C'était un dôme perdu dans une clairière, une coupole haute d'une centaine de mètres qui s'étendait au beau milieu d'un paysage vert. L'édifice était souvent entouré de brume, les volutes blanches de cette dernière s'enroulant autour des parois arrondies de l'enceinte protectrice.

Elle brillait, l'enceinte. Les rayons du soleil froid se reflétaient contre les pans hexagonaux qui se dessinaient discrètement au gré de celle-ci. Elle bourdonnait un peu, aussi ; mais ça, on ne pouvait pas vraiment l'entendre. C'était trop fin, subtil malgré toute l'énergie dont elle avait besoin pour continuer à fonctionner comme elle le devait. Il fallait se concentrer pour parvenir à discerner ce bruit de celui du vent et des voix qui résonnaient de temps à autre.

Même si le son pouvait devenir entêtant aux oreilles de ceux qui parvenaient à l'entendre, on ne pouvait se séparer de l'enceinte. Elle devait rester debout et continuer à protéger les hauts bâtiments qu'elle abritait.

C'était un peu comme si cette cité existait hors du temps. Au loin, on aurait pu croire qu'elle était morte tant ses lumières ne vacillaient point, tant aucun bruit n'en émanait. Aux alentours, du vide. Un vide qui recouvrait des dizaines ou peut être des centaines de kilomètres d'herbe haute suivie d'arbres qui penchaient au gré du vent. Les branches craquaient au loin et les brins jaunis par le soleil dansaient au rythme de la brise.

Cependant, elle grouillait de vie, la cité.

On ne pouvait le voir de l'extérieur mais elle était peuplée de poignées d'hommes. Tous âgés entre seize et vingt-cinq ans. Ils déambulaient entre les différents buildings, s'allongeaient dans les dortoirs, rigolaient dans les impasses et travaillaient dans les bureaux ou les laboratoires.

Ce qu'il s'y passait ? Personne ne pouvait vraiment le savoir. Un projet secret, que certains disaient. Une préparation en vue de la prochaine guerre, affirmaient d'autres. Certains pensaient même qu'on y faisait des choses pas très nettes. Mais au fond, tout n'était que des on-dits, des légendes qu'on contait pour s'amuser du mystère que représentait la ville intemporelle.

Après tout, la plupart n'en croyaient que du bien, de l'endroit singulier. On devait passer de multiples tests et examens pour avoir la chance d'y entrer ; postuler ou parfois même se faire recruter. Et on n'avait pas vraiment le droit de refuser, d'ailleurs. Si une dame vêtue d'un tailleur blanc venait frapper à votre porte annonçant chaleureusement que votre fils avait été choisi parmi des millions d'autres pour rejoindre leur cause ; on ne pouvait oser dire non.

Quoi qu'il en soit, peu étaient ceux qui en avaient envie.

C'était un honneur de se voir proposer cette opportunité ; quelque chose qui apportait un revenu régulier à votre foyer et une fierté immense qui pouvait reposer sur les épaules de vos parents. Alors, beaucoup y envoyaient leurs enfants, que ce soit pour exploiter la chance qu'ils avaient ou pour faire bonne figure.

Les adieux étaient toujours compliqués mais ils en valaient la peine. Les jeunes hommes sélectionnés allaient accomplir de grandes choses, amener progrès et excellence à leur nation. On ne pouvait cracher sur des choses pareilles. On ne pouvait les empêcher d'avoir leurs noms dorés.

En acceptant cette précieuse proposition, ils avaient l'occasion de montrer ce dont ils étaient capables, d'affronter une toute nouvelle facette de leur existence et ce, tout en rencontrant des milliers d'autres jeunes comme eux. Ils avaient cette chance de pouvoir tisser de nouveaux liens, de voir leurs talents grandir et de briller sous les yeux des plus grands de ce monde.

Or voilà, en fin de compte, personne ne savait ce qu'il se tramait dans la Zone 325. Nul ne savait ce qu'on faisait réellement dans le District Neuf.