CHAOS
Je me retrouve coincée dans la foule, cherchant Joseph qui ne doit pas être très loin.
— Joseph ! hurlé-je, espérant qu'il puisse m'entendre. Où es-tu ? Joseph ! Réponds-moi ! Bon sang, Joseph !
Je m'époumone depuis plusieurs minutes déjà à crier son prénom, mais aucune réponse ou réaction de sa part. Mon regard balaie frénétiquement la foule compacte, mais tout ce que je vois, ce sont des silhouettes floues qui s'agitent dans un chaos indescriptible. Soudainement, quelqu'un me pousse violemment, et je me retrouve projetée au sol. Mes mains heurtent brutalement le bitume, mes paumes s'écorchent, et une douleur vive irradie dans mes poignets. Je tente de me redresser, mais la pression de la foule autour de moi m'écrase. Je suis à terre, vulnérable, et personne ne semble prêter attention à ma présence.
La fumée des fumigènes s'infiltre dans mes poumons, me brûle la gorge et m'aveugle. Mes yeux larmoient abondamment, chaque clignement intensifiant la douleur d'une sensation de feu à vif. Ma respiration devient chaotique, irrégulière. Une quinte de toux m'échappe, suivie de vomissements incontrôlables. Mon corps entier tremble sous l'assaut de la panique et de la toxicité environnante.
À cet instant, une vague d'impuissance m'envahit. Je suis seule, à terre, au milieu de cette mer humaine qui ne cesse de s'agiter. Des pieds me frôlent, certains me heurtent, mais personne ne s'arrête. Je ferme les yeux un court instant, cherchant un fragment de force en moi. Pourtant, une pensée sombre me traverse : « Peut-être que je pourrais tout laisser tomber. Peut-être que si je reste ici, la douleur cessera enfin. »
Mais non. Ce n'est pas ainsi que cela doit se terminer. Pas avant d'avoir terminé ce que j'ai commencé. La lutte interne en moi se déchaîne. Une part de moi souhaite abandonner, tandis qu'une autre hurle pour que je me lève. La voix de ma mère, douce mais ferme, semble résonner dans mon esprit : « Valentina, tu es forte. Tu es une battante. Relève-toi. » Inspirant douloureusement, je rassemble ce qu'il me reste de volonté. Je pose mes mains à terre, ignorant la douleur lancinante de mes paumes, et je me redresse, vacillant sur mes jambes tremblantes.
Debout, je suis submergée par le chaos qui m'entoure. Les cris percent l'air, des hurlements de rage, de douleur et de peur. Les gens s'échangent des coups, leurs visages déformés par la colère ou la terreur. Mon regard se fixe sur un vieil homme à terre, roué de coups par un trentenaire enragé. Plus loin, un enfant pleure, ses sanglots déchirants écrasés par le vacarme environnant. Mon cœur se serre, une vague de nausée me submerge, mais je ne peux rien faire. Je suis coincée dans cet enfer.
Une douleur aiguë éclate soudainement sur ma joue gauche. Je porte une main tremblante à mon visage et sens un liquide chaud s'écouler. Du sang. Un débris ? Peut-être. Peu importe. Mon esprit est embrouillé, assailli par une panique sourde. Je me sens aspirée par cet état de survie primaire, là où seules l'adrénaline et la peur dirigent mes mouvements.
Soudain, des coups de feu retentissent. Le temps semble se figer, puis s'accélérer brutalement. Les corps tombent autour de moi. Un cri m'échappe, résonnant dans ma tête comme un écho lointain. Instinctivement, je m'accroupis, couvrant mes oreilles de mes mains, les yeux fermés. « Ce n'est pas réel, ce n'est pas réel », je me murmure, comme une litanie pour me réconforter.
Mais la réalité me frappe à nouveau lorsque quelqu'un m'attrape violemment par le bras et me force à me relever.
— Suivez-moi ! hurle une voix masculine, rauque, presque mécanique, probablement dû à l'effort et à la peur.
Sans réfléchir, je me laisse entraîner. Nous courons à travers la foule, esquivant les émeutiers, les obstacles, et surtout, les tirs. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, l'air me manque, mais je continue. Arrêter signifie mourir.
Petit à petit, les cris s'estompent, la foule se dissipe. Je m'éloigne enfin du chaos. Essoufflée, je finis par m'arrêter, pliée en deux, les mains sur les genoux, cherchant à reprendre mon souffle. Je sens ma gorge me brûler à chaque inspiration, mais je suis toujours vivante.
— Est-ce que ça va ? Vous n'êtes pas blessée ? demande cet inconnu.
Cette voix me semble étrangement familière. Lentement, je lève la tête vers mon sauveur, les yeux brouillés par les larmes et la confusion. Mon cœur rate un battement. Ces yeux... je suis presque sûre de les avoir déjà vus. Mais comment en être certaine avec ce masque qui lui cache le visage ? Non, c'est impossible que ce soit lui.
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