Chapitre 5 - Arrête de te faire des films...
( Toujours jeudi 7 fev)
" Juste Julian a une double-vie, le jour il est pion, la nuit détective et il file les adolescents en fuite. Laisse-moi le temps de traverser la rue et je suis la"
Je relève la tête et l'aperçois venir en courant vers moi.
- Tu m'as suivi Sherlock Holmes?
- Tu croyais que j'allais te laisser partir dans cet état, j'ai bien vu que t'étais au bord des larmes et même ce midi.
- Tu m'as quelque peu dérouté, jamais personne n'avait remarqué que mis à part la fatigue, j'étais pas si heureux que ça...
-On va dans ma voiture ? On aura plus chaud, je ne sais pas toi mais moi je me les gèle.
- Oui j'ai froid aussi. C'est pas la tienne celle-là dis-je en faisant signe vers la bagnole blanche vers laquelle on se dirige.
- Non, celle de mes parents, si je voulais te suivre, fallait pas que je me fasse repérer.
Il l'ouvre en tournant la clé dans les serrures passager et conducteur, c'est une voiture qui a déjà quelques années derrière elle. On s'engouffre à l'intérieur et il allume le chauffage.
- Tu vas le dire à mère ce que t'as découvert?
- Non, je te couvrirai.
- Merci
- Mais promet moi d'arrêter ça, c'est pas pour toi Tristan...
- Tu crois que je le sais pas! Je déteste faire ça, je supporte pas le regard de ces hommes sur moi, j'ai horreur qu'ils glissent leur billets dans mes sous-vêtement, je me sens affreusement mal à l'idée que tu m'ait vu...mais j'ai pas le choix, faut que je continue pour ma mère...pour vivre...dis- je alors que mes larmes commence à se déverser sur mes joues et que le sanglot que je gardais coincé jusqu'à présent s'échappe malgré moi.
- Eh, t'en fais pas, ça va aller dit-il en passant son bras derrière mes épaules pour me ramener contre lui.
Je m'effondre de plus belle, me laissant aller pour la première fois depuis des lustres, cette étreinte me fait tellement de bien.
- T'inquiète pas, je vais t'aider, je vais te sortir de la et tu trouveras mieux et puis pour le coût de ta scolarité, je suis sûr qu'on peut s'arranger avec le directeur.
- J'ai déjà eu droit à une bourse, si j'arrête de danser, je m'en sortirais plus...
- Mais si on va trouver une solution, ça va s'arranger.
Au bout de quelques minutes, je me redresse sur mon siège.
- Je suis désolé... dis-je en regardant par la fenêtre tout en essuyant mes yeux. Je chiale pas d'habitude, c'est surement parce que je suis crevé.
- Ou, tout simplement parce que tu craques, parce que t'en as besoin, et faut pas que tu sois mal à l'aise parce que t'as pleuré devant moi, ok? Tu supportes des choses qu'un ado de 17 ans ne devrait pas avoir à vivre, c'est normal que tu ais besoin d'évacuer, de lâcher prise et surtout je ne fais pas parti de ces cons qui disent que montrer ses émotion, c'est une preuve de faiblesse.
- Tu ne le diras pas à Andrew?
- Mais non. Je peux te poser une question?
- Oui.
- T'as jamais fait des trucs avec un de ces types?
- Jamais plutôt crever, j'ai une dignité quand même. J'ai même refusé de faire une danse privée à un client ce soir.
- Je sais, c'était moi, je voulais que tu me rejoignes pour discuter, je me suis dit que si tu m'apercevais dans la boîte, tu t'enfuirais. Comme t'es pas venu je t'ai choppé à l'extérieur. Et si ça peut te détendre je t'ai pas regardé comme le font tous ces hommes, ni aujourd'hui, ni la seule autre fois ou je suis venu.
- Merci Julian. Tu avais surement d'autre chose à faire que fliquer et consoler un gamin.
- Qu'est-ce que j'aurais fait de plus, réchauffez un plat tout fait au micro-onde et raconter ma journée à mon chat qui ne comprend rien de ce que je lui dit.
- Carrément déprimant...
- Ouais, mon mec s'est barré et j'ai repris ma vie de célibataire.
- Je suis navré dis-je alors qu'en fait bizarrement je suis ravi. Je me foutrais des claques.
- Oh c'était pas une grande perte. Au fait super jeu d'acteur ce matin avec Ashley, si je n'avais pas su que c'était pour un pari, j'y aurais surement cru.
- Ouais et moi si j'avais su qu'il ne fallait qu'un simple baiser pour qu'elle me laisse tranquille, je ne lui aurais pas crié dessus l'autre matin. En plus elle est plutôt sympa.
- Tu te fais pardonner en lui donnant un petit coup de pouce pour se mettre avec mon frère.
- Ouais, j'espère que ça va marcher. Et pour mon devoir, tu l'as donné au prof?
- Oui et apparemment il est très réussi et j'ai convaincu M. Gourdin de te le noter pour faire remonter ta moyenne.
- T'es le pion le plus cool que j'ai jamais eu.
- C'est gentil. Mais Camille, elle est plutôt sympa elle aussi.
- Trop pas, elle est chiante, on peut pas discuter en salle de perm, avec elle. En plus elle est toujours sur Drew et moi.
- Peut-être est-ce parce que vous lui avez tapissé sa chaise de colle extra forte...
- Elle te l'a raconté?
- Oui. Vous n'avez pas intérêt à me faire un truc dans le genre tous les deux, j'ai mis en garde Andrew maintenant je te le dis à toi. Pas de coup foireux.
- Non, je me permettrais pas, t'es le grand frère de mon pote, t'y échappe et puis ça m'a fait du bien de parler avec toi...je me sens moins seul maintenant que tu sais...merci pour tout. Je vais y aller si je veux dormir un peu.
- Ok, je peux te déposer si tu veux?
- J'ai à peine deux rues à longer pour arriver chez moi, ça ira.
- Je préfère te raccompagner.
- D'accord.
Quand j'arrive chez moi, la pendule dans l'entrée indique 5h00, je vais pas me coucher pour deux petites heures me dis-je et puis de toute façon, je pense trop pour m'endormir. Je m'installe dans le canapé vert anis dans le salon aux murs abricot et allume la TV, en gérant le son, pour ne pas réveiller ma mère. A cette heure-ci, évidemment il n'y a rien, mais c'est pas grave, mon esprit est ailleurs. Mes pensées sont tournées vers lui, ce mec que je connais depuis seulement quatre jours, ce mec qui a fissuré ma carapace que je croyais bétonnée. Je repense à ce moment où il m'a serré contre lui, ce moment où je me suis senti si bien malgré mes larmes, ce moment où il m'a réconforté, cet instant où je me suis dit maintenant il sait, tu n'es plus seul.
Vendredi 8 fev 2013
Quelques temps plus tard alors que je zappe les chaînes, je sursaute en entendant l'alarme de mon réveil retentir en écho dans la maison. Je cours l'éteindre. Manque de pot, un peu tard vu que quand je ressors de mon coin à moi, je croise ma mère dans le couloir qui sort de sa chambre.
- Désolé, j'ai oublié de fermer ma porte quand je suis rentré hier soir.
- C'est pas grave, j'étais déjà levée.
- Ah, je vais m'habiller pour le lycée dis-je en l'embrassant avant de m'enfermer dans ma piaule.
J'enfile caleçon, chaussettes, jean, t-shirt et pull sans vraiment faire attention au choix, je suis pas vraiment un accroc la mode même si je porte des trucs un minimum moderne. Puis mon éternel rendez-vous maussade avec le miroir arrive, coiffage rapide avec les doigts, un coup de crayon, bonne-mine, du dentifrice, parfum et deo. Me voilà fin prêt, je repars dans ma chambre attraper mon sac et me dirige vers la sortie quand je suis intercepté.
- Tristan, t'as mangé quelque chose?
- Non , Man, j'ai pas faim.
- Tiens prends des biscuits, je préfère.
- Ok dis-je en les prenant.
- Passe une bonne journée me dit-elle alors que je quitte la maison.
- Toi aussi lançais-je.
Une fois la porte refermé, je glisse les gâteaux dans mon sac et commence à marcher jusqu'à l'arrêt de bus, je serais en avance mais ça changera de d'habitude. Je me paye une deuxième frayeur lorsqu'une voiture me klaxonne. Je me retourne et reconnais tout de suite le conducteur et son passager, Julian et Andrew.
- Tu montes? Je nous ai trouvé un taxi super classe pour aller au bahut tous les jours. me lance mon meilleur ami.
- Allez grimpe Tristan, tu ne vas pas poireauter dans le froid. Dit son grand frère
- Si c'est si gentiment proposé dis-je en ouvrant la porte arrière avant de m'asseoir dans le véhicule. Ça te fait pas faire un détour de venir par chez moi?
- Si mais ce n'est pas contraignant et puis c'est plus agréable que le bus.
- C'est sur répondais-je
- Hum, j'aurais besoin de vos conseils les gars, c'est pour Ashley dit le passager. Oui je sais que j'avais dit que je préfèrerais des conseils de type qui s'y connaissent en fille mais y'a pas mieux que ma bouclette frisée et mon meilleur pote pour m'aider.
- Quel est ton souci blondinet? Interroge son frère.
- J'ai obtenu un rendez-vous avec elle ce weekend mais je ne sais pas quoi faire, ou l'emmener.
- Ce que j'éviterais, c'est le cinéma, ça c'est plus pour un couple qui sort ensemble depuis quelques temps.
- Je suis de l'avis de ton frère, il faut que vous appreniez à vous connaitre et voir un film c'est pas le top pour discuter.
- Vu la saison, tu pourrais l'emmener dans un premier temps boire une boisson chaude, après tu peux lui montrer tes endroits préférés, lui demander les siens, lui demander ce qu'elle aime faire, ça peut te donner des idées pour les prochains rendez-vous, sinon si elle a trop froid, tu peux la ramener à la maison et à ce moment-là, lui proposer un dvd, pourquoi pas si elle aime ça, préparer avec elle des cupcakes, ça peut favoriser les moments de complicité. Dit Julian
- Comment tu fais pour avoir autant d'idée?...dit Andrew
- J'avoue en plus elles sont bonnes ajoutais-je
- J'ai assez facilement des idées pour les autres mais quand c'est pour moi je sèche, et je crois que c'est pour tout le monde pareil, quand il s'agit de nous, notre imagination nous fait faux bond.
- Et je m'habille comment?
- Restes toi-même, ne vas pas en faire des caisses. Tu lui plais comme tu es d'habitude. Je veux dire va pas la voir en chemise pantalon et chaussures cirées. Dis-je
- Merci ça je le sais bien Tristan me répond-il
- Je sais, j'exagère mais ce que je veux dire, c'est , reste naturel, si tu veux mettre du parfum, une chemise sympa ok, après en bas ,sois décontracté avec jean et basket.
- Ok merci les gars.
- De rien, allez descendez, on n'est pas loin du lycée.
- Merci pour la route. Dis-je en sortant du véhicule
- Tu vas pas me remercier tous les matins.
- Non, je vais faire une révérence dis-je en m'abaissant comme pour saluer au théâtre.
Il sourit à ma bêtise...putain ce sourire et cette façon de plisser les yeux en même temps...c'est trop craquant. " Craquant" Depuis quand j'utilise un vocabulaire comme ça moi...ça va plus la...
- Et bien mon pote tu fais quoi? Me lance mon meilleur ami
Quand il me ramène sur terre, je me rends compte que je suis resté coincé à regarder Julian, j'ignore combien de temps, mais suffisamment pour me mettre mal à l'aise et que je rougisse...Je me pousse vite de devant la bagnole et reviens à hauteur d'Andrew.
- Qu'est-ce que tu foutais?
- Rien je remerciais ton frère.
On marche jusqu'au lycée et à notre arrivée, la possible future petite amie de Drew nous fait la bise avant de nous expliquer, qu'elle a récupéré les sous du pari, coupé les ponts avec ces "pseudo-amies" et elle demande aussi si elle peut intégrer notre duo. Evidemment, on accepte avec plaisir surtout un certain blond qui ne se remet pas de ses bisous sur les joues. C'est très comique de voir ça. Je le charrie mais moi je ne me remets pas d'un simple sourire...et de l'étreinte d'hier soir ou plutôt de cette nuit. Alors qu'on se dirige tous les trois vers les marquages au sol du numéro de notre salle de classe, la sonnerie s'étant déclenchée, mes jambes s'affaissent sous moi, sans que je ne puisse me retenir, je tombe, ma tête tourne et puis plus rien.
J'ouvre les yeux et la première chose que je vois, c'est un plafond blanc qui avance. J'observe un peu mieux la situation et me rend compte qu'on me porte...mon cœur accélère la cadence, mes pommettes chauffent... je suis dans les bras de...Julian...
A peine ais-je pris conscience d'être contre lui, qu'il me dépose sur un lit que je reconnais être celui de l'infirmerie du lycée, puis il s'en va. J'explique à la jeune femme en blouse que j'ai fait une nuit blanche et que je n'ai rien mangé ce matin, elle me fait un sermon que j'écoute que d'une oreille puis me donne un bonbon avant de sortir de la pièce. Elle revient quelques minutes après chargé d'un plateau avec verre de jus de fruits, pain, confiture et mini-beurre. Le petit déjeuner des internes surement. Comme elle me regarde, je mange même si je n'ai pas trop faim.
- Dès que tu auras fini, tu rentreras chez toi, ton surveillant s'est proposé pour te ramener, vu que je sais bien que ta mère ne peut pas le faire. Dit-elle en le faisant entrer
- C'est bon, je peux retourner en cours, tout va bien.
- Ça c'est à moi d'en décider mon garçon et tu vas retourner à la maison et te reposer.
- Vous avez téléphoné à ma mère?
- Non, je ne voulais pas l'inquiéter, c'est juste un manque de sommeil.
- Ne t'inquiète pas je l'expliquerais a ta mère de façon à ce qu'elle comprenne que ce n'est rien de très grave dit mon chauffeur
Je termine mon plateau et elle m'aide à me lever avant que Julian ne glisse un bras derrière ma taille, posant un des miens autours de ses épaules pour me soutenir.
- C'est bon je peux marcher.
- T'es sur?
- Oui, parfaitement dis-je
Je suis de plus en plus troublé par les contacts avec lui, c'est pourquoi j'essaie de les éviter au maximum. On quitte le lycée et on prend la route direction la maison de la famille Montbrun.
- Tu aurais dû rester chez toi aujourd'hui, ce n'est pas si terrible si tu ratais une journée.
- Ma mère se serait sentie coupable et je ne voulais pas, maintenant ça va être pire...
- Si tu veux pour éviter ça, je peux te laisser chez moi, et puis je te ramènerais en rentrant du lycée, comme ça elle n'en saura rien.
- Tu ferais ça?
- Pour épargner ta maman oui, mais tu as intérêt à dormir.
Cinq minutes plus tard, on débarque chez lui, c'est sympa et moderne. Il me dit qu'il y'a de quoi manger dans le frigo et que je dois faire comme chez moi puis il m'entraine dans une chambre d'amis.
- Je dis rien à ta mère, mais en échange tu dors, on est d'accord?
- Oui Papa dis-je en souriant.
- Tristan c'est sérieux, je rigole pas.
Je sors mon portable et prend un cliché avant de lui dire en lui montrant:
- Si tu souris regarde j'en ai la preuve.
- Ok t'as raison. Content? Mais ça change rien au fait que je sois sérieux.
- Carrément, je sais et je vais pioncer.
- Et ce soir, tu ne vas pas au club, tu arrêtes ça, tu n'y vas plus du tout, on va trouver une autre solution.
- Je vois pas comment.
- On trouvera. Bouge pas de là je reviens.
- Ok
Tu parles, a peine est-il parti, que je me planque derrière la porte qu'il a laissé ouverte. Je sais pas pourquoi je fais ça, peut-être histoire de retarder son départ et de l'agacer parce que ça m'amuse. Dès qu'il revient, je me marre intérieurement en le voyant regarder dans l'armoire, sous le lit avant de m'écrier dans son dos.
- BOU!!
Il pousse un cri me rendant complètement hilare.
- Ah c'est malin ça, la blague d'un gosse de dix ans qui veut pas aller au lit.
Pour toute réponse, je lui tire la langue et oui, j'ai 17 ans...ça craint non? J'ai pas le temps de me poser la question puis-qu'après avoir tiré la couette, il m'attrape par la taille et me soulève du sol pour m'allonger sur le lit avant de me recouvrir. Moi je ne cesse pas de rire, essayant de me débattre alors qu'il tient fermement la couverture sur moi. Je me calme et on reste quelques secondes plantés l'un dans les yeux de l'autre puis il se ressaisit.
- Si tu veux te changer pour être plus à l'aise, je te laisse des fringues a côté de toi. Bon je dois retourner au lycée dit-il en se redressant.
Je le retiens par son bras posé sur mon torse à travers la couette et lui susurre un " merci".
- De rien, maintenant, fais-moi plaisir, dors.
Il accompagne ses paroles d'un geste auquel je ne m'attendais pas, il dépose un bisou sur mon front. Il me sourit avant de quitter la chambre et de me laisser le double de ses clés. Moi je suis dans tous mes états suite à son départ. M'a-t-il embrassé pour rentrer dans mon jeu débile, du père qui couche son fils et l'embrasse, ou l'a-t-il fait parce qu'il craque pour moi?...Mais non Tristan arrête de te faire des films, t'es qu'un gamin pour lui, tu ne l'intéresse pas...et puis tu ne dois pas te laisser aller à des sentiments, tu sais à quel point ça fait mal d'aimer, surtout que cette histoire est absolument irréalisable, si tu te laisses envahir par des sentiments amoureux, tu vas souffrir...l'amour n'est pas pour toi et encore moins ce mec...
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