Chapitre 20 - Ivy (Tome 2)
Après plusieurs jours, l'article qui était paru dans le journal du coin en annonçant la mort d'Olivia dans un terrible accident de voiture était en bouche de tout le monde. Pour ce faire, mon amie avait même décidé de rester chez elle, afin que personne n'ait de doutes et que tout soit le plus crédible possible, afin qu'il n'y ait aucune fuite qui puisse mettre en danger l'opération.
À chaque fois que quelqu'un me demandait au lycée si la nouvelle était réelle, je n'avais vraiment aucune idée de comment esquiver la question.
Je me rappelais beaucoup trop bien la façon dont mon père m'avait réveillé le jour où l'article avait vu le jour. Le pauvre, il était complètement paniqué et ne comprenait absolument plus rien. Lorsque je lui avais expliqué, il s'était mis très en colère, surtout en pestant à l'égard de Mr Coleman, ne comprenant pas comment il pouvait laisser Olivia servir d'appât pour coincer son fils.
Personnellement, je me demandais bien ce qui avait pu traverser l'esprit d'Olivia pour avoir une idée aussi macabre. Ça ne lui avait donc pas suffi d'avoir failli mourir quelques mois plus tôt, que désormais, elle feignait sa propre mort dans le but de faire revenir Cole à Fairfield ? Surtout, que tout était basé sur l'hypothèse qu'il lisait le journal du coin afin d'être à l'affût si jamais les flics trouvaient une piste le concernant. Toute l'idée de Liv était bancale, mais elle ne voulait pas l'admettre.
Elle avait beau eu dire à Jake qu'après cette tentative, ce serait fini, je ne la croyais pas pour autant. Je pensais plutôt qu'elle lui avait dit ce qu'il avait envie d'entendre afin qu'il la soutienne dans son plan complètement dingue.
Ça faisait désormais trois jours que l'article était en ligne et que Liv faisait la « morte ». Demain auraient lieu les « obsèques ». J'étais loin d'être une bonne actrice, alors qu'on me questionne au lycée sur mon amie décédée et que je sois incapable de verser une seule larme, relevait des soupçons.
J'espérais sincèrement que ça marcherait et que Cole mordrait à l'hameçon. S'il l'aimait vraiment, il n'aurait pas d'autre alternative que de se pointer à son faux enterrement. Mr Coleman avait tout mis en œuvre, dépensant son argent pour que les obsèques aient l'air le plus réelles possibles. C'était vraiment un truc de dingue !
Alex était obligé lui aussi de rester enfermé, mais sa relation avec Liv semblait s'être stabilisée d'après les derniers dires de mon amie.
Quant à moi, j'essayais de vivre cette situation de la manière la plus normale possible. Enfin, « normale » était un bien grand mot, parce qu'entre Olivia et les problèmes liés à Kelly, je ne savais vraiment plus où donner de la tête. Toute cette situation me dépassait et j'avais juste envie de disparaître pendant un bout de temps. Pour le coup, je comprenais Cole.
Après lui avoir prêté l'argent dont elle avait besoin, ma sœur n'avait plus du tout donné de nouvelles. J'avais même essayé de contacter le centre de désintoxication, mais à chaque fois que je composais le numéro, ça me disait qu'il n'existait pas. Ce fut à ce moment-là que j'avais compris que je m'étais faite arnaquer par ma propre sœur.
L'argent que je lui avais prêté, elle avait sans aucun doute dû le dépenser en drogues. Et moi qui pensais faire un virement à un centre de désintoxe... On pouvait parfaitement dire que j'étais débile. J'avais vraiment cru qu'elle voulait changer, mais je m'étais gourée sur toute la ligne. C'était bien trop beau pour être vrai.
Le pire, c'était que j'ignorais où aller la chercher. Los Angeles était une ville immense, jamais je ne pourrai la retrouver sans savoir au préalable où elle vivait. D'ailleurs, était-elle seulement là-bas ? Je ne savais strictement rien.
Elle m'avait pris par les sentiments et je ne m'étais pas posée plus de questions que ça. La personne du « centre » à qui j'avais parlé m'avait semblée correcte, mais c'était sans aucun doute l'un de ses amis junkies. Ils avaient bien dû se marrer en se foutant de moi.
J'avais vraiment beaucoup pleuré en comprenant que je m'étais faite rouler, mais pour le moment, je n'avais encore rien dit à mes parents. Je devrais leur dire avant qu'ils ne s'aperçoivent de tout l'argent qui manquait sur mon compte, mais je m'en sentais tout simplement incapable pour le moment.
Définitivement, le fait d'être gentille et d'avoir foi dans les personnes ne me causerait que des soucis. Si même ma propre sœur était capable de m'arnaquer de cette façon, qu'en serait-il pour les autres ? Mon père n'avait pas tort, même si adhérer à son point de vue s'avérait être déchirant, mais après ce dernier coup, je ne pouvais pas le nier : Kelly avait cessé d'être ma sœur dès le moment où elle avait quitté la maison et qu'elle avait refusé de laisser tomber les drogues. J'avais voulu m'aveugler, mais tristement, c'était ainsi.
Ça me brisait le cœur de le penser, mais c'était l'entière vérité. Un jour, je recevrais un coup de fil de la part d'un inconnu, me disant que Kelly avait été retrouvée morte quelque part, j'en étais parfaitement consciente désormais. J'avais essayé de l'aider, mes parents aussi, mais elle n'en avait jamais rien eu à faire, depuis le début.
Je comprenais sa peine après ce qui lui était arrivé, mais ce n'était pas non plus une excuse pour s'autodétruire comme elle le faisait depuis quatre ans. On l'avait blessée et elle avait fait quelque chose qui allait contre ses convictions par désespoir et c'était ce désespoir même qui l'avait menée à où elle était aujourd'hui.
— Tu crois qu'il viendra ? me demanda Elijah.
Nous nous retrouvions chez lui, assis sur son canapé, le regard dans le vague et sans trop savoir quoi dire. Je lui avais demandé si nous pouvions nous voir, car je me sentais terriblement seule. Voilà comment je m'étais retrouvée à l'autre bout de la ville.
Je me contentai de hausser les épaules face à sa question, je n'en savais strictement rien et je préférais ne pas dire le tréfond de mes pensées.
— J'espère pour Olivia qu'il se pointera, répondit Jake à ma place et en me faisant sursauter.
En tournant le visage vers l'endroit d'où provenait sa voix, il se trouvait sous l'encadrement de la porte du salon, nous observant son frère et moi à tour de rôle. Eli semblait surpris de le savoir là, surtout que j'avais cru comprendre qu'il n'avait pas le droit de venir dans la maison familiale, leur mère lui ayant formellement interdit, mais à croire que ça lui passait au-dessus de la tête. Tant qu'elle n'était pas dans le coin, il faisait ce qu'il voulait.
Son regard se posa sur moi et alors que je m'attendais déjà à une remarque désobligeante de sa part, il se contenta de soupirer et de venir s'asseoir à mes côtés, chose qui m'étonna plus que tout. Qu'est-ce qu'il pouvait bien vouloir ?
— Jake, maman ne va pas tarder à rentrer, le prévint son frère.
Ce dernier renâcla et m'arracha la télécommande des mains, ce qui lui valut un regard noir de ma part. Ça eut même l'air de le faire marrer, car un petit sourire en coin vint esquisser ses lèvres.
— Tu veux bien aller me chercher une bière, Eli ?
Le benjamin serra les dents, mais s'exécuta en me laissant seule dans le salon avec un Jake qui ne cessait de me lancer des regards en catimini. Ses yeux lorgnaient sur mes jambes et un courant électrique parcourut toute mon échine dorsale. Il déposa la télécommande entre nous et effleura ma jambe nue pendant une millième de seconde, tandis que mon cœur rata un battement et que le rouge me monta aux joues. À quoi est-ce qu'il jouait franchement ?
— T'es un peu gonflée de venir ici, tu ne crois pas ?
Voilà, les remarques désobligeantes tardaient à arriver, je me disais bien. Ça aurait été trop beau qu'il la boucle tout simplement.
— Tu ne vis pas ici à ce que je sache, non ?
— Je vivais ici lorsque ton père m'a coffré.
Je lui lançai un regard en coin et me décalai sur le canapé, afin d'établir une certaine distance physique entre nous.
— J'ai une question à te poser : pourquoi ?
Je me tournai vers lui, les sourcils froncés.
— Pourquoi quoi ?
— Pourquoi avoir menti au juge ? Tu savais parfaitement que ton père avait abusé de sa force ainsi que de son autorité, alors pourquoi avoir raconté de la merde ?
Je serrai les mâchoires et détournai la vue. Pourquoi lui avais-je fait une telle crasse ? Je n'en savais rien. J'avais quinze ans à l'époque, ma sœur venait de quitter la maison et ses soucis avec les drogues me tuaient à petit feu. Mon père m'avait convaincu à travers tous ces arguments, en me certifiant que l'une des personnes responsables de sa déchéance en lui vendant ces saloperies, ce n'était ni plus ni moins que Jake. J'ignorais si c'était vrai, mais désormais je savais que la seule coupable de sa situation, c'était Kelly et personne d'autre. Cependant...
— Si tu n'avais pas résisté, rien ne serait arrivé. Puis que j'aie témoigné contre toi ou non, ça n'aurait rien changé. Tu avais de la drogue sur toi, tu aurais quand même pris deux ans.
— Je n'avais que dix grammes, pas cent comme ton cher papa a écrit dans son rapport. Si tu avais dit qu'il m'avait tabassé, alors...
— Alors il y aurait eu vice de procédure et tu t'en serais sans aucun doute tiré avec une amende, dis-je à sa place. Je le sais parfaitement.
Il m'observa pendant quelques instants et pouffa, l'air complètement incrédule.
— T'es vraiment une sale garce, mais tu caches bien ton jeu derrière tes petits airs de sainte nitouche, m'accusa-t-il.
Je serrai les mâchoires et pris une grande inspiration. Mentir était mal, je le savais que trop bien et mon père avait eu tort de se propager comme il l'avait fait, tout comme en trafiquant le rapport... chose dont je viens tout juste d'être mise au courant. Mais même s'il avait eu dix grammes sur lui, ça n'aurait rien changé.
— Vois les choses de cette façon, si je n'avais pas témoigné contre toi, tu serais surement au fond d'un trou à l'heure qu'il est. Arrête de te prendre pour la victime, je ne dis pas que mon père a bien fait en te frappant, mais ce que tu faisais était illégal, Jake. C'était mal et tu le sais.
Il pouvait s'entêter s'il le voulait et continuer à blâmer les autres pour ses actes, ou il pouvait les assumer pleinement et tourner la page. C'était à lui de voir, mais rien, pas même la vengeance ne lui rendrait les deux années qu'il avait perdues derrière les barreaux. Cependant, elles n'avaient pas à être en vain si cela lui avait permis de changer sa vision des choses et de reprendre sa vie en main.
Diego me foudroya du regard et au moment où j'essayais de me relever, il m'attrapa par le poignet et m'obligea à m'asseoir à nouveau, brusquement, en me faisant tomber sur lui. Il posa ses mains sur mes hanches pour m'empêcher de gigoter, me lança un sourire machiavélique et me dit :
— Tu ne l'emporteras pas au paradis, blondie.
— Tu crois que tu me fais peur ? demandai-je en empêchant ma voix de trembler. Qu'est-ce que tu vas faire ? Me frapper peut-être ?
Mon corps trembla de la tête aux pieds. Ses mains m'empêchaient de bouger et juste à l'endroit où elles étaient placées, ma peau s'enflamma. Et lorsqu'il se pencha sur moi, une bouffée de chaleur générale m'envahit.
— Non, j'ai une bien meilleure idée en tête, murmura-t-il à quelques millimètres de mes lèvres.
J'avalai ma salive et mon cœur commença à battre la chamade, tellement cette proximité me mettait à fleur de peau. Ses mains remontèrent sur mes bras nus, brûlant ma peau et hérissant les poils de ma nuque. J'ignorais ce qu'il pouvait bien avoir en tête, mais d'après le regard intense qu'il me lançait, rien de bon.
— Lorsque tu tomberas irrévocablement amoureuse de moi, tu me supplieras de te pardonner.
Sa déclaration me laissa sans voix et je clignai des paupières à plusieurs reprises, tout en ayant eu l'air d'avoir mal entendu. Il n'avait pas dit ça, non ?
Finalement, je ne pus m'empêcher d'éclater de rire. Moi ? Tomber amoureuse de lui ?
— Tu peux toujours rêver, mais jamais je ne me sentirai attirée par un mec dans ton genre.
— C'est un peu trop tard pour dire ça, tu ne crois pas ?
Je plissai le front, ne voyant vraiment pas de quoi il voulait parler. À ce que je sache, mis à part de l'animosité, je ne ressentais rien d'autre pour lui, même si en cet instant, mon cœur s'emballait terriblement et que ma peau était en feu là où il me touchait.
— Je suis certain que tu es tout émoustillée en ce moment, me nargua-t-il en lorgnant sur mon décolleté.
J'écarquillai les yeux en remarquant qu'à travers mon soutien-gorge sans bonnet, on pouvait parfaitement les voir pointer. Je devins cramoisie et me levai brusquement en cachant ma poitrine lorsqu'Eli revint.
— Mais qu'est-ce que vous faites ?
— Rien de bien méchant, répondit Jake. On papotait, c'est tout.
— Pourtant, Ivy a l'impression d'avoir vu un fantôme.
— C'est la tronche qu'elle tire habituellement.
Je le foudroyai du regard et ne me privai pas de lui donner un coup de pied au niveau de sa jambe, ce qui le fit se marrer davantage. Ce crétin avait vraiment un véritable problème.
— Je vais y aller, Eli, annonçai-je en me dirigeant vers la porte avec le peu de dignité qu'il me restait.
— Tu veux que je te ramène, blondie ? me demanda Jake. Tu sais parfaitement que je rêve de voir où tu crèches.
Alors il n'était pas aussi bête de ce que je pensais, il avait parfaitement saisi que je ne voulais pas lui dévoiler mon adresse exacte.
— Je préférerais me faire enlever par des aliens !
— T'as plus de chance de te faire enlever par un chupacabra que par des aliens dans le coin, c'est tout à coup beaucoup moins classe.
Je renâclai et me dépêchai d'attraper mon sac ainsi que de sortir de la maison, suivi de près par Elijah. Je voulais passer un peu de temps avec lui, pourquoi avait-il fallu que Jake se pointe ? À croire qu'il avait le don d'apparaître quand je voulais simplement être tranquille.
— Excuse Jake, tu sais comment il est.
Non, le problème était là, je n'étais pas Olivia, par conséquent je l'ignorais.
Cependant, il y avait quelque chose que je n'avais jamais compris : Eli savait parfaitement ce que j'avais fait, il aurait dû me détester d'avoir aidé à enfermer son frère. Je ne lui avais jamais posé la question et je n'étais pas vraiment certaine de vouloir entendre la réponse, mais cela m'intriguait tout de même.
— Dans le fond, il n'est pas méchant.
Je le savais parfaitement, sinon Olivia ne le considérerait pas comme une sorte de frère de substitution, mais il n'empêchait qu'avec moi, c'était un véritable connard.
Et malgré moi, je ne pouvais pas lui en vouloir.
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Ça devient de plus en plus tendu entre Jake et Ivy, de diverses façons, mais on se rapproche plus du hate me/love me qu'autre chose.
Ivy est consciente qu'elle n'aurait pas dû mentir, et elle s'en veut pas mal pour ça, la chose à faire désormais, ce serait d'exprimer à Jake ses regrets, mais elle n'a pas non plus envie de s'excuser sans que lui-même ne reconnaisse ses torts et ne cesse de se voir en victime.
Bref, quelle tournure pensez-vous que prendra leur relation ? Trouveront-ils un terrain d'entente ? Ou ce sera toujours aussi épineux entre eux ? Qui devrait faire le premier pas?
J'espère que ce chapitre vous a plu et que vous avez hâte de découvrir la suite !
Je rappelle que vos retours (ou feedbacks) sur les chapitres sont essentiels. Tout d'abord, parce que ça fait vivre l'histoire, ça me permet également d'interragir avec mes lecteurs, d'échanger avec vous, puis surtout, c'est une manière d'encourager l'auteur en écrivant votre ressenti. Je suis lectrice et auteure et je sais combien ça plait et motive un auteur d'avoir des retours, ils sont même essentiels ! Je rappelle que la base de wattpad n'est pas seulement d'offrir une lecture gratuite aux lecteurs, mais aussi que les lecteurs donnent quelque chose en contrepartie, (c'est donnant-donnant en fait) c'est à dire des votes et des commentaires, car oui, nous auteurs, on ne gagne rien en publiant sur la plateforme, alors qu'écrire nous demande un sacré boulot.
On se retrouve la semaine prochaine pour la suite !
Bye !
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