Epilogue: Everything I never said

E V E R Y T H I N G
I N E V E R S A I D

Harry Styles-Tomlinson

01/02/2016, 2 P.M.

(Londres, Angleterre, chambre d'Harry, "we made these memories for ourselves")

Mon premier moment de répit de la journée équivaut égalemment à ma première cigarette. Je ne sais pas comment j'ai fais pour tenir jusqu'à cette heure sans fumer mais avec Danielle sur mon dos toute la journée, je n'ai pas vraiment eu le choix.
"Fais ci, fais ça, reste ici, va là bas, souris, c'est ton anniversaire". Sérieusement, c'est ma meilleure amie et je l'aime plus que tout mais il y a des jours où elle me les brise vraiment. Et honnêtement, il n'y a pas de pire journée qu'aujourd'hui pour me faire chier.
La pièce où je me suis enfermé n'aurait pas pû être plus mal choisie. Ici, je m'entends beaucoup trop penser pour ma propre santé mentale et la pièce me le rappelle beaucoup trop pour que j'y sois bien.
En général, j'évite d'être seul, et je dors en bas dans le salon pour ne pas trop venir au premier étage de la maison, mais il y'a des jours où j'en ai besoin, et aujourd'hui est définitivement l'un d'eux.

-Harry?

Je roule des yeux en entendant Danielle toquer à la porte.

-Quoi?
-Il y a quelqu'un qui veut te voir.
-J'arrive.

J'attends qu'elle s'éloigne, ce qu'elle ne fait pas, grogne un "fait chier" et écrase mon mégot de cigarette dans le cendrier posé en équilibre sur le bord de la fenêtre.
Je saute sur mes pieds, ouvre la porte. Danielle se tient de l'autre côté, bras croisés sur la poitrine, appuyée sur sa jambe droite.

-Dès que je tourne le dos, tu disparais.
-Je ne disparais pas. J'avais besoin d'une cigarette et avec toi dans les parages, c'est impossible.
-C'est ton anniversaire, tu devrais être en bas avec nous.

Je soupire.

-Et tu m'aurais laissé fumer? Ouais biensûr. Puis je t'avais déjà dit que je ne fêterai rien. Pas aujourd'hui. Si vous voulez fêter demain, on le fera demain, mais pas aujourd'hui.

C'est à son tour de soupirer.

-Ce n'est pas ce qu'il aurait voulu, reprend-t'elle d'une voix douce, il n'aurait pas-...
-Tu ne sais rien de ce qu'il aurait voulu, comme moi je n'en sais rien non plus. Et tu sais pourquoi? Parce qu'il n'est plus là. D'accord? Alors si tu pouvais arrêter de me saoûler et me laisser être triste en paix rien qu'aujourd'hui, ce serait génial. Ok?

Elle a l'air heurtée et je regrette immédiatement ce que j'ai dis. Mais en même temps, elle n'avait qu'à pas insister. Bon, après comme c'est Danielle et qu'elle me surprendra toujours, elle dit:

-Tu as raison. Tu as le droit d'être triste, au moins aujourd'hui. Descends juste voir qui est là, s'il-te-plaît. Puis je te promets que je te laisse tranquille. Tu pourras faire ce que tu veux.

Je souffle longuement, irrité mais décidé à ne pas la blesser non plus.

-C'est Briana? Freddie est là?
-Non.
-Si ce ne sont pas eux, ça ne m'intéresse pas.

Elle me frappe à l'épaule, énervée à son tour.

-Harry! Je te demande juste ça, c'est important!
-Ok, c'est bon. Allons-y.

Danielle sourit, et descend les escaliers de la démarche légère et fluette propre aux danseurs et je la suis sans trop d'entrain, traînant les pieds. Nous sortons de la maison, passons à l'arrière pour aller dans le jardin.
J'observe tous mes amis s'amuser, suis prêt à lancer une pique sur le fait qu'ils sont bien trop excités vu la date mais mon regard s'arrête sur la fameuse "personne".
Elle porte un pull que je devine appartenir à son fiancé -ce qui me dégoûte encore plus de la voir-, ses yeux, mes yeux, sont soulignés de cernes violettes, elle tient la main de sa fille dans une main et quelque chose que je n'arrive pas à identifier dans l'autre. Je me tourne vers Danielle, sourcil levé.

-Sérieusement?
-Je lui ai dis que tu ne voudrai pas mais elle a insisté. Elle a dit que c'est urgent.

Je soupire, regarde la nouvelle arrivante.

-Qu'est-ce-que tu veux, Gemma?
-On peut discuter? S'il-te-plaît?
-Non.

Honnêtement, même moi je ne sais pas pourquoi je lui en veux autant. Je veux dire... elle n'était pas la seule à le savoir sans me le dire mais le fait qu'elle soit ma sœur et qu'elle m'ai caché ça pendant un an me rend complètement dingue. Ça fera un an dans une semaine que j'ai arrêté de lui parler. Je ne sais pas si je cherche juste quelqu'un d'autre à blâmer à part Louis mais ça fait un an qu'elle s'en prend plein la gueule. Je suis un connard injuste, mais je l'assume.

-Laisse moi au moins te donner quelque chose.

Elle tend la main, et je jette un bref regard à ce qu'elle tient, reconnaissant une boîte de CD.

-Je ne veux pas de tes cadeaux, merci quand même.

Je lui tourne dos pour partir, m'arrêtant brusquement quand elle reprend la parole.

-Ce n'est pas de moi, Harry.

Le ton de sa voix me renseigne suffisamment sur l'identité de la personne pour que je me tourne de nouveau vers elle. Son bras est toujours tendu vers moi. Tout le monde nous regarde, et un silence total s'installe entre nous tous quand je saisis le CD.
L'inscription sur le dessus confirme mes pensées, c'est l'écriture de Louis.

Tout ce que je n'ai jamais dis.

Je lève les yeux vers ma sœur, m'en voulant brusquement.

-Merci.
-De rien.

Elle semble hésiter alors je la prend dans mes bras. C'est assez étrange, et ça fait presque un an que je ne tiens personne contre moi. Nous restons un moment enlacés en silence, finissant par nous séparer en riant quand Carter tire sur mon pull pour attirer mon attention.
J'observe ma filleule, ses cheveux bruns qui bouclent sous ses oreilles, dont deux mèches sont retenues en arrière par un grand ruban rose et sa longue frange droite qui cache presque ses yeux verts. Je me baisse, embrasse son front.

-Tonton Harry va juste aller voir un truc en haut puis il revient. Ok mon cœur?

Elle hoche la tête, ses boucles tressautant autour de sa tête. Je rentre dans la maison et monte l'escalier à toute vitesse. Quand j'ouvre la boîte, je ne peux m'empêcher de rire à la vue de ce qu'il a écrit dedans.

Ce n'est pas un CD mais un DVD. Désolé, c'est la seule boîte que j'avais ahah!

Pour la troisième fois depuis qu'il est mort, j'ose rentrer dans sa chambre. J'essaye de ne pas trop m'attarder sur les détails mais je remarque les draps qui n'ont pas encore été changés, ses vêtements en bordel dans l'armoire restée ouverte, l'énorme rangée de Vans et chaussures Adidas sur le côté du lit.
Je m'assois au bord du lit, allume la télévision, met le DVD dans le lecteur. L'écran reste noir quelques secondes, puis la vidéo se met en route. La première image qui me parvient est de Louis penché sur la caméra, ce qui signifique que je ne vois que sa gorge, et les tatouages de son torse à cause du col trop large de mon pull qu'il porte.
Puis il se recule peu à peu, avant de finir par s'asseoir sur une chaise au milieu de la pièce dans laquelle il se trouve. Ça ressemble à une chambre d'hôtel.
Je retrouve son visage, ses tics et ses mouvements après une année complète sans les voir.

-Si ce truc ne filme pas et que je dois tout refaire, je vais péter un câble.

Je ris, mi-amusé mi-ému d'entendre sa voix. Une seule phrase et j'ai l'impression de l'avoir de nouveau prêt de moi. Généralement, j'arrive à éviter d'entendre sa voix, mais parfois j'ai tellement peur de finir par l'oublier que je passe des heures à regarder des interviews ou à écouter des chansons.
Il devient un peu plus sérieux juste après, tirant sur les manches de mon pull pour qu'elles couvrent ses mains.

-Hey Hazz'. Si tout ce passe comme prévu, tu devrais recevoir ceci exactement un an après que je sois... mort? Parti? Comme tu préfères. C'est à Gemma que je vais demander de te le remettre, ou Eleanor au cas où Gemm' n'accepte pas.

Louis ne sait pas trop où poser ses yeux, allant de ses mains, à la caméra, au plafond.

-Je voulais faire ça parce que nous connaissant tous les deux, je vais soit ne pas être assez courageux pour tout te dire ou toi pas assez courageux pour l'entendre. On est des sans-couilles.

Il rit et moi aussi.

-Donc voici tout ce que je n'ai jamais dis.

Il marque un temps de pause, hésitant, tend son bras vers la caméra pour l'éteindre, se ravise.

-La première chose que je veux que tu saches, c'est que je n'agis pas par égoïsme. Je ne suis pas en train de penser: "je ne lui dis pas parce que si je lui dis, je vais le perdre". Je ne t'ai pas dis simplement parce que tant qu'à te faire souffrir, autant te faire souffrir le moins possible.

Il mordille la pulpe de son pouce, reprend.

-Après tu pourra peut être penser que c'est quand même de l'égoïsme mais dans ce cas là, rien de ce que je raconterai ici te fera changer d'avis. J'espère tout de même que tu ne pensera pas ça, parce que ce n'était pas du tout mon but.

Louis se tortille sur sa chaise, mal à l'aise.

-Je t'ai menti, plus que je n'ai jamais menti à personne, et j'accepterai complètement que tu m'en veuilles. Je m'en veux aussi. Et je sais que tu va dire que je me contredis mais c'est la vérité. Je ne m'en veux pas d'avoir agi comme ça pour ton bien, seulement je pense que j'aurai dû faire ça différemment.

Il passe ses doigts dans ses cheveux, avant de tirer de nouveau sur ses -mes- manches.

-J'ai énormément rêvé de ma mort depuis que j'ai appris que j'étais malade. Je mourrai de toutes les manières possibles et impossibles. Puis tu as commencé à mourir à ma place et j'ai réalisé à que je ne suis pas la plus grande victime de ma propre existence, et j'en suis désolé.

Il joue avec ses mains tremblantes, tordant et mordillant ses doigts.

-Il n'y a pas un seul moment pendant lequel je ne t'ai pas pris en considération. Chaque parole, chaque geste, chaque décision que je prononce, fais ou prends rapporte à toi. Depuis la toute première seconde. C'est pour ça que je t'ai directement menti. Tu as été la première personne à laquelle j'ai pensé. Pour moi, c'était clair depuis le début: souffrir ok, te faire souffrir hors de question. Enfin... je sais que c'est inévitable que tu finisses par le faire mais le plus longtemps que je pourrai l'éviter, le mieux ce sera.

Louis lève sa main dissimulée par sa manche vers son visage, comme pour essuyer une larme, même s'il ne me semble pas qu'il pleure.

-Et si un jour tu es triste, dis-toi que moi je ne le suis pas. Je me sens bien. Tellement tranquille. Je suis heureux qu'on soit ensemble, parce que je ne pense pas que j'aurai pû me pardonner de ne pas t'avoir dit tout ce que je pense et que je ressens avant de mourir. Merci pour le bonheur que tu m'apporte. Je n'ai jamais été complètement heureux dans ma vie avant de te recontrer.

Cette fois, il pleure vraiment et je le vois, mais ça reste assez doux, paisible.

-Je vais partir, mais pas totalement. Je te surveillerai. Promis. Où que je sois, et quoi qu'il arrive après ma... mort, je resterai près de toi pour toujours. Mais comme je te promets ça, il faut que tu me promette quelque chose en retour.

Je me fige, devinant ce qui va suivre.

-Je veux que tu vives ta vie. Je t'interdis de rester bloqué sur moi pour le reste de ton existence. Je t'ai fais cette vidéo pour t'expliquer des trucs mais je ne veux surtout pas que ça te tire vers le bas. Je veux que tu trouve quelqu'un qui te rendra heureux, et avec qui tu pourra avoir tout un tas de gamins. Ok? Tu promets?

Il tend l'auriculaire vers la caméra, comme s'il voulait que j'y entrelace le mien.

-Merci pour tout Harry. Tu restera mon âme-sœur à tout jamais. Sincèrement tien, tu t'en souviens?

Il porte son collier à ses lèvres, puis m'envoie un baiser en riant doucement.

-Je t'aime.

Louis tend sa main pour éteindre la caméra, et l'image sur l'écran reste bloquée sur son sourire. Je me penche un peu, comme pour essayer de l'atteindre, me rendant brusquement compte que je suis en train de pleurer. J'embrasse son image à l'écran, sent les larmes tomber sur mon jean.

-Moi aussi, je t'aime.

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