Je montai le plus rapidement possible dans ma chambre après l'avoir dévisagé de la tête aux pieds.

Je ne sais pas ce qui me prend d'agir comme ça. Je n'ai jamais été autant "méchante" envers quelqu'un. Et je ne connais même pas la raison de ma méchanceté.

Je m'enferme dans ma chambre, et m'assied à l'envers sur ma chaise de bureau. J'aime bien m'asseoir comme ça. Mon père aussi fait la même chose, et LUI aussi.

Je bois ce qui reste de mon chocolat, et ouvre un cahier. J'essaie de réviser ce qu'on a fait en cours. Mais je n'y arrive pas. IL me revient en tête. Je revois son air quand je lui ai parlé comme je viens de le faire. Il était blessé, je le sais. Je ne sais pas moi-même pourquoi j'ai agi comme ça.

Sans réfléchir, je prends une feuille, et écris des excuses. Je sais que cela aurait l'air un peu vieillot, mais j'aime bien faire ça.

Et puis... Je sais que je n'aurais le courage de les énoncer à voix haute, alors je les écris. Je ne sais même pas ce que je vais en faire. Si je vais la lui donner ou non.

"Cher Sam,

La période où nous étions amis me manque. Elle me manque cruellement. Cependant, je ne peux pas revenir en arrière, et je doute que tu le puisses toi aussi. Aussi, je ne pourrais pas accepter ton amitié. C'est difficile à comprendre pour toi, mais je ne peux pas. Je t'expliquerai peut-être un jour... Quand tu seras marié, père, et que tu seras heureux. Je serais sûrement célibataire, pour une raison que je peux pas te révéler. Mais tout ce qui compte pour moi, c'est que tu sois heureux.

Je m'excuse pour toutes mes sautes d'humeurs, même si elles ne sont pas nombreuses, je sais qu'elles ont dû être très éprouvantes pour toi.
Il faut que nous nous rendions à l'évidence : notre histoire est impossible. En tout cas, pour moi elle l'est. Je sais que tu n'es pas quelqu'un de stable comme tu l'as été lorsque nous étions de simple enfants innocents.

Alors, je te demanderai simplement d'arrêter de courir après moi. Oublies moi. Peut-être qu'un jour, nos chemins se re-croiseront, mais pour l'instant, éjectes-moi de ta vie. 

Je suis désolée.
Sincèrement désolée.

Lia."

Je lâche mon stylo, et regarde la feuille. 

C'est un peu brutal, je vous l'accorde, mais j'ai déjà tenté de lui dire de ne plus s'approcher de moi. Il ne m'a pas écoutée. Je sais à quel point la tentation peut être forte. J'y ai même cédé en lui demandant de m'embrasser. Mais cela n'augure rien de bon.
Je suis sûr qu'il se lasserait de moi bien vite, et qu'il se tournerait vers d'autres jeunes femmes, belles, sexy et qui font des choses osées.

Malheureusement, je n'en fais pas partie. Et je pense que c'est ce qu'il veut. Il ne s'en rend peut-être pas encore compte, mais au fond de moi, je le sens.

Je sors en douce de ma chambre, entre discrètement dans la sienne, et pose la feuille sur son bureau.