RENCONTRE OFFICIELLE
⚠️PENSÉES NÉGATIVES⚠️
Pourquoi, subitement, dois-je ressentir de la pitié pour cet homme que je déteste depuis si longtemps ? Pourquoi faut-il qu'un déclic se produise maintenant ? Suis-je folle de penser qu'il n'est peut-être pas celui qui a tué ma famille alors que toutes les preuves convergent vers lui ?
Un frisson glacé me tire de mes pensées, me ramenant brusquement à la réalité. Devant moi, William agite les bras, me regardant avec un air légèrement agacé.
— Valentina. As-tu entendu ce que je viens de dire ? demande-t-il.
Je le fixe, perdue, incapable de répondre.
— On dirait que non, ajoute-t-il en constatant mon trouble.
— Je suis désolée. Qu'avez-vous dit ? murmuré-je.
— Es-tu d'accord pour venir chez moi maintenant ? Henry, l'un de mes employés, s'occupera de tes affaires personnelles demain, si cela te convient.
— Ça me convient, mais... J'ai quand même besoin de récupérer quelques affaires avant de partir.
— Bien sûr. Laisse-moi te déposer. Tu risques de prendre froid si tu y vas à pied.
Pourquoi ne suis-je pas surprise qu'il sache où je loge ? Rien ne lui échappe, et prétendre le contraire serait insulter son intelligence. Sans un mot, je le suis jusqu'à sa voiture.
Une fois installés, nous partons en direction de l'hôtel. Je ne perds pas de temps : je monte dans ma chambre et récupère ma valise. J'y fourre mes vêtements, mon nécessaire de toilette et, surtout, la seule photo de famille que je possède, soigneusement glissée entre mes affaires. Je prends également le dossier contenant mes recherches sur l'incendie. Toute ma vie tient dans cette petite valise. Pour certains, c'est pathétique. Pour moi, c'est une libération : je ne laisserai rien derrière moi, parce que je sais que personne ne s'en souciera.
Alors que je rassemble mes dernières affaires, des larmes coulent soudain sur mes joues. En pensant à mon père, une rage sourde s'empare de moi. Pourquoi me fait-il encore souffrir alors qu'il nous a abandonnés ? S'il était resté cette nuit-là, peut-être que tout aurait été différent. Peut-être que ma mère et mon frère seraient encore là. Peut-être que nous serions encore une famille, unie et heureuse. Ces pensées m'empoisonnent, me déchirent.
Après avoir réglé ma note à la réception, je retrouve William, comme prévu, garé devant l'hôtel. Je range ma valise dans le coffre avant de m'installer sur la banquette arrière. Je sens son regard dans le rétroviseur. Il n'approuve pas mon choix de place, mais je refuse de m'asseoir à ses côtés. Après un soupir exaspéré, il démarre.
Le trajet se fait en silence pendant les quinze premières minutes. Mais peu à peu, une angoisse oppressante monte en moi. L'envie de fuir, d'ouvrir la portière et de courir loin de tout, m'envahit. Mais je sais que c'est impossible. William connaît mes pulsions suicidaires et a pris ses précautions : les portières ne peuvent pas s'ouvrir de l'intérieur.
Subitement, sa voix brise le silence.
— Ne t'inquiète pas pour ma famille. Ils ne savent rien à ton sujet, seulement ce que j'ai bien voulu leur dire.
Choquée, je relève la tête et croise brièvement son regard dans le rétroviseur. Comme s'il lisait dans mes pensées, ses paroles sonnent juste.
— Mon visage. Sont-ils au courant pour mon visage ?
— Non. Mais tu n'as aucune inquiétude à avoir. Jamais ils ne se permettraient de juger mon invitée. Sois rassurée.
— Alors pourquoi suis-je anxieuse ? murmuré-je, plus pour moi-même.
William n'y répond pas. Après plus de trois quarts d'heure de route, nous arrivons enfin. Mon cœur s'emballe, ma respiration devient difficile, et mes mains moites trahissent mon malaise. William a déjà sorti ma valise et m'attend près de la portière ouverte.
— Nous sommes arrivés, Valentina, dit-il calmement.
Je prends une grande inspiration avant de sortir de la voiture. Je le suis jusqu'à l'entrée de la demeure, gardant la tête baissée, redoutant les regards que l'on pourrait me lancer.
— Vous êtes tous là, déclare William d'un ton assuré en entrant.
Je sens plusieurs présences face à nous, mais je refuse de lever les yeux.
— Je vous présente Valentina Solano, commence-t-il. Elle vivra avec nous à partir d'aujourd'hui. Valentina, voici ma femme, Mary. À côté d'elle, mon fils aîné, Christopher.
— Bonsoir, Valentina, dit Christopher d'un ton chaleureux. Mon père nous a souvent parlé de toi. J'ai déjà l'impression de te connaître, se confie-t-il, tout en serrant ma main.
— Bonsoir, murmuré-je, la tête toujours baissée.
— Et voici ma fille, Jessica, et Amanda, la fiancée de Lorenzo, mon cadet.
— Salut ! lance Jessica avec enthousiasme. Je suis trop contente que tu sois là. Enfin une sœur avec qui parler !
Un léger sourire se dessine sur mes lèvres face à son enthousiasme.
— Où sont passées vos bonnes manières ? intervient une voix plus sèche, probablement celle de Mary.
— On dirait qu'elle n'est pas très loquace, commente une voix masculine, que j'assume être Lorenzo.
William reprend la parole sur un ton apaisant :
— Valentina, tu peux relever la tête. Tu n'as aucune honte à avoir. Tes yeux sont magnifiques.
Je lève enfin les yeux et croise les regards de chaque membre de cette famille. Mary semble surprise, mais pas hostile. Christopher me sourit chaleureusement, tandis que Jessica me fixe avec impatience, un grand sourire aux lèvres. Amanda, en revanche, me jauge avec une arrogance à peine voilée, ignorant ma tentative de lui tendre la main. Quant à Lorenzo...
Hésitante, je tends une main tremblante vers lui. Il fixe ma main pendant quelques secondes, comme s'il hésitait lui aussi, avant de l'attraper fermement. Ce contact, si soudain et inattendu, me déconcerte. Lorsqu'il lève enfin la tête et que nos regards se croisent, mon cœur se fige.
C'est lui. Cet homme. Celui qui m'a sauvé sur ce pont.
Le choc est visible sur son visage, tout comme il doit transparaître sur le mien. Malgré les regards des autres, je suis incapable de détourner les yeux. Après quelques secondes qui me paraissent interminables, je lâche enfin sa main et m'éloigne, évitant son regard. Pourtant, je sens toujours le sien posé sur moi, brûlant d'une intensité que je ne peux ignorer.
À cet instant, je comprends que Lorenzo Anderson, cet étranger, est vraiment celui qui va bouleverser ma vie.
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