Chapitre 2 - Jake (Tome 2)

Couché sur ce matelas à même le sol, je tirai une nouvelle taffe sur ma cigarette. Elijah avait raison, j'étais accro à cette saloperie. Il faudrait que je pense à arrêter... un de ces jours, pour le moment, je n'en avais pas véritablement envie.

Drake faisait du bruit dans la cuisine, bon, à vrai dire, il en avait fait toute la putain de nuit. Visiblement, il ne savait pas ce que le concept « fermer sa gueule » signifiait, surtout lorsqu'il ramenait une gonzesse à la maison. Elle n'avait pas arrêté de gémir pendant une bonne partie de la nuit, le pire, c'était qu'on comprenait qu'elle simulait. Personne ne gémissait comme ça ! J'avais en plus eu le droit à leur dialogue sexuel à deux balles et franchement, me branler à cause de ce que mon colocataire faisait dans la chambre d'à côté ne me réjouissait pas des masses, c'était même pathétique. Je n'y pouvais pas grand-chose si ce genre de jargon faisait réagir mon corps de cette manière.

Bon, le fait de ne pas m'être envoyé en l'air depuis plus de deux ans devait y être pour beaucoup. Un rien me faisait bander dernièrement et c'était vraiment frustrant. Alors avoir cette fille tout juste à côté qui n'arrêtait pas de pousser des hurlements remplis de plaisir – même s'ils étaient feints afin de complaire Drake –, ça me mettait dans tous mes états sans même le vouloir.

Je n'avais pas entendu la fille partir, mais sans doute l'avait-elle fait au beau milieu de la nuit. La plupart des conquêtes de mon colocataire ne restaient ici que le strict minimum, le temps de faire leur petite affaire, pour ensuite se barrer. C'était mieux pour Drake et également pour moi, car je n'avais aucune envie de me retrouver en face à face avec elles au matin. Je préférais ne pas mettre un visage sur leurs gémissements, histoire de ne pas culpabiliser.

Je tendis la main vers le sol et le tâtai jusqu'à trouver le cendrier ainsi que la bière que je n'avais pas terminée la veille. Ma gorge était sèche et mes yeux me piquaient, à cause de l'insomnie et de l'effet de la fumée. J'en bus une gorgée et me rendis rapidement compte que je n'aurais pas dû. Tout le gaz s'était évaporé et j'avais la sensation de boire de la pisse, du coup, je recrachai le contenu de ma bouche à l'intérieur de la bouteille.

En regardant l'heure sur mon portable, je me rendis compte qu'il était plus de sept heures et j'avais promis à Elijah que j'irais le chercher à la maison pour l'emmener au lycée. C'était le premier jour de sa dernière année et j'avais envie d'être là, en plus, je devais me rendre au boulot.

Je me levai par conséquent de ce pauvre matelas qui me bouzillait le dos et sortis de la chambre, afin de me diriger vers la salle de bain. Mais, quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'une fois en plein milieu du salon, je vis la fille que Drake avait sauté quelques heures auparavant dans la cuisine, fouillant dans les divers compartiments des meubles. Mais qu'est-ce qu'elle foutait ?

Elle ne semblait même pas m'avoir remarquée, elle était super agitée. Elle jurait à messes basses et n'arrêtait pas de se gratter l'intérieur des bras ou encore son nez.

Je poussai un long soupir en comprenant de quoi il s'agissait. Bordel, il avait vraiment fait une chose pareille ?

Doucement, je m'approchai d'elle, sans même me soucier d'être en caleçon, visiblement ça ne la gênait pas d'être en soutif et petite culotte dans une maison qui n'était pas la sienne. Elle était tellement obsédée par le fait de trouver la came, qu'elle se fichait complètement de ma présence.

— Je peux t'aider ?

Elle sursauta en entendant ma voix et ses yeux me foudroyèrent sur place.

— Elle est où ?

— De quoi ? fis-je semblant.

— L'héroïne ! Elle est où ?!

D'accord, pour être à ce point à fleur de peau, elle devait être sacrément en manque. Malheureusement, je ne savais pas où Drake planquait sa marchandise, je lui avais demandé exprès de ne jamais me le dire, au cas où les flics débarqueraient un jour dans sa piaule et retourneraient tout. Je ne voulais être mêlé à rien de toute cette merde, j'avais eu mon quota de conneries. Si je vivais avec lui, c'était parce que je n'avais pas d'autre choix, pas par plaisir.

Ramener une junkie en manque à la maison était vraiment la pire ânerie qu'il avait faite dernièrement. Elle ne paraissait pas avoir un rond sur elle – bon, elle était en sous-vêtements, mais là n'était pas la question. La jeune fille était extrêmement maigre, ses joues se creusaient sous des cernes violacés et ses cheveux blond cendré avaient perdu tout éclat. Mes yeux se portèrent aux plis de ses bras et je vis énormément de bleus, sous lesquels se cachaient des piqures. Je continuai à l'examiner et en découvrant ses pieds, je remarquai des ecchymoses entre ses doigts. Elle avait sans doute dû se piquer là, n'ayant plus d'endroit où le faire sur ses bras.

— Calme-toi, dis-je tranquillement en m'avançant vers elle. Je ne sais pas où elle se trouve, c'est Drake qui trempe là-dedans, pas moi.

— Il a dit qu'il m'en donnerait, hurla-t-elle, de plus en plus nerveuse, mais il n'était plus là lorsque je me suis réveillée !

J'allais le tuer. Non seulement, il ramenait une camée, mais en plus, il se barrait me laissant affronter la situation à sa place ? Putain, il fallait que je me barre d'ici à tout prix !

Je passai une main sur mon visage, ne sachant pas quoi dire à cette fille en manque. Elle allait péter davantage un plomb si je lui disais de partir ou de revenir plus tard. Non, elle avait besoin de sa dose tout de suite, sinon, jamais elle n'aurait baisé avec Drake, je le voyais bien. Du sexe contre sa came, c'était sa monnaie d'échange.

Lorsque je dealais, je n'avais jamais profité de la vulnérabilité d'une ou d'un de mes clients pour avoir du sexe. Je ne voulais d'eux que leur argent, le reste, je m'en cognais. C'était déjà suffisamment mal ce que je faisais pour en plus en rajouter une couche en acceptant des services sexuels en échange de drogue.

— Comment tu t'appelles ?

Elle me regarda, plus méfiante que jamais.

— Lucy.

— Très bien Lucy, continuai-je en m'approchant de plus en plus d'elle. Je n'ai aucune idée d'où Drake plaque sa merde, tu as donc deux solutions : soit tu pars et reviens plus tard...

La jeune femme se raidit de tous ses muscles en me foudroyant de ses iris bleus.

— Ou alors tu attends ici patiemment qu'il revienne.

J'avais encore du mal à croire qu'il se soit barré en la laissant là. Il aurait parfaitement dû savoir dans quel état elle se retrouverait en se réveillant et en voyant qu'il était aux abonnés absents.

Elle tremblait frénétiquement, ayant trop besoin de cette dose qui mettait trop de temps à arriver.

— Tu veux manger quelque chose ? lui proposai-je, ne sachant pas quoi faire d'autre.

Jamais il ne me serait venu à l'idée de ramener un client chez moi, c'était bien trop risqué. On ne pouvait pas faire confiance à un drogué, s'il voyait l'opportunité d'avoir sa came sans avoir à déverser un sous, il n'hésiterait pas à tuer celui qui la lui fournissait. Mettre sa vie en danger, en plus de la mienne, pour s'envoyer en l'air était vraiment la plus grosse connerie que Drake avait faite jusqu'à maintenant. Aux dernières nouvelles, les filles qu'il avait tendance à ramener n'étaient pas ses clientes, c'était plutôt l'inverse.

— Une cigarette peut-être ? continuai-je en voyant qu'elle ne répondait pas à ma proposition précédente.

Elle fronça les sourcils et sembla se détendre un petit peu. Je lui tournai prudemment le dos et partis dans ma chambre, avant de revenir avec un briquet et mon paquet de clopes. Je lui en tendis une et la lui allumai une fois qu'elle l'eut coincée entre ses lèvres.

La nicotine la calma et cela me rassura. Ça n'équivalait pas à son shoot d'héroïne, mais au moins, elle avait l'air occupée.

Lucy était vraiment dans un sale état et je me demandais sérieusement comment Drake avait fait pour coucher avec elle. J'avais encore du mal à croire que ces gémissements soient sortis de sa gorge, donnant l'impression de ne presque pas tenir debout. Il n'y avait rien d'attirant chez elle, peut-être avait-ce été le cas auparavant, mais la drogue s'était chargée de tout détruire.

Je ne pus m'empêcher de penser à Ronnie, malgré le fait de ne pas l'avoir connue, Elijah m'avait suffisamment parlé d'elle ces derniers mois pour avoir l'impression du contraire.

— Tu es certaine que tu ne veux rien manger ? repris-je.

Elle secoua la tête frénétiquement et tira une longue taffe sur la cigarette.

Le pire dans tout ceci, c'était que tant que ce connard de Drake ne rentrerait pas, je ne pourrais pas la laisser toute seule ici. Il en était tout simplement hors de question. Dès que j'aurais le dos tourné, elle mettrait l'appart sens dessus-dessous et fouillerait partout jusqu'à avoir obtenu l'objet de sa convoitise.

L'heure avançait à grands pas et je n'étais toujours pas prêt pour aller chercher Eli.

— Il m'a promis ma dose, reprit la fille tandis que j'étais perdu dans mes pensées. Pourquoi est-ce qu'il est parti sans me la donner ?

Parce que tu t'es faite baiser ? avais-je envie de lui répondre.

Toutefois, je me contentai de hausser les épaules, après tout, je ne savais pas ce que ce débile pouvait bien avoir en tête. Cependant, « rien » me semblait la réponse la plus évidente.

Il était trois ans plus âgé que moi et pataugeait dans le monde du dealing depuis au moins ses seize ans. Il avait assez d'expérience maintenant pour savoir qu'il ne fallait jamais ramener un de ses clients chez-soi. Mais à croire qu'il avait eu la queue trop en feu pour penser cohéremment.

— Il a peut-être eu une urgence, tentai-je de la rassurer.

— Tu peux l'appeler ? J'ai essayé, mais il ne répond pas, me demanda-t-elle d'une voix suppliante. Je ferai tout ce que tu voudras.

Elle posa une main sur mon avant-bras, mais je me dégageai instantanément. Elle n'avait pas besoin de me faire une petite « faveur » pour que je passe un coup de fil à ce crétin. J'allais le faire avec plaisir et gratuitement en plus.

— Garde tes distances, s'il te plait.

Mon ton sembla la dissuader de tenter quoi que ce fut d'autre et je retournai dans ma chambre afin d'attraper mon portable. Laissant la porte ouverte de cette dernière dans le but de l'avoir à l'œil, je composai le numéro de mon « ami ». Plusieurs tonalités se succédèrent avant qu'il ne décroche pour de bon.

— Quoi ?

— Tu n'as pas oublié quelque chose ce matin en te cassant ? lui balançai-je sans essayer de cacher un minimum mon énervement.

— Elle est encore là ?

Il soupira et j'entendis quelqu'un à travers le combiné. Il devait sans aucun doute être en train de fournir l'un de ses clients.

— Tu t'attendais à quoi ? C'est une putain de droguée qui t'a baisé juste pour avoir sa dose d'héroïne, murmurai-je pour qu'elle ne m'entende pas.

— Je n'en sais rien, fous-la dehors ! s'agaça-t-il.

Bien sûr, il la baisait et moi, je lui débarrassais le plancher ? Hors de question.

— T'as intérêt à te pointer ici dans les cinq prochaines minutes, je ne peux pas être sa baby-sitter.

Puis avant qu'il ne réplique, je lui raccrochai au nez. Je n'avais rien d'autre à lui dire de toute façon, mis à part peut-être que c'était un salopard de la pire espèce, mais il le savait déjà, donc, je ne lui apprendrais rien de nouveau. Je la rejoignis à nouveau et elle avait déjà entamé une deuxième cigarette.

— Il arrive, soupirai-je en me grattant l'arrière de la tête. Alors, assieds-toi et attends-le, je dois me préparer pour aller au boulot.

Lucy m'observa pendant quelques secondes, puis finalement, hocha la tête, accédant à ma demande.

— Merci, murmura-t-elle au moment où je m'engouffrais dans la salle de bain et claquais la porte derrière moi.

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Hey ! J'espère que votre semaine se passe bien et que ce premier chapitre de la part de Jake vous a plu ! 

Alors ? Qu'en pensez-vous ? 

On se retrouve vite pour la suite ! 

Tamar. 

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