La nuit s'est installée. Le vent caresse mes joues, rosies et glacées par son souffle mordant. Devant moi, l'immensité de l'eau s'étend, sombre et infinie. Je me tiens debout, agrippée aux parois de ce pont qui semble se perdre à l'horizon.

Autour de moi, le silence. Pas un bruit, pas un souffle. Comme si le monde avait cessé d'exister. Ou peut-être est-ce moi qui suis déjà ailleurs, enfermée dans un cocon d'insensibilité. Je ne vois plus, je n'entends plus. Toute mon attention, toute mon existence, converge vers un unique désir : te rejoindre. Vous rejoindre.

Mes jambes tremblent, mon corps vacille, et pourtant, je reste figée. Les larmes coulent sans relâche, brûlant mes joues. Mon cœur martèle ma poitrine si violemment que ses battements résonnent jusque dans mes tempes. Et malgré tout cela, je me sens bien. Étrangement bien. Je suis là, enfin prête.

Prête à dire adieu à ce monde qui m'écrase, qui m'étouffe, qui m'enferme. Aujourd'hui, il est temps. Temps pour moi de disparaître.