2- Premier contact
-Raah, j'en ai ma claque de ces satanés bals et de leurs convenances à la con.
Je sursautais d'étonnement devant la différence brutale du comportement qu'il avait eu quelques instants auparavant. Il défaisait déjà le nœud de soie qui tenait son masque quand il me demanda :
―Ça ne te dérange pas que je l'enlève, j'espère ?
Je décidais de faire fi de son tutoiement et lui répondit en bégayant.
―Mais, euh, comment dire... ne sommes nous pas sensé le faire tout à l'heure, là-bas, devant tout le monde ?
―Je viens de te le dire, je déteste ces coutumes idiotes, comme si ça nous plaisait de découvrir le visage de notre futur époux devant le peuple tout entier. Ça doit les faire marrer de nous observer sous le feu des projecteurs. Dis, tu n'enlèves pas le tien ? J'avoue que j'aimerais pouvoir te voir entre nous et ne pas avoir à affronter le regard des autres quand je verrais ton visage pour la première fois.
―Dans ce cas-là, oui, j'accepte. En contrepartie, pourriez-vous m'aider à défaire le ruban ? J'en serais incapable même si j'en avais la volonté.
Le garçon observa en effet ma coiffure complexe où s'entremêlait le tissu noué fermement. Quelques manipulations plus tard, je sentis le grand masque tomber, je le maintenais aussi longtemps que possible devant mon visage, craignant de faire face à sa réaction.
- Qu'attends-tu ?
Coincée, je découvrais alors mon visage. Une brise fraîche caressa mon visage et me fit frissonner. Je n'osais pas voir sa réaction mais je jetais tout de même un œil discrètement dans sa direction.
Il ne semblait ni content, ni surpris, ni déçu. Du moins, je semblais incapable de sonder ses émotions tant il me paraissait stoïque.
Peut-être que mon visage pâle parsemé de taches de rousseur ne lui disait rien, qu'il préférait les blondes alors que mes cheveux bruns se rapprochait plus de la couleur de la nuit que celle du miel. J'espérais qu'il aimerait mes yeux verts, souvent sujet aux compliments. J'avais dans l'espoir qu'il me trouverait jolie.
Peut-être aurais-je dû opter pour la robe couleur émeraude comme me l'avait conseillé ma suivante, elle disait qu'elle allait merveilleusement bien avec mes yeux. J'avais cependant voulu enfiler cette robe-ci en l'honneur de ma couleur préféré, un rouge foncé virant presque au noir. Je l'avais choisit en tant que porte-bonheur.
Visiblement, il n'avait pas l'air de me porter chance jusque là. Quoi que d'avoir un partenaire de vie au visage si agréable à regarder pouvait être considéré comme une chance formidable.
Aedan avait des cheveux châtains soyeux quelque peu indisciplinés, de beaux yeux bleus qui brillaient sous l'éclat de la lune. Son visage était bien définit, ses lèvres pleines, son nez adorable. En tout point, il était parfait, que ce soit sa taille, sa voix, son apparence.
Je me mettais sérieusement à espérer avec joie comme cela pourrait être merveilleux si nous pouvions nous entendre. Ma vie serait loin d'être difficile si tel était le cas. Je n'aurais nul besoin de me rebeller contre leur système archaïque qui venait d'une grande tradition perpétuée depuis des millénaires.
Aedan poussa un long soupir en clopinant jusqu'à la terrasse en remettant machinalement son masque contre son visage. Il se tourna dans ma direction, comme surpris de ma présence. J'étais restée là sans bouger durant plusieurs minutes, à réfléchir sans même m'en rendre compte. Il était tant de retourner au bal.
-Tu ne remets pas le tien ? -Il regardait mon masque.- On ne va pas pouvoir rester plus longtemps, je le crains. Les gens vont jaser et finir pas s'impatienter si nous brillons par notre absence.
-Ah, euh, oui. Bien sûr, j'arrive de suite.
Je tentais désespéramment de boucler le long ruban mais j'étais incapable de le maintenir tout en faisant le nœud. Aedan vint à mon secours quand il me vit me démener dans un combat perdu d'avance.
-Ah oui, c'est vrai. J'avais oublié que tu ne pouvais pas l'accrocher toute seule. Tu peux oser me demander de l'aide, tu sais. Je ne mords pas. Enfin, jamais le premier soir.
Il me lança un sourire espiègle et mon cœur se serra.
-Je suis navrée, j'aurais dû vous le demander plus tôt. Je ne souhaitais pas vous déranger.
-Dis, tu peux me tutoyer ? Sérieusement, ça me fait vraiment bizarre.
-Mince, je suis désolée. Ah, et je te remercie pour le masque, ajoutais-je. Retournons-y dans ce cas.
-Je te préviens, je n'ai pas fait du aussi bon travail que ta gouvernante mais...
-Cela fera l'affaire, complétais-je.
-Oui.
Il me tendit la main et nous passâmes la baie vitrée.
La suite du bal au chapitre trois !
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