Chapitre 21 - Cole (Tome 2)
Je n'arrivais toujours pas à y croire, alors que je me retrouvais dans un bus qui me ramenait à Fairfield.
Non, ce n'était pas possible, ils mentaient, j'en étais certain. Il y avait forcément une confusion, je ne pouvais tout simplement pas y croire. Elle n'était pas partie, elle n'avait pas pu me quitter...
Après des heures de trajet interminables, je n'arrivais toujours pas à réaliser. D'un côté, je le savais, mais d'un autre, je refusais de voir les choses en face. Plus le temps passait et plus il m'était difficile de discerner le vrai du faux. Rien n'avait de sens. Cet article, ces détails... j'avais l'impression de lire encore et encore des lignes dénuées de réalité.
Olivia ne pouvait pas être morte, il ne pouvait rien lui être arrivé de mal, c'était bien pour ça que j'étais parti, pour qu'elle soit sauve.
Désormais, je comprenais sincèrement ce que le personnage de Roméo avait dû ressentir en apprenant que son amour était mort. Moi aussi j'avais envie de mourir, même si je n'arrivais pas à croire à sa disparition. Il ne valait pas la peine de vivre dans un monde où elle n'existait pas... plus. Mon monde, ma vie, n'avait plus aucun but.
Je ne savais pas comment réagir, pourtant, j'avais plus d'une fois fait face à la mort. Amara, ensuite Ronnie... mais ce que je ressentais vis-à-vis de la perte d'Olivia, je ne saurais comment le qualifier. Ça dépassait ce que j'avais pu éprouver auparavant. J'avais la sensation qu'on me poignardait le cœur encore et encore, que ce dernier se déchirait, saignait, tandis que mon âme se noyait dans la profondeur des ténèbres, où mes démons se nourrissaient d'elle ainsi que de ma souffrance, m'enfonçant à chaque fois plus dans les abysses de ma propre existence. Le néant le plus total, la terre sous mes pieds qui se dérobait, l'air qui ne suffisait plus à me maintenir en vie... c'était ainsi que je me sentais depuis deux jours, sans un seul instant de répit.
J'avais raison, tout ce que je touchais, je le foutais en l'air.
Ces dernières quarante-huit heures avaient été une véritable torture. Ça faisait plus de cinq jours que je ne dormais pas et mon cerveau n'arrêtait pas de me torturer. Il me renvoyait tous les moments passés avec Liv, tous ceux qui que je chérissais comme un trésor depuis mon départ de Fairfield.
Aujourd'hui était le jour où on l'enterrait. Toute sa famille et ses amis seraient là, j'observerais la cérémonie de loin, dans un coin du cimetière et lorsque ce serait terminé, que tout le monde serait parti, alors je m'approcherais et je lui dirais tout ce que j'avais sur le cœur. Pour ensuite faire quoi ? Je l'ignorais. J'avais l'impression que je me noyais un peu plus à chaque seconde qui s'écoulait. Ne plus la savoir en vie, me donnait envie de mettre fin à la mienne. À quoi bon continuer d'exister ? Elle était la seule chose qui donnait un sens à ma vie et désormais... Olivia avait réussi à me toucher en un temps record et à se frayer un chemin tout droit vers mon cœur, l'emprunte qu'elle y avait laissée était indélébile.
Je ne savais pas encore ce que je lui dirais, mais sans aucun doute, je lui demanderais de me pardonner d'être un lâche, de ne pas m'être battu pour elle, pour nous, pour moi-même et d'avoir choisi la voie la plus facile, celle de l'exil.
Je tournai alors mon regard vers la vitre du bus et observai les paysages défiler sous mes yeux, sans pour autant les voir. Dans ma tête se bousculaient tous les moments que Liv et moi avions vécu, comme notre première rencontre. Je ne pus m'empêcher de m'esclaffer face à ce souvenir tandis que les larmes s'accumulaient dans mes yeux. Certains passagers me fixaient, mais je m'en fichais, j'avais beau avoir l'air d'un fou, peut-être bien que je l'étais vraiment.
Olivia avait réveillé quelque chose à l'intérieur de moi dès le moment où nos regards s'étaient croisés. J'avais su qu'elle me donnerait du fil à retordre, qu'elle ne me laisserait pas faire et qu'elle s'imposerait pour me faire comprendre que je n'étais personne pour elle, qu'elle n'avait pas peur de moi.
Ma lionne, pensai-je en me remémorant le premier baiser que nous avions échangé, tout comme le dernier, sur cette colline qui était devenue la nôtre, là où nous avions ouvert nos cœurs et dévoilé nos sombres secrets.
Je m'appuyai contre la vitre et tentai de faire le vide dans ma tête, j'avais vraiment l'impression de devenir dingue. La douleur était beaucoup trop profonde, je n'avais vraiment envie que d'une chose : mourir à mon tour.
***
Lorsque le bus arriva à la gare-routière de Fairfield, il était près de huit heures trente du matin et il pleuvait à averses. J'avais trente minutes devant moi pour rejoindre le cimetière où aurait lieu l'enterrement. Il y avait tous les renseignements dans l'article, en même temps qu'ils parlaient de la vie de Liv et de tout ce qu'elle avait vécu ces derniers mois. Ces sales vautours s'étaient fait une joie d'exposer l'affaire Nathan Hawkins, comme si cela avait un rapport avec ce qui lui était arrivé.
Je sortis de la gare et mis la capuche de mon sweatshirt sur ma tête ainsi que des lunettes de soleil, dans le but de n'être repéré par aucune caméra de surveillance, mais aussi pour me protéger de la pluie. Mon passage à Fairfield serait bref, ou peut-être bien définitif, je n'en savais strictement rien. Plus rien n'était constant dans ma vie et j'ignorais quelle serait la prochaine chose à faire. Je croyais bien n'avoir jamais été aussi paumé de toute mon existence, et pourtant, j'avais déjà touché le fond plus d'une fois, mais c'était loin d'être comparable à la situation actuelle.
À l'extérieur, quelques taxis se trouvaient là, attendant leurs prochains clients. Je montai par conséquent dans l'un d'eux et demandai au chauffeur de me conduire au cimetière de Fairfield, en évitant tout contact visuel, sachant pertinemment que j'étais recherché.
Lorsque la voiture démarra, je me détendis sur le siège arrière et soupirai un grand coup, avant de me pincer l'os du nez pour y exercer une certaine pression, la migraine qui me martelait le crâne allait finir par m'achever. Trop d'images et de questions se succédaient les unes à la suite des autres dans mon esprit. Je n'étais pas prêt à voir l'amour de ma vie enfermée dans une boîte en bois, ni à ce qu'on mette son corps sous terre. J'ignorais ce que j'allais faire dans ce monde sans elle, plus rien n'avait d'importance désormais à mes yeux.
Je ne peux vivre dans un monde où elle n'existe pas.
La culpabilité de ne pas avoir été là était bien trop grande, je m'en voulais terriblement de n'avoir été qu'un sale lâche, n'ayant pas même eu le courage de lui expliquer les véritables raisons de mon départ. Je savais qu'elle serait en sécurité si je m'en allais, mais jamais je n'aurais imaginé qu'une telle tragédie se produirait.
J'avais toujours cru que lorsqu'il arrivait ce genre de fatalité à la personne qu'on aimait, même à des milliers de miles, on ressentait un manque, on savait que quelque chose n'allait pas. Comme si les deux âmes étaient connectées. Mais il fallait croire que non, ayant appris cette terrible nouvelle alors que ça faisait trois jours qu'elle avait trépassé.
Je me sentais tellement stupide ainsi que ridicule, comment avais-je vraiment pu penser ça ? Bien évidemment que ce genre de connexions n'existait pas.
Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas dormi que mon cerveau commençait visiblement à penser des choses totalement incohérentes.
Je me massai les tempes à l'aide de mes index et me focalisai sur la route.
Au bout de quinze minutes supplémentaires, nous arrivâmes au cimetière et je payai ma course avant de sortir du taxi. Ce dernier me demanda si je voulais qu'il m'attende, mais ce n'était pas la peine, j'ignorais quand je repartirais d'ici. La seule chose dont j'étais certain, c'était que je voulais faire mes adieux à Olivia.
Même si j'étais loin d'elle, la sachant vivante, jamais je ne m'étais senti seul. Puis savoir qu'elle vivait heureuse avec sa famille et que ses problèmes avaient été résolus me suffisait. Elle méritait tellement mieux que moi, je ne lui aurais apporté que plus de soucis dont n'importe qui aurait préféré s'en passer. Je savais que j'avais fait la meilleure chose en m'éloignant, mais je m'en voulais également de l'avoir fait. Peut-être que si j'étais resté, tout ceci ne serait pas arrivé.
Visiblement, quoi que je fasse, les personnes que j'aimais finissaient pas mourir. Moi qui étais parti pour lui éviter la même fatalité qu'à Ronnie... n'était-ce pas ironique ? Si Dieu existait vraiment, il devait sans aucun doute être en train de se foutre de ma gueule, perché sur son nuage.
J'avançai à travers les tombes, espérant ne pas être arrivé trop tard. D'après l'article, j'avais encore trente minutes devant moi, mais à croire qu'ils avaient avancé l'heure, car à seulement quelques mètres, je vis un rassemblement de personnes, dont la mère d'Olivia, ainsi que son frère, Jake, Eli, Ivy et pour finir, le prêtre. Ça ne m'étonna pas de ne pas apercevoir mon paternel ou cette salope de Piper, mon géniteur ne perdrait jamais une journée du boulot pour rendre hommage à quelqu'un. Quelle idée ! Quant à sa satanée de femme, on savait tous ce qui se cachait derrière sa saleté de sourire affable, rien d'autre que des couches d'hypocrisie, les unes plus épaisses que les autres.
De là où je me trouvais, personne ne pouvait vraiment me voir, de plus, je me cachai discrètement derrière deux arbres qui se tenaient côte à côte, alors que les paroles du religieux résonnaient dans l'air. Elles me parvenaient telle un bourdonnement incessant et ses paroles me donnèrent des frissons, car je les avais déjà entendues des années auparavant, aux funérailles de ma jumelle. J'avais l'impression de revivre la même scène, et peut-être étais-je condamné à la revivre encore et encore jusqu'à la fin de mes jours.
La gorge nouée, tout comme mon estomac, j'avais une folle envie de me mettre à hurler, mais je pris sur moi et fermai les yeux, dans le but de me calmer, en m'appuyant contre le tronc de l'un des deux arbres.
Face à cette scène, il n'y avait plus aucun doute : elle était bel et bien partie. J'avais encore l'espoir que tout n'eut été qu'une erreur, mais désormais, c'était clair : Olivia était décédée et je ne la reverrais plus jamais.
Je perdis l'équilibre lorsque mes jambes se dérobèrent sous mon poids et me rattrapai au tronc de l'arbre alors qu'un grand froid me submergea de la tête aux pieds, ça n'avait rien à voir avec la pluie qui me dégoulinait dessus. J'étais en train de faire un malaise, ma respiration était beaucoup trop accélérée et je voyais des espèces de petites taches noires devant mes yeux, qui finalement se transformèrent en un voile qui m'empêcha de voir absolument tout ce qui m'entourait. Ce n'était pas juste un malaise, j'étais en train de faire une de ces crises de panique auxquelles j'étais sujet depuis de nombreuses années.
La situation était beaucoup trop dure à gérer, je ne la supportais pas, je n'en avais tout simplement plus la force et entendre ce prêtre lire ces versets de la Bible ne faisait qu'en rajouter une couche. Il parlait d'elle comme s'il la connaissait, mais parmi tous ceux présents, j'étais celui qui savait qui elle était vraiment.
J'aimais Olivia de toutes mes forces, et ce, malgré le fait que nous n'avions été que quelques semaines ensemble.
Les larmes se déversèrent sur mes joues pendant que j'essayais de respirer, quand soudain, j'entendis des pas s'approcher de moi. Ces derniers crissaient sur l'herbe fraîche. Je n'arrivais pas à discerner son visage, simplement sa silhouette, la personne n'était qu'une espèce d'ombre pour moi. Je savais qu'il s'agissait d'une femme aux cheveux longs et bruns.
Mon cœur battait de plus en plus vite, tout simplement, parce que j'étais conscient de m'être fait repérer, mais désormais... était-ce important ? J'aurais dû prendre mes jambes à mon cou, m'enfuir, même si je n'étais pas au mieux de ma forme, au lieu de quoi, je restai là, assis sur l'herbe mouillée sous ce temps de chien, attendant que cette femme me rejoigne. Je n'avais plus la volonté de rien, pas même de déguerpir.
Elle s'accroupit pour être à ma hauteur et à ma plus grande surprise, elle n'hésita pas à prendre mon visage entre ses mains.
Cependant... je reconnaissais parfaitement ce contact, cette peau et cette odeur à fleurs de lotus sauvage...
Mon cœur rata un battement et peu à peu, ma vision revint, pour retrouver devant moi ni plus ni moins qu'Olivia Vega, celle qui aurait dû se retrouver dans un cercueil en cet instant même, six pieds sous terre.
Elle semblait aller parfaitement bien, mis à part de légers cernes sous ses yeux, elle était tout aussi vivante que moi. Je saisis ses poignets et sentis son pouls battre frénétiquement sous sa peau. La pluie dégoulinait sur son visage et se mélangeait aux larmes qui se déversaient sur ses joues.
Étais-je en train de délirer ?
— Co... comment ? bredouillai-je, complètement perdu et tétanisé.
Bon sang, elle était là devant moi, en chair et en os. Son corps, bien que froid à cause de la pluie, dégageait de la chaleur et son cœur battait dans sa poitrine. Mais qu'était donc tout ce cirque ?
Après tous ces longs mois loin d'elle, la voir me procurait un sentiment de bonheur et à la fois d'amertume, car plus les secondes passaient, plus j'avais l'impression de m'être fait leurrer.
— Désolée, Cole, murmura-t-elle, mais tu ne m'as pas laissée le choix. Je savais que tu viendrais.
Ce fut alors que je vis divers agents de police débarquer et bientôt, ils m'encerclèrent.
Après quelques secondes, alors que mon cerveau se faisait à l'idée que je n'étais pas en train d'halluciner, j'eus confirmation de ce que je craignais : Olivia m'avait piégé. Elle avait orchestré tout ceci dans le but de me faire sortir de ma cachette et que je revienne de mon plein gré à Fairfield.
Son décès avait été l'appât et j'étais certain que personne n'avait eu besoin de lui insuffler l'idée. Entêtée comme elle était, jamais elle n'avait laissé tomber, peut-être même que mon appel de la dernière fois l'avait poussée à aller encore plus loin dans ses méthodes.
Liv était une personne très intelligente, astucieuse et j'avais eu terriblement tort de la sous-estimer. Comment avais-je pu penser ne serait-ce qu'un instant que cette lettre la dissuaderait de me chercher ?
Olivia m'avait bien eu et désormais, je me retrouvais entouré d'au moins vingt agents de police qui s'étaient matérialisé comme par magie autour de nous.
Assis par terre, j'observai ses yeux de biche, tandis que j'étais déchiré en deux. Une partie de moi était heureuse que tout ceci n'ait été qu'une farce et qu'elle soit en parfaite santé, alors qu'une autre lui en voulait terriblement de m'avoir fait un coup pareil.
Elle ignorait totalement ce qu'elle avait fait et tout ce que ça engendrerait.
J'étais fait comme un rat et il n'y avait aucune échappatoire.
Vraiment aucune.
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Voilà ! Cole est rentré à Fairfield et il a retrouvé Olivia... mais avec tous ces flics autour d'eux, leur retrouvaille n'a pas pu être des plus passionnées, d'ailleurs, vu l'état de Cole, ça n'aurait pas pu être possible !
J'ai vraiment essayé de transmettre sa douleur face à sa peine, et s'il y a des répétitions de pensées, c'est normal, car il se flagelle. Même lorsqu'on est submergé par une grande peine, on ne pense plus très cohéremment et c'est ce qui lui est arrivé.
J'aurais pu montrer sa colère en fin de chapitre, mais je voulais surtout que l'on voit sa peine face à ce sentiment de trahison qu'il éprouve à cause de ce qu'Olivia a fait, même s'il est soulagé de la savoir en parfaite santé.
Désormais... que devront-ils affronter? Car, ce n'est encore que le début d'une grande série d'embuches.
J'espère que ce chapitre vous a plu et que vous avez hâte de découvrir la suite !
Je rappelle que vos retours (ou feedbacks) sur les chapitres sont essentiels. Tout d'abord, parce que ça fait vivre l'histoire, ça me permet également d'interragir avec mes lecteurs, d'échanger avec vous, puis surtout, c'est une manière d'encourager l'auteur en écrivant votre ressenti. Je suis lectrice et auteure et je sais combien ça plait et motive un auteur d'avoir des retours, ils sont même essentiels ! Je rappelle que la base de wattpad n'est pas seulement d'offrir une lecture gratuite aux lecteurs, mais aussi que les lecteurs donnent quelque chose en contrepartie, (c'est donnant-donnant en fait) c'est à dire des votes et des commentaires, car oui, nous auteurs, on ne gagne rien en publiant sur la plateforme, alors qu'écrire nous demande un sacré boulot.
On se retrouve la semaine prochaine pour la suite !
Bye !
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