DÉTERMINÉE

⚠️PAROLES SENSIBLES⚠️

Alors que les présentations sont enfin terminées, un silence presque pesant s'installe dans la pièce. Chacun se regarde, un sourire sur les lèvres pour certains, un visage neutre pour d'autres, et un regard inquisiteur pour l'un d'entre eux. Cette atmosphère étrange et pesante me met mal à l'aise. Prête à briser ce silence en m'adressant à William, je suis interrompue lorsque Christopher s'avance, les mains dans les poches, et prend la parole.

— Ne nous en veux pas si l'on te tutoie, mais comme je te l'ai dit, papa nous a tellement parlé de toi que c'est comme si tu faisais déjà partie de la famille.

Lorenzo pouffe bruyamment, levant les yeux au ciel. L'interruption attire immédiatement nos regards, mais Christopher poursuit, comme s'il n'avait rien remarqué.

— J'ai cru reconnaître un léger accent quand tu parles. Mexicaine, pas vrai ?

— Effectivement, du côté de ma mère, dis-je poliment.

— En tout cas, je suis ravi de pouvoir enfin mettre un visage sur un prénom, continue-t-il, son sourire sincère éclairant son visage. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas.

— Merci.

— Pourquoi te montres-tu aussi gentil avec une femme qui va sûrement disparaître du jour au lendemain ? lâche soudainement Lorenzo, son ton cassant et volontairement blessant.

Le choc de ses paroles me fige sur place. Je me tourne instinctivement vers lui, cherchant à comprendre ce qu'il cherche à provoquer. Essaie-t-il de dévoiler ma tentative de suicide ratée ? Veut-il me chasser à peine arrivée ? Et surtout, pourquoi cela le dérange-t-il autant ?

Je continue de le fixer, les poings serrés, prête à le remettre à sa place. Mais avant même que je puisse ouvrir la bouche, il me devance.

— Pourquoi me regardez-vous ainsi ? demande-t-il sur un ton faussement innocent. Ai-je tort de penser ça ?

Un rire mesquin s'échappe de ses lèvres, m'empêchant de répondre.

— Ne fais pas attention à lui, intervient Jessica en s'approchant de moi. Comme le dit souvent papa, il est arrogant, mais il n'est pas méchant. Il lui faut juste un peu plus de temps que nous pour s'adapter.

— Ce n'est rien, je comprends, dis-je en tentant de masquer mon agacement.

— Je suis ravie que tu sois enfin là, ajoute-t-elle avec enthousiasme. Papa nous parle de toi depuis des mois. J'ai fini par désespérer en ne te voyant jamais arriver.

Ces mots me surprennent. Instinctivement, je tourne mon regard vers William, cherchant une explication. Il me sourit timidement, légèrement gêné. Comme s'il ne voulait pas que j'apprenne à quel point mon absence l'affectait.

— Puisque les présentations sont terminées, je retourne à mes occupations, annonce soudainement Mary. Vous feriez mieux d'en faire autant, ajoute-t-elle, s'adressant aux autres membres de la famille.

Christopher et Jessica me saluent avant de quitter la pièce, suivis de Mary, puis d'Amanda qui me lance un dernier regard dédaigneux avant de s'en aller comme une diva. William se tourne alors vers moi, son sourire toujours présent.

— Rosita va venir s'occuper de toi. Elle te montrera ta chambre. Si tu as besoin de quoi que ce soit, dis-le-moi.

— Merci pour votre hospitalité, mais il est inutile de vous déranger pour moi, Monsieur Anderson, dis-je froidement. Vous et moi savons pourquoi je suis ici, et ce n'est pas par plaisir. Alors, je vous le demande gentiment : cessez de vous comporter comme un père avec moi, car vous ne l'êtes pas. Vous ne le serez jamais.

Mes paroles, dures et directes, l'ébranlent visiblement. Il me fixe un moment, digérant mes mots, avant de hocher lentement la tête.

— Je comprends, finit-il par dire d'une voix calme. Si tu as besoin de moi, je suis là.

Il me salue poliment avant de quitter la pièce. Je me retrouve seule avec Lorenzo dans cette grande entrée. Nos regards se croisent brièvement avant que je détourne les yeux. Je n'ai aucune envie de lui parler, mais je sais que mon souhait ne sera pas exaucé lorsqu'il s'avance vers moi.

— Que voulais-tu dire à mon père ? Que se passe-t-il entre vous deux ? Dois-je m'inquiéter ? demande-t-il, laissant tomber le vouvoiement.

Ses questions sonnent comme une accusation. Le ton de sa voix est direct et irrité. Plutôt que de me justifier, je décide de lui répondre sans détour. Je me tourne vers lui et plonge mon regard dans le sien.

— Ne vous méprenez pas, Lorenzo. Même si ce soir-là, vous m'avez arrêté, je n'ai pas changé d'avis. Au contraire, dis-je d'une voix assurée. Vous n'avez fait qu'amplifier ma détermination. Alors ne perdez pas votre temps avec moi. Contentons-nous d'agir comme des étrangers, car pour moi, c'est exactement ce que vous êtes : un étranger, lâché-je d'un ton sec, mes yeux ancrés dans les siens.

Il semble déconcerté par mes paroles, son regard oscillant entre incompréhension et amertume. Mais je ne lui laisse pas le temps de me répondre.

Je ne suis pas ici pour me faire des amis ou tisser des liens avec cette famille. Mon seul objectif est de découvrir la vérité sur la mort de ma famille. Une fois que je saurais, je partirai. Peu importe ce qu'il faudra affronter ou surmonter pour y parvenir, je me battrai jusqu'au bout. Jusqu'à mon dernier souffle.

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