Chapitre 29 - Olivia

Une fois la fenêtre ouverte, ni une ni deux, je l'enjambai afin d'entrer dans cette maudite salle de bain.

Maintenir l'équilibre sur cette foutue corniche s'était relevé un pur miracle ! Trois seconde de plus, sans avoir à quoi m'accrocher, et un accident serait arrivé. Mais mon Dieu, qu'est-ce que Jayden Coleman pouvait m'énerver ! C'était quoi ce cirque à deux balles ?!

Une fois à l'intérieur, je repris mon souffle tandis que je ne cessai de l'observer. Il maintenait les distances et semblait se concentrer sur un point derrière ma tête, incapable de me regarder en face.

Je lâchai un soupir en tentant de relativiser. Je n'allais pas m'emporter contre lui, ce n'était pas pour ça que j'étais venu et malgré tous les trucs blessants qu'il avait pu dire en un temps record, je ne lui en voulais pas. Pourquoi ? Eh bien, parce que je voyais tout simplement à travers ce masque qu'il s'efforçait de porter depuis tellement longtemps. Peut-être qu'avec les autres ce comportement de petit con marchait, mais pas sur moi. J'étais vaccinée.

C'était sa façon de me protéger. Il pensait avec ferveur que le fait d'être dans ma vie la gâcherait. Il l'avait déjà fait une fois en me quittant quelques mois plus tôt, alors il continuait avec cette mascarade. Il pensait que personne ne verrait clair dans son jeu, sans savoir que ça faisait très longtemps que je l'avais cerné. Si on rajoutait à ça ma découverte par rapport à ce qui était vraiment arrivé à Ronnie, je ne le comprenais que davantage.

Lors de son départ, j'avais été perdue car d'un côté, je savais qu'il avait une raison de poids et de l'autre, j'ignorais de quoi il s'agissait. Une fois cette partie du puzzle complétée, j'avais eu l'impression d'enfin voir après avoir passé de nombreux mois dans le brouillard. Tout était devenu clair pour moi.

Je fis un pas vers Cole, mais il recula d'instinct.

Mon dieu, il avait une mine affreuse, pire que celle au moment de notre rencontre dans le cimetière. Mais quel genre de torture subissait-il ?

Les traits de son visage étaient grandement marqués, tout comme ses cernes violets qui lui donnaient l'impression d'avoir des cocards. La peau de ses lèvres était sèche, signe incontesté de sa déshydration. Mais qu'est-ce qu'il faisait ? Il se laissait donc mourir à petit feu ? Pourquoi ne mangeait-il pas ? Je savais d'avance qu'on lui préparait des plateaux repas, alors pourquoi ne se nourrissait-il pas ?

Avait-il donc perdu espoir ? Pourquoi ne se battait-il pas ?

En le regardant droit dans les yeux, je vis que c'était effectivement le cas. Cette petite flamme qui autrefois dansait dans son regard était éteinte, je n'y voyais que son air fatigué ainsi que blasé. Il dégageait cette énergie qui ne communiquait qu'une seule chose : l'abandon.

Il avait laissé tomber. Il permettait à Piper de gagner. Après tout ce qui s'était passé, il ne voulait plus se battre. Il devait sans doute se dire « à quoi bon ? », et je le comprenais, car moi aussi je m'étais laissée abattre, mais il fallait qu'il rebondisse.

Cole devait se sentir terriblement seul depuis deux semaines, même plus que lorsqu'il était loin d'ici. Au moins, à ce moment-là, il était libre. Je m'en voulais des décisions que j'avais prises, étant consciente qu'elles étaient celles qui l'avaient conduit ici, à être enfermé dans sa propre chambre, surveillé 24h/24. Même en prison, les taulards avaient plus de libertés.

Mon regard s'attarda par la suite sur les différentes parties de son corps, dont ses bras dénudés. J'ignorais ce qu'il avait tenté de faire, mais il avait des bleus un peu partout. Je me demandais même s'il en était conscient.

Lorsque mes yeux se dirigèrent à nouveau vers son visage, je remarquai qu'il me fixait avec méfiance. Il devait se sentir comme un animal sauvage pris au piège, sans savoir à qui il pouvait faire confiance. Cette idée me meurtrit, mais s'il le pensait, je ne lui en voulais pas le moins du monde. Sa réaction était légitime et si j'étais à sa place, je réagirais de la même manière, mais je ne pouvais pas le laisser croire qu'il était seul, parce que c'était loin d'être le cas. Il y avait des gens qui s'inquiétaient pour lui, qui voulaient à tout prix qu'il s'en sorte. Il ne serait jamais seul, même si les gens de cette maison cherchaient à le lui faire croire par-dessus tout.

Si je m'en fichais de lui, jamais je ne me serais donnée autant de mal pour le retrouver. C'était de la folie ce que j'avais fait, mais je mentirais si je disais que je ne le referais pas. Bien sûr que si ! J'aurais donné n'importe quoi pour le revoir, ou au moins pour savoir qu'il allait bien.

— Tu m'as manqué, murmurai-je sans pouvoir contenir mes émotions.

Cole écarquilla les yeux, l'air déboussolé par mes propos, et stupidement, je m'élançai vers lui afin de le prendre dans mes bras. Une fois le contact entre nos deux corps établit, je le serrai contre moi tandis que j'enfouissais mon visage dans son cou. Comme je l'imaginais, il avait énormément maigri. Pourquoi s'infligeait-il une telle torture ? Avait-il peur que la nourriture soit empoisonnée ? Que Piper en profite pour le droguer à son insu et ainsi faire de lui ce qu'elle voudrait ?

L'idée n'était pas tellement saugrenue en tenant compte de tout ce qu'elle avait déjà fait par le passé. Mais tout ceci était en train de tuer Cole à petit feu. Comment son père pouvait-il permettre une telle chose ? Ne voyait-il donc pas à quel point son fils allait mal ? Je me demandais sérieusement comment est-ce qu'il faisait pour tenir sur pied.

Sa maigreur n'était peut-être pas énormissime pour les autres, mais je voyais parfaitement la différence. Il était en train de se tuer de faim. Puis, le connaissant, il devait rester assis dans un coin de sa chambre, enfouit dans ses pensées sombres, en train de ressasser encore et encore. Une fois il m'avait dit être son pire ennemi, à l'époque, je n'avais pas saisi l'ampleur de ces mots, mais désormais, je voyais parfaitement où il voulait en venir. C'était vraiment un miracle qu'il n'ait pas tenté de mettre fin à ses jours d'une façon bien plus rapide qu'en se laissant mourir de faim.

Les bras tout au long de ses flancs, ainsi que raidi de la tête aux pieds, Cole retint sa respiration pendant tout le temps où je le serrai dans mes bras. Il ne me rendit en aucun cas mon accolade, mais je sentais qu'il se retenait de toutes ses forces. Son cœur battait à tout allure contre moi et cet organe ne pouvait pas mentir, au contraire de sa langue. Alors j'allais me fier à ces palpitations afin de ne pas flancher. Il me connaissait pour mon entêtement. Je n'avais pas fait tout ce cirque pour laisser tomber maintenant, alors que j'étais aussi près du but.

Tiens bon, s'il te plait, le suppliai-je mentalement en me séparant de lui pour plonger mon regard dans le sien.

— Tu m'as manqué, réitérai-je en caressant tendrement sa joue.

Mais au lieu de me répondre quelque chose de similaire, il saisit mon poignet et le serra avec fermeté, tandis qu'il faisait tout son possible pour ne pas trembler. Son regard me suppliait à la fois d'arrêter et de ne surtout pas le faire. Je voyais à quel point il était déchiré entre ce qu'il voulait ainsi que ce qu'il devait. Il pensait sans doute me faire une faveur en se comportant comme la personne ignoble que je l'avais accusé un jour d'être, mais j'avais vu le vrai Cole, celui qui ne se cachait pas derrière la carapace. Celui qui souffrait atrocement de ses démons du présent comme ceux du passé. Il ne pouvait pas me berner, même avec tous les efforts du monde. Cette lettre n'avait pas réussi à me démotiver, alors ce ne serait pas son comportement exécrable qui le ferait, surtout en sachant désormais une partie de la vérité. Je concevais que tant que je n'aurais pas sa version, le puzzle ne serait pas tout à fait complet.

— Je sais ce que Piper a fait, poursuivis-je au moment où il me lâcha.

Il parut horrifié par mes propos, ainsi qu'incrédule. Pour lui, il paraissait invraisemblable que j'aie mis le doigts sur quelque chose d'aussi dingue. Après tout, il n'y avait aucune preuve physique. Rien de vraiment tangible, si ce n'étaient mes déductions.

— Je ne crois pas, non, répondit-il d'une voix rauque. Tu...

— Piper a pensé que Ronnie était ta petite amie, après tout, tu t'es rebellé peu de temps après qu'elle soit entrée dans ta vie. Tu lui as trouvé un job, tu allais la chercher tous les jours au boulot... Cette folle a pris Ronnie pour moi.

Ça n'en restait toujours qu'une hypothèse, mais mon cœur me disait qu'il s'agissait bien de ça.

Cole frissonna, déjouant le regard encore une fois et se recroquevillant davantage sur lui-même. Je ne pouvais imaginer ce qu'il avait pu ressentir en retrouvant Ronnie morte dans sa chambre de motel ou encore en comprenant ce qu'il en retournait vraiment. Je ne savais pas comment il l'avait découvert, mais je me doutais que Piper n'avait laissé aucune trace de sa présence ou n'aurait pas été assez bête pour le narguer après coup. Mais ça lui avait fichu une telle trouille, qu'il avait décampé sans laisser de traces.

— Tu es parti pour me protéger d'elle.

Les larmes commencèrent à s'accumuler au bord de ses yeux, mais elles ne se déversèrent à aucun moment.

Cole releva le visage pour m'observer sans ne rien dire pendant de très nombreuses secondes, pétrifié et respirant à peine. Je ne voyais pratiquement pas bouger sa cage thoracique, signe incontesté que de l'oxygène pénétrait dans ses poumons. Il semblait soudain très loin dans ses pensées, tandis que ses yeux bougeaient à certains moments, par à-coups. J'étais certaine qu'il était en train de revivre le moment où il avait trouvé son amie. Il avait dû avoir l'impression de revivre la mort de sa jumelle.

Il recula encore de deux pas pour s'acculer contre le mur derrière lui, puis se laissa tomber par terre, l'air à bout. Ses membres tremblaient et bientôt tout son corps fut secoué par de nombreux spasmes que j'identifiais bientôt comme des pleurs. J'avançai vers lui puis m'accroupis, toujours en gardant une certaine distance entre nous. Je ne voulais pas qu'il se sente étouffé, la situation était déjà suffisamment difficile.

— Comment...

— Ça n'a pas d'importance, le coupai-je n'ayant pas le temps d'entrer dans les détails. Je savais simplement que tu ne m'aurais jamais quitté sans une raison valable et je n'ai pas pu m'arrêter jusqu'à la trouver. Tu l'as fait pour me protéger de sa folie.

— Non.

Je fronçai les sourcils, surprise.

— C'est de moi dont je voulais te protéger, Olivia.

L'air resta coincé dans mes poumons, tandis que dans ma tête ce qu'il disait n'avait aucun sens.

— Toi ?

— Je suis quelqu'un de néfaste, de toxique. Tout ce que je touche, je le détruis.

Les larmes coulèrent désormais sur ses joues, alors que j'entendais de si grands reproches sortir de sa bouche. Des accusations qui n'avaient pas lieu d'être. Savoir qu'il avait une telle estime de lui-même me tuait.

— Je suis mauvais et tous ceux qui m'approchent finissent par en payer le prix.

Son regard, auparavant fixé dans le néant, se riva sur moi et j'y vis une si grande tendresse qu'il fut impossible à mon cœur de ne pas faire un looping dans ma poitrine. Mon ventre se contracta, tout comme ma gorge et je ressentis bientôt une pression affreuse au niveau de mes lacrymaux, alors que ma vue se brouillait.

— Je n'en vaux pas la peine, Olivia. Jamais je n'irai bien. Il y aura toujours cette chose brisée au fond de moi, cette même chose qui noirci mon existe et qui m'empêche de voir la lumière au bout du tunnel. J'ai vraiment cru que tu étais cette lumière, mais je me suis rendu compte que si je restais plus longtemps auprès de toi, je finirais par t'entraîner dans les abîmes avec moi. Ronnie est morte par ma faute, que te faut-il de plus ? S'il te plait, oublie-moi.

L'oublier ? Il croyait vraiment que je ne savais pas tout ça ? Il pensait donc que j'ignorais son mal-être ? Bien évidemment que non, il était toujours très présent dans mon esprit et je voulais par-dessus tout être cette lumière qui le guiderait vers une vie meilleure. Je ne le laisserais jamais tomber, même si cela signifiait me mettre en danger. Je ne pouvais pas l'oublier alors que je savais l'enfer par lequel il était passé ainsi que dans lequel il vivait aujourd'hui. Je ne voulais pas détourner le regard et ignorer sa souffrance.

Il dérouta à nouveau la vue et je sus à quel point c'était difficile pour lui de me « laisser » partir. Il ne le voulait pas, mais il faisait passer mon bien-être avant le sien. Ne se rendait-il pas compte qu'une personne mauvaise n'aurait jamais pris ce genre de décision ?

Ainsi, je m'approchai davantage de lui, attrapai sa main et la plaçai contre mon cœur, le prenant vraiment au dépourvu. Je voulais qu'il sente ses battements, qu'il comprenne que c'était lui qui provoquait cet effet. Je désirais qu'il se remémore les moments que nous avions passé ensemble avant que tout ne s'effondre autour de nous. Certes, ils n'avaient pas été bien nombreux, mais ils étaient précieux. J'avais chéri ces réminiscences chaque jour depuis qu'il était parti. C'étaient eux qui m'avaient aidé à rester forte, malgré le fait d'avoir été à deux doigts de m'effondrer plus d'une fois.

— Tu vaux toutes les peines du monde, Jayden, murmurai-je. Tu mérites que quelqu'un s'inquiète et se batte pour toi. Tu as le droit d'être heureux, libre et aimé. Je ne veux surtout pas que tu penses des choses aussi horribles. Tu n'es pas toxique, mon amour.

Je collai mon front contre le sien, prise d'émotion par cette situation qui me faisait suffoquer. Je voudrais tellement le sortir de cette prison dorée cette nuit pour l'emmener avec moi là où plus personne ne pourrait lui faire du mal. Je l'aimais tellement qu'il m'était jusqu'à difficile de respirer. Il m'avait manqué à un tel point tous ces mois que j'avais bien cru mourir pendant son absence.

— Tu es la meilleure personne qu'il m'ait été donné de rencontrer, alors s'il te plait, cesse de penser que tu détruis tout ce que tu touches. La mort d'Amara n'était pas ta faute. La mort de Ronnie non plus.

Sa main passa dans ma chevelure et il s'octroya le droit de lâcher prise pour la caresser, en même temps qu'il prenait une immense goulée d'air.

— Je ne le supporterais pas s'il t'arrivait quelque chose, Liv.

— Il ne m'arrivera rien, le rassurai-je. Je te le promets.

Bien que j'avais des doutes, ce n'était pas le moment pour dire à Cole que je pensais que Piper savait pour nous. Ma fausse mort l'avait sans aucun doute mise sur la voie, si ce n'était cette peste de Cayley et sa langue acérée. Je préférais grader ça pour moi, sinon, on reviendrait à la case départ. De toute façon, si mon plan fonctionnait, notre relation serait officielle.

Je me séparai afin de le regarder droit dans les yeux.

Malgré l'état dans lequel il se trouvait, pour moi, il restait le garçon le plus beau. J'étais toujours aussi amoureuse de lui, même après tout ce qui était arrivé. Je n'avais cessé de croire aveuglément en lui, sachant au fond de moi qu'il n'était pas parti par plaisir ou par lassitude. Je devais lui faire comprendre qu'il n'était pas seul, qu'Eli, Ivy, Jake, Alex et moi serions là pour l'aider, quoi qu'il nous en coûte.

— Tout comme je te promets de te sortir d'ici, d'accord ? Je te demande de me faire confiance encore une fois et de me pardonner pour ce que j'ai fait. Je n'aurais pas dû me reposer sur ton père. Jamais je n'aurais imaginé ce qu'il préparait.

C'était mon plus grand regret, d'avoir fait confiance à cet homme tout en espérant qu'il se comporterait au moins une fois comme un père digne. Je n'arrivais pas à croire qu'un homme aussi puissant que lui se laisse à ce point mener par le bout du nez par sa mégère.

— Je sais, chuchota-t-il. Je sais, ma lionne.

Face à ce surnom, mon cœur fit un bond incommensurable dans ma poitrine. J'avais vraiment cru que je ne l'entendrais plus m'appeler ainsi. Lui aussi m'avait énormément manqué.

Cole effleura mes joues afin sécher mes larmes, puis un tout petit sourire vint esquisser ses lèvres tandis qu'il fixait les miennes. Moi aussi je crevais d'envie de l'embrasser, mais je n'avais malheureusement pas de temps à perdre. Ça faisait trop longtemps que j'avais quitté les autres, alors cette fouine de Cayley allait commencer à se poser des questions. Alex ne pourrait pas la divertir éternellement.

— Je n'ai pas beaucoup de temps. Je suis venue te dire que je vais parler avec Graham Porter, je suis certaine qu'il peut te faire sortir d'ici.

Il fronça les sourcils.

— Tu penses ?

— Oui, je te jure que je trouverai une solution. Je ferai en sorte que ta garde soit retirée à ton père. Porter est vraiment bon, Cole. Mais...

— Mais quoi ?

Je me doutais que ça n'allait pas lui plaire.

— Afin de donner un prétexte de poids, tu vas devoir dénoncer Piper pour ce qu'elle t'a fait.

Après y avoir longuement réfléchi toute la soirée, je m'étais dit que ce serait un superbe prétexte pour que Graham réussisse à le faire sortir d'ici. Il pourrait sans doute aller porter plainte à la police à sa place. Et comment est-ce que je savais qu'ils le prenaient au sérieux ? Parce que je lui dirais d'aller parler avec l'inspecteur Keller en personne : le père d'Ivy. La révélation qu'elle nous avait faite l'autre jour allait m'être utile. Il serait sans aucun doute le plus à même à prendre toute cette situation au sérieux. Il savait ce que Cole avait subi dans son enfance et il avait fait partie d'une unité spéciale qui s'occupait des violences sexuelles à Boston. Je comptais me servir de tout ça pour faire en sorte que Cole quitte cet enfer.

— Je sais que ce ne sera pas aisé...

— Je le ferai ! décida-t-il, sans hésiter. Je n'ai vraiment rien à perdre et je veux quitter cet antre coûte que coûte. Je m'en remets à toi, aveuglément. Mais pour Ronnie...

— On s'occupera de ça ensuite, d'accord ? l'interrompis-je. Allons par étapes. Et la première, c'est de te faire sortir d'ici.

Je sortis le téléphone portable qui se trouvait dans la poche arrière de mon jean ainsi qu'un chargeur. Je me doutais qu'il n'avait pas le droit d'avoir un téléphone, qu'il lui était impossible de communiquer avec le monde extérieur.

— Tiens. Je t'appellerai tous les jours à vingt-heures. Planque-le dans la salle de bain, lui indiquai-je.

— D'accord.

— Une fois que je te sortirai d'ici, tu viendras chez moi, d'accord ? Là-bas, tout ira bien.

En même temps que je le rassurais, j'essayais de m'autoconvaincre. J'espérais par-dessus tout que ce nouveau plan fonctionnerait et que Porter défendrait la cause de Cole avec ferveur, comme il avait fait avec Alex. C'était un homme bon, je lui faisais confiance.

— Je m'y vois déjà, tenta-t-il de s'enjailler.

— Mais entre-temps, nourris-toi ! Tu ne peux plus continuer comme ça, tu tiens à peine debout !

Je savais que j'étais en train de le gronder comme s'il s'agissait d'un gosse, mais il devait prendre conscience de son état physique. Ce n'était pas à prendre à la légère.

— Je le ferai, me promit-il en fixant encore une fois mes lèvres.

Je reculai le visage, empourprée de la tête aux pieds. J'aurais aimé avoir tellement plus de temps, comme toute la nuit par exemple. J'aurais aimé la passer avec lui, couchée sur un lit, lovée contre son corps, ses bras enveloppant le mien. Mais je me consolais en me disant que ce serait bientôt possible.

— Je dois y aller, dis-je à mon plus grand regret.

J'ignorais quand serait la prochaine fois où je le reverrais, mais au moins, à partir de maintenant je pourrais parler avec lui tous les jours.

Je me levai et il m'imita, puis je me dirigeai vers la fenêtre toujours ouverte que j'enjambais afin de faire demi-tour. Une nouvelle fois sur la corniche, Cole se pencha légèrement sur moi, contempla mon visage de cet air doux qui était le sien et finalement, bredouilla :

— Je peux t'embrasser ?

Ma gorge se serra tandis que mon cœur battit tellement fort dans ma poitrine qu'il cogna contre mes côtes. S'il pouvait ?

— Toujours, répondis-je, heureuse qu'il le propose.

Il fonça sur ma bouche et happa mes lippes entre les siennes. Ce contact fut comme une libération pour moi. Je l'attendais depuis si longtemps, que j'avais l'impression de rêver complètement cet instant, tout en ayant la sensation de revivre à nouveau. Ce baiser me redonna des forces, ainsi que de l'espoir. Je voulais également lui transmettre tout ce que j'éprouvais, je souhaitais lui démontrer à quel point son absence m'avait pesé et combien il comptait pour moi. J'aimerais tellement avoir plus de temps devant moi. Cole me démontra par cette étreinte à quel point je lui avais manqué et combien lui aussi rêvait de ce moment. J'adorais la douceur des caresses de sa langue, elles me faisaient perdre complètement la tête, me renvoyant à des instants de pur bonheur partagés ensemble.

J'avais la sensation d'être à nouveau complète.

Au bout de quelques secondes, il mit fin à notre baiser et immédiatement, je ressentis un énorme manque. J'aurais voulu le prolonger, mais dans sa bouche je perdais la notion du temps, car après tout, plus rien n'avait vraiment d'importance, hormis lui et moi.

Il colla son front contre le mien, puis nos nez se frottèrent.

— Merci.

— De quoi ? chuchotai-je, sonnée par le petit moment que nous venions de partager.

— De ne pas m'avoir cru. 

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Colivia est de retour ! 

Je sais, vous auriez aimé un moment un peu plus "hot" entre eux, mais j'ai voulu rester réaliste. Ce qui compte avant tout, c'est le faire sortir du manoir, c'est la priorité. Ils sont des ados oui, mais ils savent contrôler leurs hormones les petits ! Maintenant, il ne reste qu'à savoir si le plan d'Olivia va marcher. Se pourrait-il que la fin de Piper soit toute proche ? À voir. 

Enfin bref, j'espère que le chapitre vous a plu et que vous avez hâte de connaître la suite !

Comme vous le savez, les retours sont très importants pour les auteurs, alors savoir ce que vous pensez au fur et à mesure, tout comme à la fin de votre lecture, me serait d'une grande aide. Je rappelle que les auteurs wattpad ne gagnent rien en contrepartie de leur boulot (car oui, c'est un boulot, du temps investi etc) et que vos votes ainsi que vos commentaires sont la meilleure façon de nous soutenir et nous encourager.

On se retrouve dans deux semaines pour la publication d'un nouveau chapitre !

Bye ! 

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