Chapitre 16 - Olivia (Tome 2)

Assise par terre dans ma chambre en ce vendredi après les cours, je relisais encore une fois la lettre de Cole. J'en avais marre de ne rien trouver, et pour ce qui était des caméras de surveillance du motel, c'étaient des fausses. Ainsi, on se retrouvait à nouveau à la case départ, à mon plus grand malheur. On ne saurait sans doute jamais qui était passé chercher Veronica ce soir-là et c'était extrêmement frustrant !

Nous n'avions absolument plus rien et je m'en voulais de plus en plus d'entrainer mon frère, Jake et Ivy dans tout ceci. J'avais l'impression de perdre mon temps et Elijah pareil, il m'avait confié ne plus savoir quoi faire. J'étais exactement dans le même dilemme.

Ça me faisait du mal de le penser, mais peut-être qu'Alex avait raison, je devrais mieux faire ce que Jayden me disait dans sa lettre : passer à autre chose. Je n'en avais aucune envie et d'un autre côté, j'étais fatiguée de toutes ces recherches qui ne menaient nulle part.

Ivy m'avait dit qu'il fallait que je pense à mon futur avant tout, que je ne pouvais pas vivre pour une personne qui n'était plus là, que c'était le chemin vers l'autodestruction. Tout le monde me disait quelque chose de plus ou moins semblable et plus je passais de temps dans cette maison, plus j'avais l'impression d'étouffer.

À court d'air, je me levai, rangeai la lettre dans le tiroir de ma table de chevet et sortis de ma chambre. Un petit tour ne pouvait pas me faire de mal, de ça j'en étais certaine.

Lorsque j'arrivais au salon, je retrouvai Alex et ma mère en train de murmurer, chose qui m'étonna beaucoup. De quoi pouvaient-il bien parler ? Puis surtout, c'étaient quoi ces chuchotements ?

En me voyant, mon frère se leva et ma mère se retourna. Contrairement à d'habitude, elle ne portait pas son uniforme, mais des vêtements de rue. Je n'étais définitivement plus du tout habituée à la voir habillée normalement, après tout, elle travaillait la plupart du temps et n'avait plus de temps pour elle.

— Liv, tu veux bien t'asseoir ?

Je fronçai les sourcils. Pourquoi avais-je l'impression que tous les deux allaient m'annoncer quelque chose qui n'allait pas forcément me plaire ?

Toutefois, je m'avançai vers eux et m'exécutai en prenant place à côté d'Alex qui s'assit également, mais garda toutefois une petite distance entre nous. Après notre grosse dispute de l'autre jour, plus les journées passaient, plus j'avais l'impression qu'il se rapprochait de moi, timidement, s'en voulant de ce qu'il m'avait dit. Je n'avais pas encore tenté de mettre en pratique le conseil de Jake, mais j'attendais simplement le moment propice pour parler avec mon frère.

— Les cours se passent bien ? me demanda-t-elle.

— Oui, comme d'habitude.

— C'est bien et tes cours de journalisme ?

Comment lui expliquer que j'avais complètement laissé tomber ? Certes pour mon dossier ça n'allait pas être génial, mais je préférais désormais aller travailler tous les jours au country club, au moins ça me rapportait de l'argent. Et avec mes bonnes notes dans toutes les matières, n'importe quelle université se ficherait du fait que je n'aie pas pris d'activité extrascolaire en dernière année.

Toutefois...

— Ça va aussi.

Je sentis le regard foudroyant d'Alex sur moi, mais j'y fis complètement abstraction. Lui non plus ne faisait aucune activité, alors il pouvait bien aller la ramener ailleurs. Certes en début d'année j'avais pris l'option, mais j'avais préféré laisser tomber, sur un coup de tête. Selon mon frère, c'était ma dépression qui me faisait agir de manière aussi irréfléchie, ce à quoi j'avais répondu par un beau doigt d'honneur. Ses psychanalyses à deux balles, il pouvait se les carrer où je pensais.

— Et si tu me disais ce que tu veux ? finis-je par dire en voyant qu'aucun des deux ne se lançait.

Quel était donc le problème ?

— Graham Porter m'a offert un travail de femme de ménage dans son cabinet, m'annonça-t-elle.

Ça me surprit, mais en bien. Cependant, quand avait-elle parlé avec lui ? La dernière fois que je l'avais vu, ça remontait à la semaine dernière au country club. Quant à ma mère, à ma connaissance du moins, elle ne l'avait pas revu depuis le jour où toutes les charges contre Alex avaient été annulées.

— Je ne peux pas continuer à travailler ici, soupira ma génitrice. Je n'y arrive plus, c'est beaucoup trop de boulot pour une seule personne et j'ai la sensation de ne pas avoir de vie. Je veux être le plus de temps possible avec vous, les enfants, et ici, c'est tout au plus si nous partageons un diner ensemble. Dans son cabinet, j'aurais des horaires fixes ainsi qu'un superbe salaire. Ce qui signifie...

— Qu'on doit partir d'ici, en déduis-je.

Elle hocha la tête.

Cela aurait dû me faire de la peine et ça aurait été le cas si Cole avait été là. Au moins, sans nous dans les parages, si jamais il revenait, il pourrait récupérer la pool house. Cette pensée était un tant soit peu débile, sachant qu'il ne voudrait sans aucun doute plus remettre un seul pied dans une seule parcelle de ce manoir.

— C'est moi qui ai contacté Porter, m'avoua Alex. Je lui ai expliqué la situation de maman et il lui a tout de suite offert un job. C'est une opportunité à saisir.

— D'accord, soupirai-je avec le cœur au niveau de la gorge.

Ma réponse sembla surprendre mon frère, sans doute s'attendait-il à ce que je fasse une crise et dise que je ne voulais pas partir d'ici. Mais il fallait être réalistes, c'était la meilleure chose à faire pour nous tous.

Ne plus voir cette garce de Piper tous les jours ne serait pas de refus pour être honnête, à chaque fois que je la croisais, j'avais des envies de meurtre et je ne tenais pas à finir en prison. Partir d'ici, bien qu'il m'en coûte, était sans aucun doute la meilleure solution pour nous, même pour Cole. Je ne voulais pas l'abandonner et j'ignorais encore ce que je ferais par rapport aux recherches, mais la seule chose dont j'étais certaine, c'était que toute seule je n'arriverais strictement à rien.

J'avais essayé avec acharnement pendant des mois et nous n'avions obtenu aucun résultat. Je devais me rendre à l'évidence et cesser de me torturer de cette manière, en voyant de l'espoir là où il n'y en avait pas. J'ignorais si c'était lui qui m'avait appelé cette fois-là, mais ça ne changeait strictement rien.

Jayden ne pourrait être retrouvé que lorsqu'il le voudrait vraiment, ou alors, il faudrait un miracle pour que les détectives que son père avait engagés trouvent sa cachette et le fassent sortir de son plein gré. Ou alors, qu'il y ait un cas de force majeure...

Ce fut alors qu'une idée resurgit dans mon esprit. Elle était complètement folle, j'en convenais, mais ça pourrait marcher !

C'était ça ! Il fallait le pousser à sortir, pas le traquer.

J'étais certaine qu'il regardait les infos du coin, rusé comme il était, il devait lire la presse du comté à travers le net afin d'être prêt si jamais les autorités étaient trop près du but. Après tout, le journal du coin chroniquait ses recherches comme s'il s'agissait d'un polar.

Il fallait une information suffisamment grande et qui le toucherait de près pour le faire réagir et sortir du trou où il se terrait.

Ma mère continuait de parler, tout comme Alex, mais je ne les entendais plus. J'étais d'accord pour quitter le manoir à cent pour cent, mais là, l'idée qui germait dans mon esprit était tout simplement grandiose et il fallait que j'en parle à la seule personne ayant les moyens d'exécuter mon plan.

Je me levai et sans même y réfléchir une seconde, je me dirigeai vers le manoir en courant, alors que ma mère hélait mon nom, ne comprenant pas ce qui me prenait.

Il avait fallu que je perde espoir et sois sur le point de tout abandonner pour que j'aie cette magnifique illumination. C'était clair dans mon esprit, si ça ne marchait pas, je ne voyais pas quoi d'autre pourrait le faire !

J'entrai dans la demeure par la porte extérieure de la cuisine et la traversai, tout comme le salon, la salle à manger ainsi que le hall avant d'arriver devant le bureau de M. Coleman.

Depuis que Cole avait disparu, il passait beaucoup plus de temps à la maison, bien qu'enfermé dans son bureau. J'ignorais s'il ne faisait que travailler ou si au contraire, il se concentrait au maximum sur les recherches.

Je toquai et attendis quelques secondes avant d'ouvrir la porte.

Patrick Coleman avait le regard plongé dans tout un tas de papiers, dont j'ignorais à quoi ils correspondaient. Mon cœur battait la chamade et mon cerveau travaillait à une vitesse folle. Il fallait absolument que je lui parle de cette idée qui était en pleine construction dans mon esprit.

— Monsieur !

Il releva la vue et retira ses lunettes avant de se lever pour venir à ma rencontre.

— Olivia ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as vu un fantôme ?

— J'ai une idée ! dis-je encore en reprenant mon souffle à cause de ma petite course de quelques secondes auparavant.

Jamais rien n'avait été aussi clair dans ma tête. Nous ne devions pas aller vers lui, il devait venir vers nous, là était la clé.

Il s'appuya contre un coin de son bureau et me scruta, surpris de mon irruption, après tout, jamais encore je n'avais osé entrer dans cet antre sans un accord au préalable.

— Je crois savoir comment retrouver votre fils.

Ses yeux s'écarquillèrent, il vint vers moi et me saisit par les bras sans cesser de me regarder droit dans mes iris. Oui, je ne mentais pas, c'était la seule solution, je n'en voyais vraiment aucune autre. Après tout ce qu'il avait essayé de faire de son côté et moi du mien, cette idée était selon moi la seule qui pourrait vraiment marcher.

— Vous avez des connaissances dans la presse du coin ?

— Oui, bien sûr, tu le sais bien.

En effet, mais je préférais m'en assurer avant d'étaler tout le plan, car l'une des clés était bel et bien la presse.

— Je pense que Jayden a à l'œil toutes les infos du coin, qu'elles aient un rapport avec lui ou non.

— Pourquoi tu penses ça ?

— Si je voulais disparaître, c'est ce que je ferais. M'assurer d'avoir une longueur d'avance sur les autorités.

M. Coleman hocha la tête, trouvant que c'était logique. Après tout, c'était ce que n'importe qui d'un tant soit peu intelligent ferait et Cole était rusé comme un renard.

— Savez-vous comment on fait sortir un lapin de son terrier ?

Il fronça les sourcils, ne voyant sans doute pas ce qu'un petit animal poilu avait à voir avec son fils aîné. Mais en vérité, dans cette situation, ils étaient très ressemblants.

— Il faut l'enfumer, le pousser à sortir tout seul et ensuite, le piéger, lui expliquai-je en bougeant d'un coin à l'autre de la pièce.

Face à cette explication, il prit une grande inspiration et s'éloigna, jusqu'à s'asseoir sur son siège de bureau, l'air incrédule face à ce que je lui disais.

— Et qu'est-ce qui ferait sortir Jayden de sa tanière selon toi ?

Sa question m'arrêta dans mon élan et je cessai de bouger. Je savais que j'allais m'exposer comme jamais, surtout que Piper allait être mise au courant si ce plan venait à voir véritablement le jour, mais la seule chose qui importait c'était le retour de Cole. Rien d'autre ne comptait, je m'occuperais de cette garce plus tard.

— Moi, répondis-je en toute honnêteté.

— Toi ? Mais... pourquoi ? Est-ce que toi et lui vous...

Je serrai les dents et tentai de trouver une excuse suffisamment convaincante pour que je me désigne en tant qu'appât parfait. Je ne croyais pas un seul mot de sa lettre, il mentait comme un arracheur de dents, les raisons seul lui les savait, mais je le connaissais suffisamment pour pouvoir discerner le vrai du faux dans ses paroles.

— On est devenus amis, monsieur, tout comme il compte pour moi, je compte également pour lui. Nous étions proches.

— En si peu de temps ?

Je hochai la tête frénétiquement. Si Piper n'existait pas, je lui aurais dit les vraies raisons, mais je devais me protéger contre elle, ignorant de quoi elle serait capable. De ce dont j'étais certaine, c'était que ma mère allait faire une crise et mon frère allait me faire la peau. Je trouvais mon idée brillante, mais eux la considéreraient complètement folle. Mais après tout, toutes les idées brillantes étaient un peu folles dans le fond, non ?

— Et qu'est-ce que tu proposes ?

Il semblait avoir mordu à l'hameçon, mais il faudrait vraiment quelque chose de gros pour faire en sorte que son fils revienne à Fairfield.

— Mes obsèques. 

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Alors? Olivia est-elle un génie ou complètement barrée ? À vous de me le dire. 

En tout cas, son plan va en énerver plus d'un, vous vous doutez de qui ce sera, enfin, j'imagine. 

Bref, j'espère que ce chapitre vous a plu, il donne un tournant à ce tome. La question désormais est de savoir, Cole, mordra-t-il à l'hameçon ? 

On se retrouve la semaine prochaine pour la suite ! 

Bye ! 

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