de cette distance bien trop étroite et impertinente, et commence à écrire en parlant à Jimin.

Moi- Ça fait deux heures que j'essaye de trouver un moyen de rendre notre film intéressant. J'ai essayé tous les scénarios : les faire fuir quelque chose, un des deux est malade et meurt à la fin, le voyage n'a jamais existé et n'était que dans la tête de Shun... mais c'était beaucoup trop cliché !

Jimin- Hum... oui ?

Moi- Mais tout à l'heure, grâce à la musique, une idée à surgit dans ma tête...

Je me tourne vers Jimin, mon regard rempli d'enthousiasme.

Moi- Et si Haeli n'existait pas ?

Jimin- Développe.

Je commence à former des arcs de cercle autour du prénom de ce personnage.

Moi- Et si Shun voyageait seul depuis le début ?

Les yeux de Jimin s'illuminent.

Jimin- Donc ce que le spectateur voit n'est que l'imagination de Shun ?

Moi- Exactement ! Haeli n'est pas réel, il aide simplement le protagoniste à aller au bout de son rêve qu'est de voyager.

Jimin- Mais alors Haeli n'a jamais existé ?

Moi- Si. Seulement il est mort le jour où ils étaient sensé partir ensemble. Shun ne l'a pas accepté et s'est mis à parcourir le monde seul, en s'imaginant Haeli à ses côtés tout ce temps.

Jimin- Et c'est à la fin du film qu'on comprend tout.

Moi- Oui, puisque Haeli passe son temps à demander à Shun pourquoi il voyage avec lui. Au début, le spectateur peut penser que c'est uniquement car Haeli veut entendre un "Je t'aime" de la part de son amant ; sauf qu'au fil de l'histoire, Shun se met à déconner de plus en plus. Il répond n'importe quoi, se met à boire et à se droguer ce qui énerve Haeli. Puis, une dispute entre les deux éclate, Haeli pose sa fameuse question "Pourquoi m'as-tu emmené avec toi ?" et alors, sous le coup de la panique et de la colère, Shun répond "parce que je refuse d'accepter que tu ne sois plus là".

Jimin- Haeli rétorque alors "C'est pourtant ce que tu viens de faire". Et il disparaît.

Je souris tristement, étant bien trop dans le rôle de Shun, et me tourne vers Jimin qui est dans le même état que moi.

Moi- Qu'est-ce que tu en dis ?

Jimin- Tu as une idée du titre ?

Moi- "Pourquoi ? Parce que."

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A suivre...
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Ça fait trois jours que j'essaye d'écrire cette histoire (pourquoi ? Parce que) mais j'y arrive pas ㅠㅠ
J'espère un jour pouvoir sortir ce "film" en version écrite pour que vous puissiez l'apprécier comme si vous étiez les spectateurs dont parlent Jm et Jk...

En tout cas, j'espère que ce chapitre vous aura plu ^^

On se dit à bientôt pour de nouvelles aventures de Sigma ~♡

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