Sugino et Kanzaki

Pdv Kanzaki

Il était 13H11 et Sugino n'était toujours pas arrivé devant le stade où il m'avait donné rendez vous.

Rien de dérangeant en soi, je suis de nature plutôt patiente.

Mais, le groupe de jeunes hommes qui m'avaient abordé depuis une bonne quinzaine de minutes commençaient sérieusement à me casser les pieds. Visiblement, c'étaient des étudiants. Il me suffirait de les abattre un par un et de m'en aller mais nous étions en public alors je me contentais de subir en hochant simplement la tête et en refusant le plus poliment possible leurs avances incessantes. Je commençais à m'impatienter quand je le vis arriver au bout de la rue. Il courait à toute allure vers moi ignorant, au passage, mes « assaillants » .

-désole Kanzaki ! L'entrainement a fini plus tard que prévu. Tu ne m'as pas trop attendu j'espères ?

-non pas de soucis. Allons-y ! Lui répondis-je en lui replaçant quelques mèches de cheveux derrière son oreille.

-hey les jeunes ! Vous foutez pas un peu de nous là ?! Dit l'un des jeunes qui m'avaient abordé plus tôt.

-Qui y a-t-il ? Un souci ? Demanda innocemment Sugino en se tournant vers eux.

-ta gonzesse nous a manqué de respect tout à l'heure ! Va falloir qu'elle s'excuse correctement !

-hahaha ! Vous vous trompez sur notre compte, on est pas ensemble même si j'aimerais beaucoup... Répondit le joueur de baseball visiblement heureux.

-mais il se fout de ma gueule ce gamin !!! J'vais t'apprendre moi ! S'écria le plus baraqué d'entre eux en s'avançant pour me frapper.

Sugino dévia le coup et attrapa le poignet de celui-ci en le tordant.

-j'ai pas tout compris à votre petit manège mais... Faudrait voir à pas trop pousser la plaisanterie trop loin. Je veux juste passer une journée tranquille avec ma camarade alors, vous avez intérêt à ficher le camp avant que je vous brise les os. Expliqua-t-il en faisant craquer les phalanges de sa main droite.

Les étudiants partirent très vite, non sans lancer un « on se reverra sales mioches ! » .

Par soucis de fierté sans doute.

-ça faisait combien de temps qu'ils t'embêtaient ? Me demanda Sugino.

-c'est pas très important . Ne t'inquiètes pas.

-je suis désolé d'être arrivé en retard...

-c'est pas grave je t'assure ! Et puis tu n'aurais pas pu me rappeler à quel point tu es classe sans leur intervention.

-tu...m'as trouvé c-classe ?

-oui.

- héhé ! Finalement j'aurais dû les remercier.

Je lui souris avant qu'il ne me prenne délicatement la main et déclare tout rouge.

-Je sais qu'on est pas en couple ou quoi... Mais juste pour aujourd'hui, j'aimerais que tu me considères un peu plus qu'un simple ami...

J'hochais la tête en rougissant également avant que nous mettions à marcher vers le quartier d'Harajuku où nous devions passer l'après midi à faire du shopping.

La relation que nous entretenions avec Sugino était plutôt étrange. Je sais parfaitement qu'il m'aime depuis la troisième, et il n'hésite pas à me le rappeler d'ailleurs. Le problème se posait de mon côté : je ne suis jamais tombée amoureuse. Je ne connais pas cette sensation de manque ou de vide quand la personne aimée n'est pas là ou les papillons dans le ventre lorsque celle-ci est là. Je sais que Sugino est quelqu'un que je ne traite pas comme les autres. Il est en quelque sorte spécial. Je me sens suffisamment à l'aise avec lui pour lui confier mes secrets, ou retirer mon masque de fille parfaite devant lui. Pourtant à aucun moment, je me suis dit que je pourrais sortir avec lui. Quand Sugino m'avait fait sa déclaration, il savait en quelque sorte déjà tout ça. Voilà pourquoi il m'avait dit :

« - Je n'attends aucune réponse de ta part. Je voulais simplement te transmettre tout l'affection que j'ai pour toi et que tu saches que je serais toujours là pour toi. Notre relation ne changera en rien alors sois tranquille. »

Il avait déclaré ça avec un tel sourire sur le visage que je n'avais pas pu répliquer grand-chose qui le contredise. Depuis lors notre relation est comme qui dirait ambigüe. Je le laissais de temps en temps me prendre dans ses bras, me prendre la main etc... J'avais parfois peur qu'il se méprenne sur la nature de notre relation mais je me sentais tellement rassuré quand il posait son regard perçant sur moi, que j'en oubliais toute envie de lui rappeler.

-Kanzaki ? Tu m'écoutes ? Me demanda l'intéressé en posant sa casquette sur ma tête.

-Ha ? Pardon j'étais perdu dans mes pensées... Qu'est-ce que tu disais ? Lui répondis-je en me reprenant.

-je disais que le soleil tapait fort aujourd'hui et qu'on devrait se poser à l'ombre dans un parc parce que les magasins et les cafés risquent d'être blindés vu qu'il y a la clim' dedans.

-d'accord, faisons ça. On pourra discuter un peu.

Une fois dans le parc, nous nous mîmes à l'ombre d'un saule pleureur qui nous cachait du soleil et nous offrait un peu d'air frais. Je m'adossai au tronc tandis que Sugino s'allongeait et posait sa tête sur mes genoux.

 Celui-ci commença à me raconter des anecdotes de son université et sur son club de baseball. Je riais aux éclats.

-Et toi Kanzaki ? Tu te plais dans ta nouvelle université ? Tu t'es fait des amis ?

-eh bien... On peut dire que oui. J'aime étudier la littérature et je me suis fait un petit cercle d'amis mais...

-laisses moi deviner. Tu ne leur as pas montré la vrai toi ? Demanda le baseballeur en se redressant.

-oui...

- je sais que je te l'ai déjà dit mais je tiens à te le répéter : tu n'as pas forcément besoin de montrer ton vrai visage à tout le monde, je suis même honoré d'être le seul, mais tu ne dois pas te fermera comme ça. Ce n'est pas parce que tes parents attendent de toi que tu ressembles à une princesse des contes de fée que tout le monde souhait voir ça en toi. Tu n'as pas à refreiner tes envies et ta vraie nature à cause d'eux. Ca va t'empêcher de faire de super bonnes rencontres et tu vas voir, tu le regretteras plus tard.

-je sais mais j'ai encore du mal à m'y faire... J'ai pris l'habitude de me reposer sur toi. Je ne sais pas comment m'y prendre...

Sugino se cacha le visage .

-tu devrais faire attention au choix de tes paroles... J'ai bien failli te sauter dessus... Murmura-t-il.

Il me prit la main et dit :

-je suis toujours autant amoureux que toi qu'en 3ème, sinon plus... Alors ne me tentes pas autant Yukiko...

Ses yeux étaient brûlants de désir, mais il semblait se retenir: sa main était fermement agrippée à son tee-shirt. Je m'approchais de lui et lui murmurai à mon tour :

-et qu'est ce qui tu ferais si tu le pouvais...Tomohito-kun..?

-je te l'ai déjà dit, je te sauterai dessus. Je te toucherais tout partout, te caresserai, t'embrasserai... Si tu savais à quel point je me retiens.

-excuses moi... Lui dis-je en me rasseyant face à lui.

-tu n'as pas t'excuser. C'est moi qui est choisi de rester à tes côtés, j'aurais très bien pu choisir de m'éloigner afin de t'oublier, alors c'est à moi de faire des efforts pour que tu te sentes à l'aise et qu'aucune de mes envies ne dépassent les limites qu'on s'est fixé tout les deux. Me répondit-il en se grattant la tête.

-on pourrait peut-être les assouplir... Suggérai-je en baissant la mienne.

-qu'est-ce que tu viens de dire...? 

-je disais qu'on pourrait peut-être assouplir ces règles et les faire évoluer. On est plus mature alors...  ces règles n'ont peut-être plus lieu d'être.

Sugino m'adressa un sourire triste avant de se frotter la nuque et de se tourner dos à moi. 

-je sais que je devrais me contenter de la confiance que tu m'accordes et si je dois être honnête... C'est ce que je désire du plus profond de mon être, mais... Ca veut aussi dire que tu ne me vois pas comme un homme, donc comme un potentiel petit ami, et ça, ça pose un gros problème...

-mais bien sûr que si. Je te vois comme un homme-!

L'instant d'après, je me retrouvais plaqué au sol par les mains de Sugino, peut importe comment je me débattais, je ne pouvais me défaire de son emprise. Ses lèvres vinrent me caresser le cou, puis aspirèrent ma peau. 

-je ne suis pas aussi gentil et naïf que tu peux le croire Kanzaki... J'ai des envies que tu éveilles à chaque fois que je pense à toi et le fait que la majorité de mes pensées sont occupées par toi, ça ne facilite pas les choses. Alors s'il te plaît, évites de trop me tenter comme ça, je risquerai d'aller trop loin et de te blesser...

Il pinçait ses lèvres comme si il se retenait de pleurer. Sans trop que je ne sache pourquoi j'ai tendu la main et lui ai caressé la joue. Et comme pour répondre à mon geste, il posa la sienne sur la mienne avec une tendresse infinie.

-Je n'ai pas peur Tomohito-kun... Je sais que tu es quelqu'un de gentil et d'attentionné. Je crois en toi, plus qu'en personne d'autre. C'est moi qui devrait m'excuser de t'avoir fait attendre jusque là... Je t'ai dit que je ne connaissais pas l'amour, que je n'étais pas tombé une seule fois amoureuse et que je ne savais ce que c'était d'avoir l'envie de rester avec quelqu'un parce qu'on se sent bien avec lui, tout bêtement... Mais en fait, sans 'en rendre compte, il était peut être juste là sous mon nez...

-tu veux dire littéralement sous ton nez ou?

Je rigolais un peu à sa remarque puis replongeait mes yeux dans les yeux. Son regard était rempli d'espoir: il brillait. 

-oui, littéralement sous mon nez. Lui répondis-je en posant ma seconde main sur son autre joue.

Celui-ci rougit avant de poser ses lèvres sur les miennes dans une tendresse infinie.

-ça veut dire que je peux faire ça ? Me demanda t-il.

-oui, bien sûr.

Il entremêla ses doigts aux miens.

-et ça aussi?

-oui.

Son sourire s'aggrandit de plus en plus faisant ressortir ses petites fossettes. 

-et je peux dire que tu es ma petite amie..?

-évidemment! Enfin Sugino! Hihi! 

-désolé, j'ai pas l'habitude de recevoir autant de bonheur d'un coup. J'ai l'impression de rêver...Voilà maintenant 5ans que je rêve de toi nuit et jour et pour honnête ça n'a pas été facile tout les jours. Quand je voyais mes anciens potes sortirent petit à petit avec des personnes, les voir rayonner de bonheur... C'était super dur. J'étais si envieux. Envieux de voir que Karma et Rio étaient partis en voyage en amoureux, envieux de voir Nagisa et Kayano venir me voir à mes matchs en couple, envieux d'apprendre que Hayami et Chiba emmenagaient ensemble, envieux de la relation qu'avait Mme Pouffe avec Karasuma qui s'adoucit de plus en plus...

-Je suis désolée... M'excusais-je réalisant combien j'ai pu le faire souffrir en réalisant aussi tard mes sentiments pour lui.

Il posa son doigt sur ma bouche et continua:

-mais aujourd'hui, j'ai été récompensé pour tout mes efforts et si c'est pour avoir une aussi belle fin alors j'aurais été capable d'endurer encore des dizaines d'années cet amour à sens unique! Alors tu n'as absolument pas à te sentir coupable, c'est moi qui suit une tête de mûle!

-Sugino... 

Il effaça de son pouce les larmes qui perlaient à mes yeux avant d'embrasser mes paupières, puis mon front, mon nez et enfin mes lèvres. Ses mains se promenait avec douceur sur mes hanches me procurant un sensation de confort, de chaleur...

-je t'aime tant Yukiko. Maintenant que je t'ai, je ne pense plus pouvoir te laisser partir...

-tant mieux parce que je n'ai aucune intention de m'en aller parce que je t'aime encore plus.

-t'es beaucoup trop adorable...Dit-il en me serrant dans ces bras.

Il ajouta quelques secondes plus tard:

-j'ai la petite ami la plus jolie, la plus intelligente et la plus gentille qui soit. Quel homme comblée je suis.

-J'ai le petit ami le plus classe, le plus attentionné et le plus beau qui soit. Quelle femme comblée je suis.  

Nous éclatâmes de rire avant de nous embrasser de nouveau. J'avais des papillons de le ventre.

Une douleur agréable. 

Quelle drôle de sentiment l'amour...



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