Chapitre 10.2 : Tout ce que j'ai dis est vrai

Jimin- Où vas-tu ?

Je me fige, surpris de le voir debout face à moi. Il porte une ample chemise noire aux manches mi-longues, coincée dans un pantalon beige ceintré par une ceinture à deux G au niveau de la taille. Quelques accessoires ornent ses doigts et poignées, un circulaire pendentif en or frappé est accroché à son cou par une fine chaîne, et deux barres du même métal sont suspendus à ses oreilles. Les bras croisés, il me regarde avec sa froideur habituelle.

Moi- Eh bien je...

Il lève les yeux au ciel et avance dans son domaine.

Jimin- Petit-déjeune avec moi et ensuite fais ce qu'il te plaît.

Je le suis timidement.
Ça me fait tellement bizarre de me dire que la personne que j'ai en face de moi est la même que celle d'hier. Là, il semble si... fort. J'ai l'impression de regarder une carapace dure et opaque. Je tends instinctivement ma main vers lui. Est-ce aussi à cause de moi qu'il a construit cette structure impénétrable autour de lui ? Comment se comporte-t-il avec les autres ? Est-ce qu'il couche avec n'importe qui ou est-ce qu'il a voulu me faire croire ça lorsque j'étais "Jay" juste pour me blesser ?

On arrive dans la cuisine où un bar en marbre blanc encadre un évier en inox. On s'assoit sur de hautes chaises à l'assise noire et à la structure en or, Jimin sur la largeur de la table, et moi sur la longueur. Un large plateau lourdement garnit de toutes sortes de nourriture, pour tous les goûts, est présent face à nous.
Je me sers une omelette à la tomate, du thé, et quelques fruits, tandis que Jimin se contente d'une tartine à la fetta, tomate, noix et persil, accompagné d'un jus d'orange. Avant, il mangeait tellement que j'avais peur qu'il fasse une indigestion. Un sourire se dessine sur mes lèvres.

Jimin- Concernant hier soir...

Je reprends mon sérieux.

Moi- Tu n'étais pas dans ton état normal alors je n'ai pas fait attention à ce qui tu as dit.

Il fait non de la tête et essuie ses lèvres en laissant de côté la moitié de son pain tranché.

Jimin- Ce n'est pas là où je voulais en venir. Peu m'importe ce que j'ai fabulé sous l'effet de la drogue. Simplement, j'espère que tu ne t'attends pas à ce que je te remercie de ne pas avoir céder à mes avances ou bien que je me sente redevable uniquement car tu m'as couché dans mon lit plutôt que de me laisser sur le canapé. Un de mes domestiques aurait très bien pu faire cela. Si nous partageons ce repas en ce moment même ce n'est pas parce que j'éprouve de la pitié pour toi ; c'est juste pour mettre les choses au clair alors...

Moi- J'ai compris.

Je le fixe parler avec agacement, le visage neutre de colère.

Moi- Est-ce que te retrouver défoncé en face de moi est une de tes ruses pour me faire souffrir et ainsi soulager ton désir de vengeance ? Ou bien as-tu réellement tant besoin de cette merde pour te sentir bien à mes côtés ?

Il me fixe un long moment, les yeux ronds, avant d'éclater bruyamment de rire. Je le regarde faire, la mâchoire serrée de rage.

Jimin- Que tu peux être imbu de toi même, Jungkook !

Il presse un chiffre affiché sur le bouton d'un téléphone à proximité, et se tourne vers moi.

Jimin- Je me sentirais bien pathétique de mettre ma santé en péril juste pour une déception amoureuse et ma vie serait particulièrement agréable si tu étais mon seul tracas. Aimes-tu le Champagne ?

Il pouffe de rire et une femme entre dans la pièce pour venir verser un liquide doré à bulle dans deux flûtes. Je prends un profonde inspiration pour soulager mes nerfs.

Moi- Arrête de te saouler dès qu'on discute si tu veux être un minimum crédible dans ce que tu avances.

Jimin termine son verre d'une traite.

Jimin- Alors comme ça, tu as eu mal en me voyant drogué ?

Il rit avec une pointe de moquerie dans la gorge. On le ressert et il prend une gorgée de Champagne.

Jimin- Ça ne m'étonne pas. Vois-tu, j'ai déjà réfléchis à arrêter l'ecstasy, cependant, j'ai imaginé le pire et ça m'a semblé le mieux. "Ce matin, le corps de Park Jimin, héritier légitime de l'empire PKB, a été retrouvé sans vie dans son domicile. Les analyses penchent sur une overdose de produit illicite et..." bref. Ça ferait la une des journaux, tu le verrais et tu te sentirais coupable de mon décès. Et alors, j'ai trouvé que me désintoxiquer n'était qu'une option.

Il est vraiment malade. Je ne détourne pas le regard de son corps à l'apparence si hautaine qui bois encore et encore en riant de choses tout sauf risibles.

Moi- Pour quelqu'un qui prétend ne pas se droguer à cause de moi, je prends quand même une sacré place dans tes décisions.

Un sourire aux lèvres, il me regarde avec agacement avant soupirer avec mépris.

Jimin- Tu parles comme Jay.

Moi- Je suis Jay, tu te souviens ?

Il fait non de la tête.

Jimin- Mon Jay était un gentil inconnu qui a bien voulu me divertir sans contrepartie. Toi, tu souhaites trop de choses de moi.

Moi- T'en ai-je réclamé une seule ?

Il se tait, réfléchissant, avant de saisir une fraise, l'approcher de ses lèvres, les entrouvrir, pour finir par se résoudre à reposer le fruit, sans l'entamer.

Jimin- Peu importe. Pas besoin de parler pour que je sache. Ton comportement me dis tout.

Moi- Alors tu dois savoir que je me contiens depuis tout à l'heure de te forcer à bouffer quelque chose de plus !

Merde... j'ai haussé le ton.
Son visage se ferme. Il semble vexé.

Jimin- Ta présence me mets mal à l'aise alors je...

Je frappe rageusement sur la table, ne pouvant rester calme plus longtemps. J'enfouie mon visage dans mes mains en inspirant profondément tout en aggripant mes cheveux et en serrant ma mâchoire avec rage.

Moi- Tu baises avec un "inconnu" pour me faire souffrir, tu te drogues et bois pour me faire souffrir et maintenant tu me dis que tu ne manges rien pour me faire souffrir aussi ?

Je lève mon visage crispé d'une telle colère que ma lèvre inférieure et mes doigts tremblent, que mes yeux embués de larmes scrutent son visage sans relache, et que je suis obligé de hurler pour pouvoir faire sortir les mots de ma gorge.

Jimin- On vient de commencer à discuter et tu pleures déjà ?

Moi- Je sais que c'est ce que tu veux. Me mettre dans tous mes états, me faire perdre le contrôle et me rabaisser encore et encore jusqu'à ce que tu estimes que j'en ai assez bavé alors... !

Ma voix déraille et je tente de ravaler la boule énorme qui s'est formé peu à peu dans ma gorge brûlante.

Moi- Alors soit ! Mais je t'en prie, Jimin... trouve une autre façon de le faire, une façon qui ne te fais pas t'autodétruire. Ton absence me fait atrocement mal, je te le jure. Tellement que j'ai couru comme un malade lorsque tu m'as dis de venir hier soir, c'est pathétique, non ? Ça te fais plaisir, non ?! Alors si tu veux être sûr de me torturer, fais moi disparaître définitivement de ta vie et...

Jimin- Non !

Il hurle bruyamment, me faisant sursauter légèrement.

Jimin- N'as-tu pas entendu ce que je t'ai dis hier soir ou joues-tu les amnésiques ?

"Si je devais passer quatre années de plus sans te voir, sans te toucher... je n'y survivrai pas cette fois."

Moi- Tu m'as dis de ne pas y faire attention.

Jimin- Parce que ça m'embarrasse !

Ses joues sont rouges de gène.

Jimin- Mais ce... c'est vrai. Tout ce que j'ai dis, c'est vrai. Alors ne pars pas.

Il me fixe intensément, un désir plus intime brûlant dans ses pupilles de rage. C'est donc ça ? Le mélange parfait entre la haine et l'amour. J'ai l'impression d'être la poupée d'un enfant trop gâté.

Moi- Arrête de te détruire, Jimin.

Jimin- Sinon quoi ?

Moi- Sinon je m'en vais.

Il ricane en posant ses doigts sur la tige de sa flûte, prêt à l'apporter à ses lèvres, mais il s'arrête. Il hésite.

Jimin- Qu'as-tu à me proposer en échange ?

Moi- Tout. Tout ce que je peux te donner, tu l'auras. Je peux n'appartenir rien qu'à toi tandis que tu pourras aller avec qui tu veux, je peux me mettre à genou pour te laisser m'humilier autant de fois qu'il le faut, je peux...

Jimin- Cesse.

Il vide son verre dans l'évier à proximité.

Jimin- Tes paroles raisonnent comme une déclaration.

Moi- Prends les comme tu le souhaites, je serai d'accord.

Jimin- Pourquoi ?

Parce que je t'aime. Voilà les mots qui auraient dû sortir automatiquement de ma bouche mais... pourquoi est-ce si difficile à prononcer ? Ça ne peut pas être de l'embarras puisque j'ai dis des choses bien pires. Non, c'est plus comme si... je ne voulais pas mentir.

Moi- Parce que je m'en veux.

Un court soupire de mépris s'échappe de ses lèvres.

Jimin- Alors tu souhaites jouer les martyrs pour soulager ta conscience ?

Moi- Appelle ça comme tu veux du moment que ça te soulage aussi.

J'observe ses doigts pincés avec rage sur la tige de son verre déjà vide. Je me demande combien de gorgée il aurait déjà prit si je n'avais pas imposé de conditions à ce qu'il boive.

Jimin- Tu ne pourras pas le supporter.

Moi- Je ferai tout pour.

Il soupire rieusement en relâchant sa flûte avant de laisser tomber sa tête dans ses mains tremblantes. Il presse ses doigts sur ses yeux. Je n'arrive pas à comprendre si c'est pour réfléchir, canaliser sa rage ou juste par embarras.

Jimin- Viendras-tu réellement ici à chaque fois que je serai en manque ?

Mon cœur accélère à l'entente d'un soupçon de détresse dans sa voix.

Moi- Si c'est ce que tu veux.

Jimin- Je le veux.

Un long frisson me parcourt la colonne vertébrale, comme si j'avais pris une bouffée d'air frais à la senteure rafraîchissante de la menthe. Je respire enfin car pour la première fois depuis notre rencontre, j'espère. Quoi ? Je ne sais encore mais le fait même de ressentir ce sentiment me fait me sentir bien.

Ne le dites pas à Jimin.
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A suivre...
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Un chapitre entier de dialogue... est-ce que ça a été ?

J'ai beaucoup hésité à le publier parce que j'étais un peu mitigé de sa pertinence mais Jimin et Jungkook ont tellement de chose à se dire que je pourrais écrire dix mille mots (soit 5 chap) de conversation...

En tous cas, j'espère qu'il vous aura plu ^^

Et on se dit à bientôt pour de nouvelles aventures de Sigma ~♡

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