Chapitre 23 ¤ Mensonge et vérité ✔

¤ Quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse on ne peut pas renier nos origines ¤

Point de vue de Courtney :

Je lis un vieux bouquin qu'une infirmière m'a gentiment prêté vu que j'ai été admise aux urgences sans aucunes affaires. Et franchement, la trame du roman est vraiment pas terrible.

Je soupire et repousse le livre sur la table de chevet. Je suis épuisée mais en même temps je n'ai pas envie de dormir. Je n'y arrive pas surtout...

J'ai vraiment trop chaud dans cette chambre et les vêtements d'hôpital que m'ont donné les aides-soignantes n'aident pas beaucoup.
Soudain la porte de ma chambre s'ouvre doucement et la même infirmière arrive :

- Bonsoir mademoiselle, vous allez bien ?

- Oui merci, répondis-je en baillant.

- Le livre vous plaît ?

- Oui, il est génial !

Premier mensonge.

- Très bien alors, vous avez de la visite. Je sais qu'il est tard donc si vous ne voulez pas, je comprendrais. C'est normal que vous soyez fatiguée.

- Non non, au contraire je suis en pleine forme.

Deuxième mensonge, quoi que... Je suis certaine que le fameux visiteur est Tyson alors j'accepte.

L'infirmière règle quelque chose sur une machine qui ressemble à un électrocardiogramme, elle réajuste quelques boutons dont je n'ai aucune idée de leur utilité et s'éclipse.

Je me tords les doigts dans tous les sens : visiblement je stresse. Pourtant je ne devrais pas, c'est juste Tyson qui vient voir comment je me sens.

C'est normal, je suis tombée chez lui, il ne va pas me laisser seule et je doute fort qu'il s'intéresse réellement à mon état.

Il y a aucun miroir dans la pièce donc je ne peux pas voir à quoi ma tête ressemble mais en même temps je n'ai pas trop envie de le savoir...
La sensation de mes paupières lourdes me laisse à croire que mes yeux ont bouffis, mon maquillage à sans aucun doute couler et mes cheveux à moitié mouillés ont repris leur ondulations.

La porte se rouvre et cette fois c'est bien Tyson qui entre, les mains dans les poches, la tête basse. Il la relève immédiatement en baissant sa capuche qui était sur sa tête et je remarque que la ligne de sa mâchoire est vraiment bien tracée. Fauderait m'expliquer pourquoi je bloque sur ce stupide détail ! Dites que je suis une folle, je ne vous en voudrais pas.

- Salut, tu-- Tu vas bien, demande-t-il hésitant.

OK j'ai rarement vu une mâchoire aussi belle. Il fronce les sourcils :

- Courtney, ça va ? J'ai- J'ai une trace sur le... Le menton ?

Merde, fauderait peut être que j'arrête de le fixer.

- Oh non rien ! C'est juste que tu as une belle...heu, mâchoire...

- Ah ok, ben... merci alors, dit-il en riant tout en passant un main dessus. Alors tu vas bien ? Comment tu te sens ? Tu sais que tu m'a fait une sacrée peur ! Recommences pas s'il te plaît. Au fait, tu veux que j'appelle Shelby ? J'ai pas eu le temps de prendre mon portable en partant et je ne connais pas le numéro de chez toi.

Je rie quelques secondes. Visiblement ce genre de situation n'a pas l'air de souvent lui arriver. Il a l'air complètement dépassé.

- Non, je vais bien je ne veux pas qu'ils s'inquiètent pour rien. En plus il est tard, on les appellera demain. Et au fait, calmes toi, lançais-je, tu as l'air complètement nerveux.

- C'est parce que je le suis, dit-il en souriant avant de s'asseoir sur le bord de mon lit.
J'ai vraiment eu peur que tu te noies.

Je ne sais pas quoi répondre. Il me fixe intensément avant de me prendre la main et de s'adosser à la rambarde qui entoure le bas du lit.

- Je ne te laisserais pas tomber, hein.

- Oui c'est vrai, murmurais-je doucement en resserant mes doigts autour des siens. Au fait, comment as-tu fait pour rentrer ? Les visites sont interdites la nuit.

- Mon nom de famille m'apporte quelques privilèges, un des seuls avantages tu me diras.

Ne pas connaître son passé commence sérieusement à titiller ma curiosité. Je sais simplement que son père est trop égoïste pour se préoccuper de son propre fils mais je me demande ce qui est arrivé à sa mère.

- C'est vrai quoi, depuis la perte de ma mère j'ai tout fait pour le rendre fier, qu'il se rende compte de tous les efforts que j'ai fournis. Mais jamais, jamais, il m'a accordé une minute d'attention. Son métier l'a toujours plus intéressé que son fils. Alors, quand j'ai eu 15 ans j'en ai eu marre de faire des efforts pour rien. Mes notes ont chuté, j'ai commencé à fumer et le football est devenu mon refuge. Le seul truc qui arrive à tenir debout. Mais... Ouais nan oublies.

- Tu sais que tu peux tout me dire Tyson. Je ne me permettrais pas de te juger.

- Je sais mais le problème c'est que dès que je parle de mon passé j'ai l'impression de devenir vulnérable, qu'à tout moment on puisse m'attaquer et ça serait trop dur. Car si on me lance une remarque sur mon passé, je sais qu'elle arrivera à m'atteindre et elle me détruira. De toutes manières il n'y a rien a dire.

- Non tu te trompes. Il y a tout à dire.

Il soupire mon prenom dans un souffle avant de prendre sa tête entre ses mains et je me demande si c'était vraiment une bonne idée d'insister. Mais j'ai envie de le faire avancer, d'accepter son passer parce que je tient à lui. Plus que je devrais.

Le tourbillon de sentiments tous plus forts les uns que les autres dans lequel il m'a embarqué depuis le premier jour me reviennent en tête comme un boomerang. Je ne peux pas le laisser tomber et surtout je ne le veux pas.

Car même si j'essaie de me convaincre du contraire, je suis tombée amoureuse de Tyson.

Je viens seulement de comprendre : il se cache derrière cette façade, celle qui lui permet de se protéger contre les attaques extérieures, celles qui pourraient l'affaiblir et lui faire du mal.

Je l'ai vu furieux, en colère, vulnérable, amusé mais tout ça ce n'est pas lui. Tout ça parce que son passé est trop dur et douloureux pour avancer.

- Tu veux venir, je demande en tapotant ma couette tout en désignant la place libre à mes côtés.

Il tourne la tête vers moi, la tête encore basse :

- Tu dois être plus fatiguée que moi. Je peux rester ici, ça ne me dérange pas.

- Tyson tu ne vas pas passer la nuit assis en tailleur la tête posée sur la rambarde. À moins que les courbatures qui t'attendent demain te tentent plus.

- Ok, tu as gagné, dit-il en levant les mains en signe d'abandon.

Il s'allonge à mes côtés et nos bras se frôlent.

- Je ne comprends toujours pas pourquoi tu cherches à me comprendre. Je suis un abruti et tu es... Je sais pas ce que tu es Courtney mais la seule chose dont je suis certain c'est que tu es trop différente de moi.

Il tourne la tête vers moi et ses yeux plongent dans les miens, avec son regard toujours plus intense.

Justement, avec toi tout est différent...

- Tu sais très bien que cela implique, ajoute-il comme si il avait lu dans mes pensées,  Josh et sa bande auront vite compris que je tient à toi et ils vont te pourrir la vie. Comme le coup qu'ils ont fait Vanessa. Ils veulent détruire tout ce que j'aime.

Je ne réponds pas face à cette douloureuse explication. Je sais qu'il lui faut du courage pour m'annoncer tout ça, qu'il prend sur lui.

Je devrais arrêter de lui poser autant de questions, d'essayer de le comprendre mais ma curiosité est bien trop grande. Je n'ai pas seulement envie de savoir ce qui est arrivé à sa mère, car c'est cela qui l'a traumatisé. J'en ai besoin.

- Et tes parents ?

Il pousse un long soupir.

- Tu es bien la seule à qui je veux bien en parler, dit-il en laissant sa tête tomber sur l'oreiller. Et bien que dire a part que mon père est un con et que ma mère était une femme formidable.

- J'en doute pas.

- Le pire c'est qu'il veut qu'on donne une image de "famille" parfaite pour son boulot mais on sait tous les deux qu'il ne m'aime pas.

- Ne dis pas ça. Jamais un père ne peut détester son enfant.

- Mais non Courtney, crie-t-il avant de se rendre compte que nous sommes pas tout seuls dans l'hôpital et de baisser la voix : On ne se parle plus ! Alors dis moi ce que j'ai fait pour mériter ça.

Encore une fois je reste muette face à ses aveux.

- Désolé si je parais brusque mais c'est la première fois que j'en parle à quelqu'un. Tout le monde est au courant pour mes parents. Que ma mère est morte et que mon père est un salaud.

- Parles moi d'elle.

Encore un soupir mais cette fois, il a juste l'air triste.

- Mais mère était médecin. Elle travaillait à l'hôpital, pas dans celui où nous sommes heureusement. J'aurais pété un câble sinon. Elle a décidé de partir faire une mission humanitaire en Afrique, au Togo. Je devais avoir 13 ans. Au début tout s'est bien passé, elle nous envoyait des photos, des lettres, nous donnait même des coups de fils. Mais un jour, on n'a plus eu aucune nouvelles. Rien. Plus aucune trace de l'équipe de la mission. Les secours les ont recherchés pendant des mois, on a essayer de vouloir rapatrier son corps mais on n'avait aucune idée d'où ils étaient.

Il marque une courte pause, comme pour prendre courage avant de continuer :

- C'est à partir de ce moment que les rapports entre mon père et moi se sont dégradés. Il a commencé à me crier dessus pour aucune raison, nous nous disputons tous les jours. Il a même osé dire que c'était la mort de ma mère était de ma faute.

- Mais c'est n'importe quoi, le coupais-je, tu ne peux pas être responsable de la disparition de ta mère !

- Je sais bien, répond-il calmement en passant une main sur son visage. Mais je n'étais qu'un enfant et quand on te le dit tous les jours tu finis par y croire. Je me sentais coupable, ça me rongeait de l'intérieur, ça me détruisait à petit feu.

- Jamais il n'aurait du te dire ça. Il devait avoir du mal à accepter la perte de ta mère alors il a essayé de trouver un coupable. C'est toujours plus simple dans ce sens là.

Tyson ferme les yeux quelques secondes et il me fait de la peine. Ce n'est pas de la pitié mais je suis vraiment triste pour lui. Personne ne devrait vivre la perte d'un être proche, qui plus est sa mère. Et que votre seul autre repère décide de vous laisser seul dans cet épreuve me paraît encore plus dur.

C'est dans ces moments que je me dis qu'il fauderait que je profite pleinement de chaque seconde passée au côté de ma mère. Que même si je n'ai jamais connu mon père, j'aimerais qu'il soit heureux. Que c'est toujours quand le mal nous tombe dessus qu'on regrette. Et je ne veux plus que ça arrive, je sais parfaitement que le monde n'est pas rose mais j'aimerais pouvoir changer le cours des choses.

- Merci de m'avoir écouté Courtney. Merci, vraiment.

- Tu n'a pas à demander, tu le sais très bien, murmurais-je.

- Je sais...

Ma tête est lourde, mes yeux se ferment lentement sans que je puisse lutter. Sans que j'arrive à m'en empêcher ma tête glisse sur l'épaule de Tyson qui n'émet aucun recul.

Je me laisse aller contre lui, dans ses bras tandis que le sentiment de sécurité prend place. Je sens qu'il dépose un léger baiser sur mon front avant qu'il pose son menton sur ma tête, que je ressente son souffle dans mes cheveux et que mes pensées s'éteignent.

¤ Good Morning Guys ¤

J'espère que ce chapitre vous à plu autant qu'à moi.
Il y a eu des vraies révélations sur le passé de Tyson et la vie de sa mère. J'espère que je ne vous ai pas perdu entre toutes ces lignes car ce chapitre fait quand même 2 000 mots 💛 Je vous fait de grosses bises, Tess

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